Camelbak vient de sortir un nouveau modèle dans sa célèbre gamme Podium, dont la réputation n’est plus à faire. Mais le nouveau venu va faire jaser : il s’agit d’une version en titane, double peau, au doux prix de vente de… 100 Euros. Tout rond.
Aujourd’hui, le titane fait consensus pour les cadres de vélo, en tout-terrain et en route longue distance, où ses propriétés de robustesse et d’amorti convainquent de plus en plus de cyclistes, la folie du tout-titane gagne le monde du vélo, comme un gage de qualité, de robustesse, de luxe, voire d’intemporalité.
Alors, que penser de ce bidon en titane ? Bike Café vous propose de plonger dans l’eau fraîche du Camelbak Podium Ti !
La gamme Podium
Chez Camelbak, “Podium” désigne les bidons de cyclisme. Camelbak propose depuis des années cette gamme de bidons versatiles, au plastique magique puisque sans bisphénol A et sans odeurs, au bouchon/bec verrouillable pour éviter les fuites lorsque le bidon est couché, à la tétine à membrane anti-refoulement…
La gamme Podium se décline en plusieurs séries : classique, Chill (isotherme) et bien sûr, la fameuse gamme “Dirt” au capuchon “mud cap” anti-poussière et anti-boue qui protège la tétine, un accessoire indispensable pour les cyclistes de gravel et de route longue distance.
Titanium Folies
Mais voilà que Podium s’enorgueillit d’un nouveau modèle, baptisé “Ti”. Il s’agit d’un bidon en titane, isotherme, d’une contenance de 530ml. Le titane rend fou. Anti corrosion, neutre, très solide, le titane s’introduit partout : dans la mode, les équipements ménagers, la joaillerie, le cyclisme. La folie est telle que ce petit bijou de Podium Ti est déjà “out of stock” chez Camelbak. Dans le genre, on se souvient de la série gravel Triban 520 chez Decathlon, qui se veut la synthèse d’un tarif grand-public et d’un cadre de luxe. On peut aussi parler des marques qui se sont spécialisées dans le vélo en titane (et qui réussissent), comme Chiru ou Caminade, ou des mythiques VTT Sunn Exact Titane. Pour compléter cette panoplie all-titanium, on peut citer des petits fabricants semi-artisanaux qui fabriquent des pièces détachées en titane hors de prix : pédaliers, axes traversants, jeux de direction… Bref, le titane est partout, et hypnotise le marché.
Grade 1
Donc, nous en étions au Podium Ti de Camelbak. Le bidon arrive dans un emballage banal, même si l’étiquette or sur blanc qui le ceint avertit de la préciosité de l’objet. Le brossage est fin et soigné. Le plastique du bouchon vissant (la seule partie du bidon qui ne soit pas en titane) est différent des autres Podium… Mais nous reparlerons de ce bouchon plus bas. Sous le bidon, un texte en estampille sert les premiers commentaires : le matériau (Titane Grade 1), la contenance (530 ml), le pays de fabrication (la République Populaire de Chine), et quelques contraintes d’utilisation : pas de micro-ondes (on s’en serait douté), pas de liquides chauds (tiens, voilà une première chose intrigante).
Le titane de Grade 1 est l’un des grades les plus doux et ductiles de titane pur. Il se caractérise par un bon rapport solidité/poids, résiste à la corrosion dans les milieux oxydants et propose une bonne aptitude au façonnage. Visiblement, c’est le type de titane tout à fait indiqué pour fabriquer un bidon de vélo.
Et le plastique du bouchon ? A première vue, il ressemble beaucoup à celui des autres Podium, avec son système de verrouillage anti-fuite et sa tétine qui acceptera volontiers un mud cap. Mais de près, on constate que le plastique est plus dur, lisse et brillant. De meilleure qualité ? Le système de verrouillage laisse entendre un petit clic que l’on n’entend pas lorsqu’on verrouille des Podium classiques.
