Photo François Deladerrière (Grimpette.cc)
Les Grands reportages sont des commandes passées à l’équipe rédactionnelle de Bike Café par des marques qui souhaitent présenter leurs produits (vélos, équipements, vêtements ou accessoires) dans un contexte original. Ce grand reportage a été réalisé avec le soutien de GIANT.
Nichée dans un triangle entre Nîmes, Arles et Aigues Mortes, la Petite Camargue est un territoire riche pour la pratique du gravel. Pour le découvrir, nous avons délaissé les traditionnels chevaux blancs locaux, pour leur préférer des montures électriques : 2 magnifiques GIANT Revolt E+ Pro, quasiment jumeaux à une taille près. Matthieu et Patrick, dans le rôle des “gardians”, se sont lancés sur une trace soigneusement élaborée et documentée par Dan de Rosilles en accord avec l’Office du Tourisme Coeur de Petite Camargue.
“ Rendez-vous en gravel inconnu » aurait pu être le titre de cette sortie en gravel sur le terrain de jeu de la Petite Camargue. Inconnu pour deux raisons : je n’ai jamais roulé en gravel électrique (alors que Patrick est rompu à l’exercice) et je ne connais pas cette « Camargue Gardoise » comme il convient de la nommer officiellement, dit Matthieu „
La Petite Camargue, ou « Camargue Gardoise » est un petit territoire, de 30 km2, mais doté d’une incroyable diversité de paysages avec ses vignes (l’appellation Costières de Nîmes), le le canal d’irrigation du Bas-Rhône (anciennement appelé canal de Beaucaire) et une culture locale très forte, ancrée dans l’élevage de chevaux et de taureaux.
Les communes suivantes font partie de la Petite Camargue :
- Aimargues – Aubord – Beauvoisin – Le Cailar (notre point de départ) – Vauvert (le pays du diable)
C’est notre local de l’étape, Dan de Rosilles, bien connu par ceux qui roulent autour d’Arles, et fondateur du groupe Arles Gravel qui nous a concocté une trace aux petits oignons.
Notre périple en Camargue Gardoise démarre donc aux arènes du village du Cailar. Ici, chaque village, ou presque, possède ses propres arènes. Les traditions camarguaises font partie intégrante du territoire traversé. Le taureau est un animal sacré, qui est au centre de toutes les animations populaires appelées fêtes votives.
Les batteries de nos Revolt E+ sont chargées, nous avons glissé notre petit matériel dans les sacoches de cadre. François, notre photographe, nous rejoint. La trace est chargée sur les GPS … bienvenue en terre inconnue. Inconnue, car effectivement ce modeste territoire, situé à côté de la “grande” Camargue, qui lui fait de l’ombre, reste confidentiel. Pourtant sa diversité est intéressante entre les zones humides et les Costières plus arides. C’est sans doute cette modestie touristique qui permet à la région de garder son authenticité, et nous sommes curieux de partir à sa découverte.
“ Contrairement au gravel, la course Camarguaise possède déjà sa Fédération. „
Nous sortons nos deux machines du coffre de la voiture et après voir vérifié l’état des batteries (94 % pour Matthieu et 100 % pour Patrick), nous démarrons notre balade, sous une température digne d’un mois de juin (25°C).
Nous quittons Le Cailar et longeons le cours d’eau du Vistre pour rejoindre La Manade La Fisca. Impossible de visiter ce territoire sans aller admirer ces magnifiques chevaux Camarguais blancs, ainsi que les taureaux qui animent les courses cocardières tout au long de la saison.
Et oui, ici, on ne parle pas de saison cycliste, mais de calendrier des fêtes votives. Chaque week-end, d’avril à octobre, les raseteurs font le show dans les arènes, en essayant de « voler » les cocardes et autres attributs présents sur les taureaux. Les meilleurs parviennent même à vivre de leur passion, difficilement, comme certains cyclistes amateurs, mais leurs efforts sont récompensés par une belle renommée locale, tout comme les taureaux qui se sont montrés particulièrement vaillants.
