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AccueilNos vélosGravelDilecta Forçat AL : dynamisme et élégance

Dilecta Forçat AL : dynamisme et élégance

(Bike Café a pu tester en avant-première ce nouveau Dilecta Forçat AL).
Quand l’opportunité de ce test s’est présentée, j’ai hésité. Oui, car il me faut plus qu’un nom, un héritage ou une image. Ces notions touchent à l’émotion, chose qui m’est interdite si je veux rester objectif et rationnel dans mon analyse. Aussi, si j’ai accepté ce test, c’est tout simplement car le matériau utilisé, l’aluminium, a attisé ma curiosité. Je voulais savoir quels arguments avancent Dilecta, à travers ce Forçat AL, pour espérer émerger d’une fourchette de prix où les bons cadres en acier et les entrées de gamme en carbone sont présents. Et finalement, je ne regrette pas mon choix.

Dilecta Forçat AL (photo Philippe Duroc)
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Dilecta : un héritage

Ne pas céder à l’émotion ne veut en aucun cas dire ne pas connaitre l’histoire. Bien au contraire. Pour comprendre les choix techniques du présent, il faut souvent plonger dans les racines du fabricant. En ce sens, Dilecta ne fait pas exception. En 1913, Albert Chichery crée les cycles Dilecta dans la commune de Le Blanc (36). L’entrepreneur qui fut par la suite homme politique (député de l’Indre) fut coureur cycliste de niveau régional. Puis, il arrête les courses, ce qui marque le début de l’aventure Dilecta. Les cycles Dilecta se développèrent rapidement dès l’ouverture de l’usine du Blanc au début du XXème siècle. En 1913, l’atelier fabrique environ 1.000 vélos.

Des vélos aux obus

L’année suivante, la Première Guerre mondiale éclate. Albert Chichery est mobilisé mais vite réformé. Dés lors, l’usine est réquisitionnée par l’État pour produire des gaines d’obus. À la fin du conflit, l’usine reprend la fabrication de cycles avec environ 15.000 vélos par an qui sortent des ateliers où travaillent 150 ouvriers.

Dilecta
Dans les archives de Dilecta (photo Dilecta)

À partir de 1937, les cadres et vélos de route sur mesure, destinés aux coureurs professionnels Dilecta, sont fabriqués dans un nouvel atelier à Tours. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’usine est à nouveau réquisitionnée. À l’issue du conflit, l’usine reprend son activité et accroit sa capacité de production. Toujours pour Dilecta, mais aussi pour Dion-Bouton, les Cycles JB Louvet, et Helyett. Dès lors, l’usine produit jusqu’à 25000 vélos par an.

Une saga industrielle, mais aussi sportive

Enfin, en 1968, après 55 ans de présence sur le marché du cycle et plus de 36 saisons cyclistes professionnelles au plus haut niveau, la saga Dilecta prend fin. Le palmarès sportif de Dilecta est éloquent. Il est décrit et illustré de belle manière sur cette page du fabricant.

Dilecta
Tour de France 1966 : André Darrigade et Jean-Claude Lebaube portant le maillot jaune (photo Dilecta)

Là-dessus, je vous conseille ce podcast où Eric Vanhaverbecke, aujourd’hui à la tête de Dilecta, répond aux questions de Patrick, qui avait d’ailleurs testé le Dilecta Le Blanc. Mais également, ce recueil créé par les Amis Cyclos Blancois, particulièrement bien illustré.

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Dilecta Forçat AL : présentation

Les couleurs de ce cadre qui se découvre devant moi sont d’une rare élégance. Sans aucun doute, je suis en présence d’un vélo qui a du sang italien, malgré son histoire française. Le coloris de mon exemplaire, Vert Reseda, est très réussi. Notamment l’intérieur rouge de la fourche qui apporte une touche élégante et raffinée, et qui pourrait même rappeler les semelles rouges des escarpins Christian Louboutin.

Le coloris Vert Reseda s’accorde à merveille avec l’intérieur rouge de la fourche (photo Laurent Biger)

Les courbes du cadre sont classiques, les soudures discrètes et la finition de très haut niveau. Équilibre est le premier mot qui me vient à l’esprit en observant la ligne de ce Forçat. Si sa fourche est intégralement en carbone, le cadre est réalisé avec des tubes en aluminium de la classe 7005 Firelight Competition de chez Dedacciai. Une société transalpine qui fournit les meilleurs cadreurs depuis une trentaine d’années.

