Profitant du généreux dégagement de ma Salamandre “monster gravel”, qui accepte une largeur de pneus pouvant aller à 60 mm (ou 2.35” en mesure impériale), j’ai déjà eu l’occasion de tester pour un usage gravel des pneus “XXL” : Les Schwalbe G-One Speed (qui étaient en première monte sur mon vélo), puis les Fleecer Ridge de René Herse.
Si les premiers ont été a priori conçus pour les VAE, les seconds ont été développés spécialement pour René Herse par Lael Wilcox, pour un usage raid-VTT-ultradistance, comme pour courir la célèbre Tour Divide par exemple. Aucun donc, n’était prévu pour le gravel ; ils ont pourtant parfaitement convenu à cet usage. Qu’en est-il du Vredestein Spotted Cat Superlite ?
Oui, qu’en est-il de ce pneu VTT originellement conçu pour le Cross-Country ? Le “XC” nécessite des pneus légers et rapides, deux qualités qui pourraient bien convenir pour le gravel. Si l’offre de pneus spécifiquement gravel extra-larges reste bien mince, il y a pléthore de pneus XC disponibles, qui pourraient très bien être utilisés sur nos gravel “standard” (qui passent maintenant des pneus de plus en plus larges ) et les fameux “monster cross”, de plus en plus utilisés par les graveleux.
J’ai donc choisi de tester les Spotted Cat Superlite de chez Vredestein, pour vérifier dans quelle mesure cette supposition est valide…
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Apollo Vredestein B.V.
Vredestein est un fabricant de pneus installé aux Pays-Bas et une filiale du grand fabricant indien de pneus Appolo Tyres. Si ces pneus sont annoncés comme “conçus au Pays-Bas”, ils sont vraisemblablement produits dans des entreprises partenaires du groupe en Asie. L’histoire de Vredestein est donc basée sur un éternel aller-retour entre Asie et Pays-Bas, les colonies hollandaises ayant très tôt fourni le caoutchouc utilisé en Europe.
Pour ma part, cette marque est une découverte et avant ce test, je n’avais jamais entendu parler de ces pneus. Je vais donc en profiter pour me rattraper sur les pistes de gravel, avant de tester sur route un autre pneu de cette marque dans les semaines à venir !
Conditions du test
J’ai utilisé les Spotted Cat Superlite sur déjà plus de mille kilomètres, en “situation standard” d’abord : juste après la monte des pneus, j’ai effectué plusieurs sorties courtes ou moyennes autour de chez moi, dans les Alpilles et dans la Crau.
J’ai ensuite, avec la Salamandre chargée en Bikepacking, rejoint le site catalan du festival gravel Mussara Hunting Dogs (festival au sujet duquel j’ai livré un compte-rendu). J’ai, bien sûr, après avoir délivré le vélo de son matériel de bivouac, roulé les pneus en situation de course sur les parcours de 80 et 130 km proposés par Mussara. À ce jour, les pneus sont encore sur les roues du vélo et, comme nous allons le voir ci-dessous, vont sans doute y rester un bon moment, car j’en suis tout à fait satisfait !
Ciel un chat ocellé s’est lové sur mes DT Swiss
Les deux critères qui m’ont fait choisir ces Vredestein Spotted Cat Superlight, c’est leur faible poids annoncé (485 g) et leur penchant pour les conditions sèches ; les chats n’aiment pas l’eau, n’est-ce-pas ?
Au déballage, je remarque l’audacieuse couleur bleue-canard-pétrole-trouble du lettrage (on adorera ou on détestera, mais personne n’y sera indifférent), la finesse de la carcasse (fine mais serrée : 120 tpi) et bien sûr, la légèreté surprenante pour un pneu aussi large… même si la balance annonce plus que le constructeur (485 g), 10% de plus quand même et avec une variation de 4% d’un pneu à l’autre (pesés respectivement à 528 et 547 g). Je suppose que c’est la finesse du pneu et sa grande surface qui explique ces variations surprenantes. Cela ne me dérange pas plus que ça, mais je me devais de le signaler.
Les flancs, outre la couleur étrange du lettrage, proposent de subtils motifs de graviers en creux ; on appréciera le clin d’œil au type de pratique à laquelle ils sont dédiés…
La chape est recouverte de crampons très bas, en forme de T fendus au centre, répartis en chevron sur la bande de roulement. Le même motif, plus massif, constitue les “crampons de virage” sur les bords de la chape.
