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Gravel au carrefour de la Tarentaise, du Mont-Blanc et du Beaufortain

Vous serez peut-être surpris, mais la montagne est également un milieu naturel adapté à la pratique du gravel. Jérôme Furbeyre en a fait sa spécialité, et régulièrement il trace de beaux itinéraires dans les Alpes, qu’il affectionne particulièrement.

« Le vélo de gravel, grâce à son extrême polyvalence, est un véritable outil de pionnier pour rouler sur des reliefs variés », me dit Jérôme. C’est la clé qu’il utilise pour entrer sur des itinéraires, qu’il a imaginé et réalisé, au cœur même du massif. Voilà le récit d’une de ses balades montagnardes, réalisée sur son Bergamont en juin dernier. Un déconfinement particulièrement réussi entre la fonte des neiges et le réveil de la nature de montagne.

Gravel au carrefour de la Tarentaise, du Mont-Blanc et du Beaufortain
Jérôme Furbeyre dans les paysages alpins qu’il aime parcourir sur son gravel Bergamont.
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De Bourg à Bourg …

En ce début du mois de juin, j’ai en tête la réalisation d’une boucle très alpine à réaliser en une journée. En partant de Bourg-Saint-Maurice, j’enchainerai la voie Romaine du col du Petit Saint-Bernard (2188m) et les montées successives, par les versants italiens, des cols de Chavannes (2603m) et de la Seigne (2516m) à vélo, dans l’espoir de retrouver les vallons sauvages de Chapieux et d’accrocher au passage une vue imprenable sur le sommet du Mont-Blanc.

Gravel au carrefour de la Tarentaise, du Mont-Blanc et du Beaufortain
Le parcours réalisé sur Strava

Convaincu que la période est propice : la neige a diminué en altitude et les journées sont longues. J’ai proposé à Sébastien Jarrot, alias « Le cycliste tricolore », de m’accompagner sur ce trip sauvage. Le rendez-vous est pris et nous nous retrouvons deux jours plus tard, en tenue assis à la terrasse ombragée d’un café à la sortie de Bourg Saint Maurice pour une dernière mise au point.

Gravel au carrefour de la Tarentaise, du Mont-Blanc et du Beaufortain
Les premiers kilomètres nous permettent de nous habituer à la présence de nos nouvelles sacoches bikepacking.

Les premiers kilomètres en direction de Séez sont euphoriques et nous permettent de nous habituer à la présence de nos nouvelles sacoches bikepacking. Pour ce parcours d’endurance et exigeant nous avons fait le choix de rouler léger : une sacoche de guidon pour moi, une de selle pour Sebastien, afin d’y ranger nos effets les plus réduits (coupe-vent, ravitaillement pour la journée, une mini pompe, deux démonte-pneus et deux chambres à air).

Gravel au carrefour de la Tarentaise, du Mont-Blanc et du Beaufortain
Pour ce parcours d’endurance et exigeant nous avons fait le choix de rouler léger

Au pied du Petit Saint-Bernard, nous préférons prendre l’ancienne voie Romaine, celle qui, à de nombreuses reprises aurait été empruntée par Jules César et ses troupes lors de lors de leurs campagnes militaires. Réalité ou histoire romancée, cette piste est une superbe alternative en Gravel car elle permet d’éviter l’axe routier bitumé beaucoup trop monotone et fréquenté. Les premiers kilomètres, bien raides, ne nous laissent pas le temps de flâner et nous obligent, par un rapide coup de poignet, à placer la chaîne sur le 36 dents de nos cassettes. À présent l’inclinaison s’adoucit, et laisse place à une piste de terre qui décrit des courbes moins radicales.

La vie reprend dans les alpages, la floraison éclate, un troupeau de Tarines déambule à notre hauteur après sa traite du matin. La montagne est vivante, une brise légère souffle par intervalles ; et tranche avec la chaleur du départ. Nous ne sommes pas seuls ce matin, un groupe de randonneurs fréquente aussi les lieux. Une dame, surprise de nous voir ici, s’interroge, une voix plus renseignée lui répond « Ce sont des gravels ! ». Le groupe se range pour nous laisser partir, nous salue et disparait. La voie romaine nous laisse 2km sous le sommet, l’arrivée au Col du Petit Saint-Bernard (2218m) se fait sur le bitume. Nous passons devant l’hospice, où voyageurs et pèlerins venaient se soustraire aux aléas du climat en été comme en hiver. Longtemps abandonné puis rénové en 2014, ce refuge est de nouveau un gite d’étape chaleureux et confortable.

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Une ancienne piste militaire le long du vallon minéral du col de Chavannes.

Le tour reprend sur cette route qui serpente, descendant en direction de l’Italie et du Pont Serrand à 1606 m. Quelques kilomètres avant la station de la Thuile, nous bifurquons à gauche pour s‘élever et remonter d’abord par une route, puis par une ancienne piste militaire le long du vallon minéral du col de Chavannes, bordé de cimes acérées. Alors s’ensuit une longue montée solitaire, qui nous impose plus de maîtrise. La piste, encore fraîchement marquée par les mouvements de l’hiver, nous oblige à contourner : ici un rocher que le gel à fissuré, là-bas un ravinement où s’écoule l’eau d’un névé qui s’épuise au soleil.

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Nos vélos chaussés de sections larges collent parfaitement à la trace sur ce terrain en terre battue

Après les chalets de l‘Alpe de Berrio Blanc Inférieur, la piste devient plus roulante, nos vélos chaussés de sections larges collent parfaitement à la trace sur ce terrain en terre battue. Au loin, la vue du col sur la gauche nous stimule.