Ce cadre est donné pour un poids autour de 1,5 kg en taille 54, ce qui en fait un cadre aluminium parmi les plus légers du marché. Là-dessus, le poids de la fourche Gravel Carbone est donné pour 500 g. Soit un kit cadre autour de 2 kg. À noter, trois emplacements de fixations pour porte bidons, ainsi que des fixations pour garde boue et porte bagage.

Un kit cadre bien équipé avec de nombreux inserts (photo Dilecta)

Quant au boitier de pédalier, il est fileté (format BSC). Ce kit cadre est compatible pour des roues de 700 et 650b, jusqu’à des sections de pneumatiques de 700x47mm ou 650bX50mm.

Géométrie

Sa géométrie est conventionnelle, avec des bases de 430 mm, et des angles classiques. Je note cependant un angle de direction de 72° pour cette taille 56 (et même plus pour les tailles supérieures), ce qui est plutôt élevé comme valeur sur un cadre Gravel. J’y reviendrai plus tard pour évoquer les conséquences sur le terrain.

Groupe et périphériques

Quant à la transmission, elle se compose d’un pédalier Shimano GRX 810 équipé d’un seul plateau de 40 dents. Là-dessus, on trouve une cassette Shimano Deore CS-M8000 XT en 11-40 dents et un dérailleur de la gamme GRX-800. A l’opposé, côté cintre, je retrouve des leviers Shimano également de la gamme GRX-800, tout comme les étriers de freins. Je ne reviendrai pas plus sur ce groupe japonais 11 vitesses, désormais ultra éprouvé.

Shimano GRX 11 vitesses : un groupe ultra éprouvé (photo Laurent Biger)

Du côté des périphériques, c’est avec un certain plaisir que je retrouve des références Deda Elementi, de la série Gravel 100 pour le cintre et de la série ZERO1 pour la potence et la tige de selle. Eux aussi sont italiens, et sont faits d’aluminium 7075. Quant à la selle, c’est aussi une production italienne de qualité : Italia SLR Boost.

Périphériques Deda Elementi : un excellent rapport qualité prix pour le Gravel (photo Laurent Biger)

Les roues

Équipées d’un corps de roue libre au standard Shimano HG11, cette paire de roues Fulcrum Rapid Red 3 trouve esthétiquement sa place sur ce montage. D’une largeur interne de 24 mm et d’une hauteur également de 24 mm, ces roues en aluminium (6082, T6) accusent un poids non négligeable, autour de 1740 g la paire. Enfin, des pneus Hutchinson Touareg en 700×40 mm montés tubeless, équipent cet exemplaire.

Roues Fulcrum Rapid Red 3 (photo Laurent Biger)
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Dilecta Forçat AL : le test terrain

L’ aluminium, décrié et plébiscité

Ces dernières années, l’aluminium a plutôt mauvaise réputation dans l’univers Gravel. Le plus souvent en répétant, par imitation, que ce matériau est trop rigide, ne se déforme pas, etc. Et oubliant souvent de mentionner que ce matériau est probablement celui qui se recycle le mieux ! Pourtant, dans ma cinquantaine de vélos Gravel testés, j’ai roulé des “Alu” plus confortables que certains “Titane”, et plus dynamique que certains “Carbone”.

Pas commun, le Dilecta Forçat se démarque avec ses tubes aluminium Dedaccia de la série 7005 Firelight Competition (photo Philippe Duroc)

Parmi eux, s’il fallait en citer deux qui se rapprochent de ce Dilecta Forçat AL, c’est sans aucun doute le Bertin C117 et l’Officine Mattio Santiago AL (testé pour Cyclist Magazine). Ces derniers sont également constitués de tubes de chez Dedaccia, et également fabriqués en Italie. Mais contrairement au Dilecta, ils utilisent la série de tubes AEGIS. Là-dessus, le Dilecta Forçat se démarque avec ses tubes de la série 7005 Firelight Competition.

