Le mont Ventoux n’est pas la montagne la plus haute, ni la plus pentue, mais son image force l’imaginaire de ceux qui veulent l’affronter. Ses surnoms sont évocateurs, on l’appelle le Géant de Provence, le Mont Chauve, … que sais-je encore. Théâtre des plus célèbres dramaturgies cyclistes, le Ventoux est devenu un lieu de rendez-vous pour la réalisation de projets fous. C’est souvent un challenge personnel pour tous ceux qui tentent de grimper à son sommet en vélo. La montée est en soi un menu qui offre un choix entre 3 plats de résistance : par Bédoin, par Malaucène ou encore par Sault.
Dans mon club de vélo (CSPA pays d’Aix) le calendrier des sorties “cyclo” est varié et particulièrement riche. Il comporte notamment cette année une sortie nocturne intitulée : “Le Ventoux au clair de lune ...”. Elle consiste, au départ de Villes-sur-Ozon, à rejoindre le sommet du Ventoux pour y voir le soleil se lever. La date de la nuit du 7 au 8 juillet n’a pas été choisie au hasard, car la pleine lune éclairera cette randonnée nocturne.
Le parcours
Le parcours sur Operunner : http://www.openrunner.com/index.php?id=6202492
Le parcours s’annonce magnifique, même si dans sa partie nocturne les paysages seront plus devinés que vus. Le départ a lieu à 1 h du matin de Villes-sur-Auzon. L’horaire est prévu large afin de ne pas se mettre la pression pour arriver à temps là-haut, et voir la Lune plonger à l’horizon, et le Soleil se lever de l’autre côté. La randonnée a été organisée de main de maître par Jean-Claude, notre vice-président, rédacteur en chef de notre magazine “Roue libre” et ange gardien d’un groupe féminin qu’il coache de façon courtoise.
Nous passerons par Bédouin et ensuite à Malaucène pour prendre cette montée qui est la plus dégagée afin de profiter au maximum des “lumens” de l’astre lunaire. La descente se fera vers Sault et nous prendrons alors la direction de Monieux pour attaquer un grandiose final par les gorges de la Nesque jusqu’à Villes-sur-Ozon où Jean-Claude a prévu un petit déjeuner à 8 h 45 au bar du Soleil.
Retiens la nuit
Malgré mes problèmes de vision cette proposition de virée nocturne m’a séduit. Autrefois dans ma vie de coureur à pied j’ai vécu des expériences similaires de course de nuit sur la route de la course du coeur. J’adorais ça … avec le mystère d’un environnement que l’on devine la nuit sublime l’effort sportif. Par contre, je n’avais jamais roulé de nuit en vélo sur une aussi longue distance. Un petit phare avant prêté par Philippe, une petite loupiote rouge fixée sur la tige de selle, un gilet fluo, mon sac à doc avec des sur-couches en cas de fraîcheur … me voilà prêt pour affronter le Géant au clair de Lune.
KM 0 : Départ Villes-sur-Ozon sur le parking de la coopérative où nous nous sommes retrouvés.
KM 5 : Une première côte pour chauffer les jambes. On traverse en alternance des zones encore chaudes et des endroits bien frais.
KM 10 : On passe Bédouin.
KM 15 : Le petit col de la Madeleine va être une formalité. Une première pause ravito auprès de la voiture suiveuse est prévue.
KM 25 : On attaque la pente … Je connais la montée par Malaucène, je cherche dans la nuit mes repères. Je sais qu’on a 20 km de montée avec de longs passages en ligne droite et de forts pourcentages.
KM 30 : Un premier passage plus raide annonce la couleur. La lune est en point de mire vers le sommet : elle nous guide et nous éclaire. Les insectes volants viennent danser dans le pinceau de mon phare avant. J’aperçois ce que je pense être des chauves-souris … La nuit est magique sous la lueur de cette pleine lune.
KM 34 : Ça devient plus dur sur cette portion en ligne droite où le pourcentage est constant à 11%. Je mets le 36 x 32 : je n’ai pas mieux. Je suis un moment seul devant les 4 compagnons de route avec lesquels je montais. Ça changera bientôt ils vont me rattraper et je vais laisser filer les points rouges de leurs feux arrières pour me concentrer dans ma montée solitaire.
