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Comme une envie de BULER … et de s’évader

Cézallier, parfait pour le gravel, photo Hugues Grenon

En ces temps de confinement (en un seul mot), j’ai comme une envie de buler, une énorme envie même, comme beaucoup d’entre vous je pense. Patience, de meilleurs jours arriveront et je vous souhaite à toutes et tous d’assouvir au plus vite cette envie. Mais au fait, vous devez vous dire qu’il y a une faute d’orthographe et que j’aurais dû m’acheter un Bescherelle à parcourir de long en large pour m’occuper pendant le confinement … Et que mes propos sont complètement incohérents … Pas de jugement hâtif, j’ai encore toute ma tête malgré la situation. BULER c’est partir à l’aventure, à pied ou en vélo, en Bivouac ULtra Léger : pratiquer le BUL !

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Le BUL kesako ?

Vous connaissez le bikepacking ? Cette nouvelle forme de voyage et d’aventure à vélo qui se pratique avec des sacoches légères scratchés au vélo, et qui se développe depuis 5/6 ans en France, avec une offre désormais pléthorique aussi bien en terme d’équipements que d’organisations d’aventures. Et bien le BUL est « l’ancêtre » du bikepacking. Les critères communs sont le « voyager » léger et l’aventure.

Le vélo BUL est un dérivé de la MUL (je ne disjoncte toujours pas hein …). Pas l’animal qui n’avance qu’à coups de bâtons, mais la Marche Ultra Légère. Historiquement, le baroudeur et voyageur à pied ou à vélo avait tendance à se charger « la mule » justement et emporter toute sa maison sur le dos.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Le randonneur chargé comme une mule

Tente 10 places de 6 kg pour deux personnes, raviolis en boîte et pâté Henaff (un grand classique), duvet de 3 kg, changes quotidiens pour matin, midi et soir, réchaud et bouteilles de gaz pour faire cuire un sanglier, 6 rouleaux de PQ … Toujours jugé vital ce PQ en ce moment, alors qu’on peut très bien se débrouiller sans dans la nature (voir l’excellent livre ayant fait l’objet d’un article dans Bike Café « Comment chier dans les bois ») et économiser 67 g minimum ! Bon en appart ou à la maison c’est plus compliqué de s’en passer …

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Et hop, 67 g d’économisé ! Photo Hugues Grenon

Bref, comme vous l’avez compris, je caricature et force le trait volontairement, mais  le volume et le poids des sacs emportés étaient vraiment importants et il n’était pas rare que le sac avoisine les 12/15 kg pour une baroude en randonnée de 2/3 jours en autonomie. Il est vrai qu’à pied on a tendance à plus se charger. À vélo, les distances parcourues étant plus longues on peut plus facilement rejoindre la civilisation en cas de besoin.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Le vélo dit « escargot » où on emmène sa maison sur son dos

Le concept d’ultra-légèreté est introduit dès 1917 par l’écrivain voyageur Horace Kephart qui évoquait déjà un poids avoisinant 3 kg pour un équipement abri, couchage et cuisine. Plus récemment, le varappeur Ray Jardine pose les bases de la randonnée ultra-légère en 1992 avec The PCT Hiker’s Handbook et en 1999, il décrit le ou les principes de la randonnée ultra-légère : concilier sécurité, confort et légèreté pour profiter au mieux de sa randonnée. Il est aussi un des pionniers du DIY (Do It Yourself).

Randonner léger c’est aussi un état d’esprit : un gage d’évasion et de retour à la nature dans des conditions d’évolution les plus favorables et ergonomiques possibles, en s’affranchissant au plus du superflu. La simplicité dans son sens le plus noble. Allez faire un tour sur l’excellent site Randonner-leger.org qui contient une mine d’informations sur le sujet et de partages entre randonneurs.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
https://www.randonner-leger.org/

Mais revenons-en à nos moutons et notre passion : le vélo.