Performant, mais exigeant

Malgré des bases généreuses de 430mm, le train arrière du Forçat AL est sportif. La filtration n’est pas son point fort, même si cela reste largement acceptable. Par ailleurs, le choix de pneus Hutchinson Touareg, à la structure robuste mais très rigide, ne fait que renforcer cette fermeté. Pour autant, le Dilecta Forçat AL se fait pardonner par une rigueur dynamique irréprochable. Là-dessus, ce cadre égale et surpasse bien des cadres en carbone. Aucun watt n’est perdu.

Le Dilecta Forçat AL sur les pistes du massif des Maures (photo Philippe Duroc)

On est bien en présence d’un cadre haut de gamme, qui excelle sur route et pistes roulantes. Sur des terrains moins homogènes, le train avant marque le pas. Si son angle de direction plutôt fermé (72° dans cette taille 56) apporte une belle agilité, il manque de stabilité dans l’engagé. Rien de dangereux pour autant, mais ce vélo demande de l’expérience pour être emmené fort sur les sentiers.

Ce cadre est ferme, mais d’une rigueur dynamique irréprochable (photo Philippe Duroc)

En matière de pilotage, les périphériques ont leurs importances, et sur ce point, le cintre Deda Gravel 100 est parfait. En revanche, j’aurais apprécié une guidoline plus amortissante…

Une des sorties test au guidon du Dilecta Forçat AL

Quant aux roues, malgré leur poids banal, je les trouve dynamiques à l’usage. Cette paire de Roues Fulcrum Rapid Red 3 se montre rigoureuse dans son comportement, comme j’ai pu le constater en terrain engagé. Au fil des essais, je constate que même en milieu de gamme aluminium, on est rarement déçu chez Fulcrum. Par ailleurs, j’ai réellement apprécié le silence absolu de la roue libre.

A l’arrière plan, la Chartreuse de la Verne et au loin la Méditerranée (photo Philippe Duroc)

Dilecta Forçat AL : au bilan

Finalement, le Forçat AL est un digne héritier de la saga sportive de Dilecta. Comprenez par là qu’il ne faut pas attendre de ce vélo de la paresse ou de la facilité. Non, le Dilecta Forçat AL est un pur sang fait d’aluminium haut de gamme. Cet élégant Gravel n’est pas des plus dociles ni des plus confortables sur les terrains variés. En revanche, il est d’un caractère vif, efficace et même attachant. En ce sens, le Dilecta Forçat AL peut séduire sans peine les pratiquants qui veulent un unique vélo pour la route et les pistes roulantes, tant il excelle dans ce domaine AllRoad. Face à la concurrence, son exclusivité et son élégance sont ses plus précieux atouts.

Dilecta Forçat AL : caractéristiques

REFERENCEDilecta Forçat AL
CADREAluminium 7005 Dedacciai Firelight Competition
FOURCHEGRAVEL Carbone avec 8 inserts, pivot 1″ 1/8 1″1/2 (tapered)
DÉRAILLEUR ARRIÈREShimano GRX RD-RX812
MANETTESShimano GRX ST-RX810
PEDALIER et PLATEAU40 dents
BOITIER de PEDALIERFormat BSC (fileté)
CASSETTEShimano CS-M8000 (XT) 11 vitesses 10-40 dents
CINTRE et POTENCEDeda Gravel 100 et Deda Zero
ETRIERS DE FREINSShimano GRX BR-RX810
DISQUES DE FREINSShimano RT-CL800 (centerlock, 140mm à l’arrière et 160mm à l’avant)
ROUESFulcrum RAPID RED 3 (700)
PNEUSHutchinson Touareg 700 x 40 mm
SELLESelle Italia SLR Boost
TIGE DE SELLEDeda Zero
POIDS9,6 kg en taille M 56 (vérifié, en montage tubeless)
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Laurent Biger
Laurent Bigerhttps://www.strava.com/athletes/20845281
Laurent Biger est un ex-compétiteur VTT XCO et XCM et le fondateur de More Gravel. Il est adepte du vélotaf et un passionné des sujets techniques. Les matériaux, la géométrie et les pneumatiques sont ses domaines de prédilections. Pour mener à bien ses tests, Laurent n’hésite pas à s'aligner sur des manches Gravel UCI, en cyclo-cross ou même de VTT au guidon d'un Gravel. Même si le Mont Ventoux reste son attache natale, Laurent bouge beaucoup dans l'hexagone, permettant ainsi de tester vélos et équipements dans les conditions les plus variées.

