En tant qu’envoyé spécial de Bike Café, j’ai été convié à la deuxième édition du “Gravel Camp Experience” organisé par Q36.5, une marque de vêtements de cyclisme installée dans les Dolomites Italiennes. À cette occasion, Q36.5 proposait à une petite dizaine de journalistes européens trois jours de gravel intensif, à la découverte du Tyrol du Sud et des produits de leur collection automne/hiver 2021.
Ayant déjà testé et apprécié plusieurs produits Q36.5, comme leurs mitaines Unique Gloves et plusieurs pièces de leur gamme “Adventure”, j’étais très curieux de rencontrer “In Real Life” et sur son propre terrain de jeu l’équipe qui produit ces vêtements haut-de-gamme. J’ai donc fait le déplacement pour gravir des montagnes et vivre plus vite et plus haut l’expérience gravel Q36.5.
It’s a long way to Bozen
C’est donc après huit-cent kilomètres et onze heures de voiture (une fois n’est pas coutume), que votre rédacteur préféré a atteint Bozen (Bolzano en italien), dans cette région fort reculée et très exotique pour un Arlésien qu’est le Trentin-Haut-Adige, dans le Tyrol du Sud. Ici, figurez-vous, on est en Italie… mais tout le monde parle allemand ! Ce versant méridional des Pré-alpes faisait partie de l’Autriche il y a encore un siècle, et il en est resté des spécialités culinaires (comme les fameux knödel), une architecture typique et la langue germanique. Heureusement, toute l’équipe de Q36.5 et les autres journalistes invités ont fait l’effort d’échanger en anglais pendant ce gravel camp ; je les en remercie chaudement !
Luigi Bergamo, le visionnaire attentif et créatif
Q36.5 est, dans le marché ultra-concurrentiel du vêtement de vélo en Italie, une nouvelle marque créée par Luigi Bergamo, un esthète féru de cyclisme et de technologie. Cet homme d’affaire visionnaire, novateur et perfectionniste, a rassemblé autour de lui une équipe jeune et dynamique constituée de créatifs et de commerciaux tous très impliqués et cyclistes de haut niveau. À n’en pas douter, Luigi Bergamo a la ferme intention de faire de Q36.5 une marque d’excellence. Je l’interroge sur la raison qui l’a amené à penser des vêtements pour le gravel. “Chez Q36.5 on s’intéresse à toutes les formes de cyclisme et toutes les tendances, et le gravel s’est désormais fait une vraie place dans le monde du cyclisme” dit-il. “Nos vêtements sont extrêmement confortables, techniques et solides, ils peuvent être utilisés aussi bien sur route que sur les pistes”. Je ne peux que valider cette affirmation, la polyvalence des vêtements Q36.5 que j’utilise déjà me permet de le confirmer.
Des nouveautés haut-de-gamme
Lors de la visite du show-room de Q36.5, en périphérie de Bozen, je constate mi-amusé, mi-impressionné l’excellente cohésion qui règne dans l’équipe. Le staff fait montre d’une grande admiration et d’un grand respect envers le “boss”, mais celui-ci a su aussi créer une relation cordiale et complice avec ses assistants, subtil équilibre que l’on peut observer dans les équipes qui entourent un grand couturier ou un artiste réputé. Tout le monde est très investi, mais sans esbroufe. On va à l’essentiel, les vêtements qui nous sont présentés, tous mûrement conçus et exclusivement fabriqués en Italie, sont là pour le prouver : il s’en dégage une aura de sérieux, de qualité et d’originalité.
Outre quelques prototypes qui annoncent le printemps 2022 (mais dont je ne peux encore parler car ils sont sous embargo – nous y reviendrons, j’espère, dans quelques mois), nous pouvons admirer les nouvelles productions de la marque, orientées “Adventure” (traduisez : gravel / VTT / bikepacking) et automne/hiver bien sûr : les chaussures haut-de-gamme Unique Adventure Shoes, la très chaude et technique veste à double panneau avant Interval termica, et bien sur la déclinaison de gilets, baselayers, jerseys et cuissards présentés sur les portants qui tous donnent très envie d’être touchés, essayés et utilisés sur les pistes pentues des Dolomites.
Un kit sur mesure
Ça tombe bien, ces trois jours de gravel intensif ont été l’occasion d’éprouver la qualité des vêtements Q36.5 sur des parcours très exigeants. Encadrés par des cyclistes de très haut niveau (Mario Kummer, cinq Tours de France, quatre Tours d’Italie et quatre Tours d’Espagne, ancien directeur sportif de Telekom et Astana ; Ivan Santaromita vice-champion d’Italie 2010 ; Elena Valentini multiple championne de cyclo-cross), j’ai pu choisir et tester la tenue correspondant à ma pratique et au contexte dans lequel je roule. J’ai donc opté pour une panoplie adaptée à l’automne-hiver dans le sud de la France, une région tempérée mais avec de forts différentiels de température du matin au soir, pour des efforts intensifs sur de longues distances, sur route et en gravel.