L’intérieur du pneu est lui très finement strié, comme beaucoup de pneus tubeless récents, certainement pour favoriser la répartition du préventif pendant le roulage.
Adoption
Je love le pneu sans difficulté particulière autour de mes jantes DT Swiss XR-391. Tant mieux, une jante Cross-Country se doit d’accueillir convenablement un pneu Cross-Country, non ? Le pneu s’installe d’autant plus facilement que je le trouve un peu lâche. Une fois sur la jante, il me faudra un badigeonnage des tringles avec du préventif et un bon coup de compresseur pour réussir à le faire claquer.
Je mesure le pneu à 59 mm de large, c’est un écart important avec la largeur de 55 annoncée, une donnée à prendre en compte si vous êtes limités en terme de dégagement sur vos vélos. En ce qui me concerne, cela me laisse encore une petite marge et me convient tout à fait.
Comportement félin
En roulant plusieurs centaines de kilomètres de Arles au site du festival Gravel Mussara Hunting Dogs avec un harnachement de bikepacking, puis en participant aux deux courses proposées à cette occasion avec le vélo débarrassé de son surpoids, j’ai pu me faire une idée assez précise du comportement des pneus sur tous types de terrains, secs ou franchement humides.
Voici donc une synthèse de mon ressenti selon les surfaces et les conditions. Les Spotted Cat Superlite trouvent leur terrain de prédilection sur surfaces sèches, pourvu qu’elles soient dures (route, terrains sableux ou terreux, gravel fin). La traction et le rendement sont excellents, ainsi que la stabilité et la précision des trajectoires. C’est à ce titre, l’un des meilleurs pneus larges que j’ai pu essayer dans ce genre de situations.
Sur terrains plus meubles et/ou un peu humides, les pneus s’en tirent très bien. Les pistes forestières et les prairies leurs conviendront tout à fait, pourvu qu’on accepte que le pneu “charge” un peu après avoir traversé une flaque ou en roulant sur un terrain faiblement visqueux. Même s’il débourrent pas ou peu, les pneus gardent étonnamment sur ces terrains leurs qualités d’accroche et de rendement.
Sur terrains gras, boue, sols mouillés et meubles, les pneus chargent tout de suite et débourrent avec difficulté. Cela ne m’a pas empêché de rouler, mais les pneus soudain très alourdis perdent toute vivacité et précision, ce qui s’accompagne forcément d’une perte totale de plaisir.
Autre perte, d’adhérence celle-ci, sur les surfaces lisses et mouillées (dalles urbaines, signalisation routière horizontale les jours de pluie, bois mouillé…), rares il est vrai, mais d’autant plus dangereuses que ponctuelles. Sur ces surfaces, les Spotted Cat se sont aussi mal comporté que les Schwalbe G-One et leurs petits picots peu proéminents. Je suppose que cette “famille” de profils (les picots fendus des G-One et les petits T des Spotted Cat sont finalement assez similaires) ne sont pas indiqués pour ce genre de circonstances.
Chat crevé
Sur les pistes caillouteuses, le comportement et le confort du Vredestein Spotted Cat Superlite sont très bons, mais la traction peut laisser à désirer, quand par exemple on souhaite se mettre en danseuse sur des pentes au delà des 6%. Il faudra toutefois piloter en finesse et éviter les chocs trop frontaux ou les cailloux les plus pointus, au risque de causer des crevaisons. Lors d’une descente trop rapide à la fin du 130 km pendant le festival Mussara Hunting Dogs, un dégonflage brutal du pneu avant dû à un choc de face sur une arrête schisteuse a causé dans la foulée une triple crevaison sur la bande de roulement. Ce n’est pas un événement rare lorsqu’on roule quelques mètres sur un pneu complètement à plat, et j’ai pu rapidement résoudre le problème grâce à des mèches et une mini pompe à pied, mais certains cyclistes peu coutumiers des montages tubeless ou mal équipés en matière de kit de secours auraient pu mal vivre une telle situation…
Je suppose qu’avec un gonflage situé entre 2,5 et 3 bars j’aurais moins risqué de connaître cette mésaventure, mais je n’aime pas rouler avec des pneus trop gonflés.
Avec le vélo sans chargement, j’ai gonflé à 1,50 bars à l’avant et 1,70 à l’arrière (je pèse 66 kg – pressions vérifiées électroniquement grâce à la Bosch Easy Pump). Bien que Vredestein préconise 2 bars au minimum, j’ai apprécié le confort des pneus à de telles pressions, sans perte de précision dans les trajectoires ou de comportements imprévus d’après ce que j’ai pu éprouver. Par contre, les montées raides en danseuse, particulièrement sur route, ont vu les pneus s’écraser avec un effet de pompe notable à de telles pressions, mais sans pour autant qu’ils ne se dérobent dans les courbes en descente.