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Au loin, la vue du col sur la gauche nous stimule …

Nous parlons peu, éloignés l‘un de l’autre, pas d’aspiration ni d‘accélération. Le cadre magnifique nous transporte et nous voilà désormais au Col de Chavannes à 2603m.

Au col, nous marquons une pause. Imaginez-vous, seuls en altitude, une vue sans précédent qui vous dévoile à bout de bras le sommet du Mont-Blanc versant Italien, lieu d’Histoire et de conquêtes alpines : les piliers du Freney, l’intégrale de Peuterey et bien d’autres escalades vertigineuses qui se dressent sous nos yeux.
Sur la gauche, la vue du glacier de Miage, par sa forme nous transporte un bref instant près des reliefs himalayens.

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À l’amorce de la descente vers le Val Veny, nous sommes rappelés à la réalité d’un terrain de montagne où les éléments changent et l‘exposition varie.

À l’amorce de la descente vers le Val Veny, nous sommes rappelés à la réalité d’un terrain de montagne où les éléments changent et l‘exposition varie. Ici, le versant est encore couvert de neige. Le portage est de mise sur une grande partie de la descente du col de Chavannes, dans ces conditions précises la présence de neige nous impose la plus grande vigilance.
Le vélo sur l’épaule et avec prudence, nous progressons sur cette neige souple de fin de saison. Le pas est sage, et progressivement nous perdons de l’altitude. Sur cette sente, qui remonte en direction du col de la Seigne, les randonneurs sont discrets en ce milieu du mois de juin.

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Là encore le relief marqué et la présence de plaques de neige nous imposent d’alterner les phases de portage et de roulage.

Notre dernière montée nous permet d’effectuer la liaison avec le troisième et dernier col de la journée. Là encore, le relief marqué et la présence de plaques de neige, nous imposent d’alterner les phases de portage et de roulage. C’est l’occasion de vérifier la nécessité, pour cette pratique, d’une bonne paire de chaussures qui privilégient tant une semelle confortable et adhérente qu’une bonne rigidité au cours des phases de pédalage.

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En passant devant la cabane-frontière en contrebas du col …

En passant devant la cabane-frontière en contrebas du col, nous rejoignons un traileur catalan, parti le matin-même du refuge Bonatti dans le Val Ferret. Ce dernier nous accompagne dans les dernières longueurs. Différents usages, tous deux alimentés par cette même envie d’évasion, de sommets, loin des promiscuités quotidiennes.

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Déjà nous arrivons au hameau d’alpagistes de la ville des Glaciers

Arrivés au col de la Seigne à 2516m, la vue s’ouvre sur l’aiguille des Glaciers et le vallon des Fours. Comblés par ce spectacle nous mesurons avec une joie intense notre présence en ces lieux. Nos machines filent à merveille sur les profils descendants du col sur le versant français. Le chemin, réaménagé il y a quelques années, permet une descente complète sur le vélo. Déjà nous arrivons au hameau d’alpagistes de la ville des Glaciers.

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Le chemin réaménagé il y a quelques années permet une descente complète sur le vélo.

C’est l’heure de la traite du soir. Le lait servira à produire le Beaufort d’alpage selon la tradition savoyarde. Le soleil est encore bien haut, la descente du Cormet de Roseland est une vraie douceur à l’ombre des feuillus. J’enclenche mon 46 dents dans ce fond de vallée, les relais sont plus vifs, l’instinct de la route est revenu. C’est aussi ça l’esprit Gravel !

Jérôme Furbeyre

Jérôme accompagne en montagne tous ceux qui veulent découvrir ces beaux sentiers alpins en montagne. Vous trouverez dans cette plaquettes un  résumé des services qu’il peut offrir à ceux qui veulent venir découvrir ces magnifiques endroits.  

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Rédaction Bike Café
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10 COMMENTAIRES

  1. Bel itinéraire que nous avons repris. A noter que la descente des Chavannes est quand même assez engagée (dévers). Néanmoins un fort enduriste peut quasi passer l’intégralité sur le vélo. A noter que fin Aout une variante directe sur le refuge permet peut être d’éviter cette délicate partie.

  2. L’expérience gravel en “haute montagne” est effectivement intéressante pour l’avoir tenté cet été. Dans bien des endroits où j’ai posé pied à terre je ne serai pas passé avec mon vtt tout suspendu et le portage est mille fois plus agréable. Les promeneurs sont un peu interloqués de nous voir arriver sur un velo de “course” avec les mains en bas du guidon .

  3. Bonjour,

    J’ai fait une version proche de cette très belle boucle il y a 3 ou 4 ans en rajoutant pas mal de D+( en continuant à monter au Col du Petit St Bernard jusqu’au col du Belvédère puis en redescendant complètement sur la Thuile, avant de remonter au Col des Chavannes).
    Clairement, entre le Col des Chavannes et le Col de la Seigne, c’est du portage sur au moins les 2/3. Peu importe le vélo, peu importe la présence de neige. Le sentier passe sur des très gros blocs totalement impossibles à rouler. Si on veut redescendre du Col des Chavannes pour récupérer le TMB en dessous du col de la Seigne (en Italie), c’est faisable mais c’est du VTT enduro engagé, pas du gravel. J’avais lu un topo VTT mais qui ne rendait pas compte de la difficulté. On a préféré porter.

    De plus, pour monter le col des Chavannes sur le vélo, il faut une transmission VTT, pas gravel “normale”, à moins d’être capable de fournir 300-350w w pendant presqu’une heure.

    A bon entendeur!!!

    PArtis à 7h du mat, nous étions rentrés à 21h (avec qq soucis). Mais 5 cols de plus de 2000 dasn l’escarcelle. Utile pour se qualifier pour le Club des Cent Cols ! 😉

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