Après très exactement 868 kilomètres effectués sur routes et pistes, je vais tenter de vous faire partager le plus fidèlement possible mon expérience au guidon de ce nouveau Rondo Ruut Ti. Ce modèle, qui se singularise par un cadre en titane, vient compléter par le haut la gamme des Rondo Ruut existante en acier et en carbone. Présenté en mars, lors du salon du cycle de Taipei, ce vélo reprend les caractéristiques de ses frères. Il est disponible en France auprès de Tribe Sport group qui représente la marque polonaise ainsi que quelques revendeurs.
Mais avant de parler du test regardons les aspects techniques et les spécifications de ce gravel polonais. Venu de l’Est, il n’est pas totalement une nouveauté pour moi. En effet, certains lecteurs assidus de Bike Café ont dû lire mes précédents tests de la gamme RAG+ de NS BIKES. Quel rapport me direz-vous ? Et bien Rondo et NS BIKES font tout simplement parti du même groupe. À la vue de la géométrie, je le pressentais, et un coup d’œil aux cotes me le confirme : on a ici une nouvelle déclinaison du cadre « Gravel » de ce groupe polonais. Même cotes que sur le RAG+, seule une conception différente des bases, et un routage des gaines (en interne) différencient les cousins polonais. Et bien sûr, pour le cas du Ruut Ti, l’usage du titane, ce qui n’est pas un simple détail…
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Un vélo bien équipé
Côté spécifications techniques, notre Ruut arbore les dernières solutions que l’on retrouve désormais sur les “gravel” modernes : entre-axe arrière de 12 x 142 mm (A), qui comparativement au classique 9 x 135 mm, permet une monte pneumatique élargie, sans pour autant rallonger les bases. L’axe avant est de type traversant également, en 15 x 100 mm (B). Niveau freinage, c’est le standard flatmount qui accueille les étriers hydrauliques. D’un point de vue périphériques, on retrouve un cintre Easton EA70 AX (C) avec 16 degrés de flare et un drop de 120 mm, une potence maison signée Rondo. Concernant la selle et tige de selle, l’exemplaire de test (dont la selle et la TDS d’origine s’étaient égarées lors de tests précédents) était équipé de la nouvelle tige de selle Easton EC 70 en carbone, qui permet un réglage indépendant avant-arrière, et d’une selle Italia Novus Boost Gravel (D). Le modèle de base est équipé d’une tige de selle Easton également, mais le modèle EA 70 AX 42 et la selle d’origine est une Fabric Scoop Flat CR-Ti. Le groupe Sram Force a été choisi pour équipé ce gravel, plutôt haut de gamme (E).
Concernant les pneumatiques, mon exemplaire était équipé de Maxxis Rambler, en lieu et place des Panaracer Gravelking d’origine. Des divergences qu’il convient donc de garder en mémoire à la lecture de mes sensations ressenties.
Premières sensations
Questions sensations, c’est avec grand plaisir que je retrouve cette géométrie qui m’a beaucoup plu sur les RAG+ de NS BIKES. Une géométrie favorisant la stabilité grâce à un avant « long », un angle de direction relativement couché pour la catégorie (y compris avec le réglage le plus « sportif » de la fourche), et néanmoins des bases courtes, propices à de belles relances. Ces fondamentaux n’ont pas été remis en question sur ce Rondo, qui descend très bien grâce à cette stabilité rassurante qui met son pilote en confiance. Une confiance à laquelle le cintre Easton contribue de belle manière : un flare et un drop idéal qui permettent une préhension sûre quelles que soient les conditions.
D’un point de vue « physique », les relances sont efficaces : le cadre retransmet rapidement l’énergie investie, mais ne la conserve pas assez dans le temps. J’incrimine à la fois les Maxxis Rambler en 40 mm (qui à mon sens sont n’ont pas un excellent rendement sur terrain roulant) et les roues (Rondo en aluminium) qui manquent cruellement d’inertie à vive allure sur terrain plat. Le poids de 8,65 kg en taille M en fait un vélo particulièrement à l’aise dans les dénivelés positifs où il s’exprime pleinement.
Assis, autant vous le dire : je n’ai pas pu m’adapter à cette selle dédiée au Gravel de chez Italia. Chaque postérieur est différent, et le mien s’installe aisément sur les tailles « S2 » de chez Italia. Celle-ci étant une S3, mon séant s’en souviendra.
À la conquête des massifs
Sur les 868 km roulés sur ce Gravel, avec de longues sorties sur route en multiples états de surface, l’ascension sur pistes et route du Mont Ventoux, et les multiples randonnées dans le Massif des Maures, je peux désormais affirmer que ce beau Gravel est rapide, mais qu’il n’est pas le plus confortable qui soit. Sans être non plus un « bout de bois » bien sûr, c’est un cadre en titane qui favorise clairement le rendement. Mon ascension du Ventoux (que je connais relativement bien) me l’a démontré : c’est un vélo efficace, y compris sur route (en adaptant sa monte pneumatique bien entendu) où son poids réduit et sa bonne rigidité latérale peuvent faire des jaloux même chez les cyclosportifs. Pour l’endurance, ce n’est pas le vélo idéal au vu de la faible filtration verticale.