J’ai donc composé la tenue suivante :
- En haut, le sous-vêtement Baselayer 2 à manches courtes, recouvert par le jersey WoolF et le gilet isolant Adventure, cette tenue à manches courtes étant complétée par les manchettes Sun&Air en cas de chair de poule et la veste R Shell Protection X comme coupe-vent.
- En bas, le cuissard Gregarius Cargo Adventure et les chaussettes Isolantes Adventure ont complété ma tenue.
Un test grandeur nature
Dans le cadre pittoresque qui nous a servi de terrain de jeu, j’ai pu valider l’excellente versatilité de ma tenue, aussi efficace à 25°C dans la vallée qu’à 8° en haut des cols. Au plus près du corps, le Baselayer 2 a très vite séché dans les descentes qui ont suivi des montées où j’ai pourtant dû puiser dans mes ultimes réserves pour tenir la cadence infernale imposée par nos guides et les autres journalistes présents, pour certains anciens coureurs pro. Lors de la pause de demi-journée en extérieur le deuxième jour, j’ai gardé le baselayer sous le gilet et la veste coupe-vent pendant que je faisais sécher le jersey sur un poteau en bois. Cela m’a permis de ne pas avoir froid et de repartir avec un baselayer et un jersey parfaitement secs.
Lors de la pause de midi le troisième jour dans un restaurant de montagne, je n’ai gardé que le baselayer sur le dos de façon à ce qu’il sèche plus vite, cette stratégie m’a permis de repartir sur ce plateau à deux-mille mètres d’altitude juste après le déjeuner, en descente, sans avoir froid. En combinant le baselayer, le jersey, le gilet et la veste coupe-vent, j’ai bénéficié d’une tenue complète d’hiver (du moins l’hiver tel que je le pratique dans le sud de la France), en jouant sur les superpositions / soustractions de couches en fonction de la température, de l’altitude, de la vitesse et de l’intensité.
Il est à noter qu’outre leur versatilité et leur complémentarité, les vêtements Q36.5 sont extrêmement légers et compacts, j’ai donc pu rouler durant ces trois jours en transportant l’intégralité de la panoplie avec moi, veste, gilet et manchettes rangés dans les poches arrières du jersey entre deux descentes, ou dans une mini sacoche de selle lorsque je ne les utilisais pas. Le gilet dispose même d’une poche de compression en filet intégrée à l’intérieur du col, qui permet de le réduire à la taille d’une grosse pomme.
La plupart du temps, j’ai roulé seulement avec le baselayer et le jersey. Dans les montées par exemple, j’ai roulé jersey à demi ou complètement ouvert, ne le refermant que pour le plat et les pistes de gravel vallonnées en forêt. Malgré sa finesse, ce jersey, combiné au baselayer, est étonnamment isolant. Je prends conscience de l’effort de recherche et développement qui a été consacré à l’étude de la combinaison des textiles entre eux. Souci du détail et précision technique sont les mots-clé qui caractérisent définitivement cette ligne “Adventure” développée par Q36.5. Nos guides, qui connaissent parfaitement le parcours et les qualités intrinsèques de chaque vêtement, on d’ailleurs participé activement à ce test en nous conseillant différentes combinaisons de couches en fonction de l’heure, de l’altitude, et de la spécificité du parcours.
Le cuissard Gregarius Cargo Adventure lui aussi a tenu son rang. Les poches extérieures m’ont permis de fourrer à la hâte les papiers usagés des barres énergétiques que j’ai avalé en cours de route… Vous le savez, je ne suis pas trop sucre, mais le niveau sportif de ce gravel camp m’a tellement sorti de ma zone de confort que j’ai dû négocier avec mon régime habituel. Le chamois de ce cuissard, développé par Elastic Interface® CyTech Italy, s’est révélé très confortable dès la première sortie, alors qu’il était neuf et n’avait donc pas été lavé préalablement. La compression des cuisses est excellente, de généreuses zones réfléchissantes judicieusement disposées garantissent la sécurité lorsqu’on roule de nuit (cette caractéristique est d’ailleurs commune à tous les vêtements Q36.5 que j’ai utilisés).
Seul reproche à faire à cette panoplie, les chaussettes, qui ne m’ont pas convaincu. À l’enfilage, elles se sont étirées démesurément. L’emplacement réservé au talon s’est retrouvé au niveau de ma cheville, alors que du tissu disponible restait à l’avant des orteils. En manipulant les chaussettes, j’ai pu les réajuster, elles ont repris une forme normale autour de mon pied. Mais malgré cette étonnante élasticité, je ne les ai pas trouvées suffisamment ajustées. Peut être aurait-il fallu que je descende à la taille en dessous ? C’est en tout cas un critère à prendre en compte lors d’un achat, en interprétant “vers le bas” le guide des tailles disponible sur le site.
Q36.5, une future marque de référence ?
