Les pistes DFCI offrent un un formidable terrain de jeu pour les cyclistes de gravel. Des Pyrénées aux Alpes, des Cévennes à la Provence, elles permettent d’aller partout dans les forêts, les collines et les montagnes du territoire méditerranéen. Bike Café vous propose un mode d’emploi en deux parties pour apprendre à les utiliser dans les meilleures conditions possibles. Voilà qui devrait vous donner envie de partir à l’aventure… Après avoir vu, dans la première partie, ce qu’étaient exactement ces DFCI, nous allons nous intéresser maintenant à la façon de préparer au mieux nos sorties et profiter pleinement des opportunités que nous offrent ces “pistes du bonheur”.
Les balisages
On peut rencontrer le long des pistes DFCI toutes sortes de balisages liés à la prévention des incendies, des données règlementaires et des codifications forestières, des numérotations de postes de chasse… mais ces signalisations ne sont d’aucune aide au cycliste pour retrouver son chemin. Il arrive toutefois que le maillage de pistes DFCI ait des parties communes avec des itinéraires balisés à l’attention des marcheurs ou des cyclistes, comme par exemple les sentiers de randonnée du « réseau pédestre ».
Ces sentiers et circuits de randonnée sont inscrits dans chaque département au Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnée (PDIPR). ils forment de vastes réseaux de chemins et sentiers balisés et font l’objet de publications grand public (topoguides, topo-randonnée, cartoguides, guides de randonnées …) accessibles dans les offices de tourisme et en ligne. Ce réseau touristique permet de découvrir des sites naturels et des paysages ruraux, de développer les modes de randonnée non motorisée en assurant la continuité des itinéraires et la conservation des chemins ruraux.
Outre la randonnée pédestre, le PDIPR est également ouvert aux randonnées équestres et vététistes. Pour les cyclistes de gravel, ils constituent un prolongement fort intéressant des DFCI, pour peu qu’ils restent roulants et peu techniques. On pourra facilement, sur les cartes de l’IGN, faire « le tri » entre les monotraces et sentiers purement pédestres (en pointillés sur la carte) et ceux, plus larges, symbolisés par un trait noir continu ou la double trace pointillée des voies carrossables, parfaitement adaptés à notre pratique. Il est à noter que les chemins de randonnée majeurs (type Grande Randonnée, Compostelle…) sont surlignés en rose sur les cartes topographiques de l’IGN.
Concrètement, les sentiers de randonnée du PDIPR sont identifiés sur le terrain par le déploiement d’une signalétique spécifique, notamment des panneaux d’information sur les aires de stationnement et au départ des itinéraires et des poteaux directionnels jaunes indiquant le nom de la destination et la distance à parcourir, à laquelle s’ajoute un balisage peinture. Ces équipements sont révisés et entretenus en permanence.
Pour compléter cet inventaire de la signalétique que l’on peut rencontrer sur les chemins de randonnée et les DFCI, il faut bien sûr évoquer le marquage propres aux sites « VTT-FFC ». Plus épisodiques et ne correspondant pas toujours à des parcours très pertinents, ils peuvent néanmoins donner des indications intéressantes sur la longueur et le niveau technique du parcours : le triangle indique la direction à prendre, la couleur du triangle la longueur du circuit, la couleur du numéro de circuit le niveau technique.
En prenant en compte les données cartographiques que vous aurez repérées à l’avance et les balisages de terrain, vous pourrez tracer des centaines de combinaisons possibles sur une multitude de territoires. Une vie de cycliste n’y suffirait pas…
Le territoire et sa carte
Pour pouvoir mieux préparer et planifier nos sorties sur les DFCI, il existe deux systèmes cartographiques qui coexistent et sont complémentaires : les cartes IGN et les cartes OSM.
