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Vagabondage sur les traces de Charles Terront

Je vous avais promis une suite après mon article sur le “crit”. Cette fois, pour vous parler d’ultra distance en pignon fixe, j’ai choisi de vous raconter la dernière aventure de Thierry Saint-Léger, une figure dans le petit monde du fixe longue distance. Il est l’auteur de véritables exploits, qu’il réalise en toute discrétion, loin des réseaux sociaux et des shows médiatiques. Il s’invente des aventures incroyables, dans la solitude élégante de ce qu’il appelle son histoire. Cet article retranscrit son dernier vagabondage, que j’ai suivi, ainsi que d’autres de ses amis, sur un fil WhatsApp inspirant. En peu de mots et en beaucoup de photos, ce pédaleur, plutôt taiseux, nous en dit beaucoup. (toutes les photos de cet article sont de Thierry Saint-Léger)

Charles Terront c’était pour l’époque dont je vous parle, un type gigantesque et incommensurable ; c’était ce qu’il y a de plus grand, de plus émotionnant, de plus magnifique, de plus tragique.

Henri Desgranges – journal L’auto, 1932

C’est dans les exploits de Charles Terront, premier vainqueur du Paris-Brest-Paris en 1891, que Thierry Saint-Léger puise l’inspiration de ses épopées cyclistes. “J’ai lu les récits des premiers exploits de Terront et ce qui m’a frappé, c’est son esprit de liberté, qui à l’époque lont conduit à faire un Rome-Paris, des 1000 km sur piste, un Saint-Pétersbourg-Paris. “L’esprit Charles Terront” m’en est venu : ça m’a bien pollué la tête, et voilà…“, me dit Thierry qui est devenu un véritable admirateur de ce grand cycliste, qui a ouvert la voie du cyclisme moderne. Thierry roule en pignon fixe, utilisant le même braquet que son illustre inspirateur : 42×17.

Âgé de 67 ans, TSL (*) est un véritable métronome du coup de pédale, alignant les kilomètres sur son vélo qu’il a nommé “Auguste”, une machine artisanale construite par le cadreur Victor Duchêne. La comparaison de son équipement avec celui de Charles Terront s’arrête au braquet, car son vélo, les boyaux de ses roues en carbone et les routes sont très différents de ce qui existait à la fin du 19ème siècle…

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Tallinn –> Paris, sur les traces de Charles Terront

Vagabondage
Thierry embarque à Paris le 5 août, le bagage léger : l’aventure commence

Je ne voyage pas pour aller quelque part, mais pour voyager ; je voyage pour le plaisir du voyage.

Robert-Louis Stevenson

Après avoir terminé deux Paris-Brest-Paris en pignon fixe (2019-2023), effectué un remake du Tour de France 1903, une traversée des Alpes de Evian à Nice… et quelques autres aventures en longue distance avec Chilkoot, Thierry voulait rouler sur les traces de son historique modèle : Charles Terront, qui avait réalisé en 1893 un Saint-Pétersbourg – Paris en 14 jours. Faute de pouvoir passer la frontière russe, Thierry a dû partir de Tallinn en Estonie, un peu plus au sud de Saint-Pétersbourg. Arrivé à l’aéroport de Narva, il va constater que son vélo n’a pas suivi…

Accrochez-vous : le périple, et donc cet article, sont longs, mais si vous allez au bout, vous découvrirez un peu mieux ce personnage discret qui a illuminé sur Internet la fin de notre mois d’août.

Le podcast Bla Bla 127 avec Thierry

Raconte-nous ton vagabondage Thierry…

Je suis en attente de mon vélo depuis quatre jours à Tallinn en Estonie. J’espère que l’instrument (*) sera ce soir sur le vol de 23h30 en provenance de CDG Paris“, nous dit Thierry, sur le groupe WhatsApp qui sera le fil rouge de son vagabondage sur les traces de Charles Terront. Son « instrument », est enfin arrivé effectivement à l’heure dite. « La pluie est abondante sur Tallinn », écrit Thierry qui va débuter sa journée par le montage et les réglages de son vélo, chez un mécanicien du cycle qu’il a déniché en ville lors de l’attente de son vélo. Le grand départ est donc aujourd’hui, samedi 10 août 2024, pour ce vagabondage de Tallinn à Paris. “Le premier jour, il fallait que je me calme, pour ne pas partir dans mon bocal et tout donner sur les premiers jours…

Charles Terront
Départ en début d’après-midi, les premières photos de Thierry tombent sur le groupe WhatsApp… on découvre l’Estonie

Le bouche-à-oreille fonctionne bien, nous sommes nombreux à nous connecter au groupe WhatsApp, baptisé “Chez Charles Terront”, que Thierry a créé pour en faire son journal de bord. À l’aide de Garmin Live Tracking, nous allons suivre la progression de Thierry en direct et il va nous distiller des photos incroyables, qui vont illustrer son vagabondage.

