En août 2020, j’avais pu vous présenter le Bertin C117. Un Gravel en aluminium que j’avais testé lors de la randonnée More Gravel sur le Ventoux. Pour mémoire, cette marque a été fondée par André Bertin en 1946, lui-même coureur cycliste. Bien plus tard, Bertin deviendra Shimano France, délaissant les cycles Bertin. Finalement, en 2016 Mickaël Bertin relance, en famille, la marque. Pour les dénominations de ses modèles, Mickaël puise directement dans l’historique de Bertin. Ainsi, les vélos de Gravel se voient estampiller des dénominations de la série « Randonneur », notamment pour le C133 testé en 2021. Aujourd’hui, le C134 a la mission de rendre abordable un Gravel fait de carbone. Affiché à 2 099€, le C134 a un tarif aussi agressif que son design. J’ai pu mettre la main sur cet exemplaire de présérie, qui préfigure à 90% le modèle de série qui devrait être disponible autour de février 2023.
Présentation du Bertin C134
C’est donc avec une certaine continuité que le C134 incarne aujourd’hui l’entrée de gamme du Gravel chez Bertin. Assemblé en Europe de l’Est et doté d’un cadre fabriqué en Asie, le fabricant Breton a usé d’ingéniosité pour tenter de trouver le bon compromis prix-prestation.
Le Kit Cadre C134
Tout d’abord, ce cadre est réalisé dans une fibre dite “T800”. Ainsi, le nombre suivant la lettre T(Toray) indique la résistance à la traction en kgf/mm² ou ksi. Par exemple, la fibre T800 a une résistance en traction d’environ 800 ksi. Là-dessus, Bertin propose le C134 en vélo complet à 2099€, que je vais détaillé plus bas, ainsi qu’en kit cadre, vendu 1499€. Proposé en 4 tailles, celui-ci est composé du cadre, de sa fourche, mais aussi de sa tige de selle au profil particulier et propre à ce cadre. Les trois éléments sont fait du même carbone de fibre T800.
Mentionnons qu’une seule couleur est proposée pour le moment, un gris plutôt brillant, que je trouve un peu clinquant mais qui colle bien aux formes agressives du cadre.
Outre cela, la géométrie est bien plus classique que les formes des tubes de ce cadre. Ainsi, les angles et dimensions sont tout à fait dans les standards actuels. J’ai trouvé intéressant les discrets inserts à l’intérieur des haubans et de la fourche destinés à accueillir des garde-boues, bien que je peine à les imaginer sur un cadre au dessin si sportif !
Par ailleurs, ce cadre est conçu pour accueillir un boitier de pédalier fileté au standard BSA. Sur le plan de la facilité d’entretien et de la fiabilité, c’est là une excellente nouvelle.
Là-dessus, j’observe une finition conforme pour un cadre dans cette gamme de prix. Les axes traversants sont de 12×142 mm derrière et 12×100 mm pour la fourche.
Enfin, je constate que le routage des gaines n’est pas très intégré au regard de la tendance actuelle, mais n’en demeure pas moins bien réalisé et fonctionnel. La clearance au cadre et à la fourche permet de belles montes, le 700×40 mm étant ici à son aise !
La transmission du Bertin C134
En tout premier lieu, il me parait évident de rappeler que pour proposer un Gravel en carbone à un tarif agressif, il faut faire preuve d’imagination. Aussi, je constate un mix d’équipements autour de leviers de freins mécaniques et dérailleurs Shimano 105 de la série R7000, tout comme la cassette 11-30. Là-dessus, c’est un gage de fiabilité à toute épreuve et une manière judicieuse de proposer un groupe 2×11 vitesses. Quant au pédalier, c’est un Prowheel Victor au format semi-compact (50-34).
Plus précisément, ce pédalier d’origine chinoise est fait d’aluminium 6061-T6 et possède une classique ligne de chaine de 43.5 mm. En revanche, j’ai constaté un Q-Factor important lors de ma première sortie. Une sensation confirmée par le chiffre de 158 mm (pour exemple, un pédalier route est habituellement plutôt autour de 146 mm). L’association de ce pédalier avec son boitier fileté Prowheel sur la transmission Shimano 105 s’est montrée fiable et d’un fonctionnement onctueux, malgré les conditions météo difficiles de mon essai.
