Cher Papa Noël,
Je m’appelle Dan, je suis cycliste, et aussi un peu blogueur. Pas blagueur, hein, j’ai bien dit blogueur. Je vis à Arles, mais je vais aussi souvent faire du vélo en Ardèche, qui est le pays des Salamandres. J’ai eu la chance d’en croiser plusieurs là-bas, sur les DFCI (qui sont des pistes forestières, pentues et caillouteuses) et j’ai été conquis par leurs formes arrondies, leurs couleurs gaies, leur caractère doux et avenant et leur étonnante mobilité sur ces terrains ardus.
Moi aussi je suis doux et avenant, demande à Patrick, il te confirmera que je suis très gentil. J’œuvre à l’année pour le développement du vélo et le bonheur des cyclistes, comme par exemple en écrivant des articles sur Bike café, et aussi en administrant plusieurs clubs Strava très rigolos, et aussi en dessinant de jolis parcours que je partage volontiers avec mes petits camarades.
Tu sais Papa Noël, c’est important de se rencontrer entre cyclistes, de croiser les expériences et les connaissances, car le cyclisme alternatif s’invente et se réinvente en permanence, entre nouvelles pratiques, apports techniques et technologiques. Il faut aussi inventer de belles histoires et des concepts originaux, il faut être créatif, à mon avis c’est aussi important dans le cyclisme que dans les disciplines artistiques : ça tire les pratiques vers le haut, séduit de nouveaux adeptes, entretien la motivation et évite la routine.
Donc, comme j’ai été gentil, partageur, créatif et original, je sollicite auprès de ta bienveillance un cadeau de Noël. Il se trouve que j’ai commencé le vélo tardivement et que je roule essentiellement sur route, je suis donc un bien médiocre pilote en tout-terrain, mais bon, j’aime quand même rouler sur les chemins, pédaler dans le gravier, partir à l’aventure plusieurs jours en bikepacking avec Anne, ma compagne, qui est très gentille aussi et partage avec moi la passion du vélo.
Je voudrais donc te demander une sorte de bicyclette hybride, conçue et fabriquée spécialement pour moi, pour mes pratiques étranges de cycliste sur route qui aime en sortir (de la route), et j’ai pensé à une Salamandre. C’est Yann qui les fabrique, il habite en Ardèche justement, tout près de l’endroit où tu mets tes rennes en pension pour l’été. Les Salamandre sont des fat bikes, c’est-à-dire des sortes de VTT avec d’énormes pneus, mais je pense qu’il pourrait fabriquer, dans cet état d’esprit, le vélo que je te demande.
Je voudrais une Salamandre avec un top-tube bifide, un guidon de course et des pneus surdimensionnés. Je voudrais une Salamandre à la fois douce et agressive, qui soit confortable pour les chemins caillouteux des Alpilles et des Cévennes, mais sur laquelle je puisse avoir la position “en bas du cintre” du cycliste de route. Je voudrais une Salamandre qui me rassure dans les singletracks techniques, mais je voudrais aussi pouvoir envoyer sur les parties roulantes. Je voudrais aussi, de temps en temps, charger la Salamandre comme Stevenson chargeait sa mule pour ses raids en bikepacking, et en même temps je voudrais que cette Salamandre soit légère, réactive et joueuse.
J’espère ne pas être trop exigeant et que tu accèderas à ma demande. Et que Yann réussira cette alchimie. Bien sûr, ça sera compliqué : que de Salamandre aux profils différents à croiser dans une seule ! En plus, la combinaison de pneus très larges et de bases très courtes, l’obligera sans doute à créer une Salamandre offset, c’est-à-dire asymétrique entre son côté droit et son côté gauche. Il y aura donc des bases décalées de 7,5 mm vers la droite pour permettre d’avoir une roue rayonnée symétriquement, donc plus robuste, et de décaler la ligne de chaîne vers l’extérieur, libérant beaucoup de place pour le pneu. Autant dire qu’on aura affaire à un animal unique, une chimère, une utopie devenue réalité, une sorte de monstre certes, mais un monstre au bon sens du terme !
Puisque je te sollicite, autant aller au bout de mes envies. Je voudrais que tu fasses équiper ma Salamandre par Frédéric de Cévènavélo, qui n’a pas son pareil pour les montages de roues offset et pour choisir les équipements les plus appropriés. Comme je désire un vélo rustique et fiable, pour éviter les pannes et pouvoir effectuer moi-même des réglages et des réparations d’urgence lorsque je suis loin de la civilisation, il faudrait un freinage-disque entièrement à câbles TRP Spyre, car c’est facile à réparer et à entretenir. On peut même régler indépendamment l’écartement de chacune des plaquettes par rapport au disque !
Ce qui serait bien aussi, c’est un pédalier monoplateau White Industry de 34 dents monté sur un boîtier de pédalier au standard T47, des pédales Eggbeater de chez Crankbrothers ainsi qu’une cassette Sunrace 11-46, un dérailleur Shimano M6000 avec une chape longue Garbaruk. cela donnerait une transmission efficace et polyvalente, avec une large plage d’utilisation et une bonne rusticité. On pourrait la manœuvrer avec ce sélecteur un peu bizarre qui vient de Portland dans l’Oregon, le Gevenalle, conçu au départ pour le cyclocross. C’est un système super simple, super fiable et super agréable à utiliser !
Comme jeu de direction et comme moyeux arrière, on pourrait mettre du Hope, c’est d’un excellent rapport qualité/prix. Il pourrait y avoir d’élégantes pattes de roue avant et arrière Paragon. Pour les parcours longue distance, il faudrait installer à l’avant un moyeu dynamo Son 28 qui alimenterait une lampe Sinewave Beacon qui rechargerait tous mes appareils sans prise de tête. Pour les roues, j’aimerais des jantes Crest MK3 29″ et des pneus Schwalbe G-One en 60mm. Pour terminer, en matière de poste de pilotage et d’assise, tant qu’à faire je préfèrerais Genesis pour le cintre, Thomson pour la potence et la tige de selle et une Brooks Cambium C13 Carved pour accueillir mon postérieur.
