Cette formation de cadreurs vélos mise en place par l’AFPA est dans la logique d’une certaine continuité de la saga des Cycles Victoire. Il a suffit d’une rencontre, lors d’une journée portes ouvertes, pour que la transmission d’un savoir-faire reconquis, puisse donner naissance à une vraie formation. Depuis le 6 février, 10 stagiaires – 5 femmes et 5 hommes – suivent un cursus de cadreur vélo au sein de l’AFPA de Beaumont, petite commune limitrophe de Clermont-Ferrand. Cette formation se déroule sur la base d’un programme mis en place avec les Cycles Victoire et l’Association des Artisans du Cycle.
Un savoir-faire qui a failli disparaitre
Lorsque j’ai découvert la création de cette formation de cadreurs, j’ai contacté Julien Leyreloup, le co-fondateur des Cycles Victoire, pour qu’il me commente cette information. “C’est un projet de longue haleine“, me dit Julien. En effet, avec l’AFPA (Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes), les Cycles Victoire et l’Association des artisans du Cycle toutes les énergies se sont mobilisées pour créer ce qui n’existait pas encore en France : une formation au métier de cadreur. Il faut se souvenir que ce savoir-faire avait failli disparaitre.
Au début du 20ème siècle, on trouvait un peu partout des gens qui savaient fabriquer des cadres de vélos. Quelques décennies plus tard, après quelques révolutions industrielles et des changements de mode de vie, cette spécialité avait pratiquement disparu. “Pour une nouvelle génération de cadreurs comme Vagabonde arrivé en 2008, puis nous en 2011 et également quelques autres, nous avons dû réapprendre ce métier comme on pouvait. La documentation sur Internet nous a aidés, mais pour ce métier de geste et de pratique, la théorie n’était pas suffisante”, explique Julien.
Cette résurgence, faite d’initiatives un peu partout en France, a donné lieu à la création de l’Association des Artisans du Cycle et à la création en 2016 du Concours de Machines, une sorte de compétition corporatiste (voir notre article à propos du concours 2019) qui reprenait ce qui avait existé autrefois, en dépoussiérant le genre. “En 2016, ce concours a été un moment privilégié de rencontre entre les artisans et une première étape importante dans le partage des connaissances. Je suis un partisan de la saine concurrence, qui est une source intéressante de stimulation et ces échanges nous ont permis de construire quelque chose”.
Effectivement, depuis ce premier concours modeste en 2016, l’artisanat du cycle s’est développé et nous avons même vu naître des stages d’une semaine chez un cadreur (Chez La Fraise, Edelbikes…) pour construire soi-même son cadre de vélo. “Aujourd’hui, en Auvergne Rhône-Alpes, il y a plus de 20 cadreurs“, précise Julien pour illustrer cette évolution.
Une nouvelle étape
“La pérennisation du métier de cadreur passe par une transmission du savoir-faire”, me confie Julien, conscient qu’il y a d’autres étapes à franchir pour que la filière s’organise. Ces artisans avaient pour habitude de prendre en apprentissage des jeunes qu’ils formaient, mais il fallait à peu près une année pour obtenir son autonomie et cette transmission occupait un compagnon expérimenté, qui devait sacrifier du temps de production pour encadrer l’apprenti. Économiquement ce n’était pas rentable pour de petites structures et commercialement, c’était dommageable pour les délais d’obtention des vélos. Il fallait trouver une autre solution pour organiser cette filière de formation afin de correspondre à la demande.
Le poscast avec Julien Leyreloup
L’histoire est drôle, car l’idée de cette formation AFPA de cadreur est née d’une façon particulière. “Notre atelier est installé à un angle d’un carrefour à Beaumont et il se trouve qu’à l’angle opposé se trouve le centre AFPA de Clermont-Ferrand. En automne 2021 nous avons fait une journée portes-ouvertes et on a vu débarquer nos voisins qui nous ont demandé si on avait pas des besoins en formation : on a dit oui“. Ensuite, grâce au dispositif de la région AURA “Innover pour nos emplois,” un dossier de financement a été constitué pour mettre en oeuvre avec l’AFPA cette formation pour l’accueil de 10 stagiaires.
Reste à faire reconnaître ce métier
L’histoire ne va pas s’arrêter là. Le dossier pour reconduire la formation en 2024 est en préparation et les démarches pour faire reconnaître ce métier dans la nomenclature des métiers industriels français sont en cours. La phase suivante sera de la passer en mode incubation pour obtenir des aides de l’État. Ce dernier point est important pour accompagner le développement de la filière cycles en France et pour proposer aux jeunes qui cherchent un métier l’opportunité de suivre cette filière et peut-être de créer leur entreprise.
Déjà, les jeunes stagiaires de cette première formation AFPA, ont tous trouvé des stages en entreprise (1 mois pour ce cursus de 5 mois au total) chez quelques artisans de l’association avec en perspective des propositions d’embauches concrètes. On en reparlera sans doute sur Bike Café et on en croisera sans doute certains sur l’exposition du Concours de Machines qui se tiendra lors du départ du prochain Paris-Brest-Paris 2024 à Rambouillet.
Alors ça c’est original j’aurais pas cru qu’il y a encore des cadres heures en France en 2023. très intéressant comme article j’ai même écouté le petit podcast en voiture entre midi et deux aujourd’hui ahah ! Merci !
À toute heure on apprend plein de choses sur Bike Café 😉
Il y a une série de podcast très très intéressant sur le sujet “Dans La Roue” qui nous éclaire un peu sur le sujet. Jolie Rouge, Swanee Ravonison, Milc (qui accueille également Soum Cycles), Menhir,… des gens passionnés et passionnants.
Il n’y a pas de session proposée actuellement. Quelqu’un sait si une session ouvrira prochainement ?