Malgré les excellentes qualités mécaniques du titane, la géométrie du cadre, évoquée plus haut, et sa conception (diamètres et formes des bases notamment) ne pouvaient pas faire de miracle de ce côté-là. Bien évidemment, adapter les pressions de gonflages des pneus en tubeless pondérera ce jugement, mais ne changera pas la philosophie intrinsèque de ce Gravel à l’esprit « sportif ».
Profitant d’en avoir une paire à disposition, j’ai monté des roues artisanales en carbone de chez Storm, assemblées selon mon poids et ma pratique Gravel et Cyclo-cross. Cela m’a permis de confirmer les petits défauts des roues d’origines et d’apporter au vélo un gain de confort non négligeable. À mon sens, je pense que la tension des rayons des roues Rondo est exagérée…
Parlons un peu de cette fameuse fourche, dont Patrick avait d’ailleurs décrit avec illustrations son fonctionnement, dans l’essai de la version CF2 du Ruut. Je ne reviendrai donc pas sur l’explication technique de cette fourche Twintip. Du point de vue dynamique, les deux positions permettent en effet une réelle différence qui influence le comportement du vélo, sans pour autant le transformer. Ce gravel restera bien stable et facile dans les deux positions. L’angle de direction le plus incisif, sera bien sûr à adopter si vous voulez vous aligner sur un cyclocross local. Les normes UCI vous rattraperont vite à un niveau supérieur, car ce vélo ne remplit pas tous les critères pour être homologué officiellement pour cette pratique. Cette fourche, et également le cadre, permettent une monte généreuse en pneumatique, jusqu’à environ 43 mm en 700 et bien plus en 27’5, le vélo étant apte à recevoir ce format de roue.
À ce niveau de prix, on s’attend à un certain équipement, et c’est relativement logique de retrouver sur notre Gravel polonais le groupe SRAM Force en version mono. Pas de dépaysement pour les habitués de la marque américaine, le fonctionnement est identique au restant de la gamme. Une ergonomie particulière qui a ses adeptes, et ses détracteurs. Le clivage SRAM / SHIMANO étant un sujet particulièrement propice aux débats stériles, je m’abstiendrai d’ajouter ici mon grain de sel. Rondo a fait le choix d’un 40 dents pour l’unique plateau. Un choix judicieux, qui permet une belle gamme de développements et de belles aptitudes de franchissements, y compris sur les pentes à fort pourcentages du sud de la France. Avec la cassette éponyme 10 – 42 dents, vous pouvez sans problèmes envisager un Mont Ventoux, que ce soit par les pistes ou la route. Oui, vous avez bien lu 10 – 42, le corps de roue libre étant de type XD, cela permet de descendre à 10 dents. Si ce n’est en rien novateur pour les Vététistes adeptes de SRAM qui connaissent déjà depuis quelques années ce standard, c’est plus rare sur un Gravel pour le souligner. Une belle façon d’exploiter l’axe arrière de 12 x 142 mm, qui rappelons-le, est identique au format VTT « non Boost » (le Boost étant en 12 x 148 mm).
Le freinage du groupe Force procure un freinage très progressif. Une modulation facile à gérer, moins incisive cependant que certains groupes hydrauliques du rival japonais. Mais là aussi, c’est une affaire de goût …
Question pratiques, vous pourrez monter jusqu’à trois portes bidons. L’un d’eux étant cependant particulièrement exposé sous le tube diagonal … La fourche et le cadre possèdent de nombreux points d’emports qui permettent également le montage de garde-boues.
Pour conclure
En conclusion, notre Rondo Ruut Ti est un gravel sportif. Je dirai même un gravel de grimpeur ! Son noble et léger matériau lui ouvrant clairement la porte de la performance, y compris sur route. Ce sera au détriment cependant d’un confort, que certains attendaient probablement sur un cadre en titane. Cela n’enlève en rien les qualités de ce Ruut Ti qui reste une belle machine qui fera tourner les têtes. Il est bien plus original et exotique que bon nombre de Gravel stéréotypés sortant des chaînes de célèbres marques.
C’est un gravel au look décalé, un peu exigeant physiquement, mais aussi rapide qu’attachant.
Caractéristiques
- Modèle : Ruut Ti
- Cadre : Titane 3AL2,5V – Axe 12 mm – Poids 1,6 kg
- Roues : Rondo Superlight Alu 700c
- Transmission : Sram Force 1
- Pédalier : Sram Force 1 40 dents
- Cassette : Sram XG 1175 10-42 dents 11V
- Fourche : Carbone Twin Tip conique – Axe 15 mm
- Pneus : Panaracer Gravelking SK 700 x 35 TLC
- Freins : Disques hydrauliques Sram Force flatmount – Disque 160 mm AV/AR
- Potence : Rondo 80 mm(S) – 90 mm(M) – 100 mm(L)
- Guidon : Easton EA 70 AX 42 cm(S) – 44 cm(M-L)
- Tige de selle : Easton EC90 350 x 27,2 mm
- Selle : Fabric Scoop Flat CR-Ti
- Poids : 8,6 kg
- Tailles : S, M, L
- Prix : 4899 €
Infos sur le site de Tribe Sport Group
Merci de ce retour. Cordialement
Bel article, bien écrit et bien illustré !
Il est sobre et beau ce spad, peut-être aurait-il mérité une fourche titane également!!?