Le freinage du Bertin C134
Quant au freinage, Bertin a équipé le C134 d’étriers hybrides. Ainsi, les plaquettes fonctionnent grâce à un système hydraulique fermé (à l’huile minérale) actionné par une commande par câble. Cela permet d’utiliser des leviers standards sans avoir à investir dans un système hydraulique bien plus couteux. Ici, ce sont donc deux étriers FunnOne PRO5.0 qui viennent pincer des disques 140 mm du même fabricant.
Le résultat est un freinage que j’estime suffisant mais en deçà d’un système hydraulique et finalement à peine mieux qu’un bon système mécanique. Cependant, le réglage s’avère simple et le modèle de série devrait disposer de plaquettes plus efficientes, ainsi que d’un disque de 160 mm à l’avant, ce qui devrait apporter un supplément de mordant non négligeable.
Les roues, pneus et périphériques du Bertin C134
Troisièmement, les roues sont constituées de moyeux NOVATEC (dont la roue libre fonctionne dans un silence impressionnant !) et de cercles DR30 en aluminium de fabrication taiwanaise. Ceux-ci sont étroits (18,5 mm de largeur interne) mais arrivent à loger les pneus CST Tirent en dimension 700×40 mm montés en chambres à air. CST pour Cheng Shin Tire, est un des plus gros fabricants au monde de pneumatiques, distribué dans plus de 150 pays.
Quant aux périphériques, et sans revenir sur la tige de selle spécifique évoquée avec le kit cadre, j’ai trouvé intéressant la présence de la selle Fizik Antares, appréciée par beaucoup d’entre nous ! Concernant la potence, celle-ci devrait revoir sa longueur à la baisse sur le modèle de série, à l’inverse du cintre qui va lui gagner en largeur.
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Le test terrain du Bertin C134
J’ai pu tester ce vélo aussi bien sur routes secondaires que sur les pistes très roulantes du nord de la Meuse. Pour cela, j’ai laissé ce Bertin C134 dans une configuration “chambres à air”.
On the road
Sur la route, le Bertin C134 ne fait pas trop sentir ses 10 kg tout rond. Mieux, son rendement est bon. Toujours sur cet aspect, et spécifiquement sur fortes sollicitations, je peux néanmoins remarquer que ce C134 n’a pas la rigidité latérale de certains vélos Gravel plus exclusifs (et bien moins confortables). Une caractéristique que j’avais déjà remarqué sur le C133. Seuls les chasseurs de KOM s’en plaindront, puisque ce C134 permet déjà une belle aisance routière qui permettra d’entreprendre de solides sorties à bon rythme, et sans être trop exigeant physiquement pour le commun des mortels. Seules ses roues marquent le pas dans les ascensions, où leur dynamisme platonique grève la performance globale du C134. Malgré cela, ce Bertin relance bien, grâce notamment à un boitier de pédalier suffisamment rigide pour transmettre sans trop de déperdition la puissance musculaire.
Off road
Sur les pistes, je vais commencer par évoquer le confort, de très bon niveau. Ce Bertin C134 filtre bien les irrégularités du terrain, grâce à un triangle arrière pas aussi rigide que son aspect sportif pourrait le laisser penser. Une filtration à mettre aussi au crédit des pneus CST Tirent, aux flans très souples. J’ai d’ailleurs bien apprécié leur grip, rassurant même sous la pluie.
Evidemment, la transmission quelque peu “routière” de cet exemplaire de présérie cantonne le C134 à des parcours roulants. Cependant, cela n’empêche pas de prendre déjà du plaisir au guidon de ce vélo.
Le cintre s’avère bien adapté à un usage Gravel, aussi bien que routier. Ce cintre ne comporte pas de flare excessif, ce qui rend la position des mains sur les cocottes naturelle et efficace. La géométrie classique du cadre rend ce Bertin à la fois maniable et stable. Un bon compromis qui prône ainsi la polyvalence et qui conviendra bien aux débutants dans notre pratique.
Pour conclure
En somme, il n’est pas facile pour moi de trouver à redire sur ce C134 proposé à un tarif très agressif de 2099€. Finalement, Bertin propose un Gravel en carbone confortable et suffisamment efficace pour la plupart d’entre nous. Alors oui, le C134 n’est pas parfait, notamment au niveau de certains choix d’équipements. Mais il constitue une base saine pour qui veut investir progressivement au fil des ans, en fonction de son budget, pour personnaliser et améliorer son vélo de Gravel. Une démarche vertueuse voulue par Mickaël Bertin, qui prouve que même dans une période d’inflation généralisée, on peut proposer un vélo agréable et abordable, et ce même en carbone.