Mais c’est surtout en dévissant le bouchon qu’on révèle LA différence : fixée à l’intérieur du bouchon, une sorte de paille bleue, dont la matière ressemble à celle des poches souples Camelbak, descend quasiment jusqu’au fond du bidon. À quoi sert-elle ? Il va falloir se poser la question à un moment ou à un autre. Mais continuons la description du bidon.
Un podium d’un autre standard
On en vient à la taille ; ça compte. Tout en contenant 100 ml de moins que le podium, le Ti est plus haut, de 15 mm. Cela semblera un détail pour certains, mais pas pour les bikepackers, dont la place dans le cadre est comptée, lorsque la taille et la forme de la sacoche de cadre l’amène très près des tétines de bidons.
On constatera également que le diamètre du Ti est supérieur de 2 mm à celui des modèles en plastique. Si on y ajoute la rigidité absolue du titane, le beau Podium Ti ne rentrera pas dans tous les porte-bidons. On évitera les porte-bidons de forme classique, les plus rigides, en titane ou en acier inoxydable (même si certains King Cage acceptent le Podium Ti), pour privilégier des modèles souples en plastique ou en carbone, en particulier ceux qui disposent d’une ouverture latérale.
Donc oui, le Podium Ti est plus haut, plus large, moins contenant : la faute à la double peau, garante de l’isolation. Un mal pour un bien ? A vous de voir. En tous cas, je vous aurais prévenus.
En laissant des traces
Le titane est solide, mais le Podium Ti subira, comme tout objet utilisé intensivement, les outrages du temps. Sur mon modèle de test, il s’agit de fines rayures, qui ne me dérangent pas, bien au contraire. Le bidon n’est pas destiné au musée. Les rayures sont les traces de l’aventure et de l’expérience, comme les rides sur un beau visage souriant. Les blessures sont le CV du cycliste et de son équipement. Et puis, tous les possesseurs de vélos en titane savent que les micro-rayures sont facilement rattrapables avec de la paille de fer ultra-fine, pourvu qu’on la passe dans le sens du brossage.
La paille à l’envers
La paille… Venons-y. Pas la paille de fer ; celle, toute bleue, fixée au couvercle, qui se cache à l’intérieur du bidon. Dans un premier temps, j’ai pensé qu’elle permettrait de boire sans basculer le bidon, comme avec une paille, quoi. Ça pourrait être pratique à vélo, peu conventionnel, mais pratique.
Et bien, non. L’aspiration ne fait que déclencher un bruit de bulles d’air, exactement comme si on soufflait dans la paille ! Anne Fontanesi nous en fait la démonstration dans la courte (mais éloquente) vidéo ci-dessous :
Je réalise soudain que, contrairement aux bidons en plastiques, on ne peut pas presser le rigide bidon en titane pour déclencher le flux désaltérant. Contrairement aux bidons en plastique, ou la pression des doigts est obligatoire, le contenu du Podium Ti s’écoule… dès qu’on bascule le bidon, tout simplement. Sans pression (impossible sur un bidon rigide), juste grâce à la gravité. La paille n’est donc pas un système d’aspiration de l’eau vers la bouche, mais le moyen de faire entrer l’air dans le bidon !
L’eau qui coule, qui s’écoule et qui roucoule
Alors voilà : on penche le bidon, et l’eau coule. Pas de clapet anti-retour dans la tétine comme avec les Podium en plastique. Mais le flux est faible, on l’accélère tout naturellement en aspirant. Et là, une surprise. le bidon babille, chantonne, roucoule, sifflotte, tout dépend à quel oiseau on voudrait ressembler. C’est un joli petit son, que vous pourrez entendre en regardant cette vidéo :
Est-ce un problème ? Ça dépend… pas la plupart du temps. Sauf dans les environnements silencieux, comme au bivouac. Mais bon, le modèle en plastique a son cri lui aussi : un bruit de succion dès qu’on relâche la pression. C’est moins élégant que le Ti qui roucoule.
