J’ai lu et entendu ça et là de nombreuses critiques à propos du Roc d’Azur … La grosse machine ASO fait grincer des dent certains professionnels qui n’y viennent plus, et d’autres qui pourtant sont bien heureux d’y être, pour venir “draguer” quelques clients. Certains nostalgiques ont peut-être connu l’époque pionnière d’un ROC, qui a accompagné le développement du VTT en France. La photo des cyclistes, membres du “canal historique”, au départ de la première édition, est souvent exhumée sur les sites et les blogs pour illustrer ce qu’était le “bon vieux temps”. On peut comprendre cette nostalgie du passé, mais il faut faire avec son temps et s’adapter à notre époque en pleine mutation. N’étant pas pour ma part un ancien combattant du VTT, je savoure ce moment passé sur la base nature François Léotard au milieu de cette foule de passionnés.
Le Roc est une fête
Personnellement je suis beaucoup moins critique vis-à-vis de ce Roc et chaque année, je goute avec plaisir les rencontres que je peux y faire, et je me trempe dans son ambiance sans arrière pensée. Je vous l’avoue sans honte : j’aime le Roc et sa popularité. Apparement, vu le nombre de visiteurs et de participants qui viennent ici à Fréjus : je ne suis pas le seul à aimer ce rendez-vous de fin de saison. J’y vois avant tout une “fête du vélo”, certes mercantile, mais également festive et heureuse. Le public l’a compris, mais pour certains, qui évoluent dans le monde du vélo c’est moins évident.
Moi aussi j’aime les événements intimistes éco-responsables, entre potes, sans chi-chi, sans dossard, gratuits, … que l’on trouve d’ailleurs souvent dans notre pratique naissante du gravel. Mais il faut admettre que le ROC stimule le marché du vélo et que cet événement côté “salon” est venu supplanter les anciens salons vitrines qui agonisent tués par Internet. C’est bien plus fun de venir voir et essayer les nouveaux vélos dans les allées colorées et ensoleillées du Roc, que de s’enfermer dans les hangars de Paris ou de Friedrichshafen. L’entrée du Roc est gratuite, ce qui pas le cas partout. Je retrouve dans l’évolution des épreuves du Roc, ce que j’ai connu dans le trail running lorsque l’UTMB a démarré, ou encore (et c’est plus vieux dans ma mémoire), la ligne de départ du premier marathon de Paris. Ces événements sont devenus mythiques et le Roc, qu’on le veuille ou non, fait partie de ces rendez-vous sportifs incontournables..
Faire vivre le vélo
Depuis 36 éditions le Roc accompagne l’évolution du vélo et j’ai apprécié l’accueil qui a été fait au gravel comme et au triathlon. Au Roc on ne parle pas que de VTT. Les marques l’ont compris et présentent leur gamme route et loisir à côté des machines pour le tout terrain. Il reste sans doute à améliorer le côté éco-responsable de cet événement qui effectivement affiche une emprunte carbone importante. Cette année par exemple il y n’y avait plus de papier et une appli mobile permettait de suivre l’événement et d’afficher l’implantation des zones.
Pour le gravel, l’épreuve reine et sportive de la Mavic Gravel Roc a attiré quelques champions et Cédric Dubois qui l’a remporté a apprécié ce parcours qui cette année était plus roulant que les années précédentes. Nous en parlerons dans un prochain article. Le Roc a été le premier événement cycliste majeur à inscrire une épreuve gravel à son programme. Depuis bon nombre d’épreuves françaises ont suivi le même chemin. Le Roc sert également à promouvoir de nouvelles disciplines. L’an dernier une épreuve de Bikepacking a connu un certain succès qui a été renouvelé cette année, d’après ce que j’ai su.
N’ayons pas honte du développement du marché du vélo et du chiffre d’affaires que cela représente, car il fait vivre une économie que nous avions abandonné après en avoir été les leaders. Bien sûr on aimerait que les dossards et le prix des stands soient moins chers, mais voilà nous vivons dans un monde où tout coûte plus ou moins cher dans la mesure où en face il y a du service et des dépenses pour faire fonctionner cet énorme événement.
Rendez-vous l’année prochaine et en attendant allez rouler avec des potes via des clubs Strava ou avec votre club qui vous prendra 1 € symbolique en vous offrant quand même une boisson et un sandwich. Il y a une place pour tout le monde, du moment qu’on prend plaisir à faire du vélo. D’ailleurs sur Bike Café, blog indépendant et non sponsorisé, on ne fait pas de différence, on parle également de petites organisations, mais on aime aussi le Roc qui fait vivre le vélo …
C’est une erreur que de croire que tout passer en digital soit plus “écolo” que de diffuser du papier. C’est surtout moins cher à l’usage, donc pour ASO, mais l’électricité liée au digital est énorme, ainsi que la production des terminaux. Voir par exemple : La surconsommation numérique contribue énormément au dérèglement climatique. dans Isabelle et le vélo, 8 octobre 2018.
Ce qui serait vraiment “écolo”, je crois, ce serait d’inciter les gens à ne pas venir en auto ; trains et tarifs négociés, prix réduit pour ceux “n’ayant pas besoin d’un emplacement de parking”, avantage sur présentation de la monture (?) etc. Une marge de progrès peut également être trouvée dans la vaisselle consignée et l’approvisionnement en proximité …