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200 nanas pour 200 km

Dans le monde du vélo qui ne connait pas Élisabeth Lavaill ? Cette cycliste, boulimique de kilomètres, sillonne la France sur l’un ou l’autre de ses vélos (elle en possède quelques uns). Proche du monde des artisans du cycle français, on peut dire qu’elle en connaît un rayon en matière de matos. Elle expérimente le matériel qu’elle met à rude épreuve sur ses trajets en longue distance et aime partager son expérience avec la communauté du vélo. Elle a eu la très bonne idée d’organiser un brevet de randonneur de 200 km pour les filles avec le soutien logistique de l’Audax Club Parisien. Elle l’a baptisé : 200 nanas pour 200 km, une vraie première …

Toutes ces nanas ont adoré la formule, et curieux comme nous sommes, nous avons voulu savoir comment ça s’était passe. John Kovalski, bénévole sur l’événement, noua a envoyé un paquet de photos sur lesquelles elle avaient toutes la banane. Stéphanie Joly, membre du GOW (Girls On Wheels) nous a fait le récit de cette journée de vélo, façon nana… Voilà le résultat. 

200 nanas pour 200 km
Elisabeth Lavaill organisatrice de cet événement féminin avec l’Audax Club Parisien – photo

Alors Stéphanie raconte nous ! …     

5h45, le réveil sonne. J’ai la chance d’être juste à côté de La Cité Fertile, c’est-à-dire à moins de 5 km. En vélo, c’est cadeau. Les yeux à peine ouverts, j’entends la pluie qui crépite dans le conduit de la cheminée condamnée de l’appartement. Je serre un peu les dents : une vilaine chute sur chaussée glissante une semaine plus tôt ravive la douleur dans mon coude gauche. Heureusement, durant cette semaine j’ai eu la chance de participer à la La Clacyclo, de quoi vous soigner de pas mal de peurs, et vous consoler ardemment pour les mois à venir et l’année écoulée.

6h, je suis en tenue, et je révise un peu mon matériel : pour une journée, il suffit d’un GPS, du téléphone en cas de souci, papiers d’identité et carte vitale, monnaie pour les ravitos en boulangerie, deux ou trois bricoles à manger (40g d’abricots secs, une barre cliff, une pate d’amande), un k-way, de l’eau, et le casque (bordel).

6h15, je descends Maurice (c’est mon vélo) tout fraîchement muni de ses nouveaux plateaux. (Encore merci à Franck l’expert @osymetric du shop Les Bécanes d’Antoine). Il paraît que beaucoup de coureurs ont gagné le Tour de France avec ces plateaux : leur fonction sera surtout de me soulager les genoux, puisque je ne cours pas après le temps.

200 nanas pour 200 km
Le départ est à la Cité Fertile photo John Kovalski

6h35, avec prudence mais sûrement je suis arrivée à la Cité Fertile : je repère déjà quelques visages connus, c’est trop cool. Je sais déjà que, faisant partie des plus lentes, il me faudra partir tôt, parmi les premières, si je veux m’accorder du temps à l’arrivée et avoir le temps de rentrer avant que les endorphines ne me déposent dans la côte que je dois remonter pour aller chez moi.

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Stéphanie Joly, pas de doute, on est bien dans le cadre d’un BRM – photo John Kovalski

6h45 : le comité d’accueil est merveilleux de gentillesse. L’Audax Club Parisien a sorti les maillots : pas de doute, on est bien dans le cadre d’un BRM, dont j’adore l’ambiance en général. Sauf que là, on a des cadeaux : les Cycles Victor offrent un bidon, on reçoit un décapsuleur #200nanaspour200kms, un autocollant, et la carte du BRM avant d’être acheminé.e.s vers le café, le quatre quart marbré et les bananes. Pour ma part, je pars avec la gapette du BRM, ravie. Je salue Elisabeth Lavaill Lavraievie qui organise cette journée depuis de longues semaines dans le but de soutenir et montrer la participation des femmes à ce genre d’événement, et je pioche au hasard une tranche de cake et un bout de banane. Je n’ai pas petit déjeuné avant de partir : trop tôt pour moi !

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Le comité d’accueil est merveilleux de gentillesse. L’Audax Club Parisien a sorti les maillots : pas de doute, on est bien dans le cadre d’un BRM – photo John Kovalski

7h05 : je pars en compagnie d’Agnès, seule des GOW : Girls on Wheels aperçue pour l’instant ce matin. Le départ est prudent car il pleuviote, nous sommes déjà rafraîchies d’être venues jusqu’ici et la chaussée est encore bien trempée. Le trajet passe déjà très vite : maréchaux, bords de Seine, et Conflans Saint Honorine est déjà à portée de roue ! A quelques kilomètres de là, mon GPS s’arrête. Diantre ! Pour une journée je ne prends jamais ma batterie de recharge. Je le ranime, et il repart sur la trace : cela me vaudra une ligne droite du départ à ce point sur ma trace strava, tant pis. Quelques minutes plus tôt, nous étions rattrapées par Elise, encore une GOW, qui a pris d’emblée la tête du peloton que je vois désormais partir au loin, je double d’autres personnes que je recroiserai plus tard, et, si nous ne sommes jamais loin avec Agnès, nous roulons tout de même une grande partie seules, car à notre rythme. J’aime bien.
Le parcours entre Courdimanche et La Roche Guyon est un pur régal, nous passons par le Wy-Dit-Joli-Village.

