On l’a souvent dit – et écrit – ici au Bike Café, le vélo, et le gravel en particulier, est un vecteur de découverte du territoire et contribue au « slow » tourisme. D’ailleurs, Patrick s’y était risqué au pays de la Tramontane. Voici une preuve supplémentaire, avec ce concept nouveau associant le gravel avec la traversée de domaines viticoles pour y déguster les vins produits localement. Gravel Wine, ou comment le gravel rencontre l’œnotourisme… ou l’inverse !
La première édition de cet événement Gravel Wine s’est tenue début février dans la région Aixoise, en version preview, histoire de valider le concept avant le coup d’envoi officiel en 2026.
Une quarantaine de cyclistes sont présents en ce lendemain d’une journée copieusement arrosée, ce qui promet un terrain gras…
Lors du retrait de notre dossard, on se voit offrir une bouteille du cru de notre hôte vigneron et d’autres goodies vélo : sympa ! Le départ est donné à 9h pétantes, façon course UCI, prétexte ludique pour attribuer un lot à celle ou celui qui fera le hole-shot.
Gravel, Wine… and boue
Le début de la randonnée nous mène par la route vers le village de Peynier, histoire de s’échauffer, pour ensuite s’enfoncer dans le massif du Regagnas et ses pistes, direction l’est et le pied du mont Aurélien. L’ascension est régulière, majoritairement sur de larges pistes DFCI avec quelques sections plutôt boueuses : une expérience pas si courante par ici où la caillasse règne en maîtresse des lieux ; à chaque région son côté “exotique” ! Après 16 kilomètres d’ascension, j’arrive au point culminant du parcours – 625 m – qui laisse découvrir un magnifique panorama sur la vallée de l’Arc avec la montagne Sainte Victoire en face ; un point de vue inédit pour moi, qui fréquente peu ces contrées : belle découverte !
La randonnée se poursuit sur un chemin en balcon avec un profil plutôt descendant sous le regard des monts Olympe et Aurelien. Pour nous amener tranquillement au premier domaine, et lieu de dégustation, le château de Roquefeuille. Jérémy, l’organisateur, nous y accueille avec une dégustation des vins du château dans les 3 couleurs ; mais également la possibilité de grignoter quelques victuailles et pas des barres de céréales ou des tranches de banane, mais un ravito d’une inspiration plus « Terroir ». À savoir : terrine sur pain de campagne, jambon cru, saucisson et fromage. Pas de doute, on est dans le thème !
Vieilles pierres, arbres centenaires, le lieu inspire la quiétude et le repos. Mais il reste encore du chemin à faire ! Me voilà reparti en direction du deuxième domaine, distant d’une vingtaine de kilomètres de là. On se dirige vers le village de Pourcieux, que l’on contourne par des petites routes et autres chemins de campagne, toujours bordés de vignes. On arrive à Pourrières, vite traversé, non sans avoir salué de loin la cave coopérative. Direction Puyloubier, pour s’approcher au plus près de la Sainte Victoire. On emprunte alors une départementale, bien connue des cyclistes effectuant le tour du massif, pour la quitter bien vite, au profit de chemins menant à l’Institution des Invalides de la Légion Étrangère, qui est aussi un lieu de production vinicole ; un point de dégustation potentiel, mais pas pour cette édition !
Pas d’arrêt à Puyloubier, où son ancien lavoir agrémenté d’un point d’eau est pourtant incontournable à l’accoutumée ; car le prochain domaine, Saint Ser, nous attend à quelques kilomètres. Cette fois-ci, le vigneron est présent pour nous expliquer son travail et les particularités de chaque cuvée ; on travaille ici en biodynamie. Je goûte le blanc, comme au premier domaine, ayant choisi de ne pas varier les couleurs. La situation de ce domaine permet de toucher du doigt les premiers contreforts de la Sainte Victoire tant il est situé au pied de celle-ci. Le soleil, qui est enfin de sortie, met en valeur la situation exceptionnelle de ce site viticole.
Mais, déjà je pense à rejoindre le terme du parcours pour discuter plus longuement avec le vigneron entrevu au départ de notre escapade gravelo-vinicole. Cette dernière liaison est un mix de chemins de vignes et de petites routes. Les terres rouges à proximité du massif de Sainte Victoire sont toujours un enchantement pour moi. Bien qu’habitué des lieux, je ne me lasse pas de ce contraste avec les autres coloris naturels environnants…
Le Jas Monges et bien vite atteint, car seulement distant de quelques kilomètres. La visite de la cave, proposée par le propriétaire, et l’exposé de l’histoire de cette famille de vignerons nous permettent de mesurer le chemin parcouru depuis l’achat des premiers hectares de vigne dans les années 50. Après cette escapade temporelle, la terrasse ensoleillée nous tend les bras pour entamer l’apéro et y savourer les planches de dégustation pré-commandées avant le départ.
Bilan de ces 55 kilomètres de dégustation
Sur la base d’une promesse alléchante de convivialité et de découverte, on peut dire que le contrat est rempli. Même si les sections chronométrées annoncées n’ont pu être mises en œuvre – ce qui ne m’a pas manqué, mais je trouve que ce clin d’œil à l’enduro est intéressant – le parcours proposé est très plaisant, empruntant majoritairement des chemins. Les sessions de dégustation/ravitaillement, autour des plateaux de charcuterie et fromage, se font en toute décontraction et apportent quelques calories bienvenues en cette fraicheur hivernale.
D’ailleurs, ce positionnement au calendrier vélo est à privilégier – plutôt qu’aux beaux jours – où la chaleur combinée à l’effort sportif pourrait dégrader l’expérience de dégustation… et compliquer les liaisons à vélo 😉
J’ai apprécié la présence de crachoir, pour qui le souhaite, ainsi que la mise à disposition d’eau en alternative – ou en complément – des vins dégustés. Notons aussi la possibilité d’acheter du vin sur le parcours et de le faire rapatrier par l’organisation vers le lieu d’arrivée.
En points d’amélioration, on pourrait souhaiter une meilleure répartition des domaines visités au fil du parcours et, pourquoi pas, encore plus de chemins à la place du bitume ! Enfin, souhaitons que les vignerons participants soient tous présents pour échanger lors des dégustations, car c’est l’idée même autour du vin : le partage. Saluons l’effort de ceux qui ont joué le jeu, avec même pour l’un d’entre eux, une promo sur toutes les bouteilles achetées ce jour-là !
En bref, un cru bien né, dont l’élevage pourra continuer encore quelques mois pour un millésime 2026 encore meilleur !
Le site officiel de l’événement : Gravel Wine
Avec modération… 😉