Café du Cycliste, la marque de vêtement azuréenne installée sur le Port de Nice, se fait très régulièrement remarquer pour la qualité et l’originalité de ses vêtements de vélo. Et voilà maintenant que Rémi Clermont, son iconoclaste et inspiré créateur, après avoir inventé le jersey-marinière, osé les vêtements de vélo unisexe et financé une équipe féminine de gravel-race, lance des chaussures de gravel, nommées Outlands !
Je ne pouvais que m’intéresser de près à cet événement, d’autant plus que le look de ladite chaussure a de quoi en interloquer plus d’un… Voici mes retours, après avoir testé ces “Outlands” dans de lointains et variés territoires d’Occitanie et de Provence.
Naissance d’une chaussure
Autant vous le dire tout de suite, avant même que vous me posiez la question : Nous ne saurons pas exactement où ces chaussures sont fabriquées, secret industriel oblige… Rémi Clermont nous dira juste qu’elles proviennent d’ “Asie, dans l’usine qui fait les plus belles marques”. Il faudra donc se satisfaire de cette origine peu précise, mais quand on connaît Café du Cycliste et le soin apporté à la conception et à la réalisation de ses produits, nul doute de la véracité de cette information. Ceci étant dit, reste à se préoccuper des chaussures elles-même. Sortons-les de la boîte !
De n’importe quelle couleur, pourvu qu’elles soient blanches
J’avoue que la première chose qui m’a étonné est le choix d’une couleur aussi claire. Personnellement, je porte toujours des chaussures noires, qui me paraissent plus assorties à n’importe quelles chaussettes et vêtements, moins salissantes… Mais mes recherches préparatoires à cet article m’ont permis de constater que beaucoup de gens ne sont pas de mon avis. Il suffit par exemple de regarder une classique flandrienne ou une étape du Tour de France pour se rendre compte qu’une écrasante majorité de cyclistes pros préfèrent les chaussures blanches. Il est vrai que cela détache bien la jambe du vélo, et c’est peut être un critère de visibilité intéressant sur la route. Mais qu’en est-il en gravel ?
Là encore, j’ai posé la question à Rémi Clermont. Voici sa réponse : “La couleur, ça a été LA grande question tout de suite car lorsqu’on lance une chaussure on ne peut pas commencer avec plusieurs couleurs. Alors, on s’est demandé : claire, foncée, funky ? À titre personnel, je mets toujours des chaussures blanches, et je me suis rendu compte qu’autour de moi (pour les hardcore du bureau je veux dire) ça a été : Ah ouais, du blanc ! Donc je suis parti de ce qui me plaît : des chaussures blanches, on a juste rajouté une touche de marron pour le clin d’œil au cuir des chaussures de marche, et ça a donné du beige.”
Jouer avec les codes
“Le clin d’œil aux chaussures de marche” : oui, le choix de la couleur contribue à illustrer la première caractéristique de ces chaussures : la référence aux codes de la montagne.
Tous ceux qui connaissent et apprécient les vêtements du Café du Cycliste savent l’appétence de la marque pour jouer (se jouer ?) des codes de la haute couture ou des sports “outdoor” : Les rayures genre “marinière” du fameux maillot Mona, un clin d’œil à Jean-Paul Gauthier, les carreaux du jersey d’hiver Solange en référence aux bûcherons américains et leurs célèbres “flanelles”, les citations ne manquent pas chez Café du Cycliste !
Avec les chaussures Outlands, c’est l’univers de la montagne et de la chaussure de marche qui est convoqué. Le cuir blanc finement teinté de brun donc, mais aussi les crochets qui parachèvent le laçage, les renforts anti-abrasion en caoutchouc, les crampons des semelles, autant d’ingrédients savamment dosés pour donner un look unique à une chaussure de vélo. Reste à voir si l’aspect visuel est en phase avec l’usage…
Des caractéristiques alléchantes
Rassurons-nous, au sortir de la boîte, les Outlands montrent déjà des signes extérieur de cyclisme sérieux. Un poids très contenu pour des chaussures de gravel (370 g en pointure 43), une semelle ultra-rigide en carbone, la possibilité d’ajouter des crampons de cyclo-cross, une tige souple, des coutures et des finitions parfaites, comme toujours chez CDC.
Des détails de conceptions assez classieux attirent le regard : le dessous des semelles ressemble à une carte 3D des sommets des Alpes, le chaussant est facilité par des tirettes cousues au col du talon, les languettes sont découpées astucieusement pour épouser parfaitement le cou-de-pied.
Le laçage est assuré par des anneaux métalliques puis des crochets pour le dernier croisement. Un passant élastique permet de tenir les boucles des lacets éloignées de la chaîne et des plateaux. Voilà qui donne envie d’aller les essayer… à vélo bien sûr !
Le mariage de la carpe et du lapin
Pour commencer, j’ai testé les chaussures sur une longue sortie en route, histoire de vérifier certaines caractéristiques qui me préoccupent lorsque je choisis des chaussures : le confort, le transfert de puissance, la marche à pied.
