La récente annonce de la sortie de la Renault R5 E-Tech, lors du salon de Genève, m’a inspiré cet article. N’ayez crainte, ce sujet ne sera pas centré sur la bagnole, ni sur les moteurs électriques. Je voulais simplement vous présenter quelques évocations du passé, utilisées par les marques qui ont choisi d’ajouter de cette manière un supplément d’âme à leurs produits, résolument modernes. En se rapprochant de la marque de vélo Jitensha, Renault utilise astucieusement le clin d’oeil du Néo-rétro en associant la sortie de son véhicule à l’univers du vélo urbain et des mobilités douces. D’autres marques, dans le monde du vélo, utilisent des symboles du passé pour apporter de l’émotion à leurs créations. J’ai cherché dans notre monde de passionnés, quelques versions assez différentes pour illustrer cette tendance, que, personnellement j’adore.
C’était mieux avant ? Le Néo-rétro (de néo : nouveau) et (rétro : ancien) se retrouve dans l’automobile, la moto, la mode vestimentaire, le mobilier, le design d’objets familiers… le vélo n’échappe pas à cette tendance. La forme générale du vélo actuel est déjà naturellement “rétro”. En effet, le vélo moderne ressemble beaucoup à son ancêtre : 2 triangles et une fourche constituent la forme de cet objet, sans cesse revisité dans ses détails. Il est donc normal que des marques s’inspirent de ce patrimoine. Ce choix marketing s’applique de façon différente selon les marques. Certaines se nourriront d’éléments très forts de son passé, d’autres feront référence à des marqueurs d’un passé collectif qui ajoutera une légitimité à leurs créations : Néo-rétro ou Rétro-néo 😉
Jitensha
Néo-rétro version cross marketing
Dans le cas de Renault et Jitensha, on peut percevoir une opération de cross marketing, dans laquelle David (Jitensha) et Goliath (Renault), s’unissent dans une symbolique Néo-rétro. Dans le contexte actuel de difficile partage de l’espace urbain, ce rapprochement entre vélo et auto, scellé par un choix commun de motorisation électrique, est intéressant. C’est une belle mise en lumière pour Jitensha, qui profite du projecteur posé sur l’événement superbement mis en scène par Renault au salon de Genève. Pour Renault, c’est une façon de se rapprocher du monde de l’éco-mobilité.
La marque d’Annecy nous entraîne dans un scénario Néo-rétro qui mélange l’histoire de l’auto et celle du vélo. Urbain et électrique comme la nouvelle Renault R5 E-Tech, ce vélo est la réplique d’un cadre à l’ancienne, en acier Chromo soudé au TIG. Il a été décoré pour adresser un double clin d’œil au Néo-rétro et aux mobilités décarbonées.
En collaboration avec Jitensha, que nous vous avions présentée en 2018, Renault présente ce vélo à assistance électrique, léger, simple et élégant. Le moteur et la batterie sont intégrés dans le moyeu de la roue arrière. Hybride, il se recharge à la fois via une prise traditionnelle et grâce au système de régénération de la batterie par récupération en descente ou en roue libre.
Chaque vélo est assemblé à la main par un mécanicien dans l’atelier d’Annecy.
Un podcast avec Nicolas Baruch, le créateur de la marque
Ce vélo Jitensha Renault 5 est lancé en édition limitée au prix de 2700 euros, sur le site de Renault.
- Disponible en 3 couleurs
- Taille : M (170 – 180 cm).
- Poids : 13,4 kg (batterie incluse).
- Assistance : 25 km/h.
- Couple : 40 nm.
- Charge pleine en 3h sur secteur.
- Garantie 2 ans.
Prix : 2700 €
Infos et vente sur le site de Renault
Santini
Néo-rétro : version histoire du cyclisme
Dans le textile, depuis de nombreuses années, la marque SMS Santini s’est faite la championne de la consécration d’événements, qui ont jalonné l’histoire du cyclisme. Avec ces créations, qui revisitent ces pages d’histoire, on peut retrouver une émotion remise au goût du jour.
La marque italienne de textile, a fait preuve de créativité avec ces 3 collections capsules, qui évoquent les courses “Classiques”. Le Néo-rétro, dans ce cas, nous rappelle les heures de gloire des grandes épreuves du cyclisme. Il légitime la présence de la marque italienne dans les pelotons depuis 1965.
Pour Paris-Roubaix (1896), La Flèche Wallonne (1936) et Liège-Bastogne-Liège (1892), le temps n’a pas d’emprise. Elles restent trois des courses sur route les plus importantes du calendrier des Classiques. Santini a créé pour ces éditions 2024 des lignes spécialement dédiées avec trois collections composées de maillots, de cuissards, de sous-couches et d’accessoires, avec des couleurs et motifs inspirés des éléments caractéristiques de ces courses.
Prix public conseillé :
- maillot : 100,00 euros
- cuissard : 140,00 euros
- sous-vêtement : 30,00 euros
- chaussettes : 15,00 euros
- gants : 30,00 euros
- casquette : 19,00 euros
Infos sur le site de Santini :
Vittoria
Néo-rétro : version tradition
En Italie, la tradition de la chaussure, est un phénomène culturel. Vittoria perpétue cette lignée de chausseurs qui fabriquent encore en Italie leurs créations. Vittoria est un bel exemple et je vous présente ce modèle “anniversaire”, mais j’ai également apprécié le sublime modèle Revolve que j’ai pu tester.
Le mot italien Vittoria (traduire Victoire en français) est utilisé comme nom de marque par plusieurs acteurs du monde du cyclisme. On comprend facilement la proximité recherchée par ces marques qui rêvent toutes de succès sportifs et commerciaux. Nous avons notamment les célèbres pneus et les chaussures.
