Vers 1832, Angelo Pardi est un jeune aristocrate italien, colonel de hussards, qui doit fuir son Piémont natal après avoir tué en duel un officier autrichien.
Nous avons pu lire le roman de Jean Giono : Le Hussard sur le Toit paru en 1951 avec pour trame cette belle histoire entre Angelo Pardi et Pauline de Théus. Nous avons pu voir plus tard en 1995 la version filmée de Jean-Paul Rappeneau avec Olivier Martinez (Angelo) et Juliette Binoche (Pauline). La “Hussarde” version 2018, est l’adaptation cycliste, imaginée et mise en scène par Luc Royer de Chilkoot.
Deux jours de vélo sur les routes perdues et quelques pistes pour franchir, comme Angelo, le Pas de Redortiers dans les Alpes-de-Haute-Provence. Au fil des kilomètres effectués par les participants, s’égrainent, presque une à une, les 500 pages du livre de Giono, de Manosque à Sainte-Colombe et de Sainte-Colombe à Théus …
Une aventure signée Chilkoot avec : le magazine 200, Ultimebike, Zéfal et Mavic.
La proposition de Chilkoot est attirante : partir à la poursuite du Hussard sur le toit au sein d’un petit groupe comptant cette année une quinzaine de cyclistes. Une façon de sortir du temps et des saisons. C’est aussi s’enfoncer au plus profond de vallées oubliées jusqu’aux confins de la Haute Provence, des Alpes-de-Haute-Provence et de la Drôme. C’est faire l’expérience – au fil des Pas et des Cols – du silence et du sifflement du vent balayant les crêtes. C’est découvrir, écouter et partager “Le Chant du Monde” (un autre roman de Jean Giono), celui-là même qui fait battre le coeur des hommes…
Les 220 km du parcours et les 5000 m de dénivelé sur ces 2 jours seront les sujets de nouvelles histoires … Luc Royer, le créateur de Chilkoot, a fait monter sur le toit de l’aventure romancée, ces quelques cyclistes qui ont participé à la première “Hussarde”. Suivons donc ces nouveaux hussard(e)s héros et héroïnes de ce “roman”, revisité en version cycliste …
« Il faut que j’aille tout de suite chez Giuseppe, se dit Angelo. Il me semble que je dois monter par là, jusqu’à une sorte de clocher surmonté d’un bulbe de ferronnerie et sous lequel passe une porte. »
“Il faut s’en aller au fond du Vaucluse, c’est-à-dire en partant d’ici par l’ouest. Et de là gagner la Drôme. C’est le pays tout ce qu’il y a de plus sauvage. Et là-dedans, il y a une vallée bien plus sauvage encore qui monte dans les montagnes. Tu vas voir. “
(Giuseppe) “Il fit la carte sur un morceau de papier. Il connaissait les routes principales et mêmes les petits chemins.”
… Ce n’est ni une ville ni un village, ni même une croisée de chemins. C’est une chapelle au bord de la route dans un endroit qui fait peur. Ça s’appelle Sainte-Colombe d’en bas.“
“Sur les talus brûlés jusqu’à l’os quelques chardons blancs cliquetaient au passage comme si la terre métallique frémissait à la ronde sous les sabots du cheval.“
“On voyait les murs blancs et les clochers de ce qui paraissait être une abbaye.“
“Angelo poussa son cheval qui prit le trot. Il rejoignit un petit vallon qui en trois détours le mit au seuil d’une plainette au bout de laquelle, collé contre le flanc de la montagne, il aperçut un bourg cendreux dissimulé dans des pierrailles et des forêts naines de chênes gris.
Il arriva à Banon vers huit heures…“
Angelo dit chercher le Château de Ser.
« Après Noyers » lui indique le garçon d’écurie de Banon. « Au lieu d’aller faire le tour au col du Mégron (cf. col du Négron), la route monte tout doucement entre les bois de hêtres et elle utilise un pas, c’est-à-dire un passage qui la fait descendre droit sur Les Omergues, un petit hameau de vingt feux sur la grand-route, de l’autre côté. Des Omergues au Château de Ser il y a cinq lieues en prenant la grand-route, à droite. »
“En vue du clocher de Saint-Cyrice il fut facile de trouver un chemin de terre. Il prenait dans de l’herbe rousse, sous un petit pin parasol. Grâce à lui, ils contournèrent à bonne distance le Village de Saint-Cyrice où régnait un silence significatif.”
(Étoile-Saint-Cyrice)
“Ils arrivèrent à Montjay sur le pas de la nuit. Quelques grosses gouttes de pluie commençaient à claquer. Ils étaient fatigués.
Le village bâti sur un noeud assez important de petits chemins campagnards semblait sain et bien tenu.”
“La Lune à moitié ensevelie dans l’ouest donnait cette lumière étrange, teintée de jaune qui compose des réalités dramatiques. L’horizon sur lequel elle s’inclinait, semblait avoir éclaté en poussières d’argent dans lesquelles flottait le fantôme vaporeux des montagnes.“
“Enfin, à un détour, on vit les cinq à six lacets de routes qui séparaient encore de Vaumeilh et le bourg lui-même. Il couronnait tout le sommet de la haute colline jaune.”
« Le château de Théus, quoique campagnard, était plein d’attraits et ses terrasses rustiques dominaient le cours le plus torrentueux de la Durance, devant un décor de montagnes extravagant. »
“Ils arrivèrent à Théus deux jours après, sur le soir. Le village dominait la vallée profonde de très haut.”
Si vous aussi cette histoire vous a donné envie de rouler de façon romanesque : rendez-vous l’an prochain avec Chilkoot pour la prochaine édition.
Un livre, un vélo et un chemin – que souhaiter de plus pour être heureux ?