Révolution à l’Ardéchoise : pour sa 31ème édition, la plus célèbre des cyclosportives sur route s’est ouverte au gravel.
C‘est une consécration pour le cyclisme sur gravier, un événement que Bike Café se devait de couvrir. Je suis donc parti à la découverte de l’Ardéchoise Gravel, en empruntant (gravel oblige), des chemins de traverse.
Un mois de juin bien étrange, et un département qui ne l’est pas moins
La goutte froide météorologique coincée sur le sud de l’Europe depuis deux mois a encore fait des siennes : la pluie est annoncée dans la nuit qui précède l’événement gravel de l’Ardéchoise. Les caprices du climat contrarient mon plan d’action. Je devais arriver la veille à vélo par une superbe trace d’Arles à Saint Félicien et dormir sur place à la belle étoile. Mais tant pis : j’irai en voiture, en partant d’Arles très tôt le matin même, pour arriver juste à temps pour prendre le départ.
Le saviez-vous ? L’Ardèche demeure le seul département français où ne passe aucun train de voyageurs. Le pays de la crème de marron, des camps naturistes et des canoës jaune canard n’en est pas à une contradiction près : c’est un département du sud situé en région Rhône-Alpes, c’est une frontière entre le Vivarais catholique et les Cévennes protestantes, entre chèvres (au sud) et vaches (au nord), un désert médical et une importante destination touristique. Bref, c’est un territoire complexe et paradoxal… tout est réuni pour en faire une terre de gravel.
Saint Félicien, km 0
L’Ardéchoise propose pour ce galop d’essai trois parcours et trois kilométrages différents : 48, 78 et 95 km, trois boucles au départ et à l’arrivée de Saint Félicien, un village d’un peu plus de 1000 habitants qui, pour l’occasion, voit sa population multipliée par quinze. La boulangerie, les deux bars et l’unique auberge sont saturés de cyclistes sur route qui grouillent et s’agitent comme un essaim d’abeilles juste avant son envol.
Il est temps de prendre la tangente et de rejoindre, par les chemins, loin de la route, les replis du paysage, les collines secrètes qui on su se préserver de la foule des cyclistes à pneus fins. Pour ce faire, j’ai choisi mon vélo “La Bombera”, conçu et fabriqué par un cadreur ardéchois, Yann Thomas. Il s’agit de mon monster cross Salamandre, parfaitement adapté aux chemins que j’emprunterai à l’Ardèche, le temps d’une journée, avant de les lui rendre dans l’état où je les ai trouvés.
Seyaret, km 11
Après la pluie de la nuit, le début du parcours n’est pas des plus faciles et le passage le long de la Vivance se fait à pied par endroits sur une calade inégale et glissante.
Je rattrape Anaïs, Fanny et Émilie qui ont choisi de faire le parcours le plus court (48km)… en VTTAE. C’est un peu ironique comme première rencontre sur un parcours gravel, mais c’est une autre nouveauté de l’Ardéchoise cette année, ouverte, sur route et en gravel, aux vélos assistés. Pourquoi pas, après tout ?
Les trois jeunes filles se sont inscrites un peu par hasard, après en avoir entendu parler par une de leurs amies, qui est justement l’une des neuf salariés de l’association l’Ardéchoise.
“Il y a beaucoup de boue” disent-elles, radieuses, “mais c’est pas grave, on a nos VTT, et c’est un mix agréable de route et de chemin”. Leur défi : revenir l’année prochaine pour s’inscrire sur un parcours plus long. Je les photographie devant un salon de coiffure au charme désuet, assez représentatif de l’ambiance de ces villages de nord-Ardèche, mi-méditerranéens, mi-montagnards.
Satilleu, km 14
Le ravitaillement de Satilleu n’est pas sur la place du marché comme on nous l’a indiqué au bar du village, mais un peu sur les hauteurs, au début d’une piste gravel bien grasse. Je vois passer mes premiers cyclistes, deux ou trois jeunes sportifs affûtés qui ne s’arrêtent même pas à ce ravito situé peut-être trop près du départ à leurs yeux. Puis, quelques autres cyclistes, hommes et femmes, arrivent de plusieurs directions différentes, un peu perdus, peut être peu coutumiers de la navigation au GPS.
Ces cyclistes désorientés n’étonnent pas Gilbert, un retraité de Satilleu bénévole de l’Ardéchoise. “Nous, de toute façon, le parcours gravel on le connait pas. On n’a pas fléché, on n’a rien fait. Je pense qu’on a eu tort, on aurait dû baliser un petit peu au niveau du village, pour indiquer au moins le ravitaillement”.
