Szymon Kobylinski, ancien leader du groupe de rock les « Blenders », qui sévissait dans les 90’s avec un certain succès a été un des précurseurs du DH en Pologne. Là-dessus, désireux de mettre un nom sur les machines que ses amis et lui assemblaient, NS BIKES était né en 2004. Puis, vient ensuite Octane One en 2008, la marque de vélos urbains CREME en 2010 et enfin la marque de vélos de route et de Gravel RONDO en 2017. L’ensemble co-existe au sein du groupe 7ANNA, dont Szymon Kobylinski est toujours le CEO. En premier lieu, il faut rappeler que vous aviez pu lire mes précédents tests du Rondo Ruut Ti ainsi que du Ruut en carbone. Désormais, je vous propose mon expérience au guidon de l’étonnant Rondo MYLC, ici dans sa version haut de gamme CF1.
Conception du Rondo MYLC CF1
Premièrement, je découvre un cadre anguleux qui me rappelle évidemment le Rondo Ratt que j’ai testé pour le magazine Cyclist. Les tubes en carbone sont généreux et affirment une identité singulière. La douille de direction est imposante, avec une face avant large et quasi plate, inspirant la puissance. De plus, celle-ci est très inclinée afin d’inscrire immédiatement l’angle de direction particulièrement ouvert (68°). Les inserts sont nombreux puisque, hormis les deux emplacements classiques pour les porte bidons, je note deux inserts sur le Top-tube, et deux autres sous le tube oblique.
Là-dessus, la potence est tout aussi massive, très courte (50 mm !), et intègre la câblerie. L’imposante boîte de pédalier est d’un dessin complexe et massif, comme toujours chez Rondo.
De très fins haubans rabaissés ferment le triangle arrière. Outre cela, le top tube plonge vers le tube de selle en rappelant certains cadres de cyclocross pour en faciliter le portage.
Deuxièmement, la fourche en carbone est équipée du système TWINTIP 2.0, signature de la marque polonaise. Ce dispositif permet deux positions de l’axe de la roue avant, offrant ainsi un choix entre deux géométries.
Pour opérer ce changement, outre l’axe, l’interface de l’étrier de frein devra être montée ou démontée. Dans la position HI, les angles de direction et de chasse sont plus raides et le boîtier de pédalier sera abaissé. La position est ainsi plus sportive, plus agressive et aussi plus aéro. Au contraire, la position LO, offre des angles plus ouverts, un déport plus faible, le tout favorisant la stabilité au détriment de la maniabilité. Par ailleurs, la fourche est équipée de 6 inserts, en plus d’un passage pour un fil dynamo.
La finition est de très bon niveau, en nette progression comparativement aux premiers Rondo importés. D’ailleurs, la peinture est particulièrement réussie, tout comme la sérigraphie, discrète et dynamique.
Rondo MYLC CF1 : Enhanced Gravel Geometry
Premièrement, le reach est élevé, hors norme pour un vélo de Gravel, permettant un allongement de la partie avant du cadre, rattrapée par une potence très courte. Jusqu’alors, cette conception était réservée aux VTT modernes. De plus, l’angle du tube de direction est ouvert avec pas plus de 68° en position LO (!), participant lui aussi à cet allongement du centre avant. Par ailleurs, le court tube de selle (compatible avec les tiges de selle télescopiques) est censé donner plus de flexibilité et une hauteur de cadre inférieure. En somme, tout concourt à une recherche de stabilité et de capacité de franchissement.
Équipement
Le groupe SRAM Rival XLPR AXS
Quant à la transmission et au freinage, le groupe Rival XLPR AXS de SRAM permet de rendre accessible le passage à l’électronique. Ainsi, plus de câbles ni de gaines, mais seulement les durites hydrauliques. Là-dessus, l’ergonomie est très bien pensée, bien aidée par une application smartphone qui s’avère elle aussi simple et efficace (état de charge des batteries, mises à jour des firmware, etc.). En couple avec la cassette 12 vitesses 10-44, l’unique plateau de 42 dents est vraiment idéal sur la route et les pistes, et permet de s’affranchir de bien des obstacles. Le freinage est typique de chez SRAM, à savoir progressif et facilement dosable. Même si j’avoue une préférence pour le touché plus viril de son rival japonais, l’efficacité est cependant indiscutable.
