Polygon : l’héritage
Polygon est un fabricant de vélo indonésien qui commence à distribuer ses vélos en Asie du sud-est dès 1989. Puis, en 2007, Polygon étend sa distribution à l’Australie et l’Europe en 2011. Là-dessus, Polygon investit le marché américain en 2014. Polygon n’a jamais manqué d’ambitions pour rejoindre le haut niveau sportif. Et c’est notamment dans les disciplines Gravity que la fabricant se construit une solide image et un palmarès enviable. On peut citer, entres autres, la victoire de Kurt Sorge au Red Bull Rampage en 2017. Ou plus récemment, la médaille d’or de Tracey Hannah (team UR) en DH aux championnats du monde 2019, aux Gets. Ces résultats sont un aboutissement sportif et technique pour la marque. Par ailleurs, Polygon présente en 2014 un vélo de cyclo-cross, puis un vélo de Gravel dès 2016 : le Bend RV. Autant dire que le fabricant indonésien a saisi très tôt l’intérêt du Gravel Bike. Le Polygon Tambora G8X est quant à lui l’aboutissement actuel de la marque, que j’ai pu tester durant 500 km.
Polygon Tambora G8X : présentation
Si le temps vous manque, je vous présente le Polygon Tambora G8X en vidéo résumant les principaux traits de caractère de ce Gravel :
Le kit cadre du Polygon Tambora
Premièrement, je découvre un cadre anguleux, doté de tubes de volumes généreux. La douille de direction est imposante, avec un profil torturé, inspirant la puissance. Cette douille de direction est la pièce maîtresse de ce cadre, qui affirme une identité singulière.
Les inserts sont nombreux puisque, hormis les deux emplacements classiques pour les porte bidons, je note trois inserts sur le Top tube, et deux autres sous le tube oblique. La fourche, intégralement en carbone, est massive et prolonge naturellement l’imposante douille de direction.
Géométrie du Polygon Tambora
En premier lieu, j’ai remarqué que la hauteur du pédalier est particulièrement faible, propice à une belle stabilité. De même, l’angle du tube de selle est lui assez élevé et devrait doter ce Tambora de belles aptitudes de grimpeur. Pour finir sur la géométrie, on peut noter l’emplacement bas des haubans sur le tube de selle. Censé amené un flex vertical intéressant, cette conception est désormais devenue très courante sur les cadres de vélos de Gravel et d’endurance. Notez que certaines cotes comportent deux valeurs : vous comprendrez mieux bientôt pourquoi 😉
Tailles | S | M | L | |
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Hauteur (cm) | 150-163 | 163-175 | 175-188 | 188-195 |
Seat Tube Length (A) | 404 | 448 | 492 | 535 |
Seat Tube Angle (B) | 74.75 (74.5) | 74.26 (74) | 73.76 (73.5) | 73.26 (73) |
Effective Seat Tube Angle (C) | 74.75 (74.5) | 74.26 (74) | 73.76 (73.5) | 73.26 (73) |
Head Tube Length (D) | 143 | 163 | 193 | 221 |
Head Tube Angle (E) | 70.25 (70) | 71.77 (71.5) | 72.06 (71.8) | 72.26 (72) |
Effective Top Tube (F) | 526 | 550 (551) | 581 | 610 (611) |
Bb Height (G) | 265 (280) | 265 (280) | 265 (280) | 265 (280) |
Bb Offset (H) | 79 (78) | 79 (78) | 79 (78) | 79 (78) |
Chainstay Length (I) | 415 (425) | 415 (425) | 415 (425) | 415 (425) |
Wheelbase (J) | 997 (1017) | 1003 (1022) | 1026 (1045) | 1048 (1067) |
Frame Reach (K) | 371 (369) | 383 (381) | 400 (397) | 415 (412) |
Frame Stack (L) | 566 (568) | 591 (593) | 621 (622) | 648 (650) |
Standover Height (M) | 701 (716) | 741 (755) | 784 (798) | 819 (833) |
Le système Flip Chip
La fourche en carbone est équipée du système Flip Chip . Ce dispositif permet deux positions de l’axe de la roue avant, offrant ainsi un choix entre deux géométries en faisant varier le déport. Un système que l’on a pu rencontrer auparavant sur les fourches des vélos Rondo. De même, le cadre est équipé également de ce système. Aussi, les pattes de roues arrières adoptent un système comprenant des cales d’une part interchangeable (côté dérailleur), et d’autre part réversible (côté disque). Celles-ci permettent de faire varier la longueur des bases, et donc la géométrie du vélo. Là-dessus, il faut aussi faire évoluer la position des étriers de frein grâce à leurs interfaces.
Une position « courte » pour plus de maniabilité et des accélérations vives, ou plus « longue » pour privilégier la stabilité et la motricité.
Cette dernière position permet d’augmenter le dégagement des bases arrières pour monter des pneus jusqu’à 45 mm de largeur. Cependant, l’opération ne prend pas cinq minutes, loin de là… Finalement, en combinant avec les deux positions de la fourche et du cadre, on peut donc configurer le Tambora G8X en pas moins de 4 configurations différentes !
