L’édito de Bike Café
Photo de couverture Roger Paumard – une lecture de la route des Chasse-Marées
Apprendre à lire, c’est bien plus que relier des lettres entre-elles. Dans notre enfance cet apprentissage, parfois difficile, sera notre premier pas sur le chemin de la connaissance. La capacité de lire nous donne accès au savoir, à l’information et à la culture, nous ouvrant ainsi le chemin de l’émancipation. Qu’allons nous en faire ? Partant d’une même lecture chacun se fera sa propre idée. N’est-ce pas ça la liberté ? Je pensais à ma propre interprétation de ce que j’appelle la lecture de la route à vélo, qui diffère sans doute de celle d’autres usagers, qu’ils soient cyclistes ou automobilistes.
En roulant, nous révisons notre “vélographie”.
Vous serez peut être étonnés que je parle de lecture de la route à propos de vélo. Pourtant, vous le savez tous, nos routes et nos chemins recèlent tellement d’informations historiques, géographiques et même sociologiques que cela mérite de prendre le temps de les lire. Notre vitesse nous permet, plus que d’autres, de pouvoir en déchiffrer toutes ces richesses. Tout en roulant, nous révisons nos cours de “vélographie”. Prenons déjà les toponymes, que les panneaux qui défilent le long des routes nous proposent de lire : villes, villages, lieux-dits, fleuves, rivières, gués, cols, tunnels,… Ce sont les titres des chapitres du livre ouvert de notre territoire. Parfois un nom étrange, lu vite fait sur le bord de la route, m’interpelle. Il va m’occuper l’esprit pendant quelques kilomètres. Récemment, lors d’un Brevet de randonneur qui traversait le département du Var vers Varages, j’ai franchi un pont surplombant la rivière « Eaux salée ». Comment cela est possible si loin de la mer ? De nombreuses hypothèses m’ont traversé l’esprit pendant une dizaine de kilomètres, m’évitant de penser à mes douleurs musculaires car nous avions déjà roulé 140 km.
C’est en découvrant un vieux panneau sur un mur indiquant « Route des Chasse-Marées » à Bouchevilliers dans l’Eure ( photo de couverture ), que nous avons eu l’idée, Pierre et moi, de retracer cette route empruntée au 18ème siècle par des voituriers à cheval qui partaient des ports de pêche pour livrer à l’aube le poisson au carreau des Halles de Paris. Ce sont aussi des panneaux étranges évoquant un train des Pignes qui nous a amené avec Philippe et Pierre à suivre cette ancienne voie ferrée au coeur du Var, entre Nice et Meyrargues. Nos lectures du bord de route sont inspirantes.
Depuis que je roule plus fréquemment en single speed, j’ai découvert une autre lecture de la route. Elle concerne plus le terrain, la granularité des revêtements et les pourcentages des pentes qui se dressent face à moi. Le fait de n’avoir qu’un seul braquet m’oblige à interpréter tous ces paramètres pour adapter mon pédalage. Je me suis rendu compte que cette autre dimension avait élargi ma curiosité sur ce qui m’entoure lorsque je fais du vélo. Comme si rouler sur un vélo simple avec une seule vitesse pouvait m’enrichir un peu plus que de rouler sur une machine dotée d’une cassette avec 13 pignons.
Mais la lecture n’est pas le seul moyen d’acquérir des connaissances. Il y aussi l’échange, l’écoute et l’expérience. C’est ce que nous pratiquons sur Bike Café dans nos articles, que nous avons voulu variés et parfois même décalés. J’espère qu’ils agissent à la manière des panneaux de bords de route pour vous permettre (comme moi avec les “eaux salées”) d’avoir une lecture différente de ce qu’est le vélo et peut-être de bâtir vos prochains projets cyclistes.
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