Pourquoi résister aux avancées technologiques quand elles s’avèrent efficaces ? C’est ce que l’on s’est dit au Bike Café pour décider enfin de passer au montage tubeless sur un Gravel Bike. Nos deux dernières sorties de groupe nous en ont fait la démonstration. Au Tour de la Sainte Victoire, deux crevaisons : Sébastien sur un pincement de chambre et Laurent lors du retour en ville par un sournois petit bout de métal. Tous les deux étaient montés avec des chambres.
Lors de notre dernière sortie en groupe du Gravel Bike Festival, c’est Fabrice qui a connu la seule et unique crevaison. Vers le kilomètre 50 une partie du chemin était constellé de débris de verre. Il se retrouve avec un pneu arrière complètement à plat. Après un examen rapide du pneu, on a trouvé un gros éclat de verre fiché dans le pneu. Le pneu est tubeless et le préventif blanchâtre s’écoule autour de l’éclat planté dans la gomme. Fabrice ne tergiverse pas et sort la pompe pour un rapide regonflage aussitôt après l’extraction de l’intrus planté dans le pneu. Vu la taille du morceau de verre, je reste dubitatif sur l’efficacité du préventif à colmater le trou. Erreur d’appréciation, Fabrice rentrera sans encombre jusqu’à Longchamp sans avoir à donner un nouveau coup de pompe.
J’avais déjà envisagé d’abandonner les chambres à air pour passer en tubeless. Convaincu par la démonstration, c’est dès le lendemain que je passe commande d’un jeu de valves tubeless et je décide de franchir le pas et monter mes G-One qui sont compatibles en mode tubeless.
Les fournitures
Les jantes DT Swiss de mon vélo étaient déjà préparées tubeless avec le fond de jante qui va bien. Il faut à défaut : le jeu de valve tubeless et éventuellement un jeu de fond de jante tubeless, s’il n’est pas déjà présent sur la roue. Le liquide préventif est nécessaire au moment du montage. Il le sera aussi par la suite, à fréquence régulière, pour une remise à niveau. Les quantités et fréquences sont spécifiées sur la notice du bidon du précieux liquide. Le préventif peut faire parti d’un kit comprenant valves et fonds de jante (cf. roues Ksyrium Elite All Road) ou vendu à part sous forme d’un plus gros bidon.
On a testé le montage pour vous …
L’outillage
Une paire de démonte pneus, une seringue ou tout autre bocal gradué permettant de mesurer la quantité de liquide. On a coupé pour l’occasion un récipient dans un petit bidon de lait que l’on va utiliser pour verser la quantité exacte du liquide dans le pneu.
Dernier équipement, pas forcément disponible, un manomètre raccordé à un compresseur. On trouve aujourd’hui des gonfleurs à pied à accumulateur comme par exemple :
qui permettent cette opération pour ceux qui ne disposent pas d’un compresseur.
Les opérations
Après dégonflage on sort la chambre avec les démonte pneus ainsi que le pneu. Avant d’aller plus loin, on vérifie que la partie intérieure du pneu est propre, sans corps étranger et que les lèvres du pneu ne sont pas entaillées.
On remplace le fond de jante classique par le fond de jante tubeless.
On équipe la jante avec la valve tubeless.
On monte une première lèvre du pneu sur la jante. La roue est posée à la verticale, la valve se trouve en haut.
On remplit, grâce au bocal gradué ou à la seringue, le petit récipient avec la bonne quantité de préventif (voir la notice en fonction de la section du pneu) et on verse le liquide dans la partie basse de la roue. On replace progressivement la seconde lèvre du pneu vers le haut pour finir à la valve en tenant la roue toujours verticale.
On termine le montage du pneu avec le démonte pneu. Le pneu est bien monté sur la jante, le préventif est dans le pneu mais sans aucune étanchéité. C’est le gonflage au moyen du compresseur qui va réaliser cette étanchéité. Le pneu doit “claquer” plusieurs fois lors d’une mise en pression de 3 ou 4 bars.
On peut ainsi tenir la roue à plat et la faire osciller afin de disperser le préventif sur tout l’intérieur du pneu. On laisse en paix la paire de roue pour une nuit avant un nouveau gonflage. Ne soyez pas étonné de retrouver parfois le pneu à plat le lendemain.
Le montage est plus facile avec un pneu qui a déjà été utilisé avec une chambre. La mise en étanchéité sur un pneu neuf réclame vraiment l’emploi d’un compresseur.
Alors tubeless or not tubeless ?
- La pression des pneus : on peut rouler à une pression plus basse sans risque de pincement et pour un plus grand confort avec un montage tubeless.
- Le poids périphérique de la roue : en tubeless la roue est plus légère car on économise le poids de la chambre.
