Le Gravel que je vous présente aujourd’hui s’appelle ARGH, qui signifie : All Road Gravel History. Il est l’œuvre de la marque française BAAM. Ce Gravel BAAM Argh est fait d’acier et, plus précisément, de tubes Reynolds 853. Un vélo attachant à plus d’un titre que j’ai eu l’honneur de pouvoir essayer durant plusieurs semaines.
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BAAM Argh, une histoire de passionnés
Mohawk’s qui jusqu’à présent se contentait de distribuer les marques des autres, se lance dans l’arène de la concurrence sous sa propre marque : BAAM, traduisez Bike Across A Mountain. Cette marque est le fruit de l’imagination de l’équipe de Mohawk’s qui œuvre depuis plus de dix ans dans ce domaine. « Il était temps de marquer un tournant et d’écrire un nouveau chapitre de notre histoire, ensemble” , nous dit-on chez Mohawk’s. Pour ce projet Argh que Bike Café vous a dévoilé dés l’année dernière, BAAM a choisi l’acier. Et pas n’importe lequel, puisque les tubes proviennent de chez Reynolds, bien connu des passionnés et de Bike Café puisque nous avons déjà testé des vélos utilisant de tels tubes, comme le Niner ou encore ce Sobre.
Les tubes Reynolds
Récemment, en 2018, la société Reynolds fêtait ses 120 ans ! Alors que l’histoire de Reynolds Technology remonte à la première moitié du XIXe siècle, The Patent Butted Tubing Co. Ltd. a été officiellement créée à Birmingham (Royaume-Uni) le 20 décembre 1898. La société a publié son premier catalogue de tubes de vélo en 1902. Cependant, lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, l’entreprise s’est tournée vers la production de tubes pour vélos et motos militaires. Puis, en 1923, ils ont changé leur nom en Reynolds Tube Co. Ltd, tout en introduisant des tubes à haute teneur en manganèse dès l’année suivante.
L’avènement du Reynolds 531
Puis, c’est en 1935 qu’Austyn Reynolds et Max Bigford ont présenté le Reynolds 531, ainsi nommé pour le rapport 5-3-1 des éléments clés composant cet alliage d’acier au manganèse. Ce tube allait être connu par des cyclistes du monde entier, y compris les vainqueurs du Tour de France comme Charly Gaul en 1958, Jacques Anquetil sur un Gitane en 1964 ou encore Eddy Merckx sur DeRosa en 1969.
Puis, en 1976, l’entreprise a introduit le premier tube traité thermiquement dans l’industrie : le 753. D’ailleurs, les fabricants devaient obtenir une accréditation avant d’être autorisés à travailler avec ce tube, en envoyant à Reynolds un exemplaire de cadre pour un contrôle qualité.
Reynolds et le succès
Là-dessus, d’autres victoires sur des vélos utilisant des tubes Reynolds suivirent, par les icônes du Tour de France tel que Bernard Hinault, Greg LeMond et Miguel Indurain. Parallèlement Reynolds lance en 1995 le premier acier “commercial” et polyvalent : le Reynolds 853. Ainsi, ce tube devient rapidement populaire, notamment dans le milieu du VTT en plein essor à cette époque.
Premièrement, l’acier Reynolds 853 se durcit à l’air. Contrairement à d’autres alliages, la résistance de celui-ci augmente après un refroidissement à l’air immédiatement après le soudage, de sorte qu’elle devient ainsi plus forte dans la zone de soudure. Cela en fait une caractéristique forcément intéressante pour des zones sous fortes contraintes mécaniques, notamment la zone du boitier de pédalier.
Selon Reynolds, l’interaction entre les composants métalliques se traduit par l’élaboration d’une structure qui se forme durant le refroidissement à l’air, sans la traditionnelle trempe (refroidissement dans de l’eau ou de l’huile). Puis, le traitement thermique selon la spécification 853 augmente la limite d’élasticité de l’ensemble du tube, ce qui se traduit par une plus haute résistance aux chocs. Par ailleurs, ce traitement thermique permet d’utiliser des parois minces, mais réellement résistantes à la fatigue mécanique. De par ses caractéristiques, l’acier Reynold 853 est prisé par de nombreux fabricants, qui vantent ses qualités dynamiques et sa grande robustesse. Enfin, cet acier est décliné en plusieurs versions : 853 “Pro Team” (mentionné dans le logo, en dessous du chiffre) et 853 “DZB” (Double Zone Butted).