Il faut dire que les ravitaillements, c’est le point fort de l’Ardéchoise. On y trouve des fruits secs, du saucisson et de la Vals, l’eau pétillante locale.
À Satilleu, c’est Katerine, Joëlle, Sylvie, Cathie et Paulette qui assurent le service. Elles aussi sont retraitées et bénévoles à l’Ardéchoise, depuis 15 ans pour la doyenne d’entre elles. Les préparatifs débutent fin février. “Ça permet de nous retrouver toutes les semaines pour la préparation des décors. On partage, on discute. Ici, l’Ardéchoise, c’est une grande fête”.
Chez les participants qui viennent se ravitailler, le sourire est de rigueur. Antoine, conseiller en développement durable, vient de Lyon. “La trace, c’est un régal. Un peu humide, pas mal de caillasses, mais ça va. Je suis à mon rythme, je prends du plaisir“. Malgré le dénivelé conséquent et les difficultés techniques, il est à l’aise, Antoine, avec 10.000 km par an à vélo. S’il a déjà participé à l’Ardéchoise sur route, cette année il a délaissé le bitume et ses copains qui sont dessus, pour se lancer seul sur les chemins ardéchois.
Saleh et Brice sont eux aussi de Lyon, ingénieurs dans le bâtiment durable. Ils ont eux choisi de rouler en duo. Venus “par pur hasard” sur le parcours 48 km (“on est conscients de nos limites, on ne s’est mis au gravel que l’année dernière”), ils roulent avec un seul GPS pour deux, mais se régalent. “Ça alterne pas mal entre chemins en forêt et puis un peu de route, c’est bien panaché”. Ils avancent une suggestion à transmettre aux organisateurs :
“Le seul défaut, c’est qu’il faudrait un peu plus d’indications. Y a très peu de balisage. C’est pas simple, au départ de Saint Félicien et dans les traversées de village”.
Gilbert-du-ravitaillement-de-Satilleu n’est donc pas le seul à le penser.
Grand Mayard, km 15
Jean-Pierre est un bénévole de l’Ardéchoise, T-shirt jaune officiel de rigueur, béret vissé sur la tête. Il descend à contre-sens du parcours sur le chemin assez collant d’après la pluie, équipé d’un bâton et d’un sac poubelle. “Normalement, je ramasse les gobelets, mais j’en trouve pas, donc je ramasse des escargots. Je me suis dit qu’avec les autres bénévoles on allait se faire un petit repas au mois de juillet, donc je préparerai des escargots. C’est l’occasion qui fait le larron ; mais il n’y en a pas beaucoup, car je pense que c’est les vélos qui les stressent”, plaisante-t-il avec de la malice dans l’œil.
“Le gravel arrive sur l’Ardéchoise, et ça a l’air de marcher” continue-t-il, plus sérieusement. “Ça donne envie d’en faire. Moi, je faisais beaucoup de VTT, mais j’essaierais bien le gravel. À 70 ans, j’étais à deux doigts de m’acheter le VTT électrique, mais le gravel ça me plaît. Pour faire plutôt du chemin et de la petite route, mais sans aller dans les trucs techniques”.
Bois d’Artieux, km 16
Pierre et Marie-Pierre sont de… Pierrelatte. Ils viennent tous les ans participer à l’Ardéchoise et font du gravel depuis un an “petit à petit, on progresse”. Marie-Pierre roule sur un VTTAE, Pierre sur un Marin équipé d’un guidon Surly Corner Bar. “Le vélo était équipé d’un cintre plat, je l’avais choisi parce que je viens du VTT. Mais un cintre plat, c’est trop contraignant pour les poignets. Avec le Corner Bar j’ai une meilleure position tout en conservant mes commandes VTT”.
Éric pousse son vélo dans la pente qui s’affole et frôle les 12%. Retraité depuis un an, il souffre dans la montée raide et grasse. On fait l’interview en marchant côte à côte pour reprendre un peu notre souffle. C’est sa toute première sortie gravel, au guidon d’un Triban 500, qu’il a pour l’occasion équipé de pneus gravel et d’une sacoche. “Normalement je fais de la route avec ce vélo. Avec, j’ai fait l’Ardéchoise Classique. Mais là c’est ma première sortie gravel. Ça me plait, mais je préfère nettement les descentes aux montées. Comme je n’ai pas de GPS, je suis les autres cyclistes qui ont la trace.”
Camille et Dorine sont venues de Givors en famille. Pendant que les autres font l’Ardéchoise route, elles se sont inscrites sur le parcours gravel. “On débute en gravel et on ne savait pas trop où trouver des traces. On s’est dit qu’avec l’Ardéchoise, la trace serait bien”. Elles ne sont pas déçues. “Bon c’est gras, mais ce n’est pas de la faute des organisateurs, il a plu cette nuit”.
