Vu de l’extérieur, le statut du blogueur peut paraître enviable, mais en réalité, cela ne présente pas que des avantages. Par exemple, lorsqu’on demande à des marques ou à des distributeurs des produits à tester, on reçoit rarement le modèle exact ou les couleurs qu’on a demandés. L’une des premières qualité du blogueur est donc sa capacité au renoncement… L’opiniâtreté aussi : il faut parfois écrire des articles sur des sujets ou des produits pas très inspirants. Et puis la diplomatie, comme lorsqu’on prend la peine de répondre avec politesse à des commentaires qui en manquent cruellement.
Mais il y a quand même quelques privilèges accordés aux contributeurs de Bike Café… en particulier, celui d’essayer des produits que, de nous-mêmes, nous n’aurions pas pris le temps, ou la peine, ou le risque, d’acheter et qui, finalement, se révèlent être des objets de test passionnant.
C’est le cas, par exemple, des nouveaux pneus Vittoria Corsa pro, qui m’ont été proposés pour test dans le cadre du dossier “pneus route endurance tubeless 32 mm”. Les Vittoria Corsa Pro sont des pneus fabriqués sur la base d’une armature en coton ! Dingue, non ?
Coton et a priori
Jusqu’alors, j’avais bien noté que la fibre de coton pouvait (ou avait pu) entrer dans la fabrication de certains pneumatiques pour vélos, mais dans des registres plutôt éloignés de mes préoccupations, du genre :
- On fabriquait et on utilisait des pneumatiques de vélo en coton “avant” (il y a très longtemps) ;
- Ça servait uniquement à faire des boyaux ;
- Ce n’était utilisé qu’en compétition ;
- C’était fragile et peu durable ;
- C’était cher.
Même si ces a priori ne sont pas tous faux, ils pourraient très rapidement être battus en brèche, pour peu qu’on se penche d’un peu plus près sur la question, en recherchant par exemple des informations récentes sur les internets :
Julian Alaphilippe a gagné cette fameuse étape du Tour de France 2021 avec des pneus en coton (et des chambres en latex).
Voilà donc les deux premières assertions culbutées par dessus la barrière des préjugés ; oui, il existe bel et bien aujourd’hui des pneus en coton… Reste donc à vérifier les trois points restants ; commençons par le prix. Chez notre partenaire Cycletyres les Vittoria Corsa Pro sont affichés à un peu plus de 70€, ce sont donc des pneus clairement positionnés en haut-de-gamme !
Bon, pour le coup, le fait que les pneus en cotons soient chers se vérifie… Mais si le jeu (de pneus) en valait (le prix de) la chandelle ? Quid des performances, de la solidité, de la durée de vie de tels pneus ?
Comme je l’ai dit plus haut, mon statut de blogueur m’offre l’opportunité de tenter de répondre à ces questions !
Vittoria, tradition et modernité
Au départ compagnie italienne, Vittoria est désormais un groupe international majeur, qui produit annuellement 7 millions de pneumatiques, essentiellement en Thaïlande.
Pionnière en matière d’utilisation du graphène dans la fabrication des pneus, tant pour ses modèles VTT que ses modèles route, Vittoria affirme que le graphène, utilisé en grande quantité dans la composition de la bande de roulement du Corsa Pro, interagit avec les molécules de caoutchouc en améliorant la durabilité et la fiabilité du pneu, ainsi que sa résistance à l’abrasion et aux coupures.
Le Corsa pro est donc vanté pour allier à merveille tradition et modernité. Le coton utilisé pour la structure réduit le poids du pneu et améliore l’adhérence et le confort grâce à une excellente déformation en courbe et sur les aspérités de la route. Le graphène permet une résistance au roulement minimale (donc plus de vitesse) et une excellente durée de vie. La silice complète cette alliance vertueuse en améliorant le rendement et l’adhérence.
Voilà un exposé alléchant… Reste à confronter la fiche technique du Corsa pro à la dure réalité des routes de Provence et d’Occitanie !
Montage
Au déballage, les Corsa Pro ont fière allure, avec leurs fines striures rectilignes et leurs flancs beige-albâtre. La caractéristique la plus frappante est bien sûr la structure en coton, sans aucune trame visible, ni couture apparente. C’est doux au toucher, fin et épais à la fois, comme un tissu de luxe utilisé pour des draperies ou de l’ameublement. On peut presque le froisser dans la main ; sans la bande de roulement qui apporte de la rigidité, j’imagine que ce demi-tube de coton serait absolument fluide.
