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Gravel Bike et Trail running : les cousins de l’outdoor

Pour ceux qui comme moi ont pratiqué le Trail Running, puis le Gravel Bike, il est évident que nous trouvons un air de famille à ces deux disciplines sportives. Les traileurs et les bikers sont les frères d’un sang particulièrement riche en oxygène. Pour s’en convaincre, il suffit de constater combien les échanges fonctionnent bien entre ces deux univers. Des traileurs, comme Anton Krupicka et d’autres, roulent sur des vélos de gravel, et continuent de performer en Trail. Des cyclistes performants, au début des années 2000, ont intégré l’élite du Trail français. Ce libertinage sportif, qui échappe aux clivages classiques, ne pouvait que m’intéresser (En couve Anton Krupicka – photo Aaron Lavanchyqui porte sur cette photo des équipements de Café du Cycliste Solange and Marceline.)  

La porosité des genres

Peut-être plus que dans d’autres disciplines, cette « cousinade » sportive démontre qu’il existe une certaine porosité entre les sports outdoor. Ils possèdent de nombreux points communs : l’endurance, l’attrait pour la nature, le besoin de liberté, la tolérance… Cette année, le Roc d’Azur – qui a toujours été en avance sur les tendances – organise des courses de Trail running pendant ce grand week-end de vélo à Fréjus et dans l’Esterel. Après avoir été les premiers à inviter le triathlon puis le gravel sur un événement VTT, les organisateurs convient cette fois le Trail. « Les adeptes des sports outdoor constituent une grande famille, avec souvent les mêmes valeurs en partage. Après l’arrivée du Tri Roc en 2012, le Roc d’Azur a voulu ouvrir la fête à un nouveau public. Pour cette 38ème édition, trois épreuves de trail viendront ainsi compléter le programme du samedi 8 octobre. Les amoureux de la course nature s’élanceront ainsi de Roquebrune-sur-Argens pour des épreuves de 16 km (dénivelé positif : 515 m), 32 km (960 m D+) et 44 km (1 500 m D+). », annonce ASO dans un récent communiqué.

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La porosité n’est pas le sujet pour cette superbe veste shakedry de Gore utilisable en Trail comme en Gravel. 

En 2003, j’étais avec quelques amis sur la ligne de départ de la grande course des Templiers à Nant, près de Millau. Cette course mythique sur les Causses, imaginée par Gilles Bertrand et Odile Baudrier, nous avait attirés comme un aimant. Pendant plus de 10 ans, j’avais enchaîné les courses sur route (semi et marathon) et comme beaucoup de runners, lassés du bitume, je succombais à la mode émergente du trail. Cette année là, c’est Gil Besseyre qui remportait l’épreuve, comme il l’avait fait en 2001 et 2002. Gil était un excellent coureur cycliste amateur de 1986 à 1994, il a remporté notamment le Tour d’Auvergne Cycliste 1992 et le Tour du Doubs 1993. Au début des années 2000 il se lance avec succès dans le Trail. Un peu plus tard dans le temps, Erik Clavery qui a été un très bon cycliste dans les années 1994 à 1997 et un excellent triathlète par la suite, a remporté les championnats du monde de Trail en 2011. J’allais même oublier Laurent Brochard, cycliste pro et Champion du monde, qui est devenu par la suite un excellent trailer. Les exemples sont très nombreux, et je les verrais bien tous venir rouler en gravel, pour se faire un « cocktail » avec leurs deux passions.

Gravel Bike et Trail running : les cousins de l'outdoor
En 2003, je participais avec quelques amis à la grande course des Templiers à Nant, c’est un ancien cycliste Gil Besseyre qui remportait l’épreuve. Je n’avais jamais dépassé le marathon et là il s’agissait de 65 km en montagne, cela explique ma lassitude à l’arrivée – photo Templiers

Des destins semblables

Le Trail et le Gravel, présentent incontestablement des similitudes dans leurs destinées. Ces nouvelles pratiques ont été fondées par de nouveaux pratiquants : « découvreurs » passionnés en dehors des institutions sportives. Dans les deux cas, ces pratiques sportives « déviantes » sont nées de mouvements libertaires. Les sportifs fuyant les sports trop clivants, ont découvert une certaine liberté. L’orientation nature et l’opportunité de briser les codes, y compris dans le domaine vestimentaire, les a attiré dans les deux cas. Aujourd’hui, le succès venant, nous assistons, comme cela a été le cas pour le Trail, à une reprise en main du Gravel. Le marketing invente des équipements dédiés, parfois discutables – la FFC et la FFVélo tentent de s’emparer de l’indomptable Gravel : vont-elles y arriver ? L’UCI essaie d’organiser un championnat du Monde en s’appuyant sur une structure privée. Ça sent la grosse récup … 

Départ de l’UTMB… inimaginable pour des vélos – photo Jogging International
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Mais les comparaisons ont certaines limites, car le vélo ce n’est pas la course à pied et on n’arrivera certainement pas à caser des milliers de vélos de gravel derrière la banderole de départ d’une épreuve. On ne peut rivaliser face aux milliers de coureurs qui participent à l’UTMB sur les sentiers de montagne. Pourtant les chiffres grimpent et sur la Gravel of Legend de Nature is Bike on atteint 400 cyclistes. Les épreuves de gravel et de bikepacking longue distance se multiplient au point – comme en Trail running – de contester le haut de l’affiche aux organisations qui n’ont pas su se renouveler. 

