Julien Gravaud s’était fait voler son MR4 et n’avait qu’une hâte : retrouver une nouvelle monture pour faire de longues sorties en gravel. Lorsqu’il a su que 2.11 Cycles allait remettre en chantier une série de MR4-S en Inox il a foncé immédiatement et a commandé à JP Ferreira un nouveau vélo. Le montage a été fini juste à temps pour qu’il puisse participer auTouraine Gravel Challenge et la livraison express faite par JP himself s’est faite la veille du départ sur place à Tours.
Julien nous a posté le récit de ce rodage direct sur une épreuve de 168 km un peu perturbée par la météo. C’est sûr le vélo a été arosé.
Périph de Tours – Vendredi 2 Octobre – 23 h 00
JP Ferreira ouvre l’arrière de la 2-11 cycles mobile et s’y engouffre. Quelques secondes plus tard, il en ressort avec mon nouvel ami, fait d’un beau métal satiné. Il s’agit de la concrétisation d’un projet de plusieurs mois, qui était né d’une phrase, qui aurait pu rester en l’air : « Si tu refais une série inox, j’en suis ! … » Et bien pour le coup j’en suis, et même jusqu’au cou.
Je fais quelques tours de pédales sur le parking de la zone commerciale, où nous sommes garés, et je comprends vite que je suis en possession d’un truc complètement dingue. Je charge mon nouveau MR4-S dans ma voiture songeant déjà au lendemain et à tous les chemins boueux, pistes forestières, graviers blancs et autres secteurs pavés que je m’apprête à égratigner avec lui. J’arrive à l’auberge, et je m’endors.
Tours – Étape 84 – Samedi 3 Octobre – 6 h 30
Je me frotte les yeux, et enfile mon équipement. Quand j’arrive dans le grand salon de l’auberge, tout le monde s’affaire aux préparatifs du Touraine Gravel Challenge. Je reconnais quelques visages familiers. Je récupère mon petit déjeuner et observe tout ce petit monde qui se prépare. Les vélos entreposés dans la réception de l’hôtel attendent d’être enfourchés. Je suis un peu lent à me préparer mais le moment est agréable, alors je le fais durer. Je me suis engagé sur le parcours de 168 km, un bon moyen de tester ma nouvelle monture dans un biotope fait de terre et de gravier.
Dans la foule présente, je reconnais Arthur, avec qui j’avais terminé la BTR 2019 sur un fond de tempête des familles. On convient que l’on roulera ensemble jusqu’à Chinon, soit les 75 premiers kilomètres. JP, Tony, et Justine sont là aussi avec leurs MR4 et ils prendront le départ avec nous. Je clique enfin et donne les premiers coups de pédales en suivant la trace GPS qui traverse Tours avant de rejoindre les pistes cyclables, portes de sortie de ce paysage urbain. Elles vont nous conduire vers la belle campagne. Je suis impressionné du rendement de mon combo : roues de 650 chaussées en pneus 48 mm à crampons René Herse. Les crampons font ronronner le vélo qui avance avec la fluidité d’un nuage, emmené par le souffle du vent. Je jubile …
Arrivent les premiers chemins, et là encore je ne suis pas déçu. Le vélo est joueur, nerveux, confortable. Les sous bois humides sont beaux et calmes. Avec Arthur, ça roule, le sourire aux lèvres. Sa chemise à carreau flotte derrière lui alors que je le photographie. Il me parle de sa région avec affection, son histoire, ses châteaux et son vin, le tout parfaitement illustré par une trace nette et sans bavure.
La trace gps est belle, on sent qu’elle a été faites dans le souhait de nous garantir une belle journée. Les portions de route, sont courtes pour ne pas dire ridicules, et ne sont que des passerelles vers un nouveau terrain de jeu. Toute la palette y passe, chemins de campagnes, pavés, piste en forêt, raccourcis abrupts, bord de champs herbeux, et mêmes quelques “strade bianche”. Alors que nous arrivons à Chinon, je me rends compte que 3 heures sont passé, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Je fais mes adieux à Arthur, qui habite Chinon qui s’arrête là : poulet – frites du dimanche oblige …
De mon coté, un plat du jour et un café me laissent le temps de faire connaissance avec Geoffroy et Hugo, un duo de cyclistes drôles et fusionnels. On se raconte nos aventures à deux roues en finissant nos assiettes. Nous repartirons ensemble claquer les 90 kilomètres restants.