En France, la tendance du voyager léger est beaucoup plus récente et a donc été inspirée par la MUL. Quelques passionnés et pionniers ont dupliqué cet état d’esprit aux trips à vélo, en particulier des vttistes montagnards dans les années 2009/2010. En effet, les sacoches chargées à l’avant et à l’arrière sur des porte-bagages n’étaient pas à leur goût pour arpenter les singles de montagne : trop lourdes et trop encombrantes, faisant perdre de la maniabilité et de l’agilité au vélo. Et limitant donc le champ d’action et le fun du VTT. Ils ont alors appliqué les méthodes de la MUL : recherche ou fabrication de matériel légers, aussi bien les contenants que les contenus.

Un des pionniers a été Pascal Gaudin, le boss de Vélorizon, créateur de trips à vélo, et un des fondateurs de l’Inushuk café à Chambéry avec ses amis vttistes. En 2010, il est le premier à réaliser la traversée intégrale de l’Arc Alpin de Lubjana en Slovénie en autonomie jusque Nice avec en support ses amis Xavier Chaux et Xavier Contucci. Soit environ 2500 km et 100 000 m de dénivelé ! Cette aventure fera l’objet d’un livre que je vous conseille mais aussi d’un film dont voici un extrait :

https://youtu.be/7tzJ2WX9uJE

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Intégralpes, Pascal Gaudin, édition Vtopo, préface Hans Rey

En 2014, ils traverseront sur le même mode la cote Ouest des USA jusque Whistler au Canada, une des Mecque du VTT, en empruntant les plus beaux single tracks  de l’Ouest américain, 3000 km pour 150 000 m de dénivelé de pur bonheur. Comme nous avons pour certains un peu de temps en ce moment, je vous invite à lire leur récit quotidien passionnant et illustré de magnifiques photos sur le site dédié « Trans Us » :

Vous trouverez également beaucoup d’informations et de partage d’expériences dans le magazine Carnets d’Aventures qui a été un des précurseurs dans le domaine du vélo BUL.

Et veuillez m’excuser si j’oublie ou ne cite des personnes, sites ou organisations qui auraient été précurseurs elles-aussi de ce vélo BUL. On ne peut pas tout connaître, ni écrire sur tout. Mais qu’ils se manifestent en commentaires, ce sera intéressant pour tous nos lecteurs de partager votre histoire et vos expériences.

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Le matos

Le sac de selle, que l’on voit communément sur nos gravels ou VTT pour les divides, n’était pas encore répandu et faisait également perdre une certaine agilité au vélo avec une répartition des masses arrières pas idéale en VTT ludique et technique, entraînant un certain ballottement. La solution était alors un combo sac à dos ultra-léger (5/6 kg pour 3 jours d’autonomie) et un sac de guidon bricolé fait d’un sac étanche et de deux sangles reprises sur le guidon, le tout pour une quinzaine d’euros …

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Le sac de guidon DIY, 15 euros…Photo Hugues Grenon

Ce combo a l’avantage de permettre un pilotage fun et technique en prenant soin de ne pas charger trop le sac avant pour garder une certaine maniabilité de la direction. L’inconvénient est le poids rapporté sur le dos mais on ne peut pas tout avoir ! Lombaires et abdos en béton recommandés.

Désormais le sac de selle a évolué et est devenu un incontournable sur les baroudes au long cours libérant le dos d’un poids un peu pesant. Tout était listé et pesé également, comme maintenant, afin d’être le plus léger possible.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Le paquetage pour 3 jours en totale autonomie, 7,8 kgs, photo Hugues Grenon
Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Prêt pour une partie de la GTMC (Grande Traversée du Massif Central), photo Hugues Grenon

Indispensable pour la navigation, le GPS avec cartographie 1/25 ème accompagné de la carte papier en secours et afin de visualiser le parcours global le soir au bivouac, se remémorer la journée et imaginer celle du lendemain.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
L’indispensable GPS et la cartographie papier, traversée de la GTMC, photo Hugues Grenon

Enfin, l’aventure ne serait pas complète sans la GUL, Gastronomie Ultra Légère ! Bon, là j’invente le terme, ©Bike Café donc… Pâtes, viande séchée, plats et desserts lyophilisés. Ces repas ont énormément évolué ces dernières années en termes de goût et de pouvoir nutritionnel. On trouve des lyophilisés vraiment goûtus et délicieux en fonction de son palais.

