Le Luberon est un massif montagneux installé entre les Alpes-de-Haute-Provence à l’est et le département de Vaucluse à l’ouest. Cette région touristique, riche en petits villages typiques a gardé son authenticité. C’est une destination bénie par les cyclistes qui viennent, souvent de très loin, pour découvrir ses coteaux de vignobles, ses champs de lavande, ses forêts ombragées et son patrimoine. La région vallonée se mérite sportivement en vélo. C’est cette destination que j’ai choisie pour venir me faufiler silencieusement avec le nouveau Trek Domane+ SLR 6, dans un de ses plus beaux joyaux : la forêt des cèdres, qui recouvre à 700 m le sommet du “petit Luberon”. (Texte Patrick Van Den Bossche – photos Philippe Aillaud)
Les Grands reportages sont des commandes passées à l’équipe rédactionnelle de Bike Café par des marques qui souhaitent présenter leurs produits (vélos, équipements, vêtements ou accessoires) dans un contexte original. Ce grand reportage a été réalisé avec le soutien de TREK Bikes.
Vélo et découverte
Le vélo est sans aucun doute le meilleur moyen de découvrir un territoire. C’est celui que je préfère pour me sentir pleinement immergé dans le territoire que je traverse. Sentir le vent, respirer cet air qui me fait partager les odeurs des campagnes, entendre la vie de la nature qui m’entoure sont de vrais privilèges. Le vélo m’offre une autonomie totale et son rayon d’action m’autorise en une seule journée de belles découvertes. J’ajouterais que le vélo est un excellent moyen de faire des rencontres. Arriver en vélo quelque part, attire la sympathie et parfois la curiosité, comme cela a été le cas avec ce Trek Domane+ SLR6, un des VAE les plus racés de sa génération, choisi pour redécouvrir cette partie du Luberon.
Une balade en vélo ça se prépare. C’est d’ailleurs le thème de l’ouvrage “Week-end aventure à vélo” que j’ai co-écrit avec Dan de Rosilles. Dans cet ouvrage, nous avons évoqué l’idée d’une destination à vélo qui naît souvent d’une envie, d’un souvenir, d’une anecdote qui nous a marqué et sur la base de laquelle nous pouvons construire une sorte de scénario.
Lorsqu’on m’a proposé de tester ce superbe vélo électrique – dont tout le monde louait le silence exceptionnel de son moteur – j’ai immédiatement pensé au Luberon et plus particulièrement à la forêt de cèdres. J’y suis venu en 2015 avec mon copain Pierre pour effectuer un petit tour du Luberon. Je découvrais alors, avec gourmandise, le gravel. La route cabossée, interdite aux véhicules motorisés (les VAE faisant exception), montant des Taillades vers Bonnieux, s’ouvrait tout à coup sur cette forêt insolite. Pierre, qui avait fait des recherches, m’avait expliqué que cette forêt a été plantée au 19ème siècle avec des graines venues du Moyen-Atlas algérien. En 1952, un incendie a détruit une grande partie des arbres, sauf les cèdres qui ont résisté et pris la place des arbres brûlés. Depuis l’arbre majestueux a prospéré ici sur 250 ha, à 700 m d’altitude. C’est aujourd’hui la plus grande forêt de cèdres d’Europe.
Ce vélo Trek, que l’on m’a confié, m’a paru être le meilleur compagnon pour revenir ici 8 ans plus tard redécouvrir cette forêt insolite. Ce Domane possède l’avantage d’être silencieux, mais c’est également un vélo d’endurance équipé de pneus de 32 mm qui lui permettront de rouler à l’aise sur les routes parfois rugueuses de la région. Son faible poids – 12,7 kg – en fait un vélo agréable à rouler, même sans assistance lorsque la vitesse dépasse les 25 km/h.
Le parcours
Il fallait offrir à ce vélo de route typé endurance, un parcours à la hauteur des recherches de confort effectuées par Trek sur ce Domane. Lors de cette sortie, je pourrais trouver tous les revêtements : une première partie sur une route de campagne dans la vallée de la Durance, une montée vers la crête du Petit Luberon sur un revêtement défoncé et rempli de nids de poule, une piste routière traversant cette forêt et pour finir une sublime descente dans la combe de Lourmarin sur un macadam parfait. Le menu de ce parcours devrait plaire à ce vélo.
Longer la Durance
La Durance marque la frontière entre les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Pour traverser la Durance en venant d’Aix-en-Provence et atteindre le Luberon il existe 3 ponts : un à Pertuis pour atteindre le Grand Luberon et le Mourre Nègre (altitude 1125 m), un second à Cadenet pour se faufiler dans la Combe de Lourmarin qui sépare Petit et Grand Luberon et enfin le pont de Mallemort qui nous amène au pied du Petit Luberon, coiffé de cette fameuse forêt de cèdres.
