Depuis la parution de mon article consacré aux vélos en bois, je vois de nouveaux artisans tenter l’aventure du vélo branché. Ma découverte récente de Tijo sur les réseaux sociaux m’a amené à contacter Joanne Lecorfec, qui vient de se lancer également sur ce nouveau créneau. Dans son atelier, le débat ne se fera pas sur les différences de qualité entre les aciers Columbus, Reynolds, Deda ou encore Tange… elle vous expliquera plutôt la différence entre le frêne, le chêne et le noyer, qu’elle a l’habitude de travailler pour fabriquer ses cadres.
Les voyages forment la jeunesse et inspirent les projets
La jeune marque Tijo (contraction de Thibaut son compagnon et Joanne) est née d’un voyage initiatique à vélo qui a duré 14 mois. Joanne et Thibaut prennent la route sur leur vélo, en quête de la région de France où ils pourront s’installer. Joanne est de “nulle part” ; “Je suis née en Guadeloupe sur un bateau…“, me dit-elle. L’idée de partir à vélo, pour trouver un lieu de vie idéal est originale et quand en plus, elle amène Joanne à concevoir en chemin son projet professionnel, cela devient une expérience formidable.
Après un parcours professionnel atypique, Joanne découvre il y a 5 ans la menuiserie-ébénisterie. Le bois a été une révélation pour elle. “À la suite de ce voyage à vélo, destiné à trouver un lieu de vie, j’ai décidé de ne plus fabriquer des bibliothèques, mais des vélos en bois“, dit-elle, amusée. En fait, Joanne est cycliste depuis longtemps et la jeune femme s’est toujours déplacée en mode vélotaf. Un premier voyage à vélo lui a donné le goût d’utiliser le vélo autrement que pour son côté utilitaire. Cette expérience l’a conduite à porter un autre regard sur le vélo, notamment sur ses aspects mécaniques et ergonomiques. L’envie de construire un vélo en bois est venue de son intérêt pour ce qu’elle appelle “l’ART-isanat”, c’est-à-dire la façon de réaliser de façon artisanale un objet esthétique et utile. Elle aime le design et elle aime l’exprimer avec le bois. Elle applique dans le domaine du vélo tout ce qu’elle a appris pendant 5 ans dans son métier de menuisier-ébéniste.
La maitrise de la fabrication d’un cadre en bois n’est pas le seul critère pour créer un bon vélo. Joanne a dû apprendre pour cela les bases de la géométrie des cadres, les choix angulaires et le reste. Elle s’est fortement documentée sur Internet et s’est imprégnée de ce qui existait. Son intérêt a été en premier lieu orienté vers le gravel et son usage voyage, dans lequel elle possède elle-même une certaine expérience. Pour l’instant, Tijo propose un unique modèle gravel, mais Joanne, qui pratique également la route, envisage par la suite de s’intéresser à ce créneau.
Le podcast Bla Bla avec Joanne
Quand le vélo sort du bois ou de son cadre
Pour Joanne, design et écologie font bon ménage. La question ne s’est pas posée en ces termes puisqu’elle ne savait travailler ni l’acier, ni le carbone… le bois était une évidence. Pour ses fabrications, elle trouve sur place cette matière première renouvelable. Dans la région d’Auvergne où elle a posé ses bagages et ses outils, il y a des forêts et il n’est pas nécessaire d’aller loin : circuit court et production locale. Pour elle, le chêne, le frêne et le noyer sont les essences qui présentent les meilleures qualités mécaniques pour construire de bons vélos.
Sa fabrication est réellement artisanale, il n’y a pas de machines à commande numérique dans son atelier à part quelques outils électriques, pour préparer les ébauches, le reste est totalement manuel. “Je fais tous mes assemblages à la main, car je ne veux pas déléguer à une machine mon savoir-faire artisanal”. La finition est réalisée avec un vernis marin qui protège le bois contre toutes les agressions que pourra subir le cadre, surtout en usage gravel et voyage.
Pour la fourchette de prix, il faudra définir avec Joanne votre projet. Un cadre complet revient à 3000 € et en fonction des équipements que vous pouvez monter vous-même ou faire monter par Joanne, le prix sera variable.
Infos et contact sur le site de Tijo.
Lire également le très bon article de Marie-Pierre Demarty sur tikographie.fr.