L’arrêt à la manade, incontournable
Cela tombe bien car nous arrivons chez Ludivine, qui a repris l’exploitation de sa mère, Nicole, et nous allons pouvoir découvrir ces deux animaux emblématiques du territoire.
Après avoir revêtu l’habit traditionnel de gardian, Ludivine, montée en amazone sur un cheval blanc, nous emmène voir les taureaux qui paissent tranquillement dans un pré à proximité. Patrick et moi roulons près du cheval, qui ne semble pas effrayé.
Les taureaux, nous observent avec circonspection, mais nous n’irons pas jouer les raseteurs avec nos vélos au milieu du troupeau. Un moment apeurés par notre étrange présence ils ont reculé au fond du pré, mais comme ils sont très curieux ils sont revenus voir de plus près nos “chevaux électriques”. Ludivine nous précise d’ailleurs que grâce à sa présence, cheval et cavalière, les taureaux ne nous attaqueront pas. Ouf … et nos vélos ne sont pas rouges … heureusement 😉
Après que Ludivine nous ait ramené à la Manade et proposé un déjeuner copieux, nous reprenons le chemin et attaquons de belles pistes blanches, faciles, qui passent au milieu des fameuses Costières de Nîmes. Nos vélos glissent tranquillement sur la piste et grâce aux pneumatiques de 45 mm, gonflés à 3 bars, le confort est royal.
Et maintenant, roulez !
Afin de vérifier l’autonomie des vélos, nous avons décidé d’utiliser chacun un mode d’assistance différent. Je serai en mode Eco (le premier des 5 modes) durant toute la sortie tandis que Patrick évoluera entre les 3 premiers modes d’assistance. Nous utiliserons aussi, quand ce sera nécessaire, le mode Power pour passer les sections les plus pentues.
Premier constat, sur les sections roulantes (0 à 1% de déclivité), le vélo offre du rendement. Pourtant, il est bien en alu et pèse son poids (près de 19 kg en taille ML), mais dès qu’il est lancé, il garde une bonne vitesse avec l’inertie et on peut souvent rouler, sans être à la peine à plus de 25 km/h, lorsque l’assistance se coupe automatiquement. C’est encore plus vrai lorsque nous roulons sur les quelques portions de routes bitumées où les mains en bas du guidon, nous avons (presque) l’impression de rouler sur un vélo de course.
“ Sur certaines sections caillouteuses, l’électrique permet de donner le coup de rein nécessaire pour ne pas mettre pied à terre „
À la sortie du village, nous empruntons le canal du bas-Rhône, qui traverse la Camargue Gardoise d’Est en Ouest. Il fait chaud, et nos peaux d’hommes du Nord vont prendre leurs premiers coups de soleil, les marques de cuissards le soir en rentrant, c’est toujours la classe !
Passage par le village de Gallician où nous passons devant le café du centre dit du “Chat”, nous nous arrêterons une prochaine fois car tout semble endormi, dans la torpeur d’une chaude journée d’été en période de restrictions sanitaires.
Nous quittons la “civilisation” et repartons dans les vignes. Ces terrains sont magnifiques, et la trace nous fait littéralement passer au milieu du vignoble. Le sentier devient maintenant assez difficile, avec de gros cailloux qui jonchent la piste. En plus il se dresse devant nous un raidard de 100 mètres, avec un passage à plus de 17 %. Impossible de passer sur le Mode Eco, mais grâce aux autres modes, et le bon choix de la trajectoire, nous parvenons à franchir l’obstacle sur le vélo, merci l’assistance !
Nous arrivons à Franquevaux, où nous trouvons un point d’eau pour faire les niveaux de nos bidons. Le hameau est connu pour son ancienne abbaye cistercienne fondée vers 1143 et aujourd’hui en ruines. Les pierres d’une partie des ruines ont tout de même servi à construire les murs des maisons, comme nous l’avait expliqué l’Office de Tourisme du Coeur de Petite Camargue.
Nous reprenons un bout de canal que nous quitterons peu de temps après pour piquer à gauche direction Générac, le long d’un beau chemin mélangeant portions bitumées et sentiers roulants, dans des décors d’herbes hautes et de forêts.
