Le cyclisme a été le premier vrai sport que j’ai pratiqué et j’ai épinglé mon premier dossard en minimes 2 à l’âge de 13 ans, je m’en souviens comme si c’était hier. Dès lors, j’ai toujours suivi avec intérêt la classique Paris-Roubaix à la télévision. Je me souviens encore des victoires de Gibus et d’André Tchmil au début des années 90. Surnommée la reine des classiques mais surtout “l’Enfer du Nord”, cette course est atypique car elle emprunte une petite trentaine de secteurs pavés totalisant environ 55 kilomètres.
C’est dire la joie que j’ai eu lorsque la proposition de participer à la cyclo-sportive Paris – Roubaix Challenge qui m’a été faite par la rédaction de Track & News. Cerise sur le pavé, j’allais profiter de cette participation pour chevaucher un vélo de Gravel Raleigh : le Rocker Pro. J’ai reçu le vélo environ 10 jours avant l’épreuve. C’était largement suffisant pour effectuer les réglages et le tester dans des conditions difficiles.
Pour me faire la main avec le Rocker Pro, j’ai refait le parcours de l’ÉcoTrail de Paris dans sa « quasi » totalité, 80 km empruntés quelques semaines auparavant lors de la course. Pour ceux qui ne connaissent pas le parcours, celui-ci emprunte 90 % de sentiers entre saint Quentin en Yvelines et le 1er étage de la tour Eiffel. Bien sûr je n’ai pas pu grimper les marches de la “dame de fer” les gardiens m’en aurait empêché. Le parcours empreinte notamment les bois de Versailles, Meudon, Chaville, Clamart et le parc de Saint Cloud. À part quelques singles très pentus, une très grande majorité des chemins sont praticables à VTT. Au guidon du Rocker Pro, je n’ai donc rencontré que peu d’obstacles infranchissables en Gravel et ce fut un réel plaisir de revivre ma course mais cette fois sur un vélo. Il faut dire qu’avec un plateau de 44 et une cassette 11-42 : « ça passe partout ».
Le Raleigh Rocker Pro
Haut de gamme de la marque avec son cadre carbone, il ne demande qu’à être bousculé. La géométrie Gravel plutôt typée endurance est moins agressive que que celle d’un vélo de route, elle n’en est pas moins sportive sans devoir abaisser complètement le guidon au niveau de la douille de direction. Ce type de géométrie utilisée sur des chemins était ma plus grande crainte. J’ai juste modifié la position du guidon en relevant les cocottes de freins de façon à garantir une meilleure prise et cela permet de relever la position du buste. Sur le site de Raleigh, il est mentionné « Grâce à son cadre carbone et à sa géométrie, il est léger, maniable et confortable. Il vous accompagnera aussi bien sur la route que dans les chemins » : je valide complètement cette affirmation. Doté de périphériques Sram Rival dont des freins à disque, hydrauliques, qui se sont avérés puissants et progressifs, me permettant d’assurer de brusques changements de direction en toute sécurité. Malgré ses pneus de 35 mm de section et un seul plateau, il est tout à fait possible d’envoyer sur la route. J’y reviendrai lorsque je vous parlerai de mon Paris-Roubaix.
Une tenue Mavic All Road parfaitement “raccord” avec le Rocker Pro
Pour affronter les pavés du nord, Mavic m’a envoyé la tenue All Road Endurance. Composée d’un maillot manches longues épousant parfaitement le haut du corps, notamment au niveau des manches, il n’y a aucun flottement au vent. Sa composante tri matières assure à la fois une très bonne évacuation de l’humidité, une bonne aération grâce aux inserts Air mesh et enfin, le lycra protège les épaules contre les UV mais pour s’en convaincre il faut du soleil et malheureusement, il n’a pas été très généreux ces derniers temps…
Côté cuissard, j’ai été séduit par deux points. Le premier concerne bien sûr l’insert fessier / entre-jambe (la peau de chamois pour vulgariser la chose), quant au second, il s’agit des inserts situés en bas du cuissard et qui le maintiennent parfaitement en place. Le descriptif produit par Mavic a été vérifié en pratique : la mousse bi-densité à mémoire de forme protège parfaitement le périnée et les inserts ERGO GRIP évitent au cuissard de remonter même placé sur des jambières. Les fabricants d’équipements de course à pied devraient s’en inspirer…
Aux pieds les chaussures Ksyrium Pro que j’ai trouvé à la fois légères et confortables. Elles assurent un excellent transfert de puissance avec leur semelle composite carbone qui offre une excellente rigidité.
Passons aux pavés
Parti de bon matin de Paris, j’arrive à 6 h 15 au vélodrome. Le temps de m’habiller, de préparer le vélo, le ravito, ma caméra et mon appareil photos, mes 4 chambres à air comme cela était conseillé par l’organisation, je prends le départ à 7 h 15. En effet sur cette cyclo, le départ est libre de 7 h 00 à 10 h 00 afin de favoriser la fluidité de la circulation et la sécurité sur les secteurs pavés. Ne voyant pas grand nombre de coureurs aux abords de la ligne de départ, je décide de partir seul.