BAAM Argh : présentation de la bête
Le Cadre du BAAM Argh
Comme expliqué ci-dessus, le cadre de ce Gravel BAAM Argh est fait d’acier Reynolds 853. Par ailleurs, BAAM précise que ce cadre bénéficie d’un traitement dit de cataphorèse. La cataphorèse est une technique de peinture qui consiste à immerger la pièce dans un bain de peinture hydrosoluble, en mettant la pièce en cathode, reliée au pôle -, (d’où le nom de cataphorèse), et en faisant migrer les particules de résines et de peinture (chargées positivement) en suspension dans le bain électrolytique au moyen d’un courant électrique. Une cuisson entre 180 et 200°C termine le traitement. Cette dernière étape aboutit à l’obtention d’une couche organique inerte qui, grâce à sa passivité chimique, permet de protéger le cadre contre la corrosion, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, y compris les alésages et filetages.
Là-dessus, fabriqué à Taïwan, le résultat est un cadre particulièrement bien fini, simple et pourtant classe. Sans fioritures ni véritables innovations quant à sa géométrie, il n’en demeure pas moins que le cadre du BAAM Argh dégage une évidente élégance, grâce notamment à un bel équilibre des formes et volumes de ses tubes.
Géométrie du Gravel BAAM Argh
Le Stack est relativement important, permettant d’envisager autre chose qu’une pratique uniquement sportive. Les autres données de la géométrie sont classiques, avec des bases de 425 mm et un empattement de 1015 mm en taille M.
Les inserts sont nombreux puisque, hormis les deux emplacements classiques pour les portes bidons, je note deux inserts sur le Top-tube, et deux autres sous le tube oblique. Là-dessus, d’autres inserts plus spécifiques permettent la fixation d’un porte bagages et de garde-boue.
La boite de pédalier est au format T47. Une solution technique de filetage à M47x1.0mm imaginée par Chris King qui se retrouve de plus en plus puisqu’elle réunit le meilleur des deux mondes : un boitier de pédalier fileté qui peut accueillir sans sourciller les plus gros axes de pédalier. En somme, une sorte de super BSA, dans un but ultime de fiabilité et de rigidité (et de silence…).
La fourche ENVE G-Serie
C’est une fourche de la série Gravel de chez Enve qui trouve sa place sur le BAAM Argh. Intégralement en carbone, elle dispose d’un déport de 50 mm et peut accueillir un pneumatique de 50 mm en roue de 700 et jusqu’à 2″25 pour une roue de 27″5 (650B). Remarquablement finie, elle accueille un étrier de frein au format flat-mount et un axe de 12×100 mm la traverse.
Le groupe Campagnolo EKAR
Ce Gravel BAAM Argh que j’ai pu essayer est équipé d’un groupe complet (transmission et freinage) EKAR de Campagnolo. Celui-ci se compose d’un pédalier de 40 dents dont les manivelles sont réalisées en fibre de carbone UD (équipées de protection amovibles) et dotées de demi-axes en acier AISI 630. Le plateau est en aluminium 7075. Les quatre branches, disposées de manière asymétrique, présentent un BCD de 123 mm. Comme souvent sur un vélo en taille M, les manivelles sont en 172,5 mm. Enfin, le Q-factor de ce pédalier est de 145,5 mm.
Le système hydraulique de freinage ampagnolo Ekar utilise de l’huile minérale. Là-dessus, on retrouve des leviers très bien finis et à l’ergonomie si particulière et bien connue des aficionados de la marque italienne.
Il me semble intéressant de préciser que la cassette démarre à 9 dents, gage de belle polyvalence ! Son étagement de 9-42 dents (9-10-11-12-13-14-16-18-21-25-30-36-42) ne l’empêche pas d’être vraiment légère pour une telle cassette de 13 vitesses : seulement 390 g.
Les roues DT Swiss et pneus WTB
Équipées d’un corps de roue libre Campagnolo N3W et de moyeux DT 350, ces roues DT SWISS GR 1600 trouvent naturellement leur place sur ce BAAM Argh. D’une largeur interne de 24 mm, elles sont chaussées de généreux pneus WTB RIDDLER en 700×45 mm montés en tubeless.
Les périphériques
USE Ultimate fournit potence et tige de selle. Cette société anglaise propose des périphériques résolument haut de gamme, comme le prouve l’exceptionnelle finition de la potence Race faite en aluminium 7075.