Veyrines, km 20
Sur l’Ardéchoise il n’y a pas que les ravitos officiels, il y a aussi beaucoup d’initiatives spontanées. Les habitants du moindre hameau traversé mettent un point d’honneur à décorer de ballons jaunes et violets, aux couleurs de l’Ardéchoise, la façade en pierres sèches de leurs maisons. Des ravitaillements-surprise et des animations plus ou moins bruyantes et plus ou moins réussies surprennent les participants au détour d’un virage, toujours dans la bonne humeur et la convivialité. Ça plait aux cyclistes : cette chaleur locale a largement contribué à la réputation et au succès de l’Ardéchoise.
À Veyrines par exemple, un hameau de la commune de Saint Symphorien de Mahun, tous les habitants se sont mobilisés pour accueillir les cyclistes gravel. On débarque à Veyrines par une douce allée herbue, au son des cornes de brume actionnées par des enfants surexcités. Une longue table chargée de victuailles est calée contre un mur de garage. “C’est la première année qu’on accueille l’Ardéchoise ici”, expliquent Irène et Yves, épaulés pour l’occasion par des cousins, amis, neveux et nièces. “C’est la première année qu’on a l’Ardéchoise ici, parce que c’est du gravel. La route ne passe pas par ici, avant, pour voir les vélos, il fallait aller à Satilleu”.
Ce ravito spontané de Veyrines plaît bien à Pierre-Alexis et à Jean-Philippe qui “arrivent des Alpes, en Chartreuse”. “Ma femme est en train de faire un truc de fou sur la route” explique Pierre-Alexis, “on est venus pour le plaisir, c’est le premier gravel de l’Ardéchoise, et nous on fait du gravel depuis un an, et on est devenus accros. Au départ, on avait prévu de faire le 95 km, et puis vu les conditions très humides, on a fait des aller-retours et on s’est rabattu sur le 48 km, pour se faire plaisir et pas en chier toute la journée”.
À l’Ardéchoise, les plaques de cadre peuvent parler. Bien sûr, elles affichent le nom de leur heureux bénéficiaire, mais indiquent également le type d’épreuve : Ceux qui participent à une sortie à la journée sont numérotés 10XXX, ceux qui sont la pour deux jours 20XXX et ainsi de suite pour les épreuves de 3 et 4 jours. Cette année, le gravel a fait son apparition avec les plaques 80XXX. Je tombe sur les dossard 80000 (Victor) et 80001 (Grégoire), tout simplement les deux premiers dossards distribués sur la catégorie gravel.
Ils ont guetté sur le site de l’Ardéchoise l’ouverture des inscriptions. “On fait du gravel ensemble, un peu de bikepacking, l’Ardéchoise c’est très réputé, alors on s’est inscrits tout de suite sur le 48 km”. Les deux trentenaires débutent : “on veut découvrir un peu, la gestion de l’équilibre, il faut acquérir de l’expérience avant de se lancer sur des parcours plus longs. On apprend, petit à petit. On reviendra, en espérant que la météo soit meilleure. On s’est entraînés en participant au mois de mars sur la Vache-Qui-Rit gravel, il y avait une boue infernale et on s’était dit que là il n’y en aurait pas (rires). Mais bon, c’est un très beau tracé et une très bonne ambiance aussi. Tout le monde se dit bonjour”.
La Gruyère, km 22
Jean-Paul et Maguy ont fait le choix de vivre dans une maison isolée, loin de la route principale. Mais cette année, le parcours gravel passe devant chez eux. Ils en profitent pour encourager les cyclistes qui passent au compte-goutte. “Ce nouveau parcours, ça (leur) permet de découvrir la nature” dit Jean-Paul. “On suit le tour de France, mais là on n’a pas vu le maillot jaune” plaisante-t-il.
Loïc fait essentiellement du VTT, mais vient de se mettre au gravel : depuis 8 mois. Il est arrêté au sommet d’une bosse, il a pincé dans une descente, le préventif ne rebouche pas le trou, alors il installe une chambre à air. Venu d’Alès, il apprécie le parcours, même s’il le trouve un peu boueux, météo oblige. Je rencontre sur cette Ardéchoise essentiellement des “nouveaux” pratiquants du gravel. Est-ce dû au hasard, ou est-ce représentatif de la majorité des participants ?