Sachant le parcours plat et ayant quelques sorties de plus de 100 kilomètres au compteur, je roule franchement tout en gardant de la réserve pour les fameux pavés. Je remonte petit à petit quelques coureurs éparpillés qui flairant l’opportunité, se glissent dans ma roue.
Je me dit « Très bien … » … sauf que jusqu’au 25ème kilomètre, pas un ne va passer me prendre un relai. Tant pis, après tout, il ne s’agit pas d’une course. Quelques kilomètres plus tard, 3 “coursiers” nous doublent franchement dans un des rares faux plats montants. Allez ! … l’occasion faisant le larron, je saute dans les roues et je compte bien attendre sagement à l’abri le premier secteur pavé indiqué au kilomètre 50.
Il s’agit de la fameuse Trouée d’Arenberg. Mes “locomotives” devant y vont franchement et la vitesse indiquée sur ma Garmin ne descend que rarement en dessous de 35 km/h. Un des trois me demande un relai, tant pis pour les jambes, j’y vais…
Le Gravel sur la route
8,9 kg sur la balance sans les pédales, des pneus de 35 de section avec un grip fait de picots ronds ne permettant pas un rendu des plus roulants. Au premier abord, le vélo ne semble pas taillé pour rouler vite sur la route. Eh bien, le “Rocker” va me faire mentir. Habitué depuis des années à mon Scott Addict Sram Red de 6,5 kg, je pensais déchanter sur la route au guidon de ce Gravel. Ce vélo au cadre carbone est nerveux et donne envie d’appuyer sur les pédales. Aux côtés de ces 3 coursiers nationaux, je n’ai pas senti de réel désavantage sur les portions de plat, même muni de mon mono plateau de 44 dents avec un départ à 11 à l’arrière. Après plusieurs sorties, je peux dire aujourd’hui que son seul point faible sur route est sans conteste les bosses. C’est difficile d’y emmener du braquet, la plupart des bosses se montent assis, une position se rapprochant plus du VTT.
Le début de la souffrance
Après 50 kilomètres, nous voilà arrivés à l’entrée de fameux premier secteur pavé (pour ce format de cyclo), secteur 18 : la tranchée/trouée d’Arenberg. Je laisse filer mon groupe allant bon train, je m’arrête avant d’attaquer ces mythiques pavés, je repasse en mode reporter/testeur. Je vais faire quelques séquences vidéos et photos avec mes propres moyens car je suis venu seul. Muni d’un petit compact, d’une petite caméra et d’un trépied. Je vais demander aussi à quelques supporters venus sur place s’installer dès le samedi pour la grande course du dimanche de me filmer et me photographier.
Je comprends mieux le sens de l’expression « garder le haut du pavé »
On aurait pu commencer par un petit secteur classé 2 étoiles pour apprivoiser ces pavés. Et bien non les organisateurs nous proposent d’attaquer direct par l’un des 3 plus durs : classé 5 étoiles et long de 2.4 km. Comment dire ? … Il faut le vivre, l’expliquer est très difficile. La route forme un dôme dont la partie la partie la moins irrégulière se situe en son centre. S’écarter de la partie médiane oblige à la plus grande prudence car le pavé est très irrégulier, tantôt de travers, tantôt surélevé. Je comprends mieux le sens de l’expression « garder le haut du pavé ». Côté physique, tenir le guidon est un véritable calvaire, il faut le serrer le plus fort possible sous peine de le lâcher à la moindre déconcentration. Cela s’avère très difficile avec sans arrêt l’impression de crampe permanente dans le creux de la main. Les avants bras ne sont pas en reste, j’ai même dû changer ma montre de bras car cette dernière me créait de micro traumatisme sur le radius.
Passé le secteur, une étrange et agréable sensation m’envahit, tout parait calme et lisse, j’en profite pour me relâcher et étirer toute la chaine musculaire du haut du corps. Le cardio en profite également pour faire une courte pause car s’engager sur un secteur pavé oblige à tenir un rythme élevé pour ne pas le subir : plus vite on en sort, mieux c’est.
Et cet enchaînement va se faire durant les 17 autres secteurs. Je suis venu pour les pavés : je suis servi … Hors de question de rouler sur les quelques portions de terre ou d’herbes qui jonchent ces chemins empierrés : « Je veux bouffer du pavé et mon Gravel aussi … ». Deux autres secteurs retiendront toute mon attention : Mons en Pévèle et le fameux “Carrefour de l’Arbre” classés également 5 étoiles.
Coté équipements, je suis “verni”. J’ai vraiment le “top” pour ce type d’épreuve. Pas une douleur au postérieur, les pieds sont également à la fête. Les chaussures étaient ma seule crainte avant le départ mais grâce à 2 ajustements, elles se sont avérées très agréables et confortables à pédaler. En effet, ayant un pied assez fin, le serrage ERGO DIAL (type boa) et les brides scratch ERGO STARP ne permettaient pas à mon pied fin un maintien efficace. J’ai donc décidé de positionner sous la semelle une seconde et fine semelle et j’ai torsadé les fils des deux systèmes de fermeture.
