Depuis 2015 j’avance, comme le petit poucet, en suivant les chemins jonchés de petits cailloux semés par le gravel. J’observe la progression de ce phénomène et cette année, ce vélo qui m’avait séduit il y 6 ans, m’a encore étonné par la percée qu’il a réalisée auprès de cyclistes venant de différents univers. Sans être le leader des ventes, sa progression a été incroyable sur un marché où la nouveauté devenait rare. Il est arrivé à point nommé pour fédérer ceux qui aiment le vélo, en brisant les clivages traditionnels.
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Un vélo tendance
Qui aurait imaginé qu’avec ses gros pneus et sa ligne pataude le gravel puisse séduire les jeunes, plutôt qu’un sylphide racer affichant moins de 7 kg sur la balance ? J’imaginais ce vélo piloté plutôt par des quinquagénaires un peu lassés de leurs pratiques conventionnelles. En voyant les “finishers” de l’épreuve de 300 km de la Gravel of Legend, j’ai découvert une étonnante majorité de jeunes. Que s’est-il passé pour que les regards se tournent subitement vers ce vélo à tout faire, forcément “moyen” en tout ? Effet de mode ou prise de conscience profonde que le vélo, et particulièrement le gravel, est un véritable instrument de liberté.
“Quand ton moral est bas, quand le jour te paraît sombre, quand le travail devient monotone, quand l’espoir n’y est pas, grimpe sur un vélo et roule sans penser à autre chose que le chemin que tu empruntes” disait Arthur Conan Doyle sans citer le gravel qui n’était pas encore inventé. L’auteur de Sherlock Holmes était en avance sur son temps : c’était au tout début du 20ème siècle, et en tant que médecin, il avait compris les vertus thérapeutiques du vélo.
Notre société nous pousse vers plus de polyvalence et le vélo qui correspond le mieux à cette évolution est ce gravel qui passe partout. C’est un fait et nous l’avons tous constaté aujourd’hui : nos parcours professionnels, familiaux, sociaux… ne sont plus rectilignes. Le contexte sanitaire a fait sauter le couvercle d’une marmite dans laquelle nos petites vies mitonnaient tranquillement. Nous avons surmonté la contrainte du confinement par un usage décalé de nos vélos. Nous avons découvert ses vertus libertaires abandonnant les traditionnelles sorties de groupe, laissant de côté la souscription d’une licence, les adhésions diverses et variées. Nous avons lâché le rituel pour nous retrouver tenant dans les mains un guidon libre de nous mener où bon nous semble. La liberté n’est pas simple à conquérir. C’est souvent plus facile de “moutonner” en groupe et de se glisser dans la peau d’un “suiveur”. Le gravel nous a appris à devenir nous même.
Une nouvelle année folle
Souvenez-vous en 2020 tout le monde disait : il y aura un après… ! Alors est-ce que 2021 a été cet après qu’on imaginait différent ? En fait nous avons vécu en 2021 une suite, avec toutes nos habitudes consommatrices d’autrefois. Les besoins d’achats de vélos ont dépassé les capacités de production mises à mal par la crise sanitaire. Les marques ont un peu privilégié la production des VAE, ce qui a ajouté de la charge sur les chaînes et impacté les stocks d’équipements. Cela nous donne envie d’évoquer dans nos prochains articles les transformations de vélos anciens pour en faire de bons gravels.
En 2021, les rendez-vous événementiels, comme ce premier Nature is Bike, ont été plus chaleureux. Nous étions heureux de nous revoir pour partager notre passion pour le vélo. Ces rendez-vous à Angers, comme le Roc d’Azur à Fréjus, m’ont permis de constater la progression du gravel que l’on voyait partout. J’ai vu également combien ce vélo trans genre était devenu le symbole fédérateur d’un courant qui réunit compétiteurs et randonneurs. Sur son site, notre partenaire Sport n’ Connect vous propose un énorme calendrier d’épreuves, avec de nombreuses courses ou randos gravel.