Chargé de bikepacking, j’ai monté les pressions respectivement à 2 et 2,2 bars, avec les mêmes ressentis que le vélo à vide avec les pressions évoquées précédemment.
En gardant 2 et 2,2 bars avec le vélo à vide, les pneus sont certes plus rapides sur route et sur chemins roulants, mais secouent à mon goût un peu trop le vélo et le pilote dès que le terrain devient caillouteux.
Ceci dit, à part l’incident narré plus haut, je n’ai eu à déplorer aucune autre crevaison, et la réparation faite avec trois mèches remplit parfaitement son rôle, depuis cet incident dont je suis grandement responsable, le pneu ne s’est pas du tout dégonflé.
Le Spotted Cat Superlite en résumé
Plus lourd et plus large qu’annoncé par le fabriquant, le Vredestein Spotted Cat Superlite reste un poids-plume dans sa catégorie et fera profiter de son faible poids et de son large volume tous ceux qui aiment associer confort et relance.
C’est clairement un pneu conçu pour la compétition, même s’il s’adapte parfaitement à des vélos chargés pour des usages plus exploratoires et à des pressions plus basses que celles préconisées par le fabricant.
C’est un pneu très franc, fiable, même en courbe et sur les sections rapides sur route ; il est précis et agréable à guider.
Le Vredestein Spotted Cat Superlite sera par contre cantonné aux surfaces et aux conditions sèches, car il chargera le moindre gramme de boue et aura tendance à fuir sur les surfaces lisses et humides.
Il exigera un pilotage précis et anticipé, sous peine de risquer les crevaisons à répétition. D’ailleurs, ceux qui seraient tentés par ce pneu mais craindraient sa relative fragilité pourront se rabattre sur la version “normale” du Spotted Cat, construite autour d’une carcasse de 120 tpi également, mais annoncée à 575 g.
Bonjour Dan.
Merci pour le compte rendu. Si tu compares par rapport à ton Rene Herse (dont je suis actuellement équipé à l’avant et que je réfléchis à coupler à l’arrière ), qu’elles seraient les différences ? Ce qui me fait tiquer également, c’est la pression minimale à 2 bars, sachant que pour des pneus de 55mm je suis à 1.6, sur des pistes parfois très cassantes (Maxxis Rambaleti à l’arrière, je pèse 75kg à sec sur un Genesis Vagabond). Le René Herse coûte un bras (et un rein également) mais j’en suis ravi, notamment pour la souplesse du pneu et le « confort » qu’il apporte.
Bonjour Ivo,
Vu ta configuration et les terrains que tu roules, moi je resterai en René Herse (paire)
ou paire de Spotted Cat standards (pas Superlight)
Je vais voir combien je peux tirer de mon rein 🙂
Petite question à la lecture de ce test (mais qui me trotte dans la tête depuis un moment): quelle est la différence entre le gravel et le XC ?
Voir aussi ce qui se passe sur des courses comme Unbound où quand les conditions sont difficiles, le gagnant roule sur un VTT.
Moi j’ai l’impression que les terrains se croisent que les préférences des uns ainsi que leur histoire vont faire pencher d’un côté ou de l’autre mais qu’à la fin, ce qui a la plus grosse importance ce sont les roues (et donc ce que le cadre accepte) et bien sûr les pneus.
Savoir si l’étiquette marketing est gravel ou VTT ça ne devient … que du marketing (et une préférence perso). Elle devient difficile à attribuer sur des critères objectifs réels.
Choisir c’est renoncer . Le gravel permet, avec le matériel adéquat , de tout faire mais sans suspension. A l’ancienne mais avec du matos moderne.
Joyeuse route
Renaud
Le gravel, on baratine beaucoup dessus, mais finalement il y a autant de consensus dans cette discipline que dans le VTT. Aujourd’hui un VTT est conçu et équipé pour une pratique bien particulière : trail, cross country, enduro, down country (celui là, je ne l’ai pas encore compris), etc. Il y a une certaine flexibilité d’un domaine à l’autre en fonction de la géométrie, de l ‘équipement et des capacités du pilote. Pour le gravel, c’est pareil : bord de canal, un peu plus de route, gros ou petits pneus … c’est à chacun de définir, et d’y prendre du plaisir : ce n’est que du vélo 🙂