Il existe un peu partout dans le monde des lieux inspirants, le massif de la Sainte Victoire en fait partie. Le peintre Paul Cézanne ne s’en lassait pas, obsédé par les reliefs et la lumière des lieux. Il a peint sa montagne à de nombreuses reprises, en multipliant les points de vue. Depuis que j’habite Aix-en-Provence, ce caillou m’attire comme un aimant. C’est pour mieux le découvrir, l’approcher, le contourner, le sillonner, … que j’ai commencé à rouler en gravel. La clé de la découverte de ce territoire a été ce fameux vélo, qui m’a permis de “tamiser” ce paysage au gré de ses pistes, ses chemins, ses petites routes. Comme j’aime bien partager, j’ai voulu que d’autres cyclistes connaissent également l’émotion que je ressens, lorsque je roule ici. La Gravel Sainte Victoire, que j’ai tracée avec mon copain Philippe qui m’en a fait découvrir les subtilités, est un condensé de ce que ce massif nous offre.
Quoi de mieux qu’un gravel ?
Lorsque l’on voit une cinquantaine de graveleux répondre à une invitation sur Strava on se sent moins seul. Notre belle Provence est une terre de vélo dans laquelle la semence du gravel a encore du mal à pousser dans ce terrain parfois très sec et rocailleux. La place est largement occupée depuis des dizaines d’années par les vélos de route et les VTT. Notre vélo de gravel vient progressivement bousculer cette traditionnelle dichotomie cycliste. Vélo “entre-deux”, extrêmement polyvalent, le gravel a toute ses chances pour nous conduire sur ce parcours 50 / 50 pistes, routes de 85 km et 1800 m de D+, qui va nous faire traverser un paysage varié comme celui de la Sainte Victoire.
Mon émotion était forte ce matin du 31 mars, en voyant autant de monde sur le parking du stade Carcassonne à Aix-en-Provence … Près de 50 cyclistes et seulement 2 VTT dans cette aréopage gravelistique. Parmi nous, quelques célébrités du monde sportif, comme Jean-Michel Bayle, plus connu dans le monde de la moto mais qui est aussi un excellent cycliste, Luc Royer organisateur d’événements cyclistes, Sylvain Renouf créateur de vélos français avec Caminade, Serge Barnel un des pionniers du VTT français devenu promoteur du gravel, … et tous les autres réunis par les clubs Strava de Arles Gravel, Maures Gravel et Original Montpellier Gravel. L’équipe des rédacteurs du Bike Café était presque au complet : mon copain Pierre venu spécialement de Paris, Dan, Sébastien, Philippe, venus en voisins … ils sont venus, ils sont tous là, autour de toi, toi la Sainte … je n’ai pas vu le fils maudit : il a dû rester au lit ce matin, n’ayant pas anticipé le changement d’heure intervenu dans la nuit.
Un parcours de rêve
Difficile de dire que c’était “un parcours de rêve” pour un organisateur qualifiant ainsi son propre événement. Ça peut sembler être de l’auto satisfaction, mais tant pis, je le pense et après tout je ne fais que répéter, ce que j’ai entendu pendant et après cette magnifique journée. Il faut dire que la météo était sublime, la lumière était limpide, les pistes étaient suaves, … Les inévitables crevaisons ont un peu haché notre progression, mais aux dires de certains, les pauses ont été les bienvenues, permettant de récupérer des montées parfois sèches, ou de descentes un peu périlleuses. Philippe nous a proposé quelques variantes singles, pour amuser ceux qui ont gardé l’esprit joueur des VTTistes. Pour les routiers, il y avait moyen d’envoyer sur les longues pistes roulantes qui ont été lissées cet hiver par les bulldozers.
Le tracé, dans sa première partie, est spectaculaire : la montée vers le barrage Zola nous met dans l’ambiance. Ce barrage édifié vers 1845 est l’oeuvre du père d’Émile Zola. C’est le premier barrage en arc de cercle construit en maçonnerie, car à l’époque le béton n’existait pas. Il a fallut porter nos vélos pour s’extraire de l’encaissement rocheux où a été construit cet ouvrage. La montée qui a suivi, nous a conduit à un un point de vue qui correspond à un tableau de Cézanne. En poursuivant vers le vallon du marbre, on passe dans un champ d’oliviers. Première crevaison, le groupe attend dans la bonne humeur et ça repart sur la route Cézanne vers le petit col de Saint Antonin.
À Saint Antonin, le PR que nous empruntons est superbe, sauf les sillons laissés par les engins de déboisement cet hiver, qui vont me valoir une chute. Le déboisement qui a éclairci le bois, nous offre désormais des trouées qui nous permettent d’admirer à gauche une vue globale du massif que nous allons contourner.