La tige de selle Duro Carbon possède un déport de 10 mm et s’intègre bien avec la ligne de ce Gravel BAAM Argh, classique et moderne à la fois. Le cintre est une production BAAM, d’un dessin cohérent avec un usage Gravel, sans flare exagéré (9°) et un drop de 125 mm favorisant une position basse des mains. En revanche, la finition est bien en dessous des périphériques USE Ultimate précités. Enfin, une confortable selle WTB Koda surplombe le tout.
Le Gravel BAAM Argh sur le terrain
Pour commencer, le dernier Gravel en acier haut de gamme que j’ai pu tester était l’excellent Cadence l’Orée. La comparaison s’arrêtera là, puisqu’il serait assez hasardeux de les comparer, tant leurs caractères diffèrent. Une fois en selle, j’ai apprécié immédiatement l’excellente ergonomie du poste de pilotage, notamment la dimension parfaite du cintre BAAM. À l’usage, celui-ci se révèle adapté à notre usage axé sur la polyvalence entre la route et les pistes.
De l’énergie à revendre
La zone du boîtier de pédalier affiche une excellente rigidité. Le résultat est un comportement rigoureux et surtout des plus efficaces en terme de rendement. C’est même plutôt surprenant car les bases ne sont pas spécialement courtes. Ainsi, le BAAM Argh est capable de faire jeu égal avec certains cadres en carbone en terme d’efficience.
Là-dessus, le poids maîtrisé (10 kg) est un atout pour emmener à bon rythme le BAAM Argh. En cela, les roues DT SWISS GR 1600 participent pleinement aux belles aptitudes dynamiques de ce vélo en acier REYNOLDS 853. D’ailleurs, même sur route, les larges pneus WTB en 45 mm ne viennent pas trop perturber cette énergie. Enfin, tout comme la fourche, le cadre apporte un dégagement largement suffisant, où même en condition hivernale, la monte en 700 x 45 mm est à son aise.
Un confort enviable
Quoique classique, l’angle de direction de 71° degrés, associé à un déport de 50 mm, apporte un bon compromis entre stabilité sur les pistes et vivacité dans les sentiers. La bonne combinaison du stack conséquent et du reach bien pensé me fait aborder tout en confiance de rapides pistes en descente. La fourche ENVE affiche un excellent compromis entre rigidité et filtration des aspérités, parfaitement en adéquation avec le cadre qu’elle équipe. Un cadre qui se défend très bien en terme de filtration verticale, mais aussi pour dissiper les vibrations. Je constate que le triangle arrière, grâce aux qualités intrinsèques de l’acier utilisé et à une géométrie bien pensée, exprime des capacités de filtration verticale tout à fait remarquables. Outre cela, la tige de selle en carbone de chez Ultimate n’est probablement pas étrangère non plus à cette performante filtration.
Le groupe Campagnolo EKAR sur le terrain
Enfin, un mot sur le groupe Campagnolo EKAR qui équipe ce Gravel BAAM Argh. Le groupe italien brille par une amplitude peu habituelle grâce à une vaste cassette de 9 à 42 dents. De plus, échelonnée sur 13 vitesses. Là-dessus, il faut admettre que Campagnolo a frappé fort pour son premier groupe dédié à notre pratique favorite. Si le freinage n’appelle aucun reproche, l’ergonomie des leviers reste particulière : on aime ou pas… Par ailleurs, je trouve tout de même que l’unique levier pour actionner le dérailleur manque un peu de précision. Selon moi, son jeu mécanique latéral est trop important pour s’avérer précis en toutes circonstances. Le groupe EKAR regroupe de belles pièces, à l’image du pédalier, et constitue une alternative aux géants japonais et américains !
