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Desertus Bikus, la nouvelle course d’endurance à la découverte de l’Espagne

Un événement cycliste enflamme en ce moment les réseaux sociaux : Desertus Bikus, une épreuve d’endurance typée route-gravel léger, à la découverte de l’Espagne et de ses zones désertiques. Ouverte aux cyclistes de tous niveaux, elle proposera, au mois d’avril prochain, de s’élancer au départ d’Anglet (près de Biarritz) pour arriver à Nerja (près de Malaga), 1200km plus loin.
Victimes d’un fulgurant succès, les organisateurs se sont vus dans l’obligation de clore ce dimanche des inscriptions qui devaient fermer le 10 février prochain…
Curieux de tout savoir de cet événement et les raisons de sa popularité, nous avons pris contact avec Yvan Thuayre, le discret mais non moins inventif créateur de cette épreuve.

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D’Anglet à Nerja, il faudra parcourir quatre déserts et l’Espagne du nord au sud, sur 1200 km – visuel @desertusbikus

Au téléphone, la voix d’Yvan Thuayre est enjouée. Le débit est rapide, les termes précis, l’homme semble serein et efficace. Il faut dire que ce trublion qui débarque en fanfare dans le petit monde très fermé des organisateurs d’épreuves enduroad (des courses sur route longue distance, sans escale et sans assistance) n’en est pas à son coup d’essai. Fin connaisseur et amoureux du Pays basque Français et Espagnol, il est déjà l’auteur d’un événement de 240 km et 6666m D+, bien connu dans le sud-ouest, la Pop Ouest Classic, qu’il organise avec brio depuis 2019.

Desertus Virus

C’est à l’occasion de la deuxième vague virale, pour ne pas revivre l’expérience enfermante du premier lock down, qu’Yvan Thuayre a harnaché son vélo de bikepacking et a franchi la frontière. Pendant de longues semaines, du Pays Basque (qu’il connaît bien) à l’Andalousie (qu’il a découvert à cette occasion), il a quadrillé l’Espagne. Il y a trouvé une certaine liberté d’aller et venir, des étendues désertes et pittoresques, des routes et des pistes de gravel à l’envie et, au final, l’idée d’y organiser une course longue distance.
De retour chez lui, cet habitué des montages de projets et des collaborations croisées a mûri sa proposition, entouré de ses amis-complices avec qui il avait déjà créé la Pop Ouest Classic. Il a fallu ensuite attendre des jours meilleurs et un ralentissement de la pandémie pour lancer l’événement.

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Yvan Thuayre, l’organisateur de l’épreuve, à la découverte du désert de Gorafe – photo @desertusbikus

Soif d’aventure

Le nom de l’épreuve, Desertus Bikus, un peu farfelu, lui serait venu en écoutant une chanson en latin. Le décor est planté, tout le monde s’y reconnaît. Les littéraires y trouveront des correspondances avec Dino Buzatti et son Désert des Tartares ; les fans de cinéma y apercevront la svelte silhouette de Lawrence d’Arabie ou celle, plus baraquée, de Priscilla. Les fous de sport rêveront au Marathon des Sables ; d’autres, très pragmatiques, imagineront des dromadaires, des palmeraies, des puits, des dunes et des mirages…
Dans tout les cas, c’est sans doute la soif d’aventure, l’envie de s’évader après le COVID, la rêverie et l’introspection propres aux arpenteurs de déserts qui explique la ruée des prétendants à cette première édition. De ce point de vue, le parcours est bien doté, les 4 “CP” (points de contrôle) intermédiaires qu’il faudra passer pour valider l’épreuve étant tous situés dans des endroits sauvages et inhabités.

Quatre déserts, du nord au sud

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Les passages aux CP se feront sur des pistes de gravel roulantes – photo @desertusbikus

Las Bardenas Reales pour commencer, est une zone semi-désertique d’une superficie de 42 000 hectares située au sud-est de la Navarre, entre Tudela et Carcastillo, au nord du parcours, après que les Pyrénées aient été juste franchis.
Il faudra ensuite tracer sa route jusqu’aux Montañas Vacías, une région de sierras escarpées, située en droite ligne entre Valencia et Madrid, où la densité de population est tellement faible qu’on surnomme cette région la “Laponie Espagnole”…
Viendra ensuite le fameux Gorafe, proche de Grenade, où les canyons du plus pur style Colorado strient les plateaux arides.
Enfin, le dernier CP sera situé au beau milieu du désert de Tabernas, qui s’étend sur 280 kilomètres carrés dans la Province d’Almería.
Ceux qui en sortiront indemnes entameront un sprint final 100% Andalou le long de la Méditerranée vers l’arrivée à Nerja.

À des degrés divers

Si Yvan a voulu proposer un événement accessible à une majorité de cyclistes (neuf jours pour 1200 km ce n’est pas la mer de sable à boire), il y aura des enjeux de taille et des stratégies à développer pour finir dignement ce défi. La navigation et la qualité du tracé auront d’autant plus d’importance, qu’il faudra savoir se ravitailler au bon moment et à bon escient, les déserts et les points de contrôles étant dénués du moindre ravitaillement. Il faudra également choisir le bon compromis de pneus, suffisamment rapides pour un parcours à 80% sur route, mais assez résistants et fiables pour emprunter en toute sérénité les pistes de gravel menant aux points de contrôle.
D’autant plus que la météo, souvent capricieuse en avril, pourrait réserver bien des surprises aux participants… Dans tous les cas, les fortes différences de températures attendues entre le nord et le sud de l’Espagne obligeront à emporter une garde-robe technique et polyvalente.