Pour 2022 la perspective de nouvelles épreuves va attirer notre regard. Dans les aspects “compétition et exploit”, des épreuves labelisées UCI, proposée par Golazo, vont instaurer un championnat du monde du gravel et des “pointures” comme Mathieu Van Der Poel, vont animer ces nouveaux rendez-vous. Certains vont s’attaquer à la montagne. Notre ami Jérôme Furbeyre nous avait fait découvrir en 2020 quelques randos dans les Alpes. En 2022, WishOne nous propose un “remake” de l’UTMB version gravel autour du Mont-Blanc. Cette conquête des cimes s’annonce passionnante. Ces courses extrêmes ne doivent pas nous faire oublier les nombreuses randos gravel organisées ou proposées ponctuellement par des groupes de copains sur Strava. Tous ces événements révèlent la diversité et la créativité que nous inspire le gravel. Voilà encore un autre marqueur d’une certaine liberté…
Ce bilan de cette année folle ne serait pas complet si je ne vous citais pas au passage la création de la SAS de Bike Café, qui nous permet de pérenniser notre média, pour vous donner encore plus d’infos. Attendez-vous à des nouveautés pour 2022 ! D’ici-là, toute l’équipe du Bike Café vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année.
Merci à l’équipe pour tous ces articles et photos de qualité exceptionnelle. Bonne fin d’année
Franck
Merci Franck … Bonnes fêtes et joyeux Noël
Bon Noël à toute l’équipe et bravo pour le contenu de Bike Cafe !
Merci pour ces articles. Il y a aussi beaucoup de vttiste qui passent au gravel . J’en fais partie . Soucis de genoux me poussant à arrêter les sorties VTT type randonnée enduro et n’étant pas séduit par le côté pur route, le gravel fut le choix naturel . Choix que je regrette pas d’ailleurs. Je découvre ma région sous un autre angle.
PS de la part d’un ancien vttiste le gravel ça passe pas partout quand même ( single très défoncé, grosse marche successive…)
“PS de la part d’un ancien vttiste le gravel ça passe pas partout quand même ( single très défoncé, grosse marche successive…)”
+1.
Les 2 disciplines (3, en fait) existent et même s’il y a forcément des recouvrements, il serait bien que les nouveaux venus au gravel évitent la facilité de reprendre les topos de VTT X-Country en les déclarant “itinéraires gravel extrêmes” et tout le tralala de la comm en surfant sur la mode.
Il y a tant à faire en cherchant justement l’originalité entre les 2 disciplines route et VTT.
Je suis d’accord avec toi Vince. N’étant pas de base VTTiste j’ai naturellement tendance à chercher des traces “suaves”, plutôt roulantes qui me permettent de lever les yeux, d’admirer les paysages, de chercher également les petites routes défoncées que les axes routiers plus directs ont fait mourir. Après on ne peut pas empêcher les “pilotes” habiles venant du VTT se se challenger sur des “tout rigide” comme au bon vieux temps …
Le gravel est l’enfant naturel du vélo de route et du VTT, tous deux issus d’une idée exclusivement sportivo-récréative du vélo, qui est encore tellement le réflexe dominant.
Ce réflexe dominant malheureusement confine bien souvent la pratique cycliste à un public cible (peu ou prou celui qui pratique le VTT ou le vélo de route et contribue au succès du “gravel”, au contraire d’un vélo de voyage normal, “familial” qui est simplement un objet destiné à permettre à pratiquement n’importe qui de voyager avec son vélo, quand un gravel est l’objet d’une sortie sportivo-récréative au plus long cours et remise au goût du jour).
Je n’ai rien, strictement rien contre les amateurs de sorties sportivo-récréatives, mais s’il s’agit de répandre une culture du vélo à l’usage de tout le monde (et il convient bien de le faire), il convient de s’adresser à tous les publics. Rien n’empêche quelqu’un qui n’est nullement un sportif de prendre son vélo pour se déplacer au quotidien, et pour parcourir le monde, à petites doses, sans s’interdire ni la montagne, ni quoi que ce soit. Je peux en témoigner, comme bon nombre de néerlandais (dont je ne suis pas pour autant).