Direction Puyloubier, sur la route touristique bordée de vignobles. Elle est déserte à cette période de l’année. On refait le plein d’eau au lavoir du village, car ensuite il n’y aura plus de robinet jusqu’à Meyrargues. Nous sommes sur les lieux historiques d’une terrible bataille opposant les hordes teutonnes qui voulaient envahir Rome et les légions romaines de Marius qui les ont stoppées ici, en l’an 102 avant JC. Nous, personne ne va nous stopper dans la belle montée sur la piste qui mène à la route du col des Portes. On roule dans le caillou avec quelques petits raidards qu’il faudra passer.
Après avoir franchi les Portes, nous attaquons la piste qui nous présente le versant nord du massif avec son point culminant le pic des Mouches. Cézanne ne l’a jamais peint, mais un autre peintre célèbre : Picasso qui a vécu ici dans son château de Vauvenargues. Nous sommes sur les terres du marquis de Vauvenargues un ami de Voltaire dont les “Réflexions et Maximes” sont très célèbres. C’est en haut du rocher baptisé “la tête du Marquis” que nous ferons notre pause pique-nique, après avoir emprunté la combe du vallon des Masques et la piste de transhumance de la carraire des arlésiens.
Moment de partage et de convivialité, en haut de ce promontoire qui nous offre une vue dégagée jusqu’au plateau de Vitrolles. En bas de la descente, crevaison encore, le groupe se scinde en 2 … le 60 km va tout droit et le 80 partira sur les larges pistes roulantes vers Meyrargues. Petit single et crevaison encore avant de retrouver un chemin le long de la voie ferrée.
La dernière montée, pour rejoindre la piste du Pas de l’Étroit, sera difficile : le D+ commence à se faire sentir dans les muscles. Le passage de l’Étroit est un endroit surprenant, on débouche ensuite à l’entrée du village de Meyrargues et on découvre les vestiges d’un aqueduc romain. Le robinet du cimetière nous permettra de remplir les bidons qui étaient bien vides.
Retour vers Aix le long de la voie ferrée du TER qui monte d’Aix centre ville à Briançon via Meyragues. On traverse les Pinchinats, et ses paysages agricoles non loin de Venelles, pour entrer dans Aix par le nord. Un petit circuit dans la ville cathédrale Saint-Sauveur, place de la Mairie, cours Mirabeau, place des prêcheurs, … comme pour prouver que nos vélos passent partout, et on arrive enfin à la cave à bière “Le bière Paul Jack”, un haut lieu de la bière à Aix … Stéphane nous accueille, et sa pompe à bière mettra un long moment avant d’étancher la soif des nombreux cyclistes, heureux de ce périple en pays d’Aix.
On se congratule, on répond aux interviews de Jérôme de Radio Cyclo, venu découvrir ce qu’est une rando gravel. On se promet de venir bientôt au “Grand Panorama” organisé par Dan de Rosilles et Arles Gravel et à la “Maures Gravel” organisée par Laurent Biger et Maures Gravel sans oublier en juin la “Dirt’Issanka” d’été de OMG, organisée par Jean-Yves à Montpellier.
J’ajouterais à cette belle journée une pensée à l’attention de mon ami Jean-Denis Gely qui collaborait au magazine le Cycle. C’est lui qui m’a guidé sur la piste du gravel. Il nous a quitté trop tôt, et je suis persuadé que son esprit flottait parmi nous pendant cette belle journée de gravel.
La vidéo
Remerciements
C’est grâce à Dan (Arles gravel), qui anime le mouvement gravel dans notre région, que cet événement a pris cette dimension. Dan nous stimule, nous dynamise, … il a encore joué aujourd’hui le rôle important du serre-file ne laissant personne à l’abandon sur le chemin. C’est grâce à AJP Cycles le magasin de vélos de David Metge, qui nous a offert en partie cette pause finale à la cave à bières Le bière Paul Jack. C’est grâce à mon copain Philippe, qui a été le guide et le complice de mes découvertes, que nous avons pu offrir un tracé “So Gravel”. Merci également à Luc Royer, qui m’a envoyé de superbes photos. Cet organisateur hors pair de Chilkoot a été ravi par notre modeste organisation, et venant de sa part ses compliments m’ont fait énormément plaisir. C’est enfin grâce à la bonne humeur et la solidarité de tous que cette journée a été une réussite.
Infos détails et parcours dispos sur cette page.
Ca avait l’air chouette cet événement, bravo.
Je suis intéressé par la trace mais la page liée est vide, pourriez-vous partager votre itinéraire ?
Merci !