Charles Terront
En fin de cette première demi-journée de vagabondage en Estonie, un horizon fait de diverses couleurs

L’Estonie

Venteux, orageux, heureux et cligno (*) à Viljandi“, nous annonce Thierry qui, comme à son habitude, en peu de mots nous dit beaucoup.

Dimanche matin, il est temps de reprendre la route encore humide. Thierry, qui a été opéré au mois de mai d’un problème de prostate, n’avait pas beaucoup roulé les mois précédents. Il fallait y aller progressivement et ne pas rouler trop vite sur ce début de vagabondage, le chemin allait être long.

Charles Terront
Reprise matinale, 7h44 la route après Viljandi

Il est temps de quitter l’Estonie pour passer en Lettonie. “Estonie oubliée, Lettonie sur la gomme”, nous annonce Thierry le dimanche 11 août vers 9h, pour nous signaler qu’il passe la frontière entre ces 2 pays baltes.

Charles Terront
Bienvenue en Lettonie… route ou piste de gravel ? Lettonie : en letton : Latvija.

La Lettonie

La Lettonie réintègre à partir des années 1990 la sphère d’influence européenne. Elle rejoint l’Union européenne et l’OTAN à partir de 2004. À l’époque de Terront, ce territoire était sous la tutelle russe.

Il est temps de s’arrêter pour manger. Une simple soupe remplit d’émotion Thierry qui pense à Charles Terront qui avait coutume de s’en nourrir lors de ses exploits.

Avec de la soupe Mazascala Lettone. Beaucoup d’arrêts dûs à la météo“, nous dit Thierry sur son journal de bord WhatsApp.

41 km de boîtes métalliques (*) et de ligne droite depuis Riga“, Thierry nous décrit une cohabitation difficile avec les camions sur la route de Riga et puis le paysage change et tout s’apaise, retour au calme malgré une belle averse.

Pendant ces premiers jours en Estonie et en Lettonie, ça a été une succession d’averses“, me dit Thierry dans le podcast.

La Lituanie

Arrivée en Lituanie le lundi 12 août vers 13 h 25.

Chasseur d’horizon : Thierry nous envoie un florilège pictural de cette Lituanie profonde où il croise une autre voyageuse…

Chasseur d’horizons

Mardi 13 août… “Sir Duncan, personne très respectable, éditeur d’un grand journal. Mécène du vagabondage de Monsieur Charles Terront a pris en charge la réception et le repas lors de son passage à Vilnius (LT). Mon arrêt à cet hôtel fut un partage de couvert avec Charley“, nous dit Thierry.

Charles Terront

Perdu dans ses pensées, plongé dans les souvenirs de Charles Terront, Thierry va en oublier son casque et sa casquette, lorsqu’il s’est remis en route après cette nuit mémorable passée dans cet hôtel romantique. Il va continuer sa route avec sa deuxième casquette et attendra l’Allemagne pour s’acheter un nouveau casque.

La Pologne

Thierry met le “cligno” vers 23 h pour passer la nuit en bivouac sur le bord de la route… Les premiers kilomètres en Pologne vont se faire sur des routes improbables. L’instrument et son cavalier vont souffrir, mais les boyaux de ses roues tiendront. Thierry explique dans mon podcast en quoi la pratique du fixe permet de gérer les mauvaises surprises sur ce type de routes.

Charles Terront
Comment traduire “nids de poule” en polonais ?

Je roule tout le temps en boyaux et je n’ai jamais crevé, même sur ces portions de routes polonaises. En fixie, on gère au coup de pédale le ralentissement en fonction du relief du terrain“, me dit Thierry.

Mercredi 14 août les paysages polonais

Dure journée sur la gomme des routes polonaises.” Arrivé à Gotap en Pologne… “Je suis carbonisé, cligno et au lit“, nous dit l’infatigable Thierry.

Jeudi 15 août au matin : “Hier, on a trop subi l’état de la route, moi et l’instrument. Je reste sur la 512 parallèle à la trace, l’effet sur le matériel en sera plus bénéfique. Photo à l’appui

Dans le podcast, Thierry avoue être entamé au niveau de la selle à cause de l’état des routes. Il avait besoin de cette trêve pour se remettre.

Vendredi 16 août Journée marquée par la rupture du câble de frein unique du vélo de Thierry. “Câble de frein cassé, arrêt, pour réparation“, nous dit Thierry.