Pour nous prouver que les racines de l’histoire du cyclisme sont toujours vivantes, Vittoria n’a pas hésité de fêter ses 40 ans en 2016, en replongeant dans le passé. À l’occasion de cet anniversaire, la marque italienne fondée en 1976 par le coureur pro italien Celestino Vercelli, propose des modèles « vintage » particulièrement réussis, alliant le look du passé aux technologies modernes. Elles se déclinent en différents modèles. Les chaussures Vittoria sont fabriquées en Italie dans l’usine de Biella et bénéficient du fameux savoir-faire italien en matière de chaussures de qualité.
Le modèle 1976 Classic
Ce modèle est un hommage aux origines de Vittoria. Cette chaussure mélange tradition et technologie. Elle utilise la technologie des matériaux modernes combinée au design rétro. La semelle Carbon Composite avec la fixation 3 trous pour des pédales automatiques répond aux besoins actuels (existe également en fixation 2 tous). La 1976 Classic est dotée d’une semelle intérieure EFC de conception ergonomique, avec soutien au niveau de la voûte plantaire et du métatarsien, pour optimiser la puissance transmise aux pédales et améliorer le confort.
- 279 grammes
- Couleur noir
- Semelle : Carbon Composite avec adaptateur de pédale automatique
- Prix : 164 €
Dilecta
Néo-rétro : version renaissance
Lorsque le Néo-rétro devient un exercice délicat, pour faire revivre une marque oubliée depuis un demi-siècle. La problématique n’est pas simple : faire un produit unique et de qualité (Néo) tout en gardant des indices du passé (rétro). Si c’est trop moderne : ça ressemble à plein de vélos et si c’est trop rétro, ce ne sera qu’une copie.
Le Néo-rétro, dans l’histoire des marques de vélo, est une source inépuisable. Plus qu’un vélo, le Dilecta Forçat est le symbole de la renaissance d’une marque qui a été un fleuron de l’industrie hexagonale. Implantée au Blanc, dans l’Indre, elle a accompagné dans l’histoire, nos plus grands champions. Dilecta renaît en 2021, après 60 ans d’un sommeil forcé par la destruction industrielle systémique dont la France a été victime, durant la période d’après-guerre. Éric Vanhaverbeke était la personne légitime pour redonner vie à cette marque : son père a couru avec Darrigade et quelques autres champions, sous les couleurs de Dilecta.
Un podcast avec Éric Vanhaverbeke, le re-fondateur de la marque
Pour comprendre…
Alors que @dilecta_cycles aurait fêté ses 110 ans en 2023, la nouvelle identité de la marque française présente son modèle Forçat dans sa nouvelle version : “Héritage“. Le look de ce vélo est inspiré de l’histoire de Dilecta, en redonnant vie à la plaque et à l’ancienne typographie DILECTA.
Ce nouveau kit déco reprend la plaque gravée, avec son iconique Marianne incrustée dans une étoile. L’élégante typographie a également été légèrement revue pour s’adapter à la taille et la forme des tubes modernes. Dilecta a gardé la mention faite des 5 titres de Champion de France, qui était déjà présente sur ses cadres historiques, fabriqués à l’époque dans les ateliers du Blanc. Des titres qui furent acquis, pour la plupart, au milieu du 20ème siècle, dans ce qui était alors l’apogée sportive des équipes DILECTA.
Le kit déco sera désormais disponible à la demande sur tous les cadres acier, exclusivement fabriqués en France.
Prix du kit cadre (Forçat et Le Blanc) disponible au prix de 2790 €
Cinelli
Néo-rétro : version légitimité
On peut copier, s’inspirer, faire comme si… mais on risque de ne pas être à la hauteur. Cinelli, marque emblématique créée en 1947, a marqué l’histoire du vélo et continue de nous inspirer, avec ses créations étonnantes et parfois même délirantes.
S’il existe une marque qui a traversé le temps, sans prendre de ride, c’est bien Cinelli… Ce logo que je vois avec bonheur sur la potence de mon Pista des année 80’s, est toujours présent sur les créations de la marque. Il a été modernisé et coloré, mais son image traverse le temps, comme d’autres emblèmes du monde de la moto et du vélo contemporains de la marque italienne dans les années 50.
Le nouveau porteur Zydeco Silver Bootleg, que Cinelli vient d’annoncer est un exemple de l’esprit inspiré de Cinelli. Proposer un gravel avec un “front-rack” style porteur de journaux, c’est bien vu.
Le Supercorsa est pour moi le symbole de cette longévité, basée sur un classicisme résolument moderne. Ce vélo de piste est selon moi le plus réussi dans sa catégorie. C’est ce vélo qui m’a inspiré lorsque j’ai décidé de moderniser mon pista Bernard Carré. Ce vélo est toujours fabriqué 100 % en Italie, à partir de matériaux locaux, respectant les mêmes géométries et spécifications imaginées à l’époque par Cino Cinelli. Les connaisseurs apprécieront ses qualités de pilotage, mais également sa ligne sublime et intemporelle.
Prix : 2400 € le kit cadre
Le Néo-rétro : tendance ou éternité ?
Le mot tendance évoque une inclinaison à aller vers quelque chose. Alors allons nous vers le passé ou le regret d’une époque révolue ? Sommes nous en train de faire un nostalgique “rétro” pédalage ? Je ne pense pas. Les exemples que je vous ai présentés ont un point commun : ils affichent un style intemporel et une étonnante nouveauté. Ils s’inspirent de lignes qui étaient autrefois dessinées à la main, sans rien devoir aux puissants outils informatiques de design actuels. C’est pour ça qu’ils m’évoquent plutôt le sentiment d’une beauté éternelle.