La France s’est dotée d’un système cartographique exceptionnel par l’intermédiaire de l’Institut Géographique National (IGN). Les données répertoriées par l’IGN et le système satellitaire SPOT sont quasi exhaustives et d’une extraordinaire précision, et ses cartes de randonnées « Top 25 » sont renommées mondialement. Elles permettent de s’orienter à la fameuse échelle 1/25000ème (1 cm sur la carte correspond donc à 250 m dans la réalité) ce qui permet une lecture extrêmement précise et intuitive du territoire sur lequel on se trouve. Maisons, chemins, routes, courbes de niveau, relief, toponymes, tout y est. Ces précieuses données sont mises gratuitement à la disposition du grand public via le site Géoportail.
Open Street Map (OSM) est quant à lui un projet collaboratif, ouvert et gratuit, inlassablement complété et amélioré par plus d’un million de contributeurs dans le monde. Quand on sait chercher, on y trouve des cartes thématiques (il y en a même qui sont consacrées à la cueillette des champignons, ou à l’étude géologique des sols…) et de précieux fonds de cartes compatible avec les gps Garmin, et ce pour le monde entier !
Ces deux cartographies sont donc très complémentaires et peuvent cohabiter, comme par exemple sur des applications dédiées aux sports de plein air : Openrunner, qui propose des fonds de carte IGN et OSM, permet la juxtaposition comparée de nos tracés sur des fonds de carte différents, ce qui apporte des informations complémentaires et les différences constatées sont précieuses pour affiner la préparations de nos sorties.
Par exemple, un fond de carte OSM sera moins précis et moins riche d’information en ce qui concerne les toponymes, les courbes de niveau ou les informations institutionnelles, légales ou touristiques, mais sera plus à jour concernant les nouveaux chemins roulants ou les passages les plus fréquentés.
Savoir lire les cartes IGN
Si vous souhaitez préparer des parcours de qualité et ne pas être désagréablement surpris pendant votre sortie par une pente trop raide ou un singletrack trop technique, il vaut mieux maîtriser les différents symboles qui sont utilisés par l’IGN sur les cartes Top 25. La plupart des symboles sont très intuitifs et ne nécessitent pas de consulter la légende. De plus, vous devrez surtout vous concentrer sur ceux qui préoccupent particulièrement les cyclistes, et que nous avons essayé de lister ci-dessous.
– Type de route, type de piste : Les routes asphaltées sont signalées par deux traits pleins plus ou moins épais, colorés en rouge pour les routes nationales, en orange ou jaune pour les départementales, en blanc pour les routes communales. Les pistes carrossables sont représentées par deux traits pointillés, un trait plein noir désigne un chemin d’exploitation agricole ou forestier. Enfin, les sentiers sont représentés par un trait noir en pointillés. Lorsque une barrière empêche l’accès des véhicules à moteur, un trait transversal noir barre la piste concernée. Les itinéraires balisés vous attireront l’œil immédiatement car ils sont surlignés d’un trait rose foncé, plus ou moins épais selon leur importance.
Le relief est représenté par des courbes de niveaux, en orange sur la carte. L’écart entre ces courbes est défini dans la légende, en général de 5, 10 ou 20 mètres suivant l’échelle et le type de terrain. Afin de faciliter la détermination des altitudes, chaque palier de 50 ou 100 mètres est marqué d’une courbe de niveau plus épaisse. Les altitudes mentionnées sur les points de la carte vous permettront de distinguer le haut du bas d’un relief. Avec un peu de pratique, les ombrés, les zones rocheuses et les rivières vous permettront de visualiser le terrain en 3D à la simple lecture d’une carte. De même, c’est l’espacement des courbes de niveau qui vous donnera l’indication de la pente. Plus celles-ci sont rapprochées, plus la pente est forte. Il arrive même que la pente soit tellement raide qu’on parvienne à peine à distinguer les courbes de niveau : ce passage vous garantira un portage de vélo, plus ou moins délicat selon la nature du terrain ! À l’opposé, des courbes de niveau très espacées indiqueront un relief de pente faible ou quasi-plat. Avec l’habitude, on arrive à déterminer à coup sûr si le pourcentage de pente conviendra ou pas à sa puissance de pédalage… ou à ses qualités de descendeur !