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Lyophilisé et viande séchée, régalade !, photo Hugues Grenon

Un vrai festin est possible mais ça ne remplacera pas la vraie gastronomie que vous trouverez sur votre chemin localement…

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
L’ancêtre du lyophilisé, cassoulet de Montcuq!, photo Hugues Grenon

Ou dans les bois…

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
Chanterelles des bois, un festin s’annonce ce soir, photo Hugues Grenon

À ne pas oublier donc le petit réchaud pour faire chauffer tout cela et pour le café ou thé du matin. Et surtout, la petite fiole d’alcool pour digérer et être sûr de passer une bonne nuit ensuite…

Buler ou randonner à vélo en bikepacking
L’indispensable fiole magique pour un bon dodo au bivouac, photo Hugues Grenon

Pour finir, l’aventure ne serait rien sans ces fabuleux paysages traversés de notre belle France et ses merveilleuses rencontres faites au hasard des pérégrinations.

Pour vous évader un peu en ces temps moroses et imaginer votre prochain trip, portfolio d’une partie de la GTMC, Grande Traversée du Massif Central, réalisée en 2016. Une très belle traversée que je vous conseille, en VTT ou en gravel pour les plus intrépides et aguerris, car le parcours est par endroit un peu technique et cassant quand même. De superbes paysages, très peu de monde sur les chemins voire personne … un accueil et une gastronomie au top. Foncez !

Trip : du Lac Chambon, en passant par le Cézallier jusqu’au Lioran.

Lien vers la GTMC : https://www.la-gtmc.com/

 

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Hugo
Hugo
Habitant la Sarthe mais chtimi d’origine, Hugues devient passionné de VTT dès l’apparition de ces machines à plaisir dans les années 80. Son bonheur est de rider dans la nature en forêt en partant du pas de sa porte de préférence. Hugues est un pratiquant VTT, fatbike, gravel, cyclo, bikepacking…Sa devise : peu importe la monture et le niveau pourvu qu’on ait l’ivresse. Passionné par les vélos en acier, il a une attirance pour les artisans du cycle, les cafés vélos et l’univers du vélo en général.

4 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,

    Merci pour cet article qui met en avance la pratique BUL.

    Une expérience de buleur se construit sur plusieurs années, il faut rectifier petit à petit soit le matériel, soit les stratégies, soit les trajets. Se remettre en question.

    Pour les personnes qui voudraient se lancer les conseils théoriques des pionniers sont un plus, mais rien de remplace la vérité du terrain alors lancez vous en acceptant de ne pas être le buleur le plus optimisé, ensuite vous corrigerez le tir.

    Avant de commencer, il y a un travail mental à faire pour accepter l’idée de changer de cadre et de repère sociaux pour l’alimentation, l’hygiène , les vêtements et le confort sans que ces changements ne vous mettent en situation d’insécurité.

    Pour illustrer je vais donner ma liste de trousse de toilette, dans le monde des buleurs on aime bien comparer nos listes et c’est celui qu a la plus petite qui gagne 🙂
    – Une petite trousse DIY en tissus léger avec un zip
    – Un bout de savon de marseille dans un sac plastique alimentaire , la taille dépend de la durée du voyage, il sert pour l’hygiène des mains, les douches, une simili mousse à raser, la lessive, premier nettoyage des plaies.
    – une demi-brosse à dent et une quantité de dentifrice adaptée
    – une lame de rasoir jetable
    – une demi serviette éponge spontex (20 cm * 40 cm ) en guise de serviette de bain et gant de toilette.

    C’est rustique , mais efficace , je peux encore rentrer dans le commerces sans passer pour un putois. Ma sécurité est préservée avec l’hygiène bucco-dentaire, écart des risques de diarrhée , écart des problèmes de sels minéraux de la sueur qui peuvent créer des irritations.

    Je vous laisse imaginer les réactions de mes proches qui ne sont pas dans la mouvance bul quand je leur donne ma liste de matos.

  2. Juste une petite remarque. Le terme varappeur étant un peu daté et localisé (Salève, Bleau), préférons celui de grimpeur. Surtout que le jardin de Ray est El Cap (pour les intimes et El Capitan au Yosemite pour les autres).

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