“ Nous croisons un attelage de quatre chevaux Camarguais, on se croirait un peu dans la communauté Amish, sauf que nos vélos électriques y détonneraient un peu ! „
Pause ravitaillement ! Giant nous a également prêté des sacoches de cadre, pour transporter nos affaires durant la journée. Bien pratiques, elles s’accrochent facilement aux tubes grâce à des velcros courts et un revêtement doux sur la face interne pour ne pas marquer la peinture. Le zip se tire d’un doigt, et une fois dans son encoche, ce modèle de sacoche H2Pro peut contenir entre 3 et 4 litres, selon la version.
Perso, j’y ai stocké du ravitaillement (barres et gels), des manchettes, une veste coupe-vent manches courtes ainsi qu’une chambre à air, une pompe et mes clés de voiture, de quoi tenir facilement une journée de 100 km sans avoir des poches pleines dans le dos !
Petit check de l’autonomie
Après 43 km de roulage, Patrick dispose encore de 60 % d’autonomie et moi, 64 %, sachant que je n’étais pas en “full charge” depuis le début. À noter que la batterie livrée avec le vélo est une EnergyPak de 375 Wh, invisible puisqu’intégrée dans le tube diagonal. Les amateurs de longues sorties pourront aussi acheter une batterie additionnelle, venant se fixer sur le tube diagonal (EnergyPak Plus).
Nous rejoignons Beauvoisin après avoir emprunté quelques petits singles techniques bien cachés. Le vélo est joueur et les mains bien en bas, le Revolt E+Pro se laisse facilement piloter et permet même de sauter ornières et racines. Disposer d’un moteur central comme c’est le cas ici avec le SyncDrivePro permet de garder une bonne stabilité dans les descentes. L’autre avantage d’un cadre aluminium en descente est que contrairement à du carbone, il n’y a aucun risque de le plier !
Notre périple se termine, nous arrivons à Vauvert. L’expression « aller au diable Vauvert », ça vous parle ? Plusieurs communes en France se disputent l’origine de cette expression, notamment ce village de Camargue. Situé sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, Vauvert était une halte quasiment obligatoire sur la route des pèlerins. Ces derniers assistaient alors à des représentations en pleine rue où les comédiens jouaient des saynètes bibliques. Le personnage du diable y tenait une place importante, et de nombreuses personnes venaient assister à ces spectacles, d’où l’expression originelle « aller au diable de Vauvert ».
Nous profitons du passage dans la ville pour admirer en admirer une. Ces petits dessins, sont réalisés au pochoir et placés autour des portes des maisons. Elles sont apposées par la jeunesse des villages, à l’occasion des aubades (récolte de dons pour l’organisation de la fête votive). La tradition de l’empègue est propre au territoire traversé, où les courses Camarguaises sont très présentes. Elle représente souvent un taureau, comme c’est le cas de celle présente sur la photo, qui serait d’après notre expert Dan de Rosilles, une des plus vieilles de toute la Petite Camargue ! La plus ancienne est située sur la commune de Beauvoisin sur le mur du restaurant Les Aubades. Elle représente un cheval dessiné d’un trait rouge ou l’on peut lire 1894 et RF pour République Française.
Côté tradition
Les tombes de taureaux sont ici de véritables curiosités. La plupart du temps elles sont situées sur les terres des manadiers. Il existe une seule exception, pour celle du taureau « Le Sanglier ». On l’a trouvée au bord d’un rond-point, à l’entrée du village du Cailar. Elle a été édifiée en l’honneur de ce célèbre taureau cocardier, de la manade Fernand Granon (1920 – 1930).
Les fêtes votives se succèdent du printemps à l’automne. Le respect de la tradition fait que le déroulement est quasiment toujours le même. Le matin, les habitants se donnent rendez-vous dans les prés où les taureaux seront triés par les gardians puis amenés jusqu’au village. Quand les taureaux entourés des chevaux arrivent dans le village, on appelle cela une abrivado. L’après-midi se déroule la course Camarguaise dans les arènes et le soir les gardians ramènent les taureaux, en sens inverse, dans les rues du village, c’est la bandido.