La végétation est aussi un facteur à prendre en compte, car il permet de deviner aussi le type de sol ou de surface auquel on aura affaire. Par exemple, les zones en blanc représentent les prés et alpages, a priori faciles à rouler, avec des sols terreux ou sableux. Les zones en vert sont des zones broussailleuses (vert clair) ou de forêt (vert plus foncé). Plusieurs symboles peuvent venir préciser le type de végétation présente dans cette zone (résineux ou feuillus, broussailles, plantations, vignes, etc…).
– Le système hydrologique est bien entendu en bleu sur les cartes. On s’intéressera aux cours d’eau, dans la mesure où il faudra peut-être les franchir, et aux sources et fontaines pour se ravitailler en eau (attention toutefois à ce qu’elle soit potables).
– Les constructions humaines (en noir pour les habitations), les monuments (précisés sur la carte) et les points de vue sont aussi des données à prendre en compte : La densité de peuplement d’une zone peut vous donner envie (ou pas) de la parcourir et garantit (ou pas) un minimum d’équipements. Les monuments, les ouvrages d’art et les points de vue peuvent aussi devenir des objectifs lors d’un tracé d’itinéraire.
Confort & sécurité
Vous voilà prêts pour enfourcher vos gravels et entrer dans la carte… mais avant de partir, pensez aux quelques détails, non sans importance, qui rendront l’expérience plus sûre et plus agréable.
Les massifs méditerrannéens sont globalement plutôt secs et accidentés (ce qui explique la présence des DFCI), vous y trouverez donc des pistes à tendance caillouteuse, sèche et cassante. Privilégiez les pneus de la plus grosse section possible, qui vous apporteront, avec le bon gonflage, un confort optimum. Sauf si vous êtes un as du pilotage et que vous venez remporter tous les KOM du secteur, bien sûr. Dans tous les cas, le tubeless s’impose, car il permet des pressions moindres à sections égales et se moque des épines du maquis et de la garrigue.
Ceci dit, tubeless ou non, ne partez pas sans un nécessaire de réparation capable de suppléer à plusieurs crevaisons ; vous savez, la loi des séries …
Pensez également à vous pourvoir largement d’eau. Même en hiver, sur les versants sud des massifs, à l’abri du vent et avec l’accumulation des dénivelés, il fait vite et souvent soif, et les fontaines ou sources d’eau potable ne se rencontrent pas à tous les virages de pistes DFCI. Outre les traditionnels bidons fixés dans le triangle du cadre, vous pouvez emprunter aux vététistes les sacs à dos avec poche à eau, ou installer sur vos montures des système de fixation supplémentaires, par exemple sur les côtés de la fourche ou derrière la selle.
L’électronique est aussi un allié de circonstance : le téléphone portable chargé à 100% ne captera pas partout mais représente quand même un élément de sécurité indéniable, une batterie de secours est la bienvenue car en zone grise ou blanche votre cellulaire va se décharger plus vite en cherchant désespérément le réseau. Un GPS est aussi indispensable pour vous guider dans le dédale des pistes d’un territoire que vous ne connaissez pas.
Une sonnette, au même titre que dans des rues piétonnes bondées d’un centre-ville, est ici un accessoire fort pratique pour avertir tout en douceur des pratiquants de trail, des chasseurs ou des randonneurs pédestres de votre arrivée.
Partir à plusieurs, à condition de ne pas être un loup solitaire et d’apprécier son (ses) camarade(s) de vélo est un gage de sécurité en cas de problème. Évitez néanmoins les gros pelotons, les animaux du massif et les autres usagers des DFCI (randonneurs pédestres, chasseurs) apprécient eux aussi le silence et le calme.