La Blache du Voisin, km 26
Alice est de Montpellier. Elle aussi débute en gravel. C’est son premier “longue distance” (elle est inscrite sur le 68 km) et son premier parcours avec beaucoup de dénivelé. Elle s’est chargée d’un imposant sac à dos, avec des vêtements manifestement superflus et deux litres d’eau dans un poche souple, en plus de ses deux bidons de cadre. “Je suis partie du principe qu’il vaut mieux avoir trop que pas assez, Sauf que quand tu fais beaucoup de bornes avec beaucoup de dénivelé, ce n’est pas une bonne idée. Surtout qu’il ne fait pas si froid que ça, et je ne savais pas pas qu’il y avait autant de ravitos” avoue-t-elle. “Mais je suis venue ici pour acquérir de l’expérience. Le parcours est vraiment difficile, mais très beau. À Montpellier, je n’ai pas l’habitude de faire autant de dénivelé. En plus mon Sunn Venture S2 a des roues lourdes et une cassette trop petite pour ces pentes. C’est un entrée de gamme, c’est mon premier gravel car il n’y a qu’un an que je fais du gravel, avant je faisait du VTT”.
Mais Alice ne se décourage pas. Elle est coach sportif arts martiaux, quatre fois championne de France de Kung-Fu Sanda et deux fois championne d’Europe. Notre interview se termine, elle repart de plus belle à l’assaut de la pente. “Je reviendrai l’année prochaine, c’est sûr, avec un vélo plus haut-de-gamme pour pouvoir mieux gérer ce genre de sortie”. La longue montée cesse enfin. Très à l’aise en descente, Alice accélère sur la piste qui s’ombrage en plongeant dans la Forêt de Combe Noire.
Croix de Boiray, km 28
Ludovic est artisan ramoneur à Grenoble. Il profite de l’arrêt ravito pour mélanger de la poudre dans un bidon. “C’est ma première course de gravel. Avant je faisait du trail. Mais j’y ai laissé un genou. 51 ans… plus un gramme de cartilage. J’ai retrouvé dans le gravel ce que j’avais sur les parcours de course à pied. La durée, le lien avec la nature. Je fais aussi du vélo de route, mais je préfère le gravel.
Avec mon métier, je ne peux pas rouler toute l’année. On ramone surtout de septembre à fin janvier. J’ai une fenêtre février-juin où je roule beaucoup. Donc j’ai du mal à dépasser 2 ou 3000 par an. L’idée, c’est allonger les distances, pour m’aligner plus tard sur des 200-300. Pour retrouver les durées que je faisais en trail. Là je me suis inscrit sur le 95, c’est la première fois que je fais aussi long”.
Col du Rouvey, km 44
Ce col, à plus de 1200 m d’altitude, est le point culminant du parcours. Ici sur le plateau, le sol est sableux, bien drainé, agréable à rouler. Je rattrape trois cyclistes qui roulent de front avec des maillots de l’Ardéchoise originaux, blancs et orange. Mireille, Gerard et Marting sont des cyclistes néerlandais qui viennent en voisins, puisqu’ils ont une maison près des Vans, en Ardèche méridionale. “C’est des maillots qu’on a fait nous-même il y a six ou sept ans”, me confie Mireille dans un français impeccable, “pour faire quelque chose de différent du maillot officiel et pour se reconnaître entre nous. On l’a fait pour l’Ardéchoise route, qu’on fait tous les ans depuis neuf ans. Mais du gravel, on en fait depuis la semaine dernière seulement. On s’était un peu entraînés en Hollande, mais là-bas c’est plat et il n’y a pas de cailloux. La semaine dernière on a fait 50 km autour des Vans sur une trace proposée par l’Office du Tourisme. Là, on fait le parcours moyen (68 km)”.
Lalouvesc, km 51
La trace recoupe de temps en temps le bitume et son ruban ininterrompu de cyclistes des parcours sur route. Bientôt l’arrivée, tout le monde, toutes pratiques et distances confondues, converge vers Saint Félicien, Mecque du cyclisme pour un jour.
Le ravito de Lalouvesc donne un avant-goût de ce qui nous attend à l’arrivée. La foule de pédaleurs de tout poil est déjà tellement dense qu’elle est plus impressionnante que celle du Chalet Reynard un jour de grande affluence sur le Ventoux.
Maintenant, la trace file, principalement en descente, nous serons vite à l’arrivée.
Saint Félicien, km 48, 68 et 95
Je profite de l’arrivée à Saint Félicien pour échanger avec Sylvain Renaud, le Coordinateur Général de l’Ardéchoise. Je le retrouve à la Salle de Sport Intercommunale. Situé au bout de la rue de l’Ardéchoise (c’est dire l’impact de cet événement sur le petit village), “le Gymnase” est le centre névralgique de la cyclosportive. En ce samedi après midi, tout autour de nous le podium, des foodtrucks, les stands d’exposants et les immenses parkings à vélo condensent l’essentiel des participants et des visiteurs attirés par la manifestation. À l’intérieur du gymnase, on trouve un réfectoire pour des centaines de convives, la salle de presse et le centre de secours.