Mais voici qu’arrive la fin de ce “Q36.5 Gravel Camp Experience”… Trois journées très excitantes et riches d’enseignements, de cyclisme et de convivialité. Je retrouve Luigi Bergamo pour déguster une dernière bière blanche de fermentation haute, non filtrée, lumineuse et trouble : la fameuse Hefeweizen Bier du Trentin-Haut-Adige. Je lui fait remarquer que Q36.5 prend de l’ampleur et je m’étonne qu’il n’y ait pas encore de magasins ouverts dans des grandes villes européennes. Il sourit : “On ouvre un magasin à Zurich dans les semaines qui viennent” me dit-il. “La question n’est pas de savoir combien de magasins on va ouvrir, ni où ; mais encore faut-il rencontrer les bonnes personnes”.
Je comprends que Luigi Bergamo est un stratège qui veut aller loin mais en construisant sur des bases solides. Son entreprise est à l’image de ses vêtements, pertinente et inattaquable. En très peu de temps, la marque Q36.5 a réussi à créer des produits avec des qualités que l’on retrouve chez seulement quatre ou cinq marques de référence dans le vêtement de cyclisme : Une parfaite coordination des matières et des couleurs, une totale transversalité des collections, où l’on peut puiser indifféremment pour composer une panoplie adaptée à n’importe quel cycliste et à n’importe quelle pratique, et enfin des coupes inclusives et des tissus évolutifs, qui conviennent à toutes les morphologies.
Chez Q36.5, les prix sont élevés. On a affaire à des vêtements très techniques, aux spécificités poids/volume exceptionnels et entièrement fabriqués en Italie. Mais ces vêtements haut-de-gamme se vendent déjà très bien en Europe, aussi en Asie (particulièrement en Corée), ce qui laisse présager une irrésistible ascension de la marque et des perspectives de développement prometteuses. Prochaine étape, les magasins… “encore faut il rencontrer les bonnes personnes” disait Luigi Bergamo. Des candidats ?
Bonjour,
” vêtements très techniques, aux spécificités poids/volume exceptionnels … ” sans doute mais tous semblent de couleur noire, la moins visible par les automobilistes ! Il faudrait réussir à convaincre les fabricants de vêtements d’extérieur que la sécurité des cyclistes est aussi importante que la qualité de leurs vêtements ! Ce ne sont pas quelques bandes réfléchissantes qui seront suffisantes alors qu’un effort pourrait être fait pour améliorer réellement notre sécurité. Ah ! le poids des modes ! Mais les modes sont faites pour changer. Donc attendons.
Loïc
Bonjour Loïc,
Tous les vêtements Q36.5 ne sont pas de couleur noire, loin de là : le brun, l’olive, le bleu et le vert fluo (pour ceux qui aiment les couleurs criardes) sont également représentés dans la palette proposée par cette marque. On voit – j’espère – quelques échantillons des couleurs disponibles sur les photos de l’intérieur du showroom (voir aussi l’image composée en 4 parties des portants); pour ce qui est du groupe de cyclistes, tout le monde est en noir parce que tout le monde a choisi cette couleur !
Effectivement, beaucoup de cyclistes expérimentés qui roulent en hiver pensent, comme moi, que le noir tient plus chaud au moindre rayon de soleil. Je ne peux pas affirmer que c’est pour cela que le petit groupe dont je fais partie sur les photos a choisi quasi unanimement le noir, mais c’est un retour d’expérience courant dans mon entourage.
Pour ce qui est de la visibilité, j’attache plus d’importance, lorsque je roule de nuit ou en lumière atténuée, à l’éclairage sur le vélo (avant et arrière). Et contrairement à ce que vous dites, les bandes réfléchissantes – omniprésentes sous tous les angles sur les vêtements Q36.5, en particulier sur les parties mobiles du corps – sont très efficaces. Je parle de cette caractéristique plus en détail dans l’article que j’avais consacré à l’habillement 4 saisons en m’appuyant déjà sur des vêtements Q36.5 : https://bike-cafe.fr/2021/05/gravel-bikepacking-longue-distance-comment-shabiller-4-saisons/
Enfin, pour ce qui est de la “mode”, j’ai l’impression que les couleurs dominantes du moment sont plutôt flashy : jaune, rose, orange, bleu électrique… en tout cas chez les cyclistes que je croise sur les routes presque chaque jour. En ce qui me concerne, permettez-moi de continuer à privilégier le noir (et le gris), couleurs que je porte aussi très volontiers à la ville.
Merci de nous lire,
Dan
“[La sécurité] du cycliste n’est pas à trouver chez le cycliste” https://www.weelz.fr/fr/gilet-jaune-faut-il-etre-fluo-a-velo/
Chouette article sur une belle marque et surtout une ville et une région que j’adore. Seul petit “hic”, le nom de la ville en allemand est “Bozen” (“Bolzen” signifie lui “boulon” et c’est bien “Bolzano” en italien). Au plaisir !
Merci pour votre lecture attentive Jean-Michel, je corrige immédiatement cette erreur.