Donc : vive le gravel ! Vive le vélo de ville ! Vive le vélo de voyage ! Vive le vélo de randonnée ! Vive le vélo de route ! Vive le vélo ! Et n’excluons aucune pratique.
Cela me ferait aussi plaisir d’entendre parler également d’autre chose que de gravel…
Merci Renaud pour ce commentaire bien tourné et qui élargit une thématique qui nous est chère … Votre réaction me touche particulièrement, car nous venons ( Dan de Rosilles et moi) de commettre un petit ouvrage “Week-end aventure à vélo” qui vient de paraître aux éditions Vagnon… https://bike-cafe.fr/2022/04/un-guide-pour-un-week-end-aventure-a-velo-reussi/ Alors effectivement si je suis devenu le chantre du gravel c’est un peu car ce vélo a été pour moi la “clé” de cette façon décomplexée de faire du vélo … Je sens, dans votre réaction, que vous avez des choses à dire sur ce sujet et si cela vous dit pourquoi pas nous envoyer un projet d’article sur ce thème.
Merci de votre réponse.
C’est juste que je suis un peu frustré parfois de voir qu’en France – et en général tant dans les régions latines qu’anglo-saxonnes – le cyclisme est encore vu principalement comme un sport ou une activité récréative, ce qu’il peut être bien sûr et c’est très bien, mais on peut aussi le voir et le pratiquer autrement et pour d’autres raisons.
Comme je suis d’un pays et singulièrement d’une ville située géographiquement et culturellement à la charnière entre les cultures latine et germanique, je suis bien placé pour observer que, dans les régions germaniques la perception est bien différente. Le cyclisme y est bien davantage perçu et vécu comme un mode de déplacement et un moyen d’autonomie pour tous, gros et minces, très jeunes, jeunes et vieux, hommes et femmes, sans complexes, et qu’il est à la fois l’occasion de se servir de son corps, au grand bénéfice de la santé physique et mentale de ceux qui le pratiquent. Les gens y ont pris le pli d’utiliser leur vélo pour leurs déplacements au quotidien, puis d’utiliser le même vélo pour partir en vacances et découvrir, sinon le monde, au moins les pays avoisinants.
C’est comme cela que j’ai personnellement découvert le voyage à vélo, sans me prendre la tête ni y mettre un casque mais un chapeau pour me protéger du soleil, en commençant par des étapes de 30 à 35 km dans des régions plates, pour découvrir par la pratique que je pouvais aller plus loin et un peu partout, et surtout que ma femme s’est aussi aperçue qu’elle pouvait m’accompagner (elle qui ne se déplace pas à vélo au quotidien et encore moins dans un club cycliste ou sur un VTT): si nous pouvons le faire, c’est donc que tout le monde peut le faire, presque sans restrictions.
Cette découverte nous a permis, à nous qui n’avons pas de voiture ni de permis de conduire, de découvrir quasiment tous les coins et les recoins de France, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique, d’Irlande, d’Autriche et d’Italie (à ce jour) que nous pensions à regret ne jamais pouvoir découvrir.
Je crois surtout qu’il faut éviter de donner l’impression que le cyclisme n’est destiné qu’à des passionnés surentraînés mais au contraire promouvoir le vélo à tous les niveaux, pour tous les publics, pour toutes les pratiques, et faire prendre conscience à tous que, sans complexes ils peuvent s’y mettre, qu’importe leur niveau, avec les moyens qui sont les leurs, et qu’en le faisant il s’apercevront que cela apporte avant tout de la joie, de la joie, de la joie. Et de la joie.
Peut-être devrais-je un jour témoigner de cette conviction, qui est éprouvée par la pratique, en racontant nos voyages. Si vous êtes intéressé, je pourrais m’y mettre.