« Cherche hommes pour Gravel Trip incertain. Petits braquets, froid rigoureux, trois longs jours d’aventure complète, ascensions exigeantes, bivouacs incertains. Honneur et reconnaissance de Pionniers en cas de succès. » Cette simple phrase, qui pourrait ressembler à une petite annonce sur le site de Chilkoot, a été suffisante pour attirer dans cette aventure incertaine 9 participants, dont une femme, qui ont bravé ce début d’hiver sur des routes et des pistes pour relier Briançon à Chamonix. Certains pré-inscrits avaient renoncé, ils ont eu tord car le périple a été riche en émotions et en découvertes. Il s’est déroulé dans une scénographie Chilkootienne, sublimée par des décors somptueux.
“Quest” est un événement cycliste aventureux dont le scénario a été imaginé et mis en scène par Luc Royer. Il est inspiré de la mythique Chilkoot Trail (Skagway to Dawson) ayant vu au 19ème siècle les pionniers affronter les difficiles sentiers et les redoutables marches taillées dans la neige du Chilkoot Pass, entre Alaska et Yukon. À l’heure des premières neiges, ce sera donc le versant sud du Col du Fréjus qui fera office de Chilkoot Pass pour les candidats et nouveaux pionniers de cette épopée gravel, avant leur difficile remontée mixant roulages, poussages et même portages via les cols et vallées de la Maurienne, de la Tarentaise, du Beaufortain et de l’Arve.
Attiré par les sublimes photos que j’ai pu voir sur facebook et instagram, j’ai voulu avoir le témoignage de cyclistes que je connais et qui s’étaient invités à cette fête de l’aventure. Andréa et Sébastien étaient encore sur le coup de l’émotion de ce qu’ils venaient de vivre, lorsque j’ai pu les joindre au téléphone quelques jours après. Voici ce qu’ils m’ont dit en attendant le reportage à paraître dans 200 de Swanee et Pierre, qui faisaient également partie de l’épopée.
Pourquoi répondre à une telle invitation ?
Trip incertain, petits braquets, froid rigoureux, trois longs jours d’aventure, ascensions exigeantes, bivouacs improbables … Et vous, ça vous tenterait ? …
« C’est le côté un peu fou de cette proposition qui m’a tenté …», admet Andréa Braga « Relier deux belles villes comme Briançon et Chamonix était bien tentant et en plus, sur un tracé qui n’emprunte pas uniquement de la route. Cela correspondait bien à mon envie d’aventure, surtout à cette période là de l’année.»
« Plusieurs choses …», explique Sébastien Morin « Je me suis dit que ce défi allait être un truc incroyable, un peu dingue … plus par le moment choisi pour le faire, que par les kilomètres et le dénivelé … C’est un peu comme en alpinisme où les courses hivernales sont rendues plus difficiles et ne constituent pas le même défi que les mêmes courses en été.»
Le plus dur …
À chacun son aventure : pour Andréa « Le plus dur aura été la pluie le premier jour et dans le col de l’Échelle, nous avons même eu de la neige. J’ai fait la descente du col en serrant les fesses car je n’avais plus de frein arrière. On s’est arrêté en bas aux Arnauds pour nous réchauffer dans un café et j’en ai profité pour changer mes plaquettes, tout est rentré dans l’ordre.»
Sébastien évoque autre chose « Pour ma part c’est les conditions de bivouac le soir qui m’ont parues les plus dures … Ce n’est pas les kilomètres et les cols à franchir, mais c’est lorsque le vélo s’arrête et qu’il faut monter la tente avant de pouvoir se changer. Il fait hyper froid, c’est la nuit, on est humide et tu dois procéder par étapes, méthodiquement avant de pouvoir penser à te reposer … Pourtant j’ai une expérience du bivouac en rando et en alpinisme, mais là c’était plus dur. » Il parle aussi d’un coup de “moins bien” vécu dans la montée du Cormet d’Arêches qu’il a dû gérer mais c’est classique, en vélo ça arrive parfois.
Pour Andréa c’est surtout la descente de ce même Cormet d’Arêches qui a été problématique « J’avais les pneus les moins larges de toute la bande : des Schwalbe Rocket Ron en 28 … Oh bien toi tu descends vite m’a dit Pierre ...»
Les bons souvenirs
« On est arrivé à 9 cyclistes on est reparti en étant 9 amis … C’est vraiment sympa de rouler avec des gens que l’on connaît pas … On a vécu des plaisirs simples d’échanges que l’on oubliera pas comme ce morceau de chocolat partagé avec François, avec qui j’ai monté le Cormet … ou encore avec Bernard qui nous attendait au col de l’Echelle avec des petits pains chauds …», me raconte Andréa.
Dans ce que m’explique Sébastien je retrouve ce même témoignage de l’amitié qui s’est installée dans le groupe, mais lorsqu’il reparle des bons moments il évoque aussi les bivouacs. « C’est contradictoire avec ce que je t’ai dit à l’instant à propos de ce qui était le plus dur, mais l’ambiance de nos bivouacs, les feux de camp le soir, … fait partie des bons souvenirs. Je ne m’étais pas fait cette image avant de partir, mais le côté hyper convivial de ces soirées passées ensemble autour du feu m’a enchanté. Je garde encore le goût des bières partagées, du génépi qui nous a réchauffé, des marshmallows grillés sur le feu de bois, … les événements Chillkoot sont toujours hyper conviviaux mais là ces soirées étaient surréalistes. Je garde aussi le super souvenir de ces belles traces et de ces belles descentes. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut descendre 1000 m de dénivelé dans un tel décor. Là tu sais pourquoi tu as grimpé, c’est vraiment une belle récompense … »
Les Bivouacs
« Dès le premier soir j’ai fait la connaissance de Fabien et des autres … Avec Fabien nous avons mutualisé notre abri et on a dormi ensemble les 2 jours sous ma tente deux places. Le premier jour, tout le monde était fatigué à cause de la pluie … On a eu du mal à allumer le feu avec Fabien. Mais l’ambiance s’est réchauffée avec les flammes et on a fêté l’anniversaire de François autour du feu », explique Andréa, qui pour la première fois faisait dormir dehors son vélo en bambou Écume.
La difficulté de monter sa tente évoquée par Sébastien est certaine. Le froid, la fatigue d’une journée passée à pédaler, la nuit, … Il faut avoir de la méthode se changer ensuite en mettant des vêtements secs. Les tentes et les rechanges étaient transportées par les véhicules d’assistance. C’était une aide précieuse qui permettait d’avoir un bikepacking plus léger.
La difficulté de cette épreuve n’est pas extrême si on la rapporte au kilométrage et au profil. Elle est introduite par les conditions hivernales et les passages hors route plus aventureux que les lacets asphaltés. Sur le déroulement de la journée les consignes étaient de garder une certaine cohésion dans la progression. Le premier jour c’était un peu compliqué, le mot d’ordre groupé n’a pas trop été respecté mais la consigne de rouler à deux l’a été. « Les 2ème et 3ème jour nous avons fait des stops pour attendre tout le monde … Ce n’est pas une course c’est toujours bien de partir ensemble et d’arriver ensemble », conclut Andréa.
Retrouvez les récits complets d’Andréa et Sébastien :
Quel développement recommandEZ VOUS ?