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À La Roche Guyon, je m’accorde mon premier flan pâtissier – photo Stéphanie Joly

À La Roche Guyon, je m’accorde mon premier flan pâtissier, à l’occasion du tamponnage de la carte. Je ne résiste pas : j’en prends deux, je mangerai bien l’autre plus tard. Je retrouve ici Agnès, et nous ferons une bonne partie ensemble jusqu’à Gisors où nous serons rattrapées par Anaïs (encore une GOW !), pourtant partie une heure après nous !

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Stéphanie Joly – photo John Kovalski

La suite est magnifique et vraiment tranquille : après la fameuse côte de La Roche Guyon, on bifurque sur une longue voie verte dite de la Vallée de l’Epte. Un moment très apaisé pendant pas mal de kilomètres, puisque cette voie nous amène à peu de choses près directement au château de Gisors, où nous attendent de joyeux lurons en chemises hawaïennes et un ravito de reines ! Je pique un morceau de pain, une tranche de fromage et un bout de melon. John immortalisera ce moment avec son appareil. Le flan du 82ème km m’avait bien calée, j’arrête là malgré les victuailles étalées là avec générosité !

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Cette voie nous amène à peu de choses près directement au château de Gisors, où nous attendent de joyeux lurons en chemises hawaïennes et un ravito de reines- photo John Kovalski

À partir de Chaumont en Vexin, ça se gâte niveau dénivelé : et il en faut bien un peu ! Je regretterais presque d’avoir changé ma k7 pour du 30 au lieu du 34, mais ça passe. Les côtes ne sont vraiment pas mon fort, mais, après un petit séjour dans le Morvan avec la clacyclo, et les fameux 13 km à 780 de D+, je me dis que rien n’est impossible !

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Des points de passage accueillants – photo John Kovalski

 

Au 160ème km nous attend le dernier point de passage obligatoire, à Nesles-la-Vallée. Ne reste plus que 40 km : c’est toujours un peu grisant de se dire ça parce qu’on ne dirait pas, mais, ça passe vite en réalité. C’est à partir de ce moment qu’une sorte de nostalgie m’envahit à l’avance. Pour me consoler, et peut-être aussi pour m’encourager à aborder le retour dans la banlieue, le passage sur les maréchaux à nouveau et cette fois à l’heure de pointe, je mange mon second flan. Lors de mon passage à la boulangerie de Nesles, je prends quand même de quoi me récompenser pour mon petit déjeuner du lendemain matin : un pain chocolaté aux pépites de chocolat. Cela me permettra de repenser à cette belle journée dès le réveil du dimanche, avec le café.

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La découverte de voies vertes sur ce beau parcours – photo John Kovalski

À partir de là, mon genou se fait sentir : c’est un énorme progrès vu que d’habitude, sur plateau rond, j’ai mal au bout de 70 km dès que je passe le grand braquet. C’est pas grave : je vais continuer tranquillement car il est encore tôt, et je sais que si j’arrive trop vite, rattrapée par les endorphines je suis capable de me coucher à 20h !
Sur la fin, je fais un bout de chemin avec deux nanas du Club de Maisons-Lafitte. Peu habituées au « folklore local » comme dit si bien Elisabeth, je les guide un peu jusqu’à l’arrivée. Nous sommes applaudies quand nous arrivons sous le préau, et je retrouve les copines avec qui je peux boire une bière de la Cité fertile ! Je fais tamponner mon brevet, et je reçois un sandwich végétarien à se damner : celui-ci, je n’attendrai pas le lendemain pour le manger, il est vite englouti !

Quel plaisir ensuite de voir les autres filles arriver, de poursuivre la soirée dans une bonne ambiance, d’entendre chacune raconter son BRM, sa façon de le vivre. Elise me dit qu’elle est fière de nous. Il y a de quoi sans doute : 200 km ce n’est finalement pas rien. Mais, ça passe toujours tellement vite, quelles que soient les conditions, et même quand on prend son temps ! Vivement le prochain !

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Stéphanie Joly : 200 km ce n’est finalement pas rien.- photo John Kovalski

PS : il ne faudrait pas que j’oublie de parler des barres maison confectionnées par Elisabeth. Tout le long du ride, j’en ai entendu parler et bien sûr, j’en avais emporté une dès le départ. Mais, vous savez ce besoin parfois qu’on a parfois de repousser le moment de déguster quelque chose dont on sait que ça va être démentiel ? Au ravito de Gisors, il restait de ces barres. Et bien j’en ai emporté une seconde. J’ai mangé la première seulement le dimanche midi. J’ai gardé l’autre précieusement, comme un souvenir, peut-être une madeleine de Proust. Et je l’ai dégustée ce matin seulement, avec le sentiment de prolonger l’aventure de ce BRM sur plusieurs jours. merci encore Elisabeth, le Scam, Victor, John, l’ACP, les GOW.

Vive le vélo !

Stéphanie Joly

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