Crosshill 5.0, le gravier lui va si bien, photo Hugues Grenon
Une marque qui s’appelle Lapierre se devait de proposer un modèle gravel dans l’air du temps, même si « gravel » est plutôt synonyme de gravier que de pierre. Le Crosshill, apparu dans la gamme en 2016 a été revu de fond en comble par rapport aux générations précédentes. Les équipes ont travaillé sur un modèle décliné en trois propositions : Crosshill 2.0, 3.0 et 5.0. Le nom « Crosshill », que l’on pourrait traduire par « traverser les collines », présente d’emblée le programme du vélo : permettre de passer de la route aux collines, via les chemins de traverse mais également de partir à l’aventure sur plusieurs jours.
Nous avons eu l’occasion de tester le modèle Crosshill 5.0, constituant le sommet de la gamme. « Nous » car le vélo est passé entre les cuissards de plusieurs personnes. Nous aurons donc l’occasion de vous faire part des remarques et avis de celles-ci.
Présentation.
Les caractéristiques
Tout d’abord, les deux chiffres 5 et 0 traduisent le système de codification Lapierre de ses différentes gammes, quelque soit le segment. Le premier chiffre « 5 », représente le niveau de groupe sur le vélo, ici GRX. Plus le numéro est élevé plus le vélo est équipé d’un groupe haut de gamme. Le second chiffre « 0 » traduit le fait que le vélo est musculaire et sans assistance électrique.
L’aluminium a débarqué en force dans le segment du vélo de gravel. Il permet de réaliser des vélos performants, assez légers et plutôt « abordables » financièrement sans pour autant sacrifier au confort en jouant, entre autres, sur la géométrie, les roues, les pneus et les qualités et formes des tubes.
Le Crosshill est constitué d’un alliage d’aluminium Suprême 5, à épaisseur variable selon les tubes et endroits sur les tubes. Il a été créé et développé par Lapierre en partenariat avec les spécialistes de l’industrie de ce métal. Cet alliage, et cette conception multi-épaisseurs, sont choisis pour apporter rigidité, solidité et dynamisme. Le cadre passe d’ailleurs les normes ISO appliquées au VTT.
Nous verrons dans la partie test si c’est le cas, mais, d’ores et déjà, je peux dire que les tubes sont très « travaillés » et de forme vraiment spécifique selon l’endroit où il se situe.
Le top tube est de section triangulaire « arrondie ».
Le tube diagonal est « travaillé » sur toute sa longueur avec le logo Lapierre rapporté avec un peu de matière donnant une impression 3D très réussie et discrète puisque la couleur est uniforme sur tout le cadre.
Les bases sont cintrées et à section variable.
Les haubans sont assez fins et reliés par un pontet discret et esthétique.
Les soudures sont légèrement polies ce qui confère une impression de qualité et apporte un plus esthétique indéniable par rapport à des soudures alu non polies, souvent un peu grossières.
La fourche est en carbone pivot alu, et munie d’inserts sur chaque bras. L’insert pour garde-boue est percée en partie haute pour fixer au choix un éclairage ou des garde-boues. Les gaines de freins passent à l’intérieur.
Les inserts sur la fourche sont complétés par de multiples points de fixation sur le cadre : 3 sur le tube diagonal, 2 en dessous, 2 sur le tube de selle, 2 sur le top-tube.
La tige de selle est en diamètre 27,2 mm. Le boitier de pédalier est en standard fileté BSA, parfait pour l’entretien et la longévité.
La câblerie passe en interne. Cela devient la tendance sur cette gamme de vélo, pour des raisons esthétiques surtout. Les gaines ressortent sous le boîtier de pédalier pour parcourir les bases jusqu’aux freins et dérailleur arrière.
Le 5.0 est équipé le groupe GRX 600 en 2×11 vitesses. Pédalier subcompact 46/30 et cassette 11/34, une transmission fiable et adaptée, qui devient désormais classique pour ce type de programme « baroud » et pour ce budget. Pas de mono-plateau au menu pour l’instant sur la gamme, contrairement au prédécesseur.
Disques de 160 mm avant et arrière.
Les roues sont composées de jantes en 700 mm Mavic XC621 32 trous compatibles tubeless, moyeux “maison”, avec axes traversants de 12 mm, désormais standards sur ce segment. Serrage rapide à levier à l’arrière uniquement avec une option « surprise » sur le levier que nous découvrirons plus tard. Largeur interne de la jante de 21 mm.
