Le vélo est un instrument de liberté et de découverte. C’est le complice parfait pour s’évader le temps d’un week-end et imaginer sa propre aventure. C’était d’ailleurs le thème du livre co-écrit par 2 chroniqueurs de Bike Café “Week-end aventure à vélo“. L’idée d’un week-end à vélo en autonomie trottait dans la tête de Sylvain depuis longtemps. Lorsque Vincent lui a parlé de son projet de réaliser le tour du parc régional du Luberon, il n’a pas hésité un instant : il a dit oui !
Une aventure de week-end racontée par Sylvain Lebrun et Vincent Guerisoli
Après un travail minutieux pour créer l’itinéraire et recruter les intéressés, le projet est né ! La date fixée, il ne restait plus qu’à préparer la liste du matériel nécessaire à emporter pour ce périple et à affiner la préparation physique. Nous avons divisé le parcours en trois étapes au départ de Cavaillon.
On commence par le Trou du Rat
La première étape, volontairement courte, nous permet de partir le vendredi soir pour atteindre rapidement notre premier lieu de bivouac, niché au cœur de la forêt des Cèdres en passant par la Plaine du Trou du Rat. Nous profitons d’un magnifique coucher de soleil au-dessus du massif des Alpilles, ses teintes orangées embrasant l’horizon.
Nous arrivons à Forcalquier,
les estomacs bien vides et un stock
de chambre à air presque épuisé…
Luberon et Lure à suivre
Après une première nuit plutôt festive en compagnie de bons copains venus nous encourager, nous repartons au petit matin pour une grosse journée de vélo. Au programme de cette deuxième étape, la traversée du Grand Luberon par le Mourre Nègre et l’ascension de la montagne de Lure. La chaleur déjà bien présente dans la montée du Mourre Nègre nous rend la tâche plus difficile. Elle aura malheureusement eu raison d’un membre de notre trio. Reginald nous annonce son abandon dans la descente, se sentant physiquement en difficulté.
Il est déjà tard, Vincent passe devant et nous essayons d’accélérer un peu pour atteindre notre objectif avant la nuit. Mes crevaisons répétées continueront de nous ralentir. Il est déjà 16h lorsque nous arrivons à Forcalquier, les estomacs bien vides et un stock de chambre à air presque épuisé…
On se remet en route en direction de St Etienne-Les-Orgues après un ravitaillement bien mérité. La route qui serpente à travers les Mourres est très jolie, ici l’automne est déjà bien marqué en raison de l’altitude. La fraîcheur qui arrive enfin nous fait du bien. Nos jambes commencent à être lourdes, la charge du vélo n’arrange pas les choses. Nous progressons lentement. La nuit tombe, nous prenons la décision de nous arrêter à l’abbaye de Notre-Dame de Lure. Un lieu de bivouac idéal, des tables sont à disposition et surtout, une source nous assure de l’eau à volonté pour le repas du soir et le petit-déjeuner. Le campement monté, il est temps de reprendre des forces car la journée du lendemain s’annonce encore épique.
Abbaye de Notre Dame de Lure
Les bruits de la forêt enchantent notre bivouac – photo Sylvain
Réveil matinal près de l’abbaye de Notre Dame de Lure – photo Sylvain
Au menu, graines, soupe, plat lyophilisé, gâteau de riz et café ! Un repas chaud apporte beaucoup de réconfort après une belle journée de vélo comme celle-ci. On profite de l’instant, on se remémore notre journée, on échange sur le déroulement de la suivante et on pense à Reginald, il aurait vraiment apprécié cette partie du périple. Après s’être mis d’accord sur l’heure du réveil, nous rejoignons nos duvets pour une nuit de sommeil bien méritée. Je suis très bien installé avec mon tarp sous les tilleuls presque bicentenaires. Vincent est plutôt minimaliste pour le coup, il dormira à la belle étoile malgré les 12°C relevés par ma montre. Le bruit de la fontaine et le chant des chouettes nous plongent dans l’ambiance paisible de la forêt. Il n’y a aucun doute, nous sommes au cœur de la nature.
Lure… encore
Six heures trente, le réveil sonne le départ de la troisième et dernière étape. On s’équipe de nos frontales, on range le matériel, on va chercher de l’eau et on avale un bon petit-déjeuner. Muesli, thé, café, fruits secs, un vrai festin !
Sommet de la montagne de Lure – photo Vincent
Les montures chargées, on reprend lentement l’ascension le temps que les muscles se réchauffent un peu. Une borne kilométrique nous annonce le sommet à 8,7 km. Vincent s’est une nouvelle fois bien échappé, je peine à suivre le rythme. J’arrive au sommet après une petite heure de pédalage, récompensé par un panorama grandiose. On profite de la vue, on fait quelques photos puis on discute avec un père de famille venu camper avec ses enfants. Le sommet atteint, notre second objectif est de parcourir les crêtes direction ouest. La vue est superbe, la chaîne des Baronnies sur notre droite, le parc naturel régional du Luberon à gauche et le Mont Ventoux en face. Les sentiers sont plutôt engagés pour du gravel, nos montures ne sont clairement pas faites pour affronter certains passages. Les pourcentages sont très élevés et les cailloux nous rendent la tâche compliquée. On se rend vite compte que si l’on poursuit sur l’itinéraire prévu on va mettre 5-6 heures de plus, enfin si on y arrive…
Sylvain parcourant le sommet de la montagne de Lure – photo Vincent
Un petit coup d’œil sur le GPS, un chemin dans le fond d’une combe redescend à travers la forêt domaniale de Lure. Nous n‘hésitons pas bien longtemps. La descente est longue, le chemin bien tracé et pas trop technique nous amène rapidement en bas. On rejoint le village de Lardiers où la chaleur est déjà bien présente. Nous prenons la direction de Banon par la route. Midi et demie, c’est le bon moment pour se restaurer dans ce beau village provençal. La pause en terrasse est vraiment appréciable, la faim étant au rendez-vous, le repas est très vite avalé !
Il nous reste un peu moins de 100 km à parcourir pour rejoindre l’arrivée, nous décidons de passer uniquement par la route, les jambes sont douloureuses et nous aimerions arriver avant la nuit. Je peine à nouveau à suivre Vincent, décrochant souvent, il est vraiment en forme, bravo à lui ! Je lui demande de ralentir un peu pour me caler dans sa roue, on tire comme ça jusqu’à Sault. Les fontaines de la ville étant coupées, on se ravitaille en eau dans le bar du coin. Nous rejoignons ensuite Lioux en passant par la petite route qui surplombe la combe de Sigalière. C’est la dernière descente avant de rejoindre la voie verte du Calavon près de Goult. Celle-ci nous amènera à bonne allure jusqu’à Cavaillon pour boucler la boucle.
Un sentiment de joie nous envahi. Nous sommes fiers d’avoir réalisé ce parcours. Plus qu’un défi physique, nous l’avons vécu comme une véritable aventure. L’adage « L’important n’est pas la destination, mais le voyage » prend ici tout son sens. Le gravel nous a permis de redécouvrir notre région, en alternant routes, chemins, pistes forestières et anciennes routes abandonnées, de faire des rencontres, de vivre des émotions fortes, bref de beaux moments de partage. Alors une chose est sûre : à quand la prochaine sortie ?
Quelques chiffres
- 260 km parcourus ;
- 4500 m de dénivelé positif ;
- 16h30 de durée de déplacement.
Waou, une aventure qui donne envie. Bravo à vous et merci pour le partage.
merci Cyril, content que le récit vous ait plu !
Ce secteur est magique, jamais fait encore en intégralité comme votre trace, mais c’est clair que ça donne envie !