En ce qui me concerne, j’utilise très rarement les chaussures route à 3 points, car j’aime pouvoir marcher avec mes chaussures de vélo. Que ce soit pour entrer me ravitailler dans des épiceries, boire un café en terrasse, sauter dans un train, les cas de figure où la marche s’impose au pédalage ne sont pas rares. Dans ces cas-là, il vaut mieux être à l’aise avec des chaussures un tant soi peu adaptées, ne pas risquer de glisser, éviter les ampoules et la fâcheuse démarche d’un pingouin qui fait “clic-clac”, qui ferait que tout le monde se retourne sur votre passage…
Je choisis donc toujours des chaussures qui accrochent bien au sol, avec des cales suffisamment en retrait de la semelle et un peu de souplesse. C’est un compromis difficile, car c’est une semelle rigide qui assurera un bon transfert de puissance, au détriment du confort de marche. Café du Cycliste a opté ici pour une semelle très rigide, mais les plaques de carbone sont recouvertes d’une semelle extérieure en caoutchouc qui, si elle n’assure pas une marche naturelle, garantit au moins une excellente adhérence sur toutes les surfaces. Ce compromis me paraît tout à fait judicieux et adapté pour des chaussures de cyclisme polyvalentes. Un bon point donc pour ces chaussures, le compromis semelle est réussi : confortable à l’intérieur (une semelle interne signée Solestar tout à fait opérante et accueillante), rigidité au cœur, adhérence à l’extérieur.
Le mariage de la carpe et du lapin (suite)
Le système de laçage et la souplesse du cuir complètent la “garantie confort” de ces chaussures, que mes pieds ont adoptées dès la première (et longue) sortie. Mais il fallait aussi bien sûr tester les Outlands sur les pistes DFCI si caractéristiques du territoire méditerranéen. Comment ces “Outlands” se sont-elles comportées dans des contextes plus âpres ?
En gravel donc, les Outlands font tout aussi bien que sur la route, le transfert de puissance est un vrai plus, leur poids contenu et leur confort aussi. Pour la marche, la semelle très rigide ne conviendra pas pour plusieurs kilomètres, mais je n’ai pas pu prendre en défaut l’adhérence et la mollesse des crampons de caoutchouc de la semelle extérieure. Les conditions très sèches ne m’ont pas permis de tester les chaussures dans la boue, mais la possibilité d’ajouter des crampons enlève tout doute sur leur capacité à s’adapter à des conditions belges.
C’est en marchant dans les cailloux que j’ai pu néanmoins constater les limites des Outlands : la finesse de la bande de protection en caoutchouc et la souplesse du cuir font que les cailloux les plus tranchants marquent les chaussures. Le calcaires des Alpilles est cruel et sans merci. Dès la première sortie, les chaussures ont été marquées de minuscules mais bien visibles stigmates.
Talon d’Achille
La (relative) fragilité des renforts latéraux en caoutchouc et la souplesse du cuir en cas de marche et au contact des pierres est tout à fait assumée par Rémi Clermont. Face à mes réserves sur un usage “engagé” de la chaussure dans les contextes les plus pierreux, il justifie les choix qui ont été faits lors de la conception des Outlands :
“Nous avions deux options pour cette bande de protection : une bande en caoutchouc beaucoup plus protectrice et plus lourde (comme pour des chaussures de montagne) ou une application de “liquid rubber” plus fine et légère. Nous avons opté pour cette seconde option qui protège contre les abrasions légères mais pas contre des impacts de type marche en montagne dans les rochers. Le cuir permet d’obtenir une bonne résistance à l’usure mais il sera en effet marqué”.
Cela a des répercussions sur les champs d’utilisation de ces chaussures, parfaitement adaptées à la route longue distance, au gravel race et au gravel sur tous terrains… pourvu qu’on ne descende pas de vélo ! Là encore, Rémi Clermont assume et développe :
“ Pour moi, le but était d’avoir une chaussure très polyvalente qu’un rider “nouvelle tendance” peut considérer comme la chaussure à tout faire pour ne pas avoir à acheter une chaussure route et une vtt, mais qui reste très performante en transmission. Pour le voyage engagé avec beaucoup de marche, au delà de la protection du cuir, la semelle carbone très rigide (typé race/cross-country/vtt) sera aussi peut être perçue comme un peu limitée en confort… Il faudra peut être une semelle un peu moins “rigide et performante” mais plus versatile pour ce type de pratique.”
Outlands, pourvu qu’iels soient fluides
Les chaussures Outlands de Café du Cycliste sont indubitablement élégantes, confortables et performantes. Grâce à ces qualités, elles conviendront parfaitement aux cyclistes sportifs, ou décontractés, ou les deux, tant qu’ils choisiront des terrains de jeu roulants et des pratiques qui ne nécessitent pas la marche à pied.
La promesse de territoires lointains (“outlands” en anglais) est, pour le coup, soumise à conditions… Alors que les cyclistes de route longue distance et de gravel light adoreront les Outlands, les explorateurs en VTT, vélo de montagne et vélo de voyage sur terrain accidenté opteront sans doute pour des chaussures plus rustiques.
Collection Café du Cycliste Outlands
Chaussures Café du Cycliste Outlands 300€
Autres vêtements Café du Cycliste portés pendant ce test :
A quand à nouveau des chaussures de cyclotourisme sans cales, aux semelles plates et fines, à glisser dans les cale-pieds… comme jadis ? La marque Patrick en produisait de bonnes, idem chez Décathlon ou Rivat. Les chaussures actuelles ont de trop grosses semelles pour ceux qui roulent encore avec cale-pieds.
Bonsoir Henri,
Beaucoup de chaussures de route auront la semelle assez fine pour rouler avec cale-pieds, de même que certaines chaussures de gravel (je pense à certains modèles de chez Giro, Quoc, ou les excellentes Mavic Allroad Pro).
Malheureusement, le dessus et l’avant de ces chaussures par ailleurs non pensées pour rouler en cale-pieds (ce qui est devenu aujourd’hui, vous en conviendrez, une pratique extrêmement marginale), s’abîmeront très vite au contact desdits cale-pieds.
Merci de nous lire,
Dan