- Le risque de crevaison : en tubeless il est moindre pour les petites crevaisons (épines, petits morceaux de métal ou de verre) et de crevaisons lentes, le préventif assure un colmatage immédiat. En cas extrême de déchirure du pneu la chambre n’aura pas plus d’avantage. On peut utiliser du préventif vtt pour une utilisation en gravel qui permet de remédier à des ouvertures plus importantes qu’une petite piqure.
La réparation sur le terrain
Lorsque le préventif n’assure plus la tenue en pression du pneu, le montage d’une chambre va s’imposer, sous réserve que le pneu reste utilisable. On va devoir sortir un côté du pneu pour y monter la chambre après avoir démonté la valve tubeless. L’inconvénient majeur devient la présence du préventif dans la roue, bonjour le barbouillage …
La réparation en atelier
On rebouche les plus gros trous avec des mèches, ou des rustines spéciales tubeless collées à l’intérieur du pneu, et on remet régulièrement du préventif dans la roue (voir l’article précédent).
Le préventif utilisé
Il existe un choix assez large de préventifs sur le marché. Notre choix s’est orienté sur un liquide de nouvelle génération qui a été développé par la « Stan’s Racing Division ». Il était jusqu’ici réservé aux équipes pros (dans des bidons sans étiquette).
Ce produit performant offre plus d’étanchéité car il contient deux fois plus de cristaux que les produits standards. Il permet de colmater des perforations plus grosses grâce à ses cristaux XL qui se combinent pour les obstruer.
Attention avec ce produit : il ne faut pas l’introduire par la valve car son épaisseur est plus importante que celle des préventifs « standard » et il pourrait l’obstruer. Remplacer le liquide tous les 2 à 7 mois (plus le vélo roule ou est stocké à haute température, plus les niveaux de liquide doivent être surveillés).
- Quantités préconisées suivant les tailles de roue :
• 29 pouces : 100 ml,
• 27.5 pouces : 75 ml,
• 26 pouces : 60 ml,
• 700 (route) : 30 ml.
Prix : 44,99 €
Voir Infos sur le site de Cycletyres.fr
En conclusion : nous n’avons pas trouvé d’inconvénient dans notre cas avec ces tubeless sinon l’appréhension de l’inconnu …
Sur la photo on voit des demonte-pneus en métal : à proscrire pour ne pas abîmer les lèvres des jantes. Et le fond de jante tubless est un scotch étanche et autocollant qui assure l’étanchéité au niveau des trous des écrous des rayons.
Effectivement Philippe … Pierre est resté très vintage au niveau des démonte-pneus … C’est son côté je ne jette rien. Pour le fond de jante les roues étant tubeless ready il a laissé le fond et il semble que ça marche … Au prochain montage il le changera …
Au lieu de laisser la roue reposer,le mieux est de rouler sur la route une dizaine de kilomètres et votre roue le lendemain aura perdu peut-être un peu de pression sans plus.
Vous avez bien résumé le montage, vous pouvez néanmoins rajouter quelques précisions.
– Pour le gonflage du pneu vous pouvez retirer l’obus de la valve pour gonfler avec une pompe à pied, l’air pénétrera beaucoup plus rapidement ce qui plaquera le pneu sur les tringles de la roue, aucun pneu ne m’a résisté jusqu’à maintenant, que c’est soit des petites sections comme des grosses. Utilisez aussi quelque chose pour faire glisser facilement le pneu comme de l’eau savonneuse, personnellement j’utilise du liquide détecteur de fuite en aérosol, ça s’applique facilement et ça sèche sans laisser de dépôt gras.
– Attention à ne pas trop serrer la valve surtout si vous effectuez le serrage avec le pneu monté sans voir la déformation du caoutchouc à l’intérieur, comme vous dites, parfois en cas de gros pépin il est nécessaire de réparer en montant une chambre à air, seulement, si votre valve est trop serrée vous ne parviendrez pas la retirer sur le terrain et à vous les km de marche.
– Une fois le pneu gonflé il est conseillé d’agiter la roue en faisant des “8” histoire que le préventif coule partout pour colmate les imperfections du pneu et au niveau de la valve en cas d’étanchéité imparfaite. J’ai eu des pertes d’air avec un pneu fraîchement monté en tubeless, moins de 24h pour perdre l’intégralité de la pression, je n’utilisai pas beaucoup ce vélo, une sortie de 70km a permis de faire circuler correctement le préventif et boucher les micro-fuites, je perds toujours de la pression mais beaucoup moins.
– Pensez à vérifier la pression avant chaque sortie, vous pouvez avoir contracté une crevaison qui s’est rebouchée sans vous en rendre compte. Les montages tubeless sont aussi plus sujet à la perte d’air suite à une inactivé, longue ou non.
Merci Lucas pour ce précieux complément.
Une astuce pour le montage des pneus tubeless de petite section sur nos Gravels : Si vous avez le temps, laisser quelques jours les pneus retournés à l’envers (crampons vers l’intérieur). Au gonflage ils “claquent” beaucoup plus facilement.
Pensez à repositionner les crampons vers l’extérieur avant de les monter. 😉