À la pesée, ce pneu se révèle être le plus léger de tous les 700 X 32 tubeless ready testés dans le cadre de notre dossier thématique. À 294 g, il est par exemple 50 grammes plus léger que le Goodyear Eagle F1, pourtant très rapide.
La bande de roulement intègre un témoin d’usure, un petit trou tout à fait semblable à celui qu’on retrouve sur les pneus Continental GP 5000 S TR ou les Vredestein Superpasso.
Mais la comparaison s’arrête là : le Corsa pro diffère de tous les pneus que j’ai pu tester jusqu’alors, en proposant une structure en coton uniforme d’un seul tenant, sur laquelle le matériau de la bande de roulement noire tranche résolument avec le reste.
Les indications du fabricant sur le pneu annoncent des pressions de gonflage différentes selon que l’on utilise des jantes avec ou sans crochets ; le montage et le claquage sur mes jantes CEC sont réalisés sans aucune difficulté particulière.
Je termine l’opération en utilisant le préventif fourni par Vittoria, leur “Universal Tubeless Tire Sealant“, qui se révèle très pratique d’utilisation avec son bouchon-verseur adapté au diamètre des valves Presta et son dévisse-obus intégré. Il est temps d’aller rouler !
Conditions du test
J’ai testé le pneu sur mes routes favorites des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l’Hérault, pendant un mois et 1000 km, uniquement sur route sèche car il n’a pas plu pendant la période. Ce test relativement court mais intensif, m’a permis de me faire une idée très précise des qualités et du comportement des Vittoria Corsa Pro, que je n’ai pas ménagés, en guidant mon Chiru Kunlun sur les itinéraires les plus variés : montées et descentes sinueuses, petites routes très dégradées, rubans d’asphalte lisses… pendant des sorties diurnes et nocturnes, avec des températures allant de 14 à 34°.
Je ne pourrai donc pas parler du comportement des Vittoria Corsa Pro sur route humide ou mouillée ; de même, je les ai peu utilisés sur des chemins de gravel, car je n’ai pas eu envie de confronter trop longtemps leurs doux flancs en coton à des cailloux tranchants.
Vitesse et légèreté
Le sentiment marquant dès les premiers kilomètres, c’est à quel point ces pneus sont réactifs et rapides. Loin de s’étioler, cette sensation a perduré pendant toute la durée du test. J’ose affirmer que les Vittoria Corsa Pro sont les pneus les plus réactifs et les plus rapides des 32 mm tubeless que j’ai jamais testés. Cela s’exprime lors des relances en danseuse, dans les montées, au démarrage en début de sortie ou aux feux verts en milieu urbain… Associés à des roues en carbone, les pneus chantent aussi à vitesse stabilisée, entre 30 et 40 km/h, où l’on a une sensation de glisse plus que de roulement. Des pneus 5 étoiles pour des purs routiers épris de vitesse !
Je suppose que le composant riche en graphène et en silice n’est pas étranger à cette qualité de vitesse ; la légèreté du pneu et la gravure longitudinale non plus.
Confort et tenue de route
J’associe ces deux critères car je pense qu’ils ont un point commun, la structure en coton, qui assure un moelleux irréprochable et participe d’une excellente tenue de route.
J’ai gonflé les Vittoria Corsa pro entre 2.8 et 4.2 bars. S’ils “collent” un peu (en particulier en danseuse en montée) à 2.8 bars, ils sont merveilleux de confort, en particulier sur les goudrons très rugueux des petites routes gardoises. À 4.2 bars, ils sont rigides comme des pneus course de 25 mm mais filent comme le vent. Les Corsa pro offrent donc une grande latitude de gonflage, fourchette dans laquelle chacun pourra trouver le compromis confort/rendement qui lui convient le mieux.
En terme de trajectoire, ils sont très précis malgré leur généreuse section de 32 mm et je me suis surpris à pencher plus que d’habitude dans les courbes en descente, ce qui m’a valu de battre nombre de mes records personnels sur des segments que je connais pourtant bien. Même si je n’ai malheureusement pas pu tester les Vittoria corsa pro sur route humide ou mouillée, j’ai poussé les pneus dans leurs derniers retranchements dans des courbes en descente (ou plutôt : dans mes derniers retranchements, car je suis loin d’être un excellent descendeur).