Plus à l’arrière, on retrouve une patte de dérailleur UDH (standard breveté SRAM). Ce choix facilitera un éventuel remplacement, tout en garantissant une rigidité optimale, devenue essentielle pour les transmissions modernes. En conséquence, l’axe traversant de 142×12 mm est lui aussi standardisé, afin de pouvoir s’introduire dans cette patte de dérailleur UDH, qui impose un filetage M12 x 1.0. De plus, cette conception au standard UDH permettra d’éliminer la patte de dérailleur pour un montage direct comme le permettent les dernières transmission SRAM.
Roues et pneus
Tout d’abord, les roues sont constituées de moyeux qui accueillent des axes traversant aux standards actuels (12×100 mm à l’avant et 12×142 mm à l’arrière) et dont la fixation des disques est au format Center Lock. Les roues, en carbone, sont les G24, spécifiquement conçues pour les Gravel et issues du catalogue de la marque Taïwanaise NOVATEC. Ce modèle arbore une jante de 28 mm de hauteur, pour une largeur interne de 24 mm. Ces roues sont compatibles Hookless et pèsent, selon le fabricant, environ 1565 g la paire. Sur le papier, on est donc en présence de roues parfaitement adaptées à un usage Gravel sportif.
Là-dessus, ces roues en carbone sont équipées de pneus VEE RAIL en 700×40 mm. Un modèle compatible tubeless mais qui ne brille pas par son poids, franchement élevé pour un pneu en 700 x 40mm : 655 g !
Périphériques
Les périphériques sont en aluminium, exceptée la tige de selle, en carbone (27,2 mm de diamètre). A noter la présence d’une selle ITALIA MODEL X. Par ailleurs, le système de serrage de la tige de selle est de type intégré. Celui-ci s’avère très efficace, y compris sans pâte d’assemblage, preuve d’une excellente conception.
Pour finir cette présentation, j’évoquerai la finition que j’ai trouvée de bon niveau, grâce notamment à une très belle peinture. D’ailleurs, les photos ont du mal à retranscrire fidèlement les belles teintes que prend cette peinture en fonction de la lumière.
Le Polygon Tambora G8X sur le terrain
Cohérence et confort
En premier lieu, après avoir reporté mes réglages habituels, je constate une position de pilotage plutôt relevée. Il est vrai que le stack est important, plaçant ainsi la douille de direction à une certaine hauteur. Le reach est cohérent, et je dois dire que je me sens immédiatement bien installé sur ce Polygon Tambora. Aussi, cette position apporte une visibilité appréciable, qui accroit la sensation de confort de cette position.
En deuxième lieu, mon premier ride laisse apparaitre une bonne filtration globale du kit cadre. Que ce soit derrière ou devant, le triangle arrière filtre bien les irrégularités et le train avant se montre lui aussi assez tolérant. Cette caractéristique se confirmera au fil de mes sorties : ce Polygon Tambora est résolument un Gravel confortable. Aussi bien dans sa position, que dans ses prestations.
Taillé pour l’Off-Road
Si sur la route, le Polygon Tambora se voit freiner par une position pas vraiment aérodynamique, il prend aisément sa revanche dès que l’on quitte le bitume. D’une stabilité impériale, notamment dans la position Flip Chip “long” (que je recommande), le Polygon Tambora se veut extrêmement rassurant sur les pistes et singles tracks.
Loin d’être pataud, il se montre ludique et efficace, aussi bien sur le plat que dans le relief. D’ailleurs, j’ai pu le confirmer lors d’un Vétathlon sur les terres du Château Maravenne. Seul Gravel au milieu de cette course où règnent en maitres les VTT, je vous laisse découvrir en vidéo comment le Polygon Tambora a su mener de belles batailles :
Pour cette épreuve, j’avais troqué la monte pneumatique d’origine pour une paire de Pirelli Cinturato Soft en 700×45 mm. Tout à son aise dans la fourche et le cadre, ces pneus n’ont fait qu’accroitre les compétences du Tambora dans les passages les plus techniques.
Roues Novatec G24 : l’atout du Polygon Tambora G8X
Je me devais de consacrer quelques lignes au sujet des roues qui équipent ce vélo. Décrites plus haut, ce sont les G24 de Novatec. J’ai été particulièrement comblé par la prestation dynamique que peuvent offrir ces roues en carbone. Elles sont d’un parfait équilibre entre dynamisme et confort, tout en affichant des caractéristiques cohérentes avec une pratique “moderne” du vélo de route ou Gravel.
Le système Flip Chip
Le cadre et la fourche sont équipés de ce système. Sur le cadre, la roue arrière adopte un système comprenant des cales d’une part interchangeable (côté dérailleur), et d’autre part réversible (côté disque). Celles-ci permettent de faire varier la longueur des bases, et donc la géométrie du vélo. Là-dessus, il faut aussi faire évoluer la position de l’étrier de frein grâce à sa cale. Quant au système sur la fourche, il suffit de retirer l’axe traversant qui libèrera immédiatement les deux pattes à inverser. Puis là aussi, d’adapter la position de l’étrier de frein grâce à son interface.