Comme en Trail running, il restera en Gravel un bon contingent de pratiquants « invisibles » des comptages officiels, comme le coureur de « off » que je suis devenu en Trail au bout de quelques saisons, lassé de renifler le sac du coureur qui me précédait sur le sentier. Au bout d’un moment, j’ai trouvé que porter un dossard n’avait plus aucun sens dans ce milieu naturel. Certains pratiquants du Gravel resteront avec leur « meutes » de potes, pour se retrouver grâce à Strava et aux réseaux sociaux pour des virées conviviales, humaines, festives et gratuites. Certains trailers viendront également pratiquer le Gravel, pour pratiquer l’entraînement croisé, afin de soulager la charge et les traumatismes liés à l’entraînement en course à pied.       

Gravel Bike et Trail running : les cousins de l'outdoor
En 2011, au sommet de sa forme en Trail, Anton s’est fracturé une jambe en courant, mettant sa carrière entre parenthèses. Cela lui a donné le temps et l’inspiration pour explorer des sports qu’il n’avait pas eu l’occasion d’essayer auparavant – Photo Joey Schusler pour Suunto

Aujourd’hui, alors que le côté compétition du Gravel Bike se développe, certains traileurs de renom montent en selle, et il y a fort à parier qu’ils seront de sacrés compétiteurs sur 2 roues également. Sur le blog d’Anton Krupicka j’ai relevé ce passage « Ce qui motive ma pratique du cyclisme, c’est ce sentiment d’être libéré, autonome et autosuffisant, libre de rouler et de dormir n’importe où. Je le combine avec d’autres libertés, tout aussi satisfaisantes mais différentes, que je connais avec la course, l’escalade et le ski… Les courses sont une diversion intéressante et divertissante du cyclisme, j’aime les efforts intenses et totaux dans tous les sports que je pratique. » Voilà un point de vue intéressant qui apporte une certaine ouverture sans laisser de côté le goût de la performance et l’ambition sportive. 

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Un petit film pub réalisé pour Brooks avec Anton et Hailey Moore 

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Patrick
Patrick
Aix-en-Provence - Après la création de Running Café, la co-fondation de Track & News Patrick remonte sur le vélo en créant Bike Café. Il adore rouler sur route et sur les chemins du côté de la Sainte-Victoire. Il collabore en freelance à la revue Cyclist France. Affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties "off road" dans sa belle région de Provence.

2 COMMENTAIRES

  1. Article intéressant, merci.

    Je pense que ce sont les codes matérialistes qui créent les nouvelles « modes », ce qu’elles sont au début, avant de s’établir sur la durée, et de créer une nouvelle discipline. En effet, la pratique de la randonnée à vélo loin du monde et du bitume existait depuis les débuts du cyclisme et ne s’est jamais vraiment arrêtée. Le VTT des origines était une pratique XC très proche du gravel actuel (cf les premiers numéros de la revue Vélo Vert) puis a évolué sans jamais abandonner totalement la pratique randonnée. Mais il existait aussi la pratique sur des randonneuses plus classiques ou des vélos de voyages hybrides entre randonneuses et VTT XC.
    Les nouveaux pratiquants et fabricants qui ont flairé l’opportunité de développement commercial du gravel on compris qu’il fallait le présenter comme quelque chose de nouveau qui s’adressait aux routiers en mal de « liberté » et de nature (d’où les incompréhensions entre vieux vététistes et nouveaux graveleux, les premiers ne comprenant pas où était la nouveauté que les seconds prétendaient représenter en utilisant toujours les mêmes éléments de langage tournant autour de la « nouveauté venue des USA »). De tous temps, les plus jeunes sont intéressés par la nouveauté et même la rupture avec le passé et les pratiques des anciens. C’est justement les nouvelles formes de vélos gravel et d’accoutrement qui on permis, grâce aux réseaux sociaux, de « créer » une soi-disant nouvelle pratique mais qui ont commencé par créer une mode et un « univers », avec le langage publicitaire des « tribus ». Et comme toutes les modes « transgressives », les précurseurs apprécient ensuite moyennement le passage à l’échelle que les marques provoquent en investissant dans le nouveau marché. C’est ici que nous en sommes. C’est aussi le défi posé à Bike Café de trouver sa place surtout pour continuer d’être « tout pour tout le monde ». On le voit, avec la présence de plus en plus forte des communications commerciales, des annonces de nouveautés etc. Mais on sent aussi par des articles comme celui-ci qu’il en couterait aux fondateurs de tourner définitivement la page de l’esprit « précurseur » « découvreur » qui a permis de créer le media. Pas facile.

  2. Merci Vince … bien vu. Même si ces relais d’informations que tu évoques sont aujourd’hui une nécessité vitale pour un média, Bike Café gardera des sujets moins commerciaux. Il faut essayer de satisfaire « tout le monde » : l’idée étant aussi par des articles « faciles » (qui attirent le plus d’audience) amener ce lectorat à rencontrer des sujets plus « culture vélo ».

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