Charles Terront
Thierry avise des couvreurs zingueurs qui travaillent sur une maison. Avec leur aide, il entreprend une réparation sommaire pour ressouder la butée du frein. Ça tiendra comme ça jusqu’en Allemagne, où il pourra enfin faire changer le câble.

Le plaisir du vagabondage : jeter son couchage, écouter les odeurs du sol, puis partir dans son sommeil“, nous dit Thierry qui décide de bivouaquer en pleine nature à 23 heures.

Charles Terront

La logistique en équitation fixée reste difficile en terme de temps. On rentre dans la logique de l’éloge de la lenteur. 4 pays : EST, LVT, LT et PL me transforment en rogneur du temps, chasseur d’horizon, buveur d’averse, racleur du vent, mangeur de cailloux, récolteur d’eau. Rêveur de Charley

Thierry Saint-Léger

Thierry me confie dans le podcast avoir gardé un bon souvenir de la Pologne… “Les gens là-bas ne sont pas comme nous dans l’opulence…

Samedi 17 août… départ vers 5 heures du matin du “chasseur d’horizon” sur son “instrument” noir.

Charles Terront
Une énorme tranche de pain noir à partager avec Mr Charles Terront. 976 km à venir, nous dit Thierry

L’Allemagne

Dimanche 18 août Thierry passe la frontière entre la Pologne et l’Allemagne.

Charles Terront

Mon vagabondage sur l’hommage Mr Charles Terront s’arrête là, à Berlin. Je ne poursuis pas son itinéraire, mais je partagerai la tranche de pain noir avec Charley dans cette agglomération de Berlin. Mon itinéraire fera un détour au Luxembourg, pour retrouver ensuite la gomme de Mr Charles Terront”, explique Thierry. “C’était prévu dans mon vagabondage, tout va très bien, c’est juste pour éviter les grosses villes allemandes. Direction Luxembourg, puis Belgique.

En fin de journée, après avoir dépassé Berlin

Cligno pour l’instrument. Auguste. Made in Mejean. À l’époque de Mr Charles Terront les gares étaient les CP pour lui et son équipe. Difficile d’imaginer le vagabondage dantesque que cela a dû être en 1893“, nous dit Thierry.

Lundi 19 août

Thierry arrive devant l’Elbe qu’il faut traverser, mais le niveau du fleuve est trop bas et il est indiqué qu’il faut faire un détour pour passer plus loin. “J’ai fait un détour de 60 bornes pour passer et plus loin je devais encore repasser le fleuve et la navette était à 5h30. J’avais dormi dans un cimetière 20 bornes avant. J’arrive à 5h23, le passeur me voit arriver, il me prend mon vélo, le met sur la navette, je lui paie mon ticket de passage, je m’endors sur le banc en bois. Arrivé de l’autre côté, il vient me chercher, me redonne mon vélo, je lui serre la main. On ne s’est pas dit un mot...” Thierry était dans un état de fatigue qui a certainement impressionné le gars, qui a vu Thierry s’éloigner pour attaquer difficilement un “talus” de 13% pour sortir de cette vallée.

Charles Terront
Traversée de l’Elbe

Mardi 20 août… “Hier trop de jardinage, galère. Aujourd’hui sur l’instrument Auguste. Aller zou“, nous annonce Thierry

Charles Terront
6h38 une nouvelle journée démarre

Mercredi 21 août

Averse derrière, devant talus (*) et beau temps“, nous dit Thierry. Il décrit sa journée comme celle du chasseur d’horizon qu’il est devenu.

23 h, le soleil se couche et la nuit va être courte pour Thierry qui veux atteindre le Luxembourg le lendemain.

Charles Terront

Jeudi 22 août

Embarquement pour une traversée

Le Luxembourg

Le Luxembourg c’est une étape velours“, me dit Thierry lors de notre échange.

Vendredi 23 août

Charles Terront

La Belgique

Charles Terront
Passage remarqué à St Léger commune de Belgique

La France

Direction Reims : “Là je craignais le passage sur la nationale qui mène à Soissons. Il y a plein de grosses boites métalliques (traduisez camions). J’avais 7 km à faire ; dans ce cas je mets les écouteurs. On est rien sur ces routes…“, me dit Thierry qui compare notre manque de respect pour les cyclistes et le manque de pistes cyclables chez nous par rapport à l’Allemagne qu’il vient de traverser.