Pour conclure sur le Gravel BAAM Argh
Pour conclure, j’ai pris beaucoup de plaisir à piloter ce vélo de Gravel. Pas tant que ce BAAM Argh est beau (même si c’est important), mais surtout parce que j’ai été surpris d’une telle polyvalence. A vrai dire, au regard de la géométrie et du choix de l’acier, je m’attendais à trouver un vélo avant tout confortable. Et c’est effectivement le cas. Mais la vraie bonne surprise fut de constater que ce BAAM Argh était également performant, et pas qu’un peu ! A la fois souple et prévisible dans son comportement, le BAAM Argh sait aussi se montrer incisif pour aller chercher les émotions en descentes ou encore les KOM dans les ascensions. Finalement, c’est un vélo que j’aurais bien voulu garder encore un peu…
Caractéristiques du Gravel BAAM Argh
- Cadre : Tubes Acier Reynolds 853
- Boitier de pédalier : format T47
- Tube de selle : 27,2 mm, USE-Ultimate Duro carbon
- Selle : WTB KODA Cromo BAAM
- Potence : USE-Ultimate Race
- 2 inserts sur le top tube
- Possibilité de monter des gardes boues et porte bagage arrière
- Compatible mono et double plateaux
- Câbles et durites hydrauliques partiellement internes
- 3 coloris disponibles : Bleu Turquoise, gris anthracite métallique et violet
- Trois tailles : S, M et L
- Poids du cadre : 1890g en taille Medium
- Poids du vélo testé (vérifié) : 10 kg
- Fixation des étriers de freins : format Flat Mount
- Axes traversants 12×100 mm à l’avant et 12×142 mm à l’arrière
- Dégagement offert pour les pneus (clearance) : 50 mm à l’avant et 45 mm à l’arrière en roues de 700c. 2.25’’ à l’avant et 2.1’’ (53 mm) à l’arrière en roues de 650b
- Fourche Enve G-Series (déport de 50 mm)
- Jeu de direction ChrisKing ZS44/EC44
- Groupe complet : Campagnolo EKAR 1×13 vitesses (pédalier 40 dents, cassette 9-42 dents)
- Cintre : BAAM Gravel en Alu A6061-T6, Reach de 75 mm, Drop de 125 mm, Flare de 9°, 44 cm
- Porte bidon : Arundel Stainless
- Pneus : WTB Riddler 700×45 mm
- Roues : DT SWISS GR 1600 SPLINE
Info fabricant : BAAM Cycle | Gravel Bikes
Prix du kit cadre avec fourche et jeu de direction Chris King : 2 299€
Connaître le passé pour mieux appréhender le futur , voilà un joli « présent »avec cet article de LAURENT qui nous a délivré un vrai cours d’histoire sur la matière noble qu’est l’acier. Les autres matériaux font être jaloux d’un tel curriculum vitae .
Cette matière est vivante , BAAM a fait le bon choix , notamment pour l’orientation gravel /voyage . Faites un voyage initiatique avec un bel acier et laisser sur le côté du chemin , les préjugés tomber .
2 défauts récurrents sur les gravel sportifs :
– une fourche sans les 3 inserts sur chaque jambe : impossibilité d’équilibrer les charges
– 40 x 42 en plus petit développement : bien insuffisant en présence de la redoutable trilogie “chargement + chaleur + pente”
Aller faire un tour du côté de chez cotic en angleterre avec l escapade
1200 euros le cadre livré et taxe en reynolds 853 avec fourche carbone avec insert…
Le tout from taiwan comme baam.
Si vous voulez je vous laisse essayer celui que je me suis monté en sram gx axs et 38 50
Excellent compromis et je viens d’un gt grade carbon 1gen
Salut Laurent ,
Pourquoi une fourche carbone sur de l’ acier alors qu’ on prône la solidité et le confort de celui ci . Merci .
Salut Didier,
Pour plusieurs raisons : tout d’abord le poids, qui permet de garder un train avant réactif et ne pas alourdir encore le poids global de l’ensemble. Mais aussi le confort : une bonne fourche carbone doit être certes rigide, mais aussi savoir filtrer les vibrations frontales du terrain. Ce BAAM pourrait en effet s’équiper d’une fourche en acier, mais il perdrait beaucoup de son caractère joueur 😉
A bientôt !
Salut Laurent ,
Pour le côté joueur ok , mais le confort ? L’ acier moins confort que le carbone ? Merci .
Bonjour,
Oui, une fourche en carbone peut tout à fait filtrer aussi bien qu’une fourche acier, et même plus selon le carbone et l’acier. Tout en gagnant 1kg… Le calcul est vite fait, ce n’est pas un hasard si la plupart des bons vélos en acier conservent une fourche en carbone 😉
Merci
J’ai reçu mon Baam il y a 15 jours et l’acier fait déjà son petit effet particulièrement dans les singles où la conduite est vraiment agréable et précise. On a confiance donc on peut y aller franchement, venant d’un cadre carbone, je sens une différence. Moins sur les portions routes même si le confort se fait sentir. Un conseil, passez en plateau de 38 à l’avant 😉