Après avoir testé le nouveau Chiru Kunlun 100% titane dans l’épisode 1 de cette mini-série, je vais maintenant décrire l’équipement du vélo pour un challenge d’enduroad : la Desertus Bikus, une course de plus de 1200 km et 15000 m de D+ à travers l’Espagne et ses déserts, de Bayonne à Malaga. Cette épreuve sans assistance et en totale autonomie va m’amener dans les régions les plus reculées d’Espagne, avec des cols à près de 2000 mètres d’altitude. Aussi n’ai-je rien laissé au hasard (du moins je l’espère) et ai-je préparé le vélo méthodiquement…
Je vous propose donc un exposé détaillé du matériel spécifique et des équipements embarqués que j’ai mobilisés sur ce projet. Il s’agit de pouvoir rouler longtemps, par tous les temps, de jour comme de nuit, dans les meilleures conditions de confort et de sécurité possible…
Allumer la lumière
Ce qui est bien avec un moyeu dynamo, c’est qu’en roulant longtemps on peut être totalement autonome en matière d’électricité. Pour la lumière, mais aussi pour recharger smartphone, frontale, GPS… La première chose faite pour équiper le vélo en prévision de courses longue distance a été de câbler le vélo grâce aux passages internes prévus à cet effet dans le cadre et la fourche du Chiru Kunlun.
Les lampes avant et arrière, alimentées par le moyeu dynamo, sont complétées à l’arrière par une lampe clignotante sur batterie, rechargeable en USB. À l’avant, une dérivation conduit à un hub USB sur lequel viennent se brancher les câbles de recharge d’une batterie-relai, du smartphone et du GPS. Pour la sécurité et la visibilité nocturne, les rayons sont équipés de bâtonnets réfléchissants. Les sacoches, mon casque et mes vêtements sont aussi très voyants lorsqu’ils accrochent les phares des voitures.
Être prévoyant
Et en cas de panne ? Le Chiru Kunlun est équipé d’emports sous le tube diagonal, c’est là que j’installe ma trousse à outils. Elle doit contenir tout ce qui est nécessaire pour réparer une ou plusieurs crevaisons, revisser un boulon, et même recoudre un pneu (avec un kit de suture médical). Pour le reste… Le reste ne doit pas se produire, normalement.
La pompe est une mini-pompe à pied pour regonfler sans trop forcer. Elle est équipée d’un flexible, car les valves tubeless, qui contribuent à l’étanchéité du pneu, ne doivent pas être trop sollicitées pendant le gonflage. Cette pompe, trop grande pour tenir dans la trousse à outils, est fixée sous le cadre horizontal dans la sacoche de cadre (voir plus bas).
Transporter sa maison sur son dos
Non, l’escargot a tort ! Il ne faut rien porter sur soi, à poids égal c’est toujours plus lourd que ce que l’on peut ranger dans des sacoches de bikepacking. J’ai confié à Pierre de Bumpak à Montpellier le soin de me fabriquer une sacoche de cadre et une sacoche de cintre sur mesure. Ce sont, à mon sens, les sacoches les plus importantes, car elles permettent de charger le vélo sur l’avant. Elles sont aussi les sacoches les plus accessibles, on peut y prendre ou y ranger ce qu’on veut sans s’arrêter de rouler.
Dans la sacoche de cadre, on trouve les vêtements utilisés pendant la journée : gilet isolant, veste de pluie, jambières, manchettes. Taillé sur mesure, ce “frame bag” s’inscrit parfaitement dans le cadre, auquel il est vissé grâce à des emports prévus à cet effet. C’est beaucoup plus élégant qu’une sacoche tenue avec des sangles, décidément, Pierre-Arnaud Le Magnan, qui a créé ce vélo, a pensé à tout… Pierre de Bumpak aussi : le bas de la sacoche frôle le haut des bidons pour garantir un volume de rangement maximum.
La sacoche de cintre s’inscrit parfaitement sous les prolongateurs. Elle est conçue en trois parties : Deux vide-poches latéraux et un espace central divisable grâce à des intercalaires scratchés. J’y place mon électronique, chargeurs, câbles, GPS de secours, batterie relais… et quelques friandises bien sûr. Grâce à un support de téléphone basculant de mon invention, l’accès à la partie centrale se fait par le dessus. Pierre a prévu une double fermeture zippée pour que je puisse manipuler le contenu et effectuer des opérations de branchement par exemple sans cesser de rouler.