Charles Terront
Le coiffeur est fermé, mais Thierry n’avait pas l’intention de s’y arrêter

Samedi 24 août

Une histoire de vis “cheminée” va venir compromettre le fonctionnement de l’instrument. Des vis du pédalier se sont desserrées sous les coups de pédale répétés des milliers de fois. Heureusement, un cycliste s’arrête pour aider Thierry à resserrer son plateau de 42 dents.

Tranche de mie. Direction le vélodrome Jacques Anquetil à Paris“, nous dit Thierry sur WhatsApp. La mise en scène d’une arrivée, ce n’est pas son truc. Il fera court et simple, l’aventure a été vécue : il l’appelle son histoire. Il n’y avait pas foule et l’aventure se termine par un rapatriement grâce au beau-père de sa fille pour retrouver la “civilisation” et se remettre avant de reprendre la route pour rentrer chez lui en Lozère à vélo et prolonger ainsi le vagabondage.

Charles Terront

Charles Terront
Extrait de la biographie de Charles Terront. À l’époque on parlait de Russie, les pays baltes y étaient intégrés.

Le vélodrome Buffalo est situé rue Parmentier à Neuilly-sur-Seine. Il tire son nom du fait qu’il est construit sur l’emplacement où se trouvait, pendant l’Exposition universelle de Paris de 1889, l’exhibition indo-américaine du colonel Cody, dit Buffalo Bill.

Charles Terront
Cette image d’arrivée résume l’exploit de Thierry : pas de mise en scène, pas de fioriture, juste la sincérité d’un aventure vécue intimement avec Charley

Voilà, la quête de Mr Charles Terront s’achève en face du Buffalo et de la Cipale… Je n’irai pas au vélodrome de la Cipale. Ce n’est pas l’histoire de Charley.”, nous annonce Thierry.

(*) Le vocabulaire de Thierry décodé

L’instrument : Thierry parle volontiers d’instrument lorsqu’il évoque son vélo. Comme un artiste musicien, il en joue en virtuose dans la cadence métronomique de son 42 x 17. Ce vélo Auguste est une œuvre artisanale du cadreur Victor Duchêne. Il a été construit sur le Causse Mejean en Lozère : c’est du local pour Thierry (TSL 48). Construit en acier sa particularité est le croisement des haubans arrières sous la selle.

Charles Terront
Le bagage est aussi minimaliste que le vélo

L’équipement pour cette aventure a été tout aussi minimaliste. Vous serez étonné d’apprendre que Thierry roule sur des roues carbone chaussées de boyaux et que malgré les passages gravel et l’état des routes, il n’a pas crevé une seule fois sur ce parcours de plus de 3000 km. Un matelas de couchage minimal, roulé et accroché au guidon, une sacoche de selle pour le change (3 cuissards et 2 maillots), une musette pour le ravito et un seul bidon. “Le problème c’est le poids sur le vélo, pourquoi prendre 2 bidons alors que l’on peut le recharger en eau fraîche lorsqu’il est vide ?”, me déclare Thierry.

Jardinage : Les erreurs de parcours ou les rajouts imposés par les circonstances.

Vagabondage : Ce mot traduit la nature même du rythme de Thierry qui valorise la lenteur et la profondeur de la traversée des paysages. Ce mot est, reconnaissez-le, bien plus poétique que le mot “ultra”.

Fixivement : Traduire par “Cordialement” c’est la formule de politesse employée par Thierry qui résume son attachement à la pratique du fixe, qu’il aime partager avec tout le monde.

Les déraillés : sont pour Thierry les cyclistes qui sont équipés de dérailleurs. Ne voyez pas dans ce qualificatif une allusion péjorative à l’état mental de ceux qui subissent l’inflation du nombre de leurs pignons. Il s’agit simplement d’identifier ceux qui ne roulent pas en fixe.

Le cligno : le vélo de Thierry n’est pas équipé de clignotants, c’est juste pour dire qu’il s’arrête. Souvent, il aura jeté à terre son matelas, pour dormir dans un bivouac improvisé, son “Auguste” allongé à ses côtés.

Le Talus : est le nom générique du toutes les déclivités de terrains : montagne, colline… peut importe la pente : c’est du talus.

Boîtes métalliques : c’est le nom que Thierry donne aux camions qui souvent le ballotent le long des routes.

TSL : le surnom que ses amis lui donnent et qui figure sur une plaque de cadre, accolé à 48, son cher département de Lozère.

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

3 COMMENTAIRES

  1. Pour infos la plaque en mémoire de l excellent Charly anciennement installé à Versailles ou à chaque passage en vélo j avais une pensée ému pour ce premier forçat à été enlevé j en reviens pas d avoir dessoudé cette plaque et renvoyé dans les limbes l auguste TERRON

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