Le vélo a été livré avec des WTB Riddler en 37 mm montés en tubeless, mais il est possible de monter jusqu’à du 45 mm en 700 (40 mm avec garde-boue) et 50 mm en 650 (47 mm avec garde-boue).
Cintre maison avec un flare (évasement) de 16°, et une section aplatie sur le haut s’arrondissant vers la potence pour pouvoir fixer des accessoires.
Guidoline maison et selle par Selle Royal.
Une tige de selle télescopique, actionnée par câble et cartouche interne vient compléter cet ensemble, avec une commande ergonomique au niveau du bas du cintre.
Des repères bien pratiques viennent marquer la hauteur de selle.
Le poids est de 11,3 kg, sans surprise, vu les équipements le budget et le programme assigné.
En parlant budget, le prix est de 1999,00 € TTC ce qui le place dans la moyenne de sa catégorie.
La géométrie
La géométrie a été complètement revue par rapport au millésime précédent. Exit les tubes arrondis et courbés, place aux lignes droites et à un cadre plus compact. La nouvelle géométrie se veut plus ludique tout en étant rassurante et confortable dans un esprit aventure et voyage.
Le Crosshill est disponible en 5 tailles du XS au XL.
Le reach et le stack deviennent les premières valeurs de références des vélos. Ils sont révélateurs de la géométrie de celui-ci, du programme assigné et de son futur comportement.
Tous les deux sont courts, voire très courts par rapport à la moyenne de la catégorie et quelles que soient les tailles. En rapport, le top tube et le tube de selles sont courts également. Une potence assez longue (100 mm en taille S essayé ici) compense l’ensemble. La douille de direction haute renforce la recherche de confort souhaitée par Lapierre.
Le vélo apparaît donc logiquement très compact. Et ça se voit visuellement au premier coup d’œil.
L’angle de direction à 73° est dans la moyenne et laisse présager un train avant rassurant. Les bases sont plutôt longues : mesurées à 435 mm, assurant certainement une bonne stabilité.
Votre taille sera à valider avec Lapierre ou avec votre vélociste.
Pour ma part, j’ai suivi les conseils du tableau ci-dessus, en me fiant à mes cotes. J’étais plutôt bien positionné sur le vélo. Mais je me sentais un peu « ramassé » au tout début. La potence longue de 100 mm a compensé quelque peu cette sensation qui s’est vite estompée. Je pense que j’étais entre deux tailles et la taille au-dessus aurait pu aussi bien me convenir en modifiant la potence pour une plus courte. À réfléchir au moment de votre choix.
L’esthétique
Un critère évidemment toujours subjectif, mais tout de même, d’après les personnes l’ayant eu en main ou juste vu, les réactions ont été très positives sur l’impression générale dégagée par ce Crosshill jugé « classe et qualitatif ».
Les détails de finition au niveau des soudures, la qualité de la peinture « sable » et l’harmonie des couleurs cadre clair / fourche foncée ont fait mouche. Les motifs en forme de courbes de niveaux sur la fourche ont plu également. Ce type de motif est, il est vrai, très en vogue et on commence à les retrouver sur beaucoup de gravel désormais.
Le logo « 3D » LAPIERRE en surimpression sur le tube diagonal n’a pas laissé indifférent et sa discrétion induite par la couleur identique sur tout le cadre non plus.
Les pneus à flancs beiges clôture ce chapitre des louanges esthétiques.
Les différentes mentions peintes à différents endroits apportent un peu d’originalité tout en restant discrètes et c’est tant mieux.
Sans surprise, les réactions ont été mitigées sur la compacité du cadre, qui plus est sur une taille S, petite donc. Cette impression ne serait pas la même sur une plus grande taille certainement.
Petite touche finale originale, le levier de l’axe rapide arrière qui fait office de décapsuleur.
Sur le terrain
Le test a été réalisé sur environ 400 km et le Crosshill a pu être roulé par Séverine et moi-même, des personnes d’expérience « gravel » différentes. Séverine, sportive émérite et pratiquante cycliste (VTT, route, triathlon, voyage à vélo) a découvert le gravel depuis peu et commence à y prendre goût voire y a pris goût tout de suite !
Voici ses impressions :
« Au niveau de l’esthétique général, le vélo est discret, sobre et sans fioritures. Des courbes de niveau dessinées sur la fourche apportent une touche d’originalité. Le détail génial : le décapsuleur sur l’axe arrière ! Les inserts sont nombreux et permettent d’équiper le vélo comme bon nous semble et il sera parfait pour partir en voyage.