Avoir de la tenue
La sacoche de selle contient des choses plus volumineuses mais légères, dont je n’ai pas besoin durant la journée : du matériel de bivouac, une doudoune compressible, une mini trousse de toilette… Ce matériel est plus difficilement accessible, il faut s’arrêter pour ouvrir la sacoche et accéder à son contenu. Le hasard fait bien les choses, c’est le matériel le plus léger qui se retrouve à l’arrière, et c’est parfait pour le bon comportement du vélo, particulièrement dans les côtes en danseuse.
J’ai agrémenté la sacoche de selle par une paire de petites sacoches cavalières bricolées, qui elles, par contre, sont accessibles sans descendre du vélo. J’y range mes lunettes, bonnet, gants et casquette. Sur le dessus de la sacoche de selle, un solide cordon élastique en X me permet de faire sécher du linge en roulant ou de transporter de la nourriture sur de courtes distances.
Outre la sacoche de cintre, le poste de pilotage s’agrémente de deux vide-poche fixés de chaque côté du cintre. Ils contiennent la plupart du temps de la nourriture à grignoter en roulant. Pour transporter les repas achetés à l’épicerie et consommés quelques kilomètres plus loin, une musette compacte est fixée entre les barres du prolongateur. Une étroite sacoche de top tube complète “ma maison” à l’avant du vélo.
Sortir le lapin du chapeau
Puisque je sais que vous allez me le demander, je préfère prendre les devants en détaillant plus précisément le matériel que j’ai sélectionné pour cette aventure. Et je commence par les vêtements, choisis chez Q36.5, puisque j’avais été séduit par leur collection Adventure justement, particulièrement légère, compacte, polyvalente et solide. Le cuissard Gregarius Cargo Adventure, le sous-vêtement Base Layer 2 et le jersey à manches courtes Woolf sont parfaitement adaptés à la météo capricieuse qui m’attend. Il faut dire que c’est le printemps, qu’il va pleuvoir au Pays basque, faire chaud en Andalousie… Les cols les plus élevés ne s’annoncent pas très hospitaliers ; le vent va aussi certainement vouloir me jouer quelques tours…
Même avec les meilleures prévisions météo, on ne sait jamais à quoi s’attendre, puisque l’état de fatigue, l’heure de la journée ou les micro-climats affectent particulièrement les cyclistes d’ultradistance. C’est pour cela que mes vêtements “de base” seront si besoin complétés par les manchettes et jambières Woolf, le gilet isolant Adventure et la veste de pluie R Shell Protection X.
Faire des pieds et des mains
Pour les mains et les pieds, je suis resté fidèle à Q36.5, avec les mitaines Unique que j’avais déjà utilisées sur plusieurs courses longue distance, Les chaussures Unique Adventure et les chaussettes Isolantes Adventure. Le couple chaussures Q36.5 + pédales Crankbrothers Candy 7 est le parfait compromis entre efficacité et confort ! Les semelles des chaussures sont suffisamment rigides pour transmettre le puissance aux larges plateformes des pédales. Les système de cales deux points Crankbrothers permet de marcher confortablement et sans glisser.
Pour la tête, je vais utiliser un bonnet, une casquette Q36.5 (et même un masque anti-COVID dans le train). Mais j’ai confié la protection de mes yeux et de mon crâne à Limar, avec les excellentes lunettes Argo que j’ai testées récemment et le casque Air Pro qui est ultra léger, visible et confortable.
Mettre la viande dans le torchon
Pour la nuit, ma solution de bivouac ressemble à mes choix vestimentaires : Bivvy, duvet et drap thermique sont combinables sur le principe de la méthode multicouches, en fonction des températures à affronter. Même si je me passe assez facilement de matelas (sauf l’hiver, pour la fonction isolante), je ne me sépare jamais de mon petit oreiller gonflable, de mes bouchons d’oreille et de mon masque anti-lumière. Une suspente de parapente à l’âme en Kevlar relie le vélo à mon poignet quand je dors en extérieur, c’est mon système antivol.