Partis de Cadenet, nous sommes passés sur l’autre rive, côté Bouches-du-Rhône, pour rejoindre cette paisible petite route de campagne qui passe derrière l’abbaye de Silvacane à la Roque d’Anthéron. Face au mistral qui souffle par rafales à 70 km/h, nous avons Philippe et moi mis les moteurs à contribution. Philippe, qui doit porter son matériel photo, a choisi son VTT Specialized motorisé par Brose et pour ma part c’est le TQ HPR-50 qui est à l’ouvrage pour lutter contre le vent. L’assistance de mon côté coupe entre 25 et 26 km/h. Le moteur de Philippe, plus linéaire et plus permissif, reste actif jusqu’à 27 km/h.
Malgré la route plate, notre progression face au vent reste difficile. Au passage, nous admirons les chevaux, dont les crinières et les queues flottent au vent, comme autant de “manches à air”. Nous arrivons à Mallemort et ses 2 ponts : l’ancien pont suspendu, classé monument historique, qui a été construit entre 1844 et 1848 et son remplaçant en béton, qui a vu le jour en 1980. On traverse à nouveau la Durance pour changer de rive et revenir dans le Vaucluse.
Après avoir franchi la voie ferrée Cavaillon-Pertuis. Encore une voie ferrée sacrifiée au “tout voiture”, elle a été fermée au transport des voyageurs en 1971. On plonge à gauche, toujours face au vent, sur le chemin des Grands Campas, qui nous emmène sur une voie cyclable parallèle à la voie ferrée aux rails bien rouillés et à la D973 où se concentre tout le trafic.
Le trou du rat
Nous voici au pied du mur : face à nous la montée vers le Trou du Rat. Nous enjambons le canal de Carpentras et rapidement nous passons de 102 à 354 mètres d’altitude pour atteindre le refuge. Une petite pause et quelques photos pour attaquer une pente encore plus raide. Malgré la pleine puissance demandée à ce petit moteur TQ HPR-50, le silence reste total. Nous aperçevons l’antenne relais posée à 556 m, une dernière rampe et on y est : le panneau route des crêtes nous ouvre un autre monde plus minéral mais la montée n’est pas terminée.
La route, ou ce qu’il en reste, est un véritable champ de cailloux. Les pneus de 32 mm accrochent bien et le moteur est bien utile pour franchir les dernières rampes qui vont nous amener à 704 mètres à la hauteur du bastidon du Pradon. Nous distinguons à notre gauche les premiers cèdres, issus de quelques graines éparpillées ici par le Mistral.
Les cèdres
Nous entrons dans une première zone forestière peuplée de ces arbres majestueux. Leur présence ici est anachronique. La transition avec la zone de végétation rare, que nous venons de quitter, est surprenante. La voûte ombragée de ces arbres majestueux crée une ambiance particulière, faite de calme et de sérénité. Le moteur TQ HPR-50, par son silence, ne viendra pas troubler cette quiétude. Nous poursuivons notre progression en traversant une partie plus dégagée, pour revenir dans une zone encore plus boisée de laquelle partent des chemins de rando, signalés par des panneaux jaunes. Retour à la civilisation : nous croisons des randonneurs. Depuis l’attaque de la montée par le Trou du Rat, nous n’avions pas vu âme qui vive.
La descente
Nous entamons la descente vers Bonnieux et soudain à un détour de virage, nous découvrons la Tour Philippe construite autrefois par un habitant de Bonnieux, Philippe Audibert. Cet artiste original (grand prix de Rome de sculpture) a entreprit cette construction de style néo-médiéval, vers 1885, car il voulait “voir la mer”. Il est vrai que le panorama que l’on peut admirer ici est à 360° : on aperçoit au loin les Alpes encore enneigées et en tournant la tête on peut distinguer le profil caractéristique de la Sainte-Victoire.
Il est 14h30 et cette balade nous a donné faim. Nous décidons de filer vers Lourmarin, pour essayer de trouver un endroit qui nous servira quelque chose à manger. La descente faite de virages sur une route parfaitement asphaltée est une bonheur : une récompense après les kilomètres de routes défoncées que nous laissons derrière nous (18% du parcours étaient hors route). Nos vélos filent à toute vitesse et sans l’aide du moteur, car nous sommes largement au-dessus de 25 km/h. J’apprécie la tenue en virage du Trek Domane, qui malgré son poids, se montre vif en relance.
Un repas mérité
Nous entrons dans le village de Lourmarin avec le doute de trouver encore un restaurant qui nous servira à cette heure tardive. On demande au serveur du Café Gaby s’il est encore possible de déjeuner à 15h : “Pas de problème… installez-vous !“. On se pose en terrasse et on commande déjà 2 bières que l’on déguste en se félicitant de cette matinée de découvertes.