Les roues RONDO x HUNT 4 SEASON GRAVEL X-WIDE
Globalement, c’est une bonne nouvelle de retrouver ces roues HUNT 4SEASON Gravel X-Wide dans une série personnalisée pour Rondo. D’une largeur interne de 25 mm, elles sont bien adaptées au programme offroad du Rondo MYLC. Fabriquées dans un aluminium 6066-T6, asymétriques, et d’une hauteur de 19 mm, elles sont finalement proches de roues de VTT XC, conformes là aussi au programme du Rondo MYLC. Là-dessus, viennent se greffer des pneus Vittoria Terreno Mix en 700 x 38 mm, généreusement sculptés.
Les périphériques du Rondo MYLC CF1
D’abord, je dois souligner l’excellent cintre FLARE 25 VIBROCORE de la société SPANK. La géométrie de celui-ci est parfaitement adaptée à son hôte, grâce à un drop faible (110 mm), un reach bien pensé (65 mm), un flare important de 25°, mais surtout bien dessiné. Là-dessus, l’injection interne de la mousse brevetée Vibrocore est censée amoindrir les vibrations néfastes pour le contrôle du pilotage, mais aussi pour la santé. Difficile à quantifier ce gain sans une comparaison directe sur le même vélo, je note tout de même que ce cintre apporte un confort supérieur à la moyenne des cintres en aluminium. De même, c’est une selle de qualité qui équipe le Rondo MYLC CF1, en l’occurrence la Shortfit de San Marco. Celle-ci est montée sur une tige de selle en carbone offrant un déport assez conséquent.
Rondo MYLC CF1 : le test terrain
Si le Mont Ventoux attire les cyclistes par ses légendaires routes et par l’investissement physique et mental qu’il exige, il regorge également de pistes et sentiers plus ou moins praticables en Gravel. Des pistes que nous avions, au sein de Bike Café, explorées à plusieurs reprises dès 2017, et où je me rends encore fréquemment, puisque natif du Vaucluse. Cela étant, le Géant de Provence est aussi lézardé par des single tracks qui offrent autant de passages techniques que de points de vues magnifiques. En cela, le GR4 en est le parfait exemple ! En somme, un excellent terrain de jeux aussi exigeant physiquement que techniquement, qui m’a permis de bien évaluer ce Rondo MYLC sur plusieurs sorties, avec en synthèse une boucle par le sommet du Mont Ventoux alternant routes et pistes.
Stable et ludique
C’est dans cet environnement de moyenne montagne que je découvre en ce Rondo MYLC des aptitudes qui confirment les données de la géométrie. Ainsi, je peux descendre le GR4 dans des conditions acceptables, même si je m’éloigne largement du périmètre nominal d’utilisation de ce vélo, et que l’absence de tige de selle télescopique se fait sentir.
Quoiqu’il en soit, sa géométrie est d’une efficacité indéniable pour s’affranchir du relief. Son angle de direction de 68°, associé à un déport de fourche cohérent, rendent ce RONDO MYLC stable et rassurant. Un excellent comportement en descente qui conviendra aussi bien aux débutants qu’aux pratiquants les plus « engagés », qui auront matière à explorer leur pilotage. En cela, le Rondo MYLC n’est pas le plus maniable mais se montre apte à enrouler les épingles.
D’ailleurs, sur ce terrain, les roues répondent de belle manière, grâce à une largeur interne confortable qui assure aux pneumatiques un comportement rassurant, tout en réduisant le risque de pincement.
Le triangle arrière offre une filtration verticale acceptable, alors que j’ai réalisé cet essai en chambres à air, donc nécessairement à une pression pneumatique plus élevée qu’en tubeless. Si bien que le confort et l’efficacité de ce Rondo seront encore supérieurs en montage tubeless. Cela étant, même montés en chambre, les Vittoria Terreno Mix font sens avec la philosophie du Rondo MYLC et se montrent d’une robustesse étonnante dans les pierriers du mont Ventoux.
Le RONDO MYLC sur le bitume
En revanche, sur le bitume c’est une autre histoire et j’aurais préféré avoir un Vittoria Terreno Dry à l’arrière ! Malgré cela, le RONDO MYLC permet de rouler à bonne allure sur le tarmac. Là-dessus, la boite de pédalier s’avère d’une belle rigueur, permettant ainsi de ne pas gaspiller des watts. De plus, les roues se prêtent bien aux relances, à défaut de conserver aisément la vitesse acquise. En cela, c’est cohérent avec leur profil bas, inspiré du VTT XC. D’autre part, j’ai pris beaucoup de plaisir à descendre les cols routiers, tant la stabilité de la géométrie met en confiance pour lâcher les freins et inscrire facilement de belles courbes.