Contrairement à d’autres systèmes concurrents, rien ne les retient. Aussi, il faut faire preuve de vigilance quand on procède à l’opération, rapide, mais qui peut voir la perte d’une patte lors d’un dépannage de nuit ou dans la boue. En somme, Polygon a réussi à faire un système réversible plus rapide que la concurrence, mais aussi plus risqué.
Le groupe SRAM Rival eTap AXS
Plutôt récent dans la vaste galaxie SRAM, le groupe Rival eTap AXS brille d’une ergonomie très bien pensée. Bien aidé par une application smartphone qui s’avère elle aussi simple et efficace (état de charge des batteries, mises à jour, configuration, etc.). En couple avec la vaste et belle cassette 12 vitesses 10-44 dents, l’unique plateau de 40 dents est vraiment idéal sur les pistes. Le freinage est typique de chez SRAM, à savoir très progressif et donc facilement dosable, y compris pour des pratiquants novices. Même si j’avoue une préférence pour le touché plus viril de son rival japonais, l’efficacité du freinage est cependant indiscutable.
Quels défauts ?
Globalement, pas facile de trouver à redire sur ce Polygon Tambora ! Toutefois, je suis assez réservé sur le système Flip chip, comme je l’étais sur les nombreux Rondo essayés avec un système quasi semblable, en encore sur le Giant Revolt. Tout simplement, car je constate que les utilisateurs ne bougent jamais leurs positions une fois celles-ci trouvées et validées. Egalement, j’ai constaté que la visserie qui équipe ce vélo n’est pas de bonne qualité. Aussi, j’ai remarqué d’une part de la corrosion sur certaines vis (fixation pour un éventuel dérailleur avant), et d’autre part une usure précoce des têtes de vis à empreinte hexagonale creuse. Et ce, malgré l’utilisation d’outils de qualité et au bout de seulement quelques serrages et autres réglages habituels. Pour autant, rien de dramatique : un remplacement par des vis de meilleure qualité règlera facilement le problème. Un upgrade à prévoir !
Au bilan
Polygon ne semble pas vouloir se contenter de copier la concurrence. Tant mieux puisque le fabricant indonésien est bien armé pour l’affronter sans sourciller. Confiant, Polygon se soustrait des codes esthétiques actuels pour présenter un vélo au dessin tranché et massif. Fort de son héritage et de son palmarès en Gravity, Polygon maitrise son sujet et propose avec le Tambora un Gravel qui s’avère être redoutable en pratique Off-Road. Le tout dans un confort appréciable, tout comme son tarif. Affiché autour de 3600€, le Polygon s’avère bien équipé, à commencer par le groupe électronique SRAM Rival AXS. Mais aussi, et surtout, par une excellente paire de roues en carbone Novatec. Avec le Tambora, Polygon apporte une fraicheur bienvenue, rafraîchissante, et surtout très intéressante dans cette gamme de prix.
Caractéristiques
- Cadre : ACX GRAVEL (tailles S à XL)
- Fourche : Carbone
- Shifters : SRAM RIVAL ETAP AXS 12v
- Pédalier : SRAM RIVAL 1 WIDE 40 dents
- Freins : SRAM RIVAL AXS
- Cassette : SRAM XG-1251 12 SPEED 10-44T XDR
- Derailleur : SRAM RIVAL XPLR ETAP AXS 12v
- Boitier de pédalier : SRAM DUB T47
- Chaine : SRAM RIVAL 12v
- Selle : ITALIA MODEL X
- Tige de selle : carbone, 27,.2 x 300 mm (S,M,L) / 27.2 x 350 mm (XL)
- Cintre : Aluminium, Flare 16 degrés, largeur : 420 mm (S, M) / 440 mm (L, XL)
- Potence : Aluminium 90 mm (S, M) / 100 mm (L, XL)
- JDD : TOKEN TK155SP-36 W
- Roues : NOVATEC G24 DISC en carbone (28 mm de hauteur, 24 mm de largeur interne)
- Pneus : VEE RAIL 700x40C (tubeless)
- Poids vérifié : 9 kg en taille M
Lien fabricant : TAMBORA G8X | Polygon Bikes
Prix : 3 600 € TTC environ
Contact distributeur pour la France : fa*************@po**********.com
Salut Laurent, j ai lu et écouté, tu as raison , bien évidemment sur le rapport prix/ périphériques, roues carbones, bon groupe transmission. Sur les inserts tu as tout dit. On a sa position , on ne bouge plus. Par contre tu ne parles pas SAV, tu parles usure prématurée des têtes de vis, pas trop grave mais pour ce qui est du reste et du cadre , y a t il une limite de garantie ? En gros vendre c est bien , Polygon a t il un SAV dédié France ? Article très complet comme d habitude. Bravo.
Bonjour Pierre, tout d’abord merci de ton commentaire !
Concernant le SAV, je viens d’avoir confirmation du distributeur français : Cadre et fourche sont garantis 5 ans, et les composants 2 ans. Le SAV est assuré par le distributeur français, via ses revendeurs (réseau en construction).
Merci de nous lire et à bientôt.