Côté organisation : un sans-faute
Amaury Sport Organisation qui gère l’organisation fait un “sans faute” sur cette cyclo. De sympathiques et compétents signaleurs à chaque intersection, 3 ravitaillements des plus complets (produits ISOSTAR, divers fruits et gâteaux sucrés salés et même des bonbons HARIBO). Deux secteurs pavés chronométrés, trouée d’Aremberg et Carrefour de l’Arbre, de quoi se mesurer aux autres. Seul bémol, nous n’avons pu emprunter le dernier secteur pavé dans le centre ville de Roubaix faute de « barrière » en place.
L’arrivée sur le mythique vélodrome est aussi un véritable plaisir et malgré un seul demi tour à effectuer (contrairement aux pros qui font le tour complet), je savoure et me mets à la place d’un Tom Boonen : sans la clameur du public. Il déclarera le lendemain que passer le dernier virage en tête donne la victoire sur la ligne. J’espère qu’il s’en souviendra pour l’année prochaine.
Pour ma part, ma petite victoire est que j’ai réalisé ce mini Paris-Roubaix en 5 h 15 sans crevaison (petit miracle) et surtout sans chute. Le mérite en revient à ma “monture” que je vais devoir rendre à regret après ce test qui a été une totale découverte pour moi. Je ne regarderai plus à la télévision Paris-Roubaix avec les même yeux et sur mon canapé désormais je sentirai, sans doute en les voyant, les chocs des pavés …
Infos et photos sur le site organisateur
Bonus ma “self vidéo”
Le matériel utilisé
Côté vélo
Vous l’avez compris je pense à la lecture de mon récit : j’ai été pleinement satisfait du Gravel Raleigh Rocker Pro … Il passe partout, est à l’aise sur la route et les chemins. Je connaissais le concept de ce type de vélo mais je dois dire que j’ai été bluffé par sa polyvalence et j’ai passé le Paris-Roubaix sans une crevaison alors que le long du parcours j’ai vu une multitude de participants en train de réparer.
Merci à Raleigh France et à Eric Berthou de m’avoir donné l’opportunité de cette découverte. Mon seul regert est de voir repartir à Brest chez Eric ce vélo que j’ai vraiment apprécié.
Caractéristiques
- Cadre : Carbone géométrie Gravel, avec passage des cables interne
- Poids 8,9 kg, sans les pédales en taille 54 (à confirmer)
- Taille de roue : 700
- Fourche : fourche Gravel en carbone avec pivot en alliage, axe de roue 15 mm
- Jeu de direction : FSA
Groupe :
- Manettes de vitesse : Sram Rival 1X hydraulique
- Poignée de frein : Sram Rival 1X
- Dérailleur arrière : Sram Rival 1X chappe longue
- Dérailleur avant : Sram Rival 1X
- Freins : SRAM Rival Hydraulique
- Pédalier : SRAM S350 1 X 44T – Manivelles 170 mm (cadres 52-54 cm), 172.5mm (cadres 56 – 58 cm), 175 mm (cadres 60 – 62 cm)
- Cassette : Sram 11-42 dents
- Chaîne : Sram X11
Roues :
- Roues : American Classic TCX compatible Tubeless
- Pneus : Schwalbe G-One 700 x 35c
Chambre à air : 700x 35c valves Presta
Périphériques :
- Tige de selle : RSP en carbon
- Guidons : RSP
- Selle : Selle Royal Sirio
- Guidoline : modèle “Vélo” en gel anti-slip
Prix public conseillé : 2900 €
Voir infos sur le site de Raleigh France
Côté équipements
La tenue Mavic s’est avérée en plus être parfaitement harmonieuse avec les couleurs du Rocker Pro … On aurait voulu le faire exprès que l’on ni serait pas parvenu … Le confort du cuissard est parfait et le test du Paris-Roubaix est imparable en la matière. Les chaussures sont confortables et légères pour des “All Road” … On peut rester des journées dedans sans se sentir gêné …
Nous vous avions présenté cette gamme “All Road” dans un précédent article … Cette fois nous l’avons testée et parfaitement validée pour son usage en mode Gravel ou cyclo endurance.
Prix publics conseillés pour la tenue complète :
- cuissard : 140 €
- maillot : 95 €
- casque : 115 €
- gants : 38 €
- chaussures : 170 €
- soquettes : 15 €
Bonjour.
Merci pour cet article de qualité, aussi bien documenté que détaillé. Étant donné que je participe cette année pour la 2ème fois au PR Challenge, j’aimerais savoir à quelle(s) pression(s) vos pneus étaient gonflés (grosso modo, et en % de votre poids), dans la mesure où j’envisage de troquer mes 25 “tape-cul” de l’année dernière contre ces pneus en 32.
Cordialement.