J’ai trouvé le cadre petit visuellement même s’il était à ma taille. Et au roulage il m’a donné une impression d’être « près du sol ». C’est un vélo idéal pour nos chemins roulants sarthois. La tige de selle télescopique est un plus pour passer les passages techniques, mais je ne l’ai pas utilisée, les terrains par chez nous n’étant pas très engagés.
Le comportement du vélo est très agréable, aussi bien sur route que sur chemin. Il permet de passer de l’une à l’autre en toute sécurité.
Les pneus sont adaptés pour les deux terrains de jeu et font preuve d’une belle accroche sur le sec.
Le double plateau permet d’enrouler du braquet sur l’asphalte.
Un point fort incontestable est la forme ergonomique du cintre qui apporte un excellent confort, encore augmenté par l’excellente guidoline, très agréable au toucher.
Les freins à disque sont efficaces et réactifs ».
Pour conclure, Séverine a vraiment pris du plaisir à rouler sur ce Crosshill.
Mon retour sur ce gravel Lapierre.
Le design
Esthétiquement, le vélo est à mes yeux réussi mais ce point reste subjectif comme dit plus haut. Le design et la couleur sont plutôt dans l’air du temps et « consensuels » et devraient plaire au plus grand nombre. Les différents tubes sont vraiment très « travaillés » et les soudures légèrement polies renforcent cette impression qualitative d’ensemble.
Venant du VTT, la ligne compacte et sloping ne me choque pas plus que cela, mais ça pourrait en interpeller certains comme dit plus haut.
Le comportement du vélo.
Le vélo est très stable et confortable ce qui n’est pas une surprise vu la géométrie décrite. Le sloping et l’angle de direction font que le vélo est maniable et réactif de l’avant permettant ainsi de bien enrouler les singles et pifs pafs, malgré une potence longue qui pourrait obérer la réactivité. Mais ce n’est pas le cas ici. Le Crosshill est joueur mais rassurant. J’ai pu réaliser mes parcours typés VTT avec beaucoup de plaisir et sécurité.
Le cintre était un peu bas par rapport à mes cotes habituelles ce qui a impacté quelque peu le confort global. Il était réglé au maximum en hauteur. Le pivot de fourche est coupé assez court et seuls deux spacers permettent d’adapter la hauteur de 1 cm ce qui laisse peu de place à un réglage plus fin. Deux centimètres en plus et quelques spacers supplémentaires permettraient plus de souplesse niveau réglage.
Le poids de 11,3 kgs n’est pour moi pas handicapant sur ce type de vélo et la pratique « baroude » à laquelle il est assignée. Lapierre a joué la sécurité sur la solidité et la fiabilité des tubes et du train roulant. D’autant que les relances et le rendement sont très bons. Garder une certaine vitesse une fois lancée est chose plutôt aisée pour le Crosshill 5.0.
Le train roulant Mavic est de bonne qualité et solide avec ses 32 rayons.
Personnellement, j’aurais préféré des pneus plus larges sur le montage initial. Les mêmes WTB Riddler mais en 45 mm pour apporter encore plus de confort. Ce dernier est déjà d’excellent niveau grâce au montage tubeless et 37 mm est une section somme toute logique pour les objectifs et le public auxquels sont destinés ce vélo.
La motricité est d’ailleurs très bonne. Certes, les pneus et l’état du terrain y font pour beaucoup, mais la géométrie et le comportement du vélo aussi.
Ce Crosshill est donc très sain et agréable à rouler.
L’équipement et les périphériques
Le groupe GRX 2×11 n’est plus à présenter, étant devenu un bestseller justifié sur ce type de vélo. Sa plage d’utilisation est large et ses ratios permettent de rouler tous les types de trips et passer les bosses ou raidards, même chargé. Je suis cependant plus adepte du mono plateau qui aurait sa place sur ce type de vélo tendant vers la simplicité d’utilisation et d’entretien. Mais cela reste personnel.
Les roues sont de bonne facture et vous emmèneront loin et permettront de charger le vélo sans arrière-pensée. Le tubeless est un plus dont on aura du mal à se passer désormais. La largeur des jantes aurait pu être un peu plus accueillante en cas de monte supérieure en 45 mm afin d’avoir un ballon plus « rond ».
Le cintre est un pur bonheur. En partie haute, la prise en main est excellente grâce à une forme plate sur le dessus parfaitement ergonomique. Et il s’arrondit sur le milieu pour pouvoir fixer facilement vos accessoires. Le flare de 16° est pour moi parfait même si la tendance serait à l’augmenter encore un peu. On friserait le sans-faute si la hauteur du cintre était un poil moins élevé. La guidoline est excellente. Un touché agréable et une accroche phénoménale. Son épaisseur est dans la moyenne et apporte un certain confort supplémentaire.