Attention aussi aux fortes variations de lumière qu’offre un parcours en forêt. Évitez les lunettes aux verres trop foncés car entre les zones de cailloux blancs vivement ensoleillées et les parties à l’ombre sous les arbres, la différence de luminosité est conséquente. Vous risquez, dans une descente par exemple, de ne pas avoir le temps d’accoutumer votre rétine pour apercevoir les obstacles à éviter.
Enfin, rappelez-vous que bien préparer un parcours c’est aussi vérifier la météo sur zone, un orage méditerranéen qui ravine les pistes et transforme en quelques minutes un ruisseau d’ordinaire à sec en torrent impétueux peut transformer votre sortie en moment fort déplaisant. En montagne, le brouillard ou d’intempestives chutes de neiges sont aussi à considérer avec précaution.
À l’aventure !
Après avoir essayé de rassembler et d’organiser dans cet article en deux parties un maximum d’informations au sujet de ce formidable terrain de jeu et d’exploration que représente le réseau des pistes DFCI, nous espérons que vous allez tirer pleinement profit de ces informations, au guidon de votre vélo de gravel. Régalez-vous, et si vous souhaitez profiter encore longtemps de ces merveilleuses pistes DFCI, soyez prudents, respectueux de l’environnement et des autres usagers que vous y croiserez !
Première partie de l’article : c’est ici !
Passionnant comme article et même si par chez moi y’a pas de DFCI,
cet article m’est d’une grande utilité pour tout ce qui de la Cartographie, merci je me coucherai moins ignorante 🙂
2 Excellent articles. Merci Dan
Merci Dan pour ces deux articles . Un tel réseau de pistes DFCI ne semble pas être répertorié dans une ou des cartes qui seraient dédiées à ce réseau avec par exemple les DFCi de l Ardèche, des Pyrénées Orientales, du Var etc…Y a t il une raison technique à ce manque de documentation qui donneraient un maillage des DFCI d un département ?
J ai un peu de mal à imaginer que les pompiers ne possèdent pas une cartographie précise de ce réseau tant à la échelle d une commune et encore plus d un département. Merci d avance de votre réponse et bon roulage à toute l équipe.
Bonjour Pierre,
Des cartes papier et en ligne à l’usage spécifique des forces anti-incendies répertoriant l’ensemble des DFCI d’un secteur existent peut-être, mais elles ne seraient d’aucune utilité pour nous cyclistes. Pire, elle seraient contre-productives pour notre pratique.
Effectivement, comme je l’explique dans cette seconde partie de l’article, les DFCI s’inscrivent dans un maillage complexe où l’on trouve aussi des chemins ruraux, d’autres voies carrossables, des petites routes, certains singletracks tout à fait roulants…
Or, notre but n’étant pas de rouler exclusivement sur des DFCI mais de tracer des itinéraires cohérents et adaptés à nos besoins de distance, destination, etc… nous avons besoin des cartes les plus complètes possible, d’où les paragraphes me mon article consacrés aux symboles des cartes IGN.
Merci de nous lire,
Dan
J’en rajoute un coup de sonnette , puisque vous évoquez ce petit objet obligatoire sur les vélocipèdes de sécurité et malgré cela peu présent sur les guidons.
C’est objet de sécurité très utile qui prévient les accidents, je me permets d’ajouter quelques situations.
Dans un virage sans visibilité en plus de réduire sa vitesse, quelques coups de sonnette avant le virage pour éviter le choc frontal ou de surprendre des personnes.
Sur les sentiers fréquentés par les cavaliers, les chevaux entendent mieux que les humains, mettre un coup de sonnette quand vous êtes encore éloigné des cavaliers , mais que vous avez un visu, les chevaux réagirons , ensuite effectuer le croisement/dépassement avec prudence.
J’ai aussi remarqué que l’audition des jeunes est meilleure que celles des anciens, il m’arrive souvent de dépasser des groupes de randonneurs pédestres composés d’anciens qui me reprochent de ne pas avoir fait usage de ma sonnette alors que j’ai donné plusieurs coups.
Superbe article en 2 parties.
Merci.
Super article, merci !