La pluie débarque
La sortie de Chinon est 5 étoiles, après un petit mur à 16% nous arrivons sur une promenade en terre, véritable balcon sur la vallée de la Loire le tout à flanc de falaises truffées de grottes troglodytes. Rouler plaisir coûte que coûte, nous traversons des petits villages craquants, des vignobles, des forêts, … les mains dans les drops. Je pourrais presque fermer les yeux, tant mon vélo maîtrise son sujet. Le parcours à partir de Chinon est plus cassant, plus herbeux, mais surtout plus humide. La pluie débarque, d’abord comme un crachin, puis elle enfile ses gros sabots. Elle transforme ce qui était une promenade en chantier, et j’avoue que ça ne me déplaît pas.
Les sourires sont toujours là. Bien que détrempés et cra-cra à souhait, ça rigole non stop avec mes deux acolytes. Nous rattrapons Sophie et ses potes, en train de pousser leur vélo sur une belle pente herbo-boueuse. Eux aussi se marrent bien, les chantiers, c’est souvent marrant.
Nous continuons notre progression, la pluie aussi. C’est officielle, c’est le déluge. Les vélos commencent eux aussi à s’exprimer : ça croustille, ça couine …
La monture de Geoffroy fait un peu de zèle : crevaison malgré son montage tubeless alors on s’arrête et on le regarde s’affairer autour de son vélo. Les blagues fusent malgré la tempête et la chambre à air de secours est installée.
Pour éviter une nouvelle crevaison qu’ils ne pourraient pas réparer, Geoffroy et Hugo choisissent de couper par la route. De mon côté, j’hésite à les suivre puis je décide finalement de terminer le chantier. Au total, une petite cinquantaine de kilomètres à emballer et peser avant la bière.
Les chemins sont maintenant officiellement détrempés, et je suis une vraie tourbière ambulante, tout comme mon vélo, qui était encore flambant neuf ce matin. Même l’eau de mes bidons a un goût de terre. Encore une vingtaine de kilomètre, un petit ravito où j’ai le plaisir de revoir la doublette Hugo – Geoffroy, après un braquage de boulangerie dans les règles de l’art. Je les quitte de nouveau quand la trace repart dans les buissons. Je termine mon soin thermal à la boue dans les derniers kilomètres avant de revenir à la civilisation. Je pénètre dans Tours, arborant fièrement mes peintures de guerre, 100% biodégradables …
De retour à mon point de départ, je revois les protagonistes de la journée, les adorables organisateurs et les riders déjà propres, bières à la main. Je les rejoins après avoir retrouvé une apparence humaine pour siffler deux pintes qui m’enverront tout droit au dodo.
Le MR4-S de Julien
Voilà donc ce superbe vélo, sorti du coffre de la 2.11 Cycle Mobile.
- Cadre Acier inox KVA MS3 et MS1 MR4S taille SM
- Fourche Enve G
- Jeu de direction Chris King Inset 7
- Boitier de pédalier Cane Creek Hellbender
- Pédalier Cane Creek EEwings Allroad, plateau Praxis 40D
- Cintre Enve G 440 mm
- Tige de selle Enve 400 mm
- Potence Enve road 100 mm
- Groupe Shimano GRX 800. Cassette 11-42
- Roues Enve G27
- Pneus René Herse Juniper Ridge Endurance, montage tubeless avec Panaracer Smart sealant
- Selle Brooks C13 carbone
- guidoline Silca Natsro Cuscino black
- Porte bidons Silca Sicuro Titane
- Pédales Look X-Track En-rage titane
Infos sur le site de 2.11 Cycles
Julien Gravaud
Super reportage ! On retrouve l’ambiance de cette belle journée ! À Chinon c’est la vallée de la Vienne.
Merci pour ce récit qui transpire – à grosses gouttes !!! – la passion. Et bravo à 2-11 cycles pour leur réactivité et la livraison “à domicile”. C’est très agréable de voir que le petit monde du gravel compte de tels passionnés.
Très beau reportage, ça donne envie d’aller faire un tour en Touraine. Le vélo a l’air d’être une superbe monture pour les grands voyages et avec classe.
Merci bike café pour cette publication.
Beau montage, beau récit.
Petite question : pour obtenir la meilleure ligne de chaine avec le eeWings et la transmission GRX 800, vous avez opté pour un plateau Boost en 3mm d’offset ?
Merci d’avance.