Donner son avis sur un pneu est toujours un exercice délicat, si l’on veut rester objectif. Nous sommes souvent tentés de le comparer au précédent. Je vais donc essayer de vous donner mon point de vue sur les récents Power Gravel de Michelin, que j’ai utilisé lors d’entraînements sur pistes DFCI, en course gravel, et enfin lors d’une course de cylo-cross.
Puis, je vous donnerai également mon ressenti sur des roues montées artisanalement par l’enseigne STORM Bicycle, que j’ai pu tester dans les mêmes conditions, sur deux vélos différents.
Michelin arrive sur le gravier
Michelin a pris son temps pour venir sur le marché du gravel. C’était sans doute celui de la réflexion, pour comprendre cette nouvelle pratique cycliste afin de concevoir un nouveau produit qui ne serait pas un copié / collé de ce qui existe chez la concurrence. Ce Power gravel vient d’arriver sur le marché et les premiers échos ont été plutôt favorables. Ce test va nous permettre d’en savoir plus.
Réceptionnés en septembre, j’avais choisi les Power gravel en section de 35 mm. Sachant qu’ils sont proposés également en 33 mm (un choix logique notamment en cyclo-cross où cette dimension est la taille maximum autorisée par le règlement, du moins en théorie…) et en 40 mm.
Mon choix de tester ce pneu de conception française a été dicté par le désir de rester à un poids contenu (380 g) et de garder un minimum de dégagement en vue de sa monte sur mon GT Grade, sachant que j’avais pour idée de tester cette paire dans certainement parmi les pires conditions que peut rencontrer un pneu de gravel : la Mavic Gravel Roc Race du Roc d’Azur. À défaut de ne pas être particulièrement longue (environ 65 km), cette course a pour réputation de mettre à mal bon nombre de pneumatiques, aussi bien VTT que gravel, les parcours se mêlant d’ailleurs de nombreuses fois.
Mais on n’en est pas encore là. D’abord le déballage et le montage directement en tubeless, qui fut conforme à d’autres pneus, bien que celui-ci se soit montré plus difficile à monter et à « faire claquer » que leurs compatriotes de chez Hutchinson. Dimension vérifiée : on est bien à 35 mm, sur une jante de 21 mm de largeur interne. Préconisé entre 3 et 5 bars, je choisi de gonfler à la valeur minimale. Après une courte liaison routière, je m’engage sur les pistes DFCI habituelles du centre Var. Premier constat : ce pneumatique est très confortable à cette valeur de gonflage. Bien plus que d’autres marques avec lesquelles j’ai pu rouler cette année. Doté d’un renfort tringle à tringle “Bead 2 Bead Protek” qui protège la totalité de la carcasse du pneu, les flancs semblent rester suffisamment souples. Un très bon point pour nos montures rigides où la filtration des irrégularités se fait avant tout et en grande partie, par les pneumatiques.
Les pluies récentes ont laissé les pistes dans des conditions disons « mixtes », alternant portions sèches et humides. Des conditions parfaites pour ce pneu décrit comme tel par le fabriquant de Clermont-Ferrand. Et en effet, difficile de le prendre à défaut sur ce type de terrain. Même en courbes abordées rapidement en descentes, le Michelin est très prévenant. Les épaulements remplissent bien leurs rôles à la prise d’angle.
Avec ces pneus, j’ai pu faire plusieurs sorties très typées « gravel » avant de les engager sur le Roc d’Azur. Cette sensation de confort, de souplesse, m’interrogeais sur la réelle robustesse des flancs. Comment allaient résister ces pneus aux nombreuses pierres acérées du parcours engagé de la course Gravel du Roc d’Azur ? Était-ce une bonne idée de s’engager sur cette épreuve (pour laquelle je me suis sérieusement préparé) avec des pneumatiques dont je ne connais finalement pas grand-chose sur leurs capacités à encaisser un tel traitement ?
Mi-octobre 2018 : depuis déjà une semaine, le Var est sous des trombes d’eaux et le Roc d’Azur s’en trouve bouleversé. Cette année, nous ne verrons pas les traditionnels nuages de poussières au passage des imposants pelotons. Non, cette année cela sera de l’eau et de la boue pour une bonne partie du parcours, que je vous invite à revoir sur mon récit.