KM 37 : Je m’arrête pour faire une petite pause. Je n’ai aucune idée de l’endroit où je suis. Je regarde en bas les lumières de la ville : ce doit être Mollans.
KM 39 : Nous sommes au Mont Serein. Nouvelle pause ravito cette fois. Notre voiture suiveuse est là sur le parking et je vais pouvoir me couvrir et prendre un bon thé chaud et me ravitailler.
KM 42 : Je suis reparti avec mon petit groupe mais progressivement leurs petites loupiotes rouges s’éloignent. Mes jambes deviennent dures et je préfère gérer ce final en fonction de mes capacités du moment.
KM 44 : Je ressens quelques crampes aux adducteurs, je m’arrête un moment dans le dernier virage avant d’attaquer le final. Je vois les antennes on arrive. Notre voiture est là. J’ajoute une nouvelle couche car il fait 10°C environ. Mon dos est trempé à cause de mon sac à dos. Je dévore quelques gâteaux et je me jette sur des bonbons Haribo et je vide mon bidon.
Le soleil se lève … Nous ne sommes pas seuls en haut. Des camping-cars sont là : ils ont dû passer la nuit sur place pour voir, comme nous, le soleil se lever en haut du Ventoux. On fait des photos et des images devant le nouveau panneau marquant le sommet, tout heureux d’être là-haut.
KM 49 : On a plongé dans la descente vers Sault. Nous faisons un arrêt à la fontaine de la Grave … le débit est faible et on fait la queue pour remplir nos bidons avec la précieuse eau du Ventoux.
KM 51 : Chalet Reynard, j’adore la longue descente. La pente est moins raide vers Sault et j’enchaîne les virages dans le sillage de Thierry qui somnole sur le vélo.
KM 65 : Les odeurs de lavande remplissent nos narines. La nature se réveille et nous aussi dans le final de cette descente.
KM 71 : On ne rentre pas dans Sault et on s’engage vers Monieux. Le groupe s’est reconstitué en peloton.
KM 77 : Monieux : on attaque une légère montée vers le rocher de Cire qui annonce l’entrée dans les gorges de la Nesque. Je retrouve des jambes de feu et je me surprends à avaler ces 3 kilomètres sur la “plaque” relançant parfois en danseuse.
KM 80 : Rocher de cire … pause photo et étrange rencontre avec un sanglier apprivoisé qui viendra se faufiler entre nos jambes.
La descente de 19 kilomètres vers Villes-sur-Auzon sera l’ultime récompense de cette sortie nocturne. J’avais déjà monté 2 fois les gorges mais dans le sens de la descente je les trouve plus belles. On surplombe les murets et on voit mieux en contre-bas leur profondeur. Superbe …
KM 99 : Villes-sur-Ozon … le petit déjeuner commandé par Jean-Claude nous attend à la terrasse du bar du Soleil … Ça tombe bien le soleil est là il est 8 h 30 et il commence à chauffer. Nos visages sont un peu marqués par le manque de sommeil et nous allons reprendre la route pour rejoindre Aix. Je repars avec Max qui m’avait pris en co-voiturage dans sa voiture.
Merci à Jean-Claude de nous avoir organisé cette sortie, merci à nos accompagnateurs en voiture Claudine et René qui nous ont permis d’avoir des ravitos avec des boissons chaudes. À refaire assurément.
Mon vélo
Pour cette randonnée j’avais un vélo en test pour un futur article sur Bike Café et Instinct vélo. Ce nouveau Canyon Endurace s’est avéré parfait pour cette sortie. Il intègre toutes les nouveautés : freins à disque montage flatmount, axes traversants, roues DT Swiss R24, pneus de section large, … Cette monture a été parfaite et son pilotage précis dans les lacets de la descente m’a convaincu. A lire prochainement le test complet sur Bike Café.
Bonjour
Je suis également un adepte du Ventoux la nuit. Côté Malaucène c’est le mieux : ciel dégagé, soleil qui se leve en face de nous et … les CHAMOIS ! Vous n’en avez pas parlé !
Cordialement
Dominque Nieto