L’écueil du banc de sable
Je n’ai pas pu prendre en défaut les qualités de tenue de route des Vittoria Corsa Pro, que ce soit sur route lisse ou rugueuse… tant que les pneus n’ont rencontré que du goudron. Effectivement, dès que leur bande de roulement aux gravures rigoureusement longitudinales ont rencontré du sable ou du gravier, le fantastique effet de glisse des pneus, tant apprécié pour gagner en vitesse, s’est aussi exprimé latéralement… Rien d’affolant ou dangereux en ce qui me concerne, mais une sensation très désagréable, qui encourage fortement à ralentir, à éviter les zones de la chaussée où sable et gravier s’accumulent, et donc à fuir toute situation gravélisante !
Solidité et durabilité
Le dernier a priori qu’il me restait à vérifier concernait la solidité des pneus en coton. Certes, je n’ai roulé les Corsa Pro qu’environ 1000 km, mais je peux dire qu’ils sont conçus pour aller beaucoup plus loin, au vu de leur excellent état en fin de test, malgré un pilotage nerveux et la médiocre qualité des revêtements sur lesquels je les ai principalement utilisés.
Je n’ai eu à déplorer aucune crevaison, malgré les nids de poules, routes mal balayées, raccords de goudrons mal jointés qui abondent sur mes terrains de jeu favoris. Après 1000 km, les bandes de roulement ne montrent aucun signe d’usure, seuls les flancs clairs, salis par l’usage, ont perdu leur pâle virginité.
C’est d’ailleurs au niveau des flancs que se situe peut-être le point faible des Vittoria Corsa pro. La crainte d’une déchirure sur les flancs a été un argument supplémentaire pour me tenir définitivement éloigné des sections gravel. À ma grande honte, j’avoue ne pas avoir poussé le professionnalisme en cherchant la déchirure !
Bilan
Ça se confirme : ce test des Vittoria Corsa Pro m’a fait changer d’avis sur les pneus en coton. Certes, ils sont chers, mais extrêmement plaisant à rouler, rapides, durables et fiables.
En les consacrant à un usage exclusivement routier sur tous types de goudrons (on oubliera pour le coup les chemins blancs et toutes les surfaces sableuses), on pourra profiter d’un pneu moderne et sportif, avec une sensation de légèreté et de glisse exceptionnelle. Le Vittoria Corsa Pro est un pneu rapide et léger, parfait pour les relances, les montées de col, les descentes sinueuses… pourvu qu’il n’y ait pas de sable sur la route. En section de 32 mm il, fera le bonheur de tous ceux qui recherchent la vitesse sans faire de compromis sur le confort.
Ce test terminé, il est temps de changer de pneus… Mais alors, me direz-vous, pourquoi cesser d’utiliser cet excellent pneu après seulement 1000 kilomètres ?
Et bien, figurez-vous que mon enviable statut de blogueur m’a permis d’obtenir un jeu d’autres pneus en coton : Les Vittoria Corsa Pro Control, une version plus adaptée aux conditions humides et à l’automne qui approche !
Autre saison, autres pneus, autre test… Je vous dis donc à bientôt, pour la suite de mes aventures au pays des pneus en coton !
Pneus Vittoria Corsa pro 700 X 32c Tubeless Ready chez notre partenaire Cycletyres : 72,99€
IL vous faudra essayer les Veloflex, en coton aussi.
Les Veloflex ne sont pas en coton mais en corespun qui contient du polyester.
Et puis ils ont déjà testé les Veloglex corsa je crois.
Je les utilisent en 26 et roule hiver comme été avec pas de crevaison même après un périple de 400 km début novembre sous la pluie et une tenue de route irréprochable et quel rendement un pur bonheur 70€ sur un site contre 95€ chez un vélociste…. Chercher l’erreur
J’utilise les PRO et Contrôle en 28mm depuis 6000km maintenant sur routes des Alpes Maritimes, montées, descentes, route dégueulasses, granfondo…. Je n’ai percé qu’une fois un jour de grande pluie (vélo taf entre Nice et Monaco) un bout de verre. Pas eu de défaut de contrôle sur routes mouillées. C’est d’ailleurs sur la route mouillées/humides que la sensation de vitesse et de facilité se font ressentir plus.
Pas trouvé meilleur encore, pourtant j’ai roulé sur gp5000, Michelin powercup, pirreli p0, Challenge et Veloflex (que j’adore aussi).