Isolation double peau
Lorsque j’ai eu l’occasion d’utiliser des bidons isolés en plastique de la gamme Chill, je n’avais pas été convaincu par leur capacité isolante. En moins d’une heure, l’eau du bidon atteignait celle de la température extérieure. Certes, c’est mieux que 20 minutes avec les bidons sans isolation, mais c’est quand même très frustrant lorsqu’on rêve de frais l’été ou de tiède l’hiver.
Avec le Podium TI, pas question de rêver de chaleur. Comme l’indiquent les préconisations d’usage, on évitera à tout prix de le remplir de thé bouillant. Je suppose que le matériau de la paille bleue et/ou les risques de surpression y sont pour quelque chose.
Par contre, pour avoir rempli le Podium Ti d’eau bien fraîche au flux puissant des sources du Mont Aigoual, alors que la température extérieure flirtait avec les 32 degrés, j’ai pu conserver une sensation de fraîcheur à chaque gorgée pendant au moins 5 heures, ce qui dépasse largement le délai avant un re-remplissage de bidon. Le Podium Ti conserve admirablement le froid, c’est indubitable.
La controverse du titane
Voilà que se termine le tour du Podium Ti. J’imagine sans peine que l’objet ne laissera personne indifférent. Certains vont l’adorer, d’autres le vouer aux gémonies.
Pour ma part, je suis persuadé que le Podium Ti est déjà un objet culte, dans la mesure où il est rare, unique même, et qu’il véhicule, par le choix du matériau et des solutions techniques qui ont été retenues, son lot de qualités exceptionnelles et de défauts induits. il me fait par exemple penser à l’appareil photo Epson RD-1, le seul appareil photo numérique du marché avec un levier d’armement. Une bizarrerie, non pas de la nature, mais de l’industrie. Que ce soit pour l’Epson RD-1, le Podium Ti ou de nombreuses autres étrangetés industrielles, c’est toujours une histoire particulière ou une stratégie de marketing osée qui donnent naissance à ces objets fétiches.
Prenons le Camelbak Podium Ti pour ce qu’il est : un objet d’exception, une prouesse technologique, un objet de luxe et de désir. Et laissons-le pour ce qu’il n’est pas : un bidon polyvalent, pratique à vélo, pour un usage quotidien.
En ce qui me concerne, ce constat me convient parfaitement.
Pfiou ça fait sacrément cher le litre ! (200 balles tout de même).
Ça fait 4 ans que je n’utilise plus aucun bidon en plastique, je les ai soit recyclés en bidon boite à outils, soit donné ou même jetés pour les plus nazes.
Idem pour l’aluminium que j’ai éliminé de tout contenant de nourriture ou boisson.
Le téflon ne fait plus parti de mon vocabulaire depuis plus de 10 ans.
Depuis ce temps je suis passée aux bidons en inox avec bouchon en inox (ou rarement en liège et inox),
pas besoin de vendre un rein pour s’en offrir un (c’est moins de 15€ sur les bons sites en version 750 voir 1000ml et qui passent dans les portes-bidons en aluminium ou plastique),
ça ne donne pas de goût au contenu,
ça peut tomber sans casser (au pire y’a un “poc”),
ça se raye dans le porte bidon mais avant qu’il ne soit trop entamé je mangerai les pissenlits par la racine…
Alors oui les miens ne sont pas isothermes, mais ça existe en inox à des tarifs très raisonnables.
J’adore le TItane, c’est un matériaux génial (l’un des plus abondant sur notre belle planète) mais mon porte-monnaie l’élimine systématiquement de l’équation.
Du coup j’en reste à l’Inox ou l’acier.
Ils sont super ces bidons. C’est certes cher mais un produit que l’on va garder longtemps. Ce qui est bien avec c’est que même rayé il revient facilement juste avec une éponge a récurer. Autre truc cool il est possible d’anodiser le bidon pour lui donner une couleur ou le graver au laser.
Sinon, Camelback fait aussi des bidons en inox, double paroi eux-aussi, pour 1/3 du prix d’un titane 🙂