Zéro défaut ?
Autant je peux comprendre le choix de conserver une fourche rigide (un sujet brûlant dans le jeune milieu du Gravel), autant je suis surpris de constater l’absence “de série” d’une tige de selle télescopique. De toute évidence, pour exploiter une telle géométrie, cet équipement qui a révolutionné l’univers du VTT a toute sa place sur le Rondo MYLC.
Si je pouvais apporter des modifications, je ferais évoluer le système de serrage du tube de selle. Outre cela, un boitier de pédalier fileté apporterait un gain en terme de facilité d’entretien. Par ailleurs, je suis assez réservé sur le système TWINTIP car je constate que sur des vélos au système similaire, les utilisateurs ne bougent plus leurs positions une fois celles-ci trouvées et validées. D’ailleurs, je préconise de conserver la position de l’axe sur “LO”, plus en phase avec la destinée “engagée” de ce MYLC.
Testé sur le Ventoux Gravel Tour Trans Massif
Étant dans la région du Ventoux, où j’ai réalisé ce test, j’ai prêté ce Rondo MYMC à Matthieu notre rédacteur en chef, afin qu’il participe avec à cette épreuve de gravel samedi dernier. Je lui ai déposé le vélo vendredi et je viens de voir cette vidéo qu’il a réalisé sur ce difficile parcours de 110 km avec plus de 3000 m de D+. Visiblement il a éprouvé le même plaisir que moi à piloter ce vélo sur ce terrai exigeant.
Pour conclure
Rondo se soustrait des codes actuels pour présenter un vélo à mi-chemin entre Gravel et VTT XC, sans héritage routier, le tout sans suspension. Finalement, je trouve ce Rondo MYLC mature, efficace et surtout terriblement ludique. Fatalement, cela en fait un vélo tout indiqué pour des épreuves de type Grinduro, mais pas que. Finalement, le Rondo MYLC ravira aussi bien les pratiquants confirmés qui aiment le pilotage engagé, mais aussi les plus novices ou les “ex-routiers”, souvent peu techniques, qui trouveront en ce MYLC une machine très stable, qui les rassurera dans les descentes et les pistes les plus engagées.
Caractéristiques du Rondo MYLC CF1
Cadre : | MYLC FLY CARBON |
Fourche : | MYLC TWINTIP CARBON |
Tailles : | S, M, L, XL |
Cintre : | SPANK FLARE 25 420 MM (S), 440 MM (M), 460 MM (L,XL) |
Guidoline : | VELO COMFORT TAPE |
Potence : | RONDO ICR 50 MM (S, M), 70 MM (L, XL) |
Selle : | SELLE SAN MARCO SHORTFIT |
Tige de selle : | RONDO CARBON 350 X 27.2 |
Freins : | SRAM RIVAL AXS |
Leviers : | SRAM RIVAL AXS |
Pédalier : | SRAM RIVAL 1 DUB 42 dents 170 MM(S), 172.5 MM(M,L), 175 MM(XL) |
Boitier de pédalier : | Press Fit EVO 386 |
Derailleur arrière : | SRAM RIVAL XLPR ETAP AXS |
Derailleur avant : | Cadre compatible |
Cassette : | SRAM XPLR XG-1271 Cassette 10-44 dents |
Chaine : | SRAM RIVAL D1 12S 116 maillons |
Moyeux : | RONDO X HUNT STRAIGHT PULL |
Jantes : | RONDO X HUNT GRAVEL X-WIDE ALUMINIUM |
Axe avant : | 100x12mm – filetage 1.5 |
Axe arrière : | 142x12mm – filetage 1.75 |
Pneus : | VITTORIA TERRENO MIX 700C X 40 |
Clearance (dégagement): | 700c x 47 mm |
Poids : | 9.3 kg environ |
Site fabricant : Rondo – The future is beyond tarmac
Prix public du RONDO MYLC CF1 : 4999 € TTC
Distributeur français : RONDO – Tribe Sport Group