Tailler le bout de gras
Comme je vous l’ai dit à maintes reprises, je préfère manger gras que sucré, parce que ça tient mieux au ventre et plus compact à transporter (à apport énergétique égal). L’idée de transporter de la nourriture ne m’enchante guère, mais la traversée des Montañas Vacias un dimanche et un lundi n’offrent a priori guère d’opportunités de ravitaillement… j’embarque pour l’occasion l’équivalent de deux repas, sous forme de conserves de poisson et de plats déshydratés, plus quelques “snacks” (graines, cacao brut…) pour passer le temps ou me remonter le moral (c’est selon). Ma cuillère en titane et mon couteau à lame céramique sont mes meilleurs amis à l’heure du repas !
Deux bidons Podium Dirt Series de 620ml de chez Camelbak sont prévus pour transporter de l’eau sans goût de plastique (je déteste ça) et une flasque souple Quick Stow de 620 ml me permettra de transporter une réserve d’eau supplémentaire juste avant les bivouacs ou en prévision de la traversée d’un secteur… désertique.
Trouver sa voie
Le matériel électronique est essentiellement prévu pour la navigation ; mais le smartphone a aussi d’autrs fonctions essentielles, comme la téléphonie bien sûr, mais aussi la prise de photos et de notes (en prévision de l’épisode 3 !), l’écoute de ma playlist spécial Desertus Bikus, le guidage vocal, les prévisions météo… quand le réseau 4G le permettra.
Faire un test
Lorsque le vélo est chargé, il faut toujours aller vérifier sur le terrain que tout est rationnel. Aucun frottement, grincement, craquement… ne peut être toléré. Le vélo doit avoir un comportement sain, aussi bien sur la route, sur les pistes, en montée et en descente. Il faut aussi rouler un peu la nuit pour vérifier le réglage des éclairages. Pas question de découvrir un problème au dernier moment le matin du départ !
Annoncer la suite
Me voilà prêt à partir… Reste quelques jours d’attente, un long voyage en train d’Arles jusqu’à Bayonne, pendant lequel il faudra veiller à ne pas abîmer le matériel. Les liaisons sont parfois plus compliquées et risquées que la course elle-même !
En attendant le troisième et dernier épisode de cette mini-série, dans lequel je vous ferai le bilan de ma traversée de l’Espagne, vous pourrez suivre la course en ligne sur plusieurs supports en direct : sur le tracker du site de l’organisation, sur mon compte Instagram et mon carnet de route Polarsteps.
Hâte de voir tout ça sur le départ de la course vendredi soir (samedi matin ? je sais plus 😀 ).
Cet article me rassure un peu sur mes propres choix ! A part sur l’alimentation dans les MV…
Un beau vélo en tout cas, on sent que tu l’aimes beaucoup !
Bonjour Dan,
Article très intéressant, merci beaucoup !
Pourrais-tu me donner les dimensions des bidons Podium Dirt Séries 620 ml que tu utilises ? Je veux vérifier que cela passe sous ma sacoche de cadre et pas de dimensions sur le site Camelback…
Merci !
Bonne course !
Patrick
Bonjour Patrick,
Je trouve 208mm (capuchon compris)
Bonne journée !
salut Dan
Il est génial le fabricant de sacoches, je vais me rapprocher de lui et bon voyage en Espagne. à bientôt j’espère !
Phil
Oui Philippe tu peux y aller c’est un très bon artisan, précis et créatif – et c’est un “vrai” cycliste !
Pour le contacter le mieux c’est par son Instagram (lien dans l’article).
À bientôt à vélo !
Bonjour Dan,
Article très intéressant qui tombe au bon moment… je pars pour ma 1ère aventure en bikepacking mercredi prochain (A-cross the 3) et cela me rassure sur mes choix qui sont très similaires aux tiens !
Ton vélo et l’équipement sont en tout cas magnifiques !
Merci et bonne route !
Jean-Michel
Toujours aussi intéressant et plein d’enseignements.
Petite question : une marque particulièrement fiable pour les câbles USB ?
Merci.
Bonjour Nicolas,
Non pas pariculièrement
Bonjour Dan,
Merci pour cet article très riche en informations !
Pourrais-tu me donner la référence du support du bidon outils ?
Un grand merci.
Bonjour,
Il s’agit de ce système : https://problemsolversbike.com/products/accessory-mounts/bow-tie-strap-anchors
Bonne soirée,
Dan