This is the end…
Le retour vers le Cailar sera très agréable avec une jolie route bitumée de 6 km. Nous filons à plus de 30 km/h, l’assistance est coupée, bien aidés par un mistral qui a gagné en force tout au long de la journée. Nos chevaux sentent l’écurie …
Arrivé à notre point de départ, Patrick me challenge pour faire quelques tours sur le terrain sableux des arènes. À fond les ballons, nous tournons tels des raseteurs défiant le taureau… Le destin ne dira pas qui a gagné.
Fin de notre périple en terre de Petite Camargue. Mon vélo affiche encore 31 % d’autonomie tandis que celui de Patrick, 25 %. En mode Eco, j’ai donc roulé 69 km, ce qui donne une autonomie complète d’environ 100 km, si vous ne dépassez pas le premier niveau d’assistance, qui s’avère amplement suffisant si vous êtes un cycliste pratiquant régulièrement le vélo de manière sportive.
En vérifiant ce qui est annoncé sur le site de Giant, il est annoncé 70 km d’autonomie dans de « bonnes » conditions et 110 km en conditions « optimales », la promesse commerciale est respectée.
La vidéo
Bilan de ce Giant Revolt E+Pro
Pour un utilisateur néo-pratiquant, le Giant Revolt E+Pro électrique est vraiment un excellent vélo, confortable, robuste et onctueux au niveau de l’assistance apportée. L’équipement est également fiable avec une transmission Shimano GRX 11 vitesses, couplée à un freinage puissant grâce aux disques de 160 mm. Bonne surprise également pour l’assise, made by Giant (Giant Contact Neutral), procurant du confort.
Son poids de presque 19 kgs est perceptible et un peu contraignant quand on doit charger le vélo dans une voiture, mais au roulage, il se fait assez vite oublier. Si on devait changer quelque chose, ça serait la place de la console qui empêche de prendre le cintre à pleine main côté gauche mais cela ne gêne en aucune façon le pilotage.
Au final, ce Revolt E+Pro est un véritable couteau-suisse, aussi à l’aise sur les sentiers que sur la route. Il séduira les pratiquants sportifs voulant aller plus vite, plus loin et tout passer à vélo ainsi que les pratiquants plus occasionnels souhaitant se faire plaisir sur tous les terrains !
Plus d’informations, caractéristiques techniques et géométrie du GIANT Revolt E+Pro ici :
https://www.giant-bicycles.com/fr/revolt-eplus-pro
Prix public conseillé : 4.050 euros.
6 tailles : XS, S, M, ML, L, XL.
À noter que ce vélo est disponible chez les Giant Store, ce qui n’est pas si courant que cela par les temps qui courent !
Nos chevaux
Leur “robe” est d’un beau vert, qui illustre bien la vocation gravel de nos montures. Le moteur Yamaha SyncDrive Pro, doté de 6 capteurs, piaffe d’impatience après que nous ayons sorti nos bêtes de la voiture. L’écran du RideControl EVO permet d’avoir sous les yeux toutes les informations et notamment le pourcentage de charge de la batterie. Notre consommation énergétique nous aura largement permis de boucler les 70 km du parcours et ses 500 m de D+.
Avec les pneus de 45 mm de section nous allons pouvoir affronter sans problème les pistes rugueuses des Costières. Le niveau d’équipement du vélo est parfait, et dès les premiers tours de nos roues, nous apprécions la douceur de la transmission, l’efficacité du freinage et l’étonnante maniabilité de ce vélo relativement lourd.
Liens utiles :
Office de Tourisme Coeur de Petite Camargue : https://coeurdepetitecamargue.fr/
Manade Nicole et Ludivine La Fisca (élevage de taureaux Camarguais) : https://www.camargue.fr/site/manade-lafisca/
La trace sur Openrunner : https://www.openrunner.com/r/13002229
Matthieu et Patrick les gardians de Petite Camargue
Superbe périple a faire avec les copains du Arles Gravel