Caractéristiques du Bertin C134
- CADRE : CARBON UD T800
- FOURCHE : CARBON UD T800, pivot carbone, axe 12×100 mm
- DÉRAILLEUR ARRIÈRE : Shimano 105 R7000 longue chape
- DÉRAILLEUR AVANT : Shimano 105 R7000
- LEVIERS : Shimano 105 R7000
- PÉDALIER : Prowheel VICTOR-621C-TT 50/34 dents
- BOITIER DE PÉDALIER : fileté, Prowheel PW-BB6
- CHAÎNE : KMC
- ETRIERS DE FREINS : FunnOne PRO5.0 (hydro-mécaniques)
- DISQUES DE FREIN : FunnOne PRO, 140 mm
- TIGE DE SELLE : spécifique au cadre, CARBON UD T800
- JEU DE DIRECTION : semi-intégré, conique
- MOYEU AVANT : NOVATEC, axe 12×100 mm
- MOYEAU ARRIÈRE : NOVATEC, axe 12×142 mm
- RAYONS : en acier
- JANTES : Aluminium DR30, 30mm de hauteur, 22,5mm de largeur externe, 18,5mm de largeur interne
- PNEUS : CST Tirent, 700×40 mm
- POIDS annoncé : vérifié à 10,0 kg (taille 54)
- TAILLES DE CADRE : 47/51/54/56 cm
- Prix public : 2 099,00 €
- Site fabricant : Cycles Bertin – GRAVEL CARBON C134 (cycles-bertin.com)
Oui, pourquoi pas. Mais l’esprit Bertin n’est plus là.
C’est juste un vélo chinois tout monté que l’on retrouve sur internet depuis quelque temps déjà.
J’avais déjà vu ce type de cadre à l’essai sur Youtube, et une petite recherche Google m’a envoyée directement sur AliExpress ou l’on retrouve le vélo complet sous la marque SAVA.
Et en plus, il y a toute une game, ainsi que d’autres couleurs. Ces lignes bizarres au charme “tout relatif” m’avaient interpelé.
Bon, il faut bien que tout monde vive, et puis au moins, il y aura un SAV français, ce qui n’est pas négligeable.
Mais de l’esprit Bertin, il ne reste plus rien.
Proposer un vélo gravel carbone cohérent à 2100 euros (j’ajoute un euro symbolique au prix, car même si la forme du cadre joue sur les angles, j’aime aussi quand les comptes sont ronds ) n’est pas une mince affaire, surtout par les temps qui courent bien moins vite que l’inflation en pure roue libre. Pourquoi ne pas oser des périphériques chinois qui de toute façon , bien choisis ,chez des fabricants sérieux , donnent une entière satisfaction à leurs utilisateurs.
Ils équipent aussi une majorité de grandes marques au potentiel marketing bien plus aiguisé. On est bien loin des prix délirants proposés parfois, et pas toujours justifiés pour une pratique qui réclame à mon humble avis, la simplicité au service de l’efficacité.
Là ! je tire mon chapeau aux options choisies du boitier fileté et du tirage de la commande des freins hydrauliques par câbles avec simple leviers indexés, cela facilitera amplement les coûts d’entretiens et de réparations futures, chose qu’on a tendance à oublier en optant pour des systèmes plus sophistiqués, à moins d’avoir le service SAV qui nous accompagne dans nos évasions ! économie substantielle assurée. Si l’esprit BERTIN est d’avoir voulu donner un beau vélo avec juste ce qu’il faut et à un prix hyper réglo , je dis Monsieur , BRAVO ……( les plus belles dépenses seront toujours celles qui sont physiques ou émotionnelles, et quand un produit est plus accessible, l’envie de passer au gravel devient alors possible). Merci à BIKE CAFE et son rédacteur/testeur pour cette mise en lumière ….
J’ai hâte de voir ce vélo !
Bonjour, pourriez vous me traduire “clearance” et “flare” . Merci
C’est moche, ça freine pas et ça pèse le même poids qu’un alu… Je vois pas bien la plus value là…
J’ai vu la moto en vrai. C’est super pour le prix, merci.