Comme évoqué dans l’article que j’ai fais de cette course, le Michelin Power Gravel s’est montré tout à fait à la hauteur sur plusieurs points. À commencer par une bonne résistance à la crevaison (même si bien évidemment le facteur chance, tout comme le pilotage, entre en compte pour ce critère) et une excellente robustesse. Les flancs sont restés quasi-intacts.
Aucune coupure sérieuse sur l’ensemble des pneus, que je n’ai pourtant pas ménagé sur ce parcours atypique. Au niveau du comportement, le Power Gravel s’est montré particulièrement performant dans les passages boueux. Ce fut même une surprise de voir un pneu « mixte » aussi à l’aise dans la boue que dans les rapides pistes restés plutôt sèches.
15 jours après, je faisais le choix de m’inscrire au cyclo-cross de la citadelle de Saint-Tropez début novembre, et de m’y rendre avec plusieurs amis en parcourant le massif des Maures. Pas loin de 65 km pour rejoindre le lieu de la course, où nous avons là aussi été dans des conditions « mixtes », comme le veut finalement la saison. Ayant gonflé à 5 bars pour rejoindre le point de rdv de notre sortie par la route, je constate le bon rendement de ce pneu. Pas très étonnant cela dit pour une section de 35 mm gonflé à 5 bars…
Je décide de rester à cette pression pour commencer l’ascension du massif par les pistes. Pas longtemps cela-dit, la motricité étant alors bien trop mauvaise pour envisager cette pression sur les pistes, pourtant en bon état. La valeur minimale recommandée de 3 bars étant bien la pression idéale sur les pistes, du moins pour mon poids d’environ 70 kg.
Une fois le départ donné du cyclo-cross donné, c’est l’occasion de tester une nouvelle fois en conditions « sérieuses » le Power Gravel. D’autant plus que le parcours comporte de très nombreux dévers en sous-bois. Les épaulements sur les extrémités du pneu sont relativement sécurisants et permettent d’envisager cette pratique. Certains passages délicats mêlant sols très meubles et herbes fraiches mettent à mal cependant la motricité que j’essaie pourtant de garder en sortie d’épingles. Chez Michelin, le Power Cyclocross Mud serait logiquement bien plus adapté à ces conditions particulières.
Pour conclure sur ce Power Gravel, je dirai avant tout qu’il est parfait dans des conditions mixtes. Et même au-delà, puisque je l’ai trouvé tout de même étonnant d’efficacité dans la boue, y compris en dévers. Sa robustesse m’a également séduite. Je m’abstiendrai de me prononcer sur son longévité, l’ensemble de mon test ayant totalisé qu’environ 500 km. Ces pneus présentent également un excellent rapport qualité / prix.
Caractéristiques
Le Michelin Power Gravel offre une polyvalence optimale pour le Gravel où l’on empreinte aussi bien une route bien lisse qu’un sentier rocailleux. Dans ces conditions sa sculpture Gravel Design, composée de petits crampons sur la bande centrale, lui permet de conserver un excellent rendement et ses crampons plus gros sur les épaules, d’avoir du grip sur terrains mixtes.
De plus le Power Gravel vous emmènera loin car il est équipé de la gomme X-Miles Compound déjà présente sur le Power Endurance, le plus robuste de la gamme Power pour avaler un maximum de kilomètres.
Également équipé du renfort anti-crevaison Bead2Bead Protek, le pneu est protégé de tringle à tringle limitant ainsi les crevaisons par pincement sur les flancs mais aussi par perforation sur la bande de roulement. Ajoutez à cela la possibilité de monter ce pneu en Tubeless Ready, vous obtenez un pneu confortable, fiable et durable.
• Sculpture Gravel Design pour un rendement et un grip optimisés
• Mélange x-miles compound pour une grande longévité
• Renfort anti-crevaison de tringle à tringle Bead2bead Protek
• Tubeless Ready
• Carcasse 3 nappes x 120 TPI
Prix 32,99 € (Cycle Tyres)
Voir le produit sur Cycle Tyres
Storm des roues artisanales
Je vais vous parler maintenant des roues Storm. Des roues montées artisanalement chez Storm Bicycle à La Londe des Maures.