Le retour vers Cadenet, où nous sommes garés, ne sera qu’une formalité et finalement il me reste 27% de carburant électrique qui m’aurait permis d’allonger la balade de 25 ou 30 kilomètres. Nous avons roulé 73 km pour un dénivelé de 900 m que nous avons pris essentiellement sur une seule montée. Je n’ai pas ménagé l’assistance et volontairement, dans les passages difficiles, j’ai mis la puissance maximum pour tester l’autonomie pour un cycliste moins entraîné que moi.
Le vélo utilisé : Domane+ SLR 6
Ce vélo affiche un look incroyable qui fait oublier qu’il est un VAE. Il joue la carte du confort grâce à une géométrie endurance stable qui se combine au système IsoSpeed à l’arrière, conçu pour absorber les irrégularités de la route. Avec des pneus de 32 mm, ce vélo séduira les amateurs de petites routes parfois abîmées et il vous ouvrira les chemins de vignes comme j’ai pu les pratiquer dans le Vaucluse.
Il est construit sur la base d’un cadre en OCLV Carbon Série 800 qui intègre discrètement un moteur compact assurant une propulsion naturelle. Le moteur délivre la juste puissance pour franchir les montées et savourer pleinement les longs périples. Pour ma part, et après quelques sorties, j’estimé son autonomie à 140 km pour 1500 m de D+. Cette évaluation est variable selon la capacité du cycliste à fournir des watts en roulant au dessus de 25 km/h sur des parties plates et en descente. Ce qui n’est pas consommé en énergie électrique, sera économisé pour affronter les difficultés, dès que la route grimpe. Pour parfaire la qualité de pilotage de ce vélo il est équipé du passage de vitesses ultrarapide de la transmission Shimano 105 Di2, alimentée par la batterie du système.
Le Domane+ SLR 6 est un vélo d’endurance de nouvelle génération qui apporte un maximum de confort. Il utilise la monte pneumatique en 32 mm, qui devient la norme sur ce type de vélo, ainsi que la technologie “maison” IsoSpeed créée en 2012 pour affronter les Strade Bianche ou les pavés de Paris Roubaix. À la différence d’autres technologies d’amortissement des vibrations, elle permet de conserver un cadre diamant traditionnel, avec un tube de selle isolé du cadre. Le vélo reste standard, et le tube de selle découplé offre ce qu’il faut de flexion verticale pour améliorer le confort du cycliste.
Le moteur
Trek a été le premier constructeur à adopter ce nouveau moteur TQ-HPR 50 dès septembre 2022 sur le VTT Fuel EXe. Le voici installé sur le Domane, un modèle route typé endurance. À la pesée, sans les pédales, le vélo pèse 12,7 kg ce qui est moins lourd que ma randonneuse 70’s équipée de grade-boue. La batterie intégrée de 360 Wh est dissimulée dans le tube diagonal et son autonomie, en fonction des watts que le cycliste peut mettre, permet une belle autonomie. Si ça ne suffisait pas, un bidon “range extender” de 160 Wh peut élargir le périmètre d’action. Ce moteur TQ HPR-50, qui affiche un poids très faible (1,85 kg), délivre 50 Nm de couple et 300 W de puissance maximale. La technologie HPR (Harmonic Pin Ring) est unique : elle permet une meilleure transmission des efforts avec moins de pièces, ce qui réduit les frottements et diminue les bruits. Ce moteur est remarquablement silencieux et son silence m’a inspiré le titre de cet article.
Le VAE outil de découverte
Le VAE s’est développé de façon remarquable dans le monde du vélo. Il a conquis particulièrement l’urbain, le VTT et le gravel, mais pour la route sa progression a été relativement plus faible. Vélos trop lourds, rayon d’action et dénivelé limités, plaisir de rouler au dessus de 25 km/h discutable sont autant de raisons qui font que cette partie du marché ne “décolle” pas plus. Les temps changent et le Domane que je viens d’essayer va permettre aux cyclistes routiers de reconsidérer la chose. Ce vélo est agréable à l’oeil, son poids est contenu et son autonomie va permettre aux heureux propriétaires de s’autoriser de belles sorties comme celle que j’ai faite à l’occasion de ce reportage.
Le VAE, et notamment ce Domane, peut devenir un véritable outil de découverte pour ceux qui voient chaque année leur capacité physique diminuer ou pour ceux qui n’osent pas affronter des difficultés, qu’ils jugent hors de leur capacité. Tout devient désormais possible pour les plus âgés qui ne partaient plus avec les copains plus jeunes, pour ceux qui sont insuffisamment préparés pour affronter des parcours avec du dénivelé, pour les femmes qui renoncent à suivre leur sportif de mari, pour les pères un peu âgés qui rêvent de rouler avec leurs enfants…
La trace
Retrouvez le parcours de ce reportage sur Openrunner.
Merci à Trek Marseille pour le support et au Café Gaby de Lourmarin pour l’accueil au déjeuner malgré l’heure tardive.