La selle reste un point personnel donc je ne ferais pas de commentaires particuliers sur celle-ci.
Venons-en à l’originalité de ce Crosshill, pas le décapsuleur du serrage arrière, ça on adhère sans souci !
Mais la tige de selle télescopique pour laquelle les avis seront partagés.
La proposition est louable et originale. La tige de selle télescopique a été une des évolutions majeures en VTT il y a quelques années apportant sécurité de pilotage dans les passages délicats et techniques. Alors pourquoi pas en gravel ?
Elle pourra effectivement aider en gravel sur des passages engagés ou très engagés ou pour les personnes vraiment pas à l’aise techniquement. Dans ces deux cas ce sera un plus.
La géométrie du Crosshill est certes un peu typée VTT, mais de là à l’emmener dans de l’engagé il y a un pas à franchir. Qui plus est avec des pneus de 37 mm adapté à des chemins pas trop chaotiques ou cassants. Pour ma part je ne l’ai pas utilisée du tout même si j’ai effectué mes parcours VTT, y compris des passages plus engagés.
Autre point, la tige télescopique pourrait gêner pour positionner une sacoche arrière type bikepacking même s’il existe des adaptateurs parfois sur certaines sacoches. Et sa taille serait limitée sans quoi elle toucherait le pneu arrière en baissant la selle. Il faudra alors s’orienter vers une solution porte-bagage plutôt.
A noter que l’ergonomie de la commande et son fonctionnement sont remarquables. La commande est idéalement placée et le fonctionnement très aisé et moelleux.
Pour conclure sur ce point, la proposer en option me semblerait une très bonne chose pour les personnes intéressées ou moins à l’aise techniquement, mais ne pas l’imposer d’origine serait préférable. Cela engendre un surcoût tant sur le prix du vélo que sur l’entretien ultérieur. Et en baroudes et voyages, moins est souvent mieux, en terme de fiabilité et de soucis techniques à solutionner parfois.
Justement, en ce qui concerne les possibilités et capacité de chargement pour la baroude, c’est parfait ! Les multiples inserts sont judicieusement positionnés et tout y est pour s’adapter à vos besoins et envies.
Les autres déclinaisons
Deux autres déclinaisons très intéressantes viennent compléter la gamme Crosshill. Le cadre et la fourche sont les mêmes sur les trois modèles mais les équipements et caractéristiques diffèrent.
Le Crosshill 2.0
Affiché à 1199 € TTC, il sera vraiment parfait pour ceux qui ont un budget plus limité, pour un premier achat ou pour qui cherche de la simplicité. Equipement en Sora 2×9 V avec pédalier Subcompact 46/30 et cassette 11/34 ce qui permettra également de passer tous les parcours sans encombre. Freins mécaniques pour ce tarif. Roues identiques au 5.0. Poids de 11,2 kgs. Une belle proposition.
Crosshill 3.0
Le commuter ! Transmission subcompact également en Tiagra 2×10 V. Garde-boue et porte-bagage arrière. Couleur bronze/or du plus bel effet. Poids de 12 kgs. Prix : 1599 € TTC.
Conclusion
Lapierre a vraiment remis son Crosshill au goût du jour. Ce gravel est très réussi et ravira les adeptes de longues baroudes mais aussi de sorties plus courtes et rythmées dans un confort pullman.
Les retours des personnes l’ayant vu ou essayé sont positifs tant en terme de qualité perçue et d’esthétisme que de comportement sain et confortable.
Pour ma part je le trouve réussi. Il conviendra de bien valider sa taille et sa position quitte à adapter la longueur de la potence mais c’est monnaie courante lors du choix de son vélo. Vous pourrez également l’adapter à vos envies et besoin en le montant en pneus plus larges pour lui donner une dimension de confort encore plus prononcée sans trop perdre en rendement.
Deux points à améliorer selon moi : la hauteur de réglage du cintre en laissant plus de longueur de pivot de fourche disponible et la possibilité de prendre en option la tige de selle télescopique sans l’imposer d’origine.
Enfin, une version monoplateau pourrait séduire certains adeptes de cette transmission.
Plus d’informations sur la gamme gravel de Lapierre ici
Bjr
la référencé de tes bidons alu je n en trouve pas
cdlt