J’ai pu prendre possession de ces roues deux semaines avant ma course prévue au Roc d’Azur. Commandées « sur-mesure » pour l’utilisation gravel et cyclo-cross, elles se composent d’un moyeu DT Swiss 350, de rayons plats DT Swiss Aero Comp.
Les dimensions et poids sont les suivantes :
- Largeur externe : 28 mm
- Largeur interne : 22 mm
- Hauteur : 23 mm
- Poids de la paire : 1370 grammes
Elles ont été montées spécifiquement pour un usage gravel et cyclo-cross en fonction de mon poids (70 kg), et préparées pour des montages pneumatiques en Tubeless (fonds de jantes et valves DT SWISS).
Montées en premier lieu sur mon GT GRADE, elles sont venues remplacer ponctuellement mes MAVIC Ksyrium Allroad Pro, modèle bien connu du milieu. Autant dire qu’elles avaient tout de même fort à faire tant les Mavic qui ont supporté les pires traitements durant environ 15 000 km de route, gravel et cyclo-cross.
Du point de vue du comportement, bien que proches des Mavic, les Storm se montrent plus vives en accélérations, tout en étant légèrement moins rigides latéralement. Quelques sorties plus tard, elles ont donc comme prévu pris le départ de la Mavic Gravel Roc, avec le dur traitement que vous avez pu lire sur le récit de ma course.
Sans revenir davantage sur l’épreuve et son parcours, bien loin d’un parcours gravel typique, je peux dire sans arrière-pensée que c’est un des pires tests que peut endurer une roue dédiée au gravel. Car elles se sont retrouvées littéralement sur un parcours … de XC Marathon.
Le résultat est là : aucun voile, aucune dégradation visible, et un fonctionnement non altéré par ce dur traitement qu’est le Roc d’Azur. Le faible poids de ces roues les rendent particulièrement performantes dans les côtes à fort pourcentages, que l’on rencontre finalement assez souvent dans nos massifs varois.
Le lendemain cependant, une fuite d’air est apparu au niveau de la valve, et après démontage j’ai pu constater que le passage de celle-ci dans le fond de jante s’était ovalisé. Storm, me confirme que certains fonds de jantes DT SWISS ont ce type de faiblesse.
Le problème étant réglé assez rapidement, les roues STORM se sont trouvées engagées avec les pneus Michelin évoqués précédemment sur le cyclo-cross de Saint-Tropez. Un type d’épreuve où les relances sont constantes et l’on apprécie là aussi des roues légères comme ces STORM. Leur largeur interne confortable permet d’envisager sereinement toutes les largeurs que l’on peut entreprendre en pneus Gravel.
Lors de l’essai du NS Bikes RAG+, j’avais participé à une course en relais de VTT, où j’en avais profité pour monter ces jantes carbones. Opération rendue possible en changeant les adaptateurs de moyeux, car si le GT GRADE est à l’arrière en entraxe QR de 9 x 135 mm, le RAG+ se pare d’un axe traversant de 12 x 142 mm. Aucun changement pour l’avant, qui reste en axe traversant de 15 x 100 mm. Une opération finalement plutôt rapide et simple sur ce type de moyeux.
Sur cette épreuve VTT, les roues STORM se sont montrées là aussi très robustes, malgré un montage en pneumatiques relativement frêles (700 x 34 mm) pour parer aux conditions boueuses du moment.
Leur légèreté a été là aussi un avantage, car les portages ont été facilités. Un avantage que l’on retrouve bien évidemment aussi en cyclo-cross.
Proposée à 980 euros dans cette configuration, cette paire de roues mérite que l’on s’y attarde. Dans cette gamme de prix elle est bien évidemment en concurrence avec de nombreuses autres paires, à commencer par la MAVIC Allroad Pro qui possède la même largeur interne.
Néanmoins les STORM sont plus légères de 300 grammes, ce qui peut les rendre probablement encore plus polyvalentes puisqu’elles peuvent être d’excellentes roues destinées à la pratique route en montagne, où leur faible inertie sera un réel avantage.
- Prix 980 €
- Poids : 1370 g
Bonjour,
J’ai des pneus michelin power gravel, et franchement, soit j’ai la poisse soit ces pneus sont fragiles, car je n’arrête pas de crever, j’ai même eu des grosses crevaisons que le préventif ne pouvait pas reboucher… Je les trouve franchement fragile, suis-je le seul dans ce cas ?