5 COMMENTAIRES

  1. Une tres belle machine !
    L alu est vraiment sous-estimé, c est intéressant de voir un artisan “jouer” avec ce matériaux. ici une proposition plutôt vif et rigide, sportif ! Qui marche probablement mieux que bcp de carbone a 1,5-2x le prix.
    L envolé du prix des vélo chez les gds constructeurs remet définitivement les petits artisans sur le devant et tant mieux.

    Remarque : un petit peu chère tout de même. il y a un Ti de Sauvage testé par le collegue qui coute 200e de +.

    Et quel plaisir de voir de la semi-integration de câblerie 😉 Juste le tube diagonal, c est parfait. Le passage dans la potence avec du dérailleur meca , c est vraiment pas une bonne idée.

    • Joli cadre et fabriqué en Italie, ça donne envie.
      Dur de s’y retrouver avec les différents matériaux utilisés pour les cadres. Pour l’aluminium je lis souvent que ça vieillit mal comparé à de l’acier, mais qu’en est il réellement sur un cadre avec des super tubes dedaccia ??

  2. Je n’ai rien contre l’Aluminium, j’en ai eu plusieurs ces dernières années et j’en étais très content au niveau dynamisme (moins pour le confort), mais à 1790€ le kit cadre il est scandaleux que les soudures ne soient pas polies, sinon on ne peut pas parler de finition haut de gamme. En 2016 j’avais acheté un gravel complet à 1800€ équipé tout en en SRAM rival 1×11 avec des roues Stan’s no tubes, le vélo avait un cadre alu dont toutes les soudures des tubes débouchants sur le triangle principal étaient parfaitement polies à tel point qu’on le prenait souvent pour un cadre carbone. Son poids était de 1,6kg pour le cadre en Alu 7005 de taille 54, donc très proche de celui-ci. Honnêtement je ne vois rien qui justifie un prix aussi élevé même tenant compte de l’inflation, sachant que les cadres en Alu sont les moins cher à produire. Le nom de Dilecta est juste un branding qui joue la carte de la nostalgie vu que plus rien ne relie ces productions à la marque historique. Pour moi on frise le piège à bobo.

  3. “Par ailleurs, j’ai réellement apprécié le silence absolu de la roue libre.”

    MERCI de faire ce commentaire. La mode des cassettes ultra bruyantes lancée par SRAM est une ineptie (du même genre que les jeans vendus troués/déchirés). Unique objectif : permettre au cycliste de se faire remarquer en flattant l’orgueil du consommateur “m’as-tu-vu” et en polluant de l’expérience du cycliste et de celle de ses compagnons par un bruit totalement inutile (un comble, alors que le gravel c’est le “retour à la nature”; le jean troué, lui, ne gêne personne au moins ).

    De la même manière j’apprécie que vous releviez “Le plus souvent en répétant, par imitation, que [l’aluminium] est trop rigide, ne se déforme pas, etc”.
    Internet regorge de “vérités” intemporelles répétées par des personnes qui écrivent sans connaitre et sans expérience “première main”, alors que ces “vérités” proviennent de contextes et d’époques complètement différents.

    Comme pour la cassette ci-dessus, il est utile que vous profitiez de votre visibilité pour relever ce point-là.
    Vous avez un rôle d’éducation” (à défaut d’influenceur ) que vous assumez d’une manière très soft mais réelle. Bravo . J’espère que vous continuerez, même si vous n’êtes pas toujours dans une situation confortable pour le faire, puisque vous êtes une entreprise commerciale qui doit quand même garder de bons contacts avec le marketing des fabricants et donc jouer un minimum leur jeu.

    • Bonjour Vincent,
      Merci pour ce commentaire pertinent et encourageant. En effet, la liberté de parole est essentielle. Cet équilibre peut être délicat mais pas du tout impossible. En cela, notre société a un avantage (à mon sens) indéniable : les associés, dont je fais partie, gagne déjà tous leurs vies “ailleurs”. Aussi, cela nous libére d’une certaine pression qui pourrait sûrement être néfaste à notre contenu éditorial…
      Merci de nous lire et à bientôt.
      Laurent.

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