C’est ici que s’est installé l’homme au commandes de cet impressionnant dispositif. Comme on pourrait s’en douter, Sylvain est un homme très occupé, mais il prend le temps de me donner quelques clés pour m’aider à mieux comprendre le contexte et les nouveautés de cette 31ème édition de l’Ardéchoise.
“L’Ardéchoise évolue avec son temps” me confie Sylvain – un œil sur son écran d’ordinateur, sur lequel il est en train de résoudre des détails du classement de la cyclosportive, un autre sur son smartphone, où il suit en temps réel la visibilité de l’épreuve sur les réseaux sociaux – “ce n’est pas parce qu’on est une des plus grosses épreuves qui existent qu’on ne doit pas être à l’écoute des évolutions du vélo. Le gravel est une discipline qui se développe et qui nous permet d’aller chercher des communes qu’on ne pouvait pas atteindre avec le vélo de route. Il y a ici des villages magnifiques mais avec des routes en cul-de-sac qu’on ne peut atteindre qu’avec le gravel. Car l’un des points forts de l’Ardéchoise, c’est l’animation des villages. Le gravel, c’est le moyen pour nous de toucher à la fois de nouveaux pratiquants et un nouveau public”.
Ce dialogue avec le territoire, ses habitants et ses élus est effectivement au cœur du projet. “Lorsqu’on a communiqué aux maires concernés les parcours gravel, ils ont d’eux même négocié avec les propriétaires les autorisations de passage, fait nettoyer et faucher les chemins qui le nécessitaient“.
Je demande à Sylvain s’il compte attirer autant de pratiquants de gravel que de cyclistes sur route. “Tout est question d’équilibre. Notre ADN c’est la route, il faut qu’on reste un événement route. Mais le gravel a toute sa place. Dans l’avenir, on va développer l’offre gravel, tout en respectant l’état d’esprit de la discipline. Pas question d’envoyer 5000 cyclistes sur les chemins, c’est pas l’esprit. S’il le faut, on limitera les inscriptions, et on développera des épreuves sur plusieurs jours comme on le fait sur la route. Ici, c’est le paradis du gravel. Le plateau Ardéchois et toutes ses pistes permettent de développer plusieurs parcours sur plusieurs jours“.
On en revient aux 3 parcours de cette première édition, qui étaient librement accessibles sur Openrunner plusieurs jours avant l’événement. “On s’est basés sur des parcours déjà existants, créés par l’office du Tourisme (encore une preuve du dialogue entre l’Ardéchoise et les ressources locales, ndlr). On les a un peu retouchés, jusqu’au dernier moment en raison de la météo pas facile et d’une ou deux coupes de bois”.
Sylvain conclut : “On a un terrain de jeu gravel exceptionnel en Ardèche, qui conviendra à tout le monde : des voies vertes pour les gens qui voudront faire un truc hyper roulant, des choses engagées pour les fans de technique, et il y en a dans tout le département”.
L’ADN et le patrimoine
L’Ardéchoise est et restera identifiée comme un événement de cyclisme sur route, c’est évident. Mais cette première édition gravel a déjà prouvé que le terrain de jeu existe, que dans l’avenir l’organisation saura développer une offre sur gravier diversifiée et pertinente, et que les acteurs du territoire sont demandeurs, si on en juge l’enthousiasme des nouveaux villages que le gravel a permis d’atteindre.
Gageons que les prochaines éditions de l’Ardéchoise attireront de nouveaux participants qui, pour l’instant, s’inscrivent sur d’autres événements très repérés dans le milieu du gravel mais qui devraient très prochainement prêter une oreille attentive à ce nouvel acteur du calendrier.
Voilà une bonne nouvelle : l’offre gravel s’étoffe et de nouveaux territoires s’ouvrent, pour le plus grand bonheur des cyclistes !
Ardéchoise 2024 – quelques chiffres
5 jours
13 215 participants (toutes épreuves confondues)
41 nationalités
6000 bénévoles
162 villages traversés
3 parcours gravel
200 : objectif du nombre de participants sur les circuits gravel
238 participants inscrits en gravel, dont :
37 sur le 48 km
84 sur le 68 km
117 sur le 95 km
Merci beaucoup pour ce reportage, ça donne envie d’y participer !
Superbe reportage, il donne vraiment envie de participer !