La compet’ ou la fête

Mais Desertus Bikus est-elle à proprement parler une course, ou une aventure ludique et touristique ?
D’après Yvan, il s’agit un peu des deux.
Il y aura, au départ, des concurrents venus à coup sûr pour en découdre, comme Sofiane Sehili, Laurent Boursette, Xavier Pesnel, Nathalie Baillon, et pourquoi pas un invité surprise issu du peloton professionnel… Ceux-là boucleront les 1200 kilomètres en trois jours ou moins. Mais la majorité des participants affichent des ambitions beaucoup plus modestes !
Pour décrire l’état d’esprit qu’il voudrait insuffler à cet événement, Yvan se plaît à des analogies sportives. Il souhaite retrouver par exemple, lors de la soirée-apéro qui précèdera le départ, “une ambiance festive et conviviale comme lors des premiers Paris-Dakar” (nous lui laisserons volontiers l’entière responsabilité de cette comparaison). Mais il évoque aussi le Vendée Globe Challenge pour décrire les stratégies de course et de routage… Voilà en tout cas de quoi résumer un beau mélange des genres.

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L’Espagne profonde, c’est aussi de petites gares pittoresques – photo @desertusbikus

Trackers dans le désert

Une chose est sûre : le choix a été délibérément fait de ne pas proposer de parcours-type et de laisser les participants tracer leur propre route. Cette décision s’est imposée à Yvan comme une évidence ; amoureux des tracés-maison et adepte des multi-raids, il voit dans l’orientation et la navigation les ingrédients indispensables des recettes sportives les plus réussies. Néanmoins, un tracker GPS équipera chacun des participants. Outre l’avantage pour les organisateurs de surveiller le bon passage des CP, d’établir le classement et assurer la sécurité des cyclistes, ce dispositif high-tech, désormais omniprésent sur les épreuves au long cours, offrira au public une lecture globale de la course car tous les participants pourront être suivis en ligne et en temps réel sur le site de l’organisation. Puisqu’il est impossible d’encourager les concurrents au bord de la route comme lors d’une épreuve classique, les dot watchers (ceux qui suivent les courses en ligne grâce aux trackers GPS) pourront rêver en accompagnant virtuellement leurs favoris, comparer les stratégies de route et contribuer, par leur enthousiasme et leurs commentaires sur les réseaux, à la popularité de l’événement.

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Nerja, la ville d’arrivée, ne manque pas d’atouts touristiques – photo @desertusbikus

Facebook aboie et la caravane passe

Yvan souhaite d’ailleurs que la Desertus Bikus soit relayée et diffusée le plus largement possible. Il compte bien sur les participants pour poster des photos et partager leur aventure en ligne. Un prix de la meilleure image, du meilleur tracé et du meilleur récit seront décernés après l’événement.
Pour créer une dynamique positive en amont de la course, Yvan a su s’entourer d’amis proches qui sont venus l’épauler dans l’organisation, comme 4ULTRA qui commercialisent des produits de nutrition sportive bio, les coursiers livreurs de la-course, les cafés vélo Fast Club et le VELOFF Café.
Déterminé et accrocheur, Yvan sait aussi qu’un événement n’est rien sans des partenariats multiples. Il a donc réussi à associer pour l’occasion des entreprises comme Komoot, le fabricant de doudounes Pyrenex et les pourvoyeurs de Bed and Breakfast raffinés Le Bezy.

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À l’arrivée, les participants auront l’occasion de poser pour la photo finish en bike rising et les pieds dans l’eau – photo @desertusbikus

Cherchez les femmes

Si Yvan ne devait avoir qu’un seul regret, c’est que la liste des participants intègre trop peu de femmes à son goût.
À 30% de participation féminine, il est loin de son objectif premier. Il a pourtant reçu l’appui de la marque de vêtements de cyclisme féminin Wilma et de l’association WATT (Women Are Talented Too – les femmes ont du talent aussi) qui œuvre pour la promotion du cyclisme féminin par la mixité. La forte majorité masculine sur cette course n’est malheureusement pas l’exception, mais la règle sur les enduroads, même si de plus en plus de femmes s’alignent sur ces épreuves qui leur réussissent bien.
C’est plus collectivement que le cyclisme doit se réinventer pour proposer dans les clubs, les fédérations et toutes les organisations indépendantes, des événements plus inclusifs. Si ce n’est pas pour cette année, l’objectif de parité sera peut-être atteint ultérieurement… Car Yvan Thuayre ne souhaite pas en rester là : non content de renouveler la Desertus Bikus l’an prochain, il a aussi en tête de créer une course beaucoup plus longue, pour un public toujours plus désireux d’aventure et de kilomètres.

Suivre l’épreuve / Tracking des participants en temps réel :
Le site web de Desertus Bikus

Compte Instagram de l’événement :
@desertusbikus

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L’Espagne regorge de zones inhabitées propices au gravel – photo @desertusbikus
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Dan De Rosilles
Dan De Rosilleshttps://www.strava.com/athletes/5149425
Dan de Rosilles quadrille sans relâche les routes et les chemins d’Occitanie, entre Cévennes et Camargue. Traceur passionné d’itinéraires de route et de gravel, il administre plusieurs clubs Strava : Arles Gravel, Mi-Fixe-Mi-Gravel, Cyclistes Arlésiens Longue Distance (CALD) et Arelate Denta Rota Fixa. Il aime le pignon fixe, la longue distance, le bikepacking, la pêche à la mouche, le saucisson et les bières artisanales. Ses textes et ses photos sont publiés régulièrement sur Bike Café et plus ponctuellement dans la presse papier.

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