Voilà, j’espère que c’est clair, que tu as tout noté et surtout j’espère ne pas avoir été trop long, car tu as certainement beaucoup d’autres demandes de cyclistes pour Noël, mais je ne te sollicite pas si souvent que ça et comme je te l’ai déjà dit, j’ai été gentil, partageur et créatif etc, etc…
Bon, cher Papa Noël, je te laisse, je pars rouler, on m’attend. Bon ride à toi, et à bientôt sur les pistes !
Dan de Rosilles
Bravo, velo unique et d exception, de bons roulages et de bons reportages pour 2020, à le regarder je lui trouve des pointes de Caminade pour certains traits de sa géométrie. Au niveau périphérique, tu innoves avec des équipements beaucoup plus rares du marché que je decouvre, j espère que tu nous feras un retour d expérience. Bonnes fêtes et que du plaisir avec ce joli cadeau du père Noël.
La salamandre : le Premier Gravel… royal !
Magnifique, cela donnerait presque envie d’être sage. Le passage interne de la câblerie et la finesse des tubes apportent une légéreté à la silhouette du vélocipède.
Un détail de montage, le câble qui relie la dynamo au vélo pendouille, si la fiche était orientée vers le haut, il faudrait moins de longueur et le câble serait protégé derrière le bras de la fourche.
Bonsoir Bruno,
Le cable du moyeu dynamo fait une boucle vers le bas pour éviter, en cas de pluie. qu’il guide les gouttes d’eau vers le connecteur. C’est aussi plus facile et rapide de débrancher/rebrancher lorsqu’on enlève la roue. Je n’ai jamais accroché accidentellement un cable installé ainsi.
En vous remerciant pour vos retours,
Dan
Joli vélo polyvalent,
tu n’as pas envisagé des roues de 650 ?
Bonsoir Joel,
Non des roues de 650b ne se justifiaient pas car elles servent principalement à 1) passer de “gros” pneus dans des cadres “standards”; et là, pas besoin 🙂
2) franchir plus facilement dans des passages techniques – et moi j’ai choisi du 700 parce que je suis plutôt de la famille des enrouleurs que dans celle des franchisseurs – oui, le 650b me sécurise dans quelques singletracks caillouteux, mais le reste du temps, qu’est-ce-que je m’ennuie…
Bonjour Dan, je serais friand d’un retour d’expérience après quelques mois sur ce vélo qui semble fabuleux !
Bonne route !
Bonjour Yoann,
Pour l’instant, sur des sorties courtes (moins de 80km) je peux confirmer que la Salamandre répond à toutes mes attentes. C’est une machine absolument parfaite sur les DFCI, terrain pour lequel elle a été conçue : cailloux, pourcentages, virages… se franchissent ave rapidité et une facilité déconcertante. Je suis aussi ravi du choix des équipements. Il me reste à la tester chargée sur des sorties longues de plusieurs jours, mais bien sûr cela n’a pas été possible pour l’instant à cause du confinement. Inutile de vous dire que j’attends avec impatience la possibilité de m’évader enfin sur les chemins, je compte bien continuer ainsi ce “test” de façon extrêmement intensive !
Bonjour Dan,
Toujours content de tes leviers Gevenalle ? Mes 105 commencent à avoir des ratés et je me pose la question de reprendre les mêmes ou de passer sur des Gevenalle en 2*10 ou 2*11.
Tu as pris quel type de tirage pour les freins ? J’ai aussi des disques hydro/méca (Juin Tech R1) et je me pose la question de passer sur un tirage VTT.
A bientôt
José – Montpellier
Bonjour José,
Oui je suis très content de mon sélecteur Gevenalle ! Je viens de faire 700km dans des conditions extrêmement variées (Camargue, Garrigue, Aigoual, Cévennes…) et le vélo très chargé, certains passages à 20%… Partout, le sélecteur s’est montré précis, fiable et constant. Sur une transmission à double plateau note bien que la main gauche est continue (non indexée), pour moi c’est un plus car ça permet de régler finement la fourchette de dérailleur AV et éviter les bruits parasites, mais cela ne conviendra pas à tout le monde. Pour le choix de la version, je te conseille de les contacter directement, comme ça tu est sûr de ne pas faire d’erreur.
Au plaisir de rouler ensemble bientôt,
Dan
Bonjour Dan,
Excellent article qui ouvre bien des horizons.
J’ai quelques questions techniques qui me taraudent (on ne se refait pas) :
Quand tu dis que la ligne de chaîne est décalée de 7,5mm vers l’extérieur, c’est par rapport à quelle référence de ligne de chaîne ? Route 43,5mm ? VTT 50mm ? Autre ?
Quel est le facteur Q du pédalier pour accepter un tel montage ?
Bonnes virées sur ton magnifique destrier
JC
Bonjour Jean-Claude,
C’est le cadre qui est asymétrique (offset), ce qui implique un montage de roue offset aussi. Le boîtier de pédalier lui est classique, un T47. Ce décalage vers la droite permet d’avoir un meilleur alignement de chaîne en 1X10 sur la totalité de la cassette, ce qui n’est pas évident sans offset compte-tenu des bases extrêmement courtes.
Donc si je comprend bien, le décalage concerne le moyeu arrière uniquement pour passer d’une valeur de ligne de chaîne route de 43,5mm à 51mm (+7,5mm).
Ainsi un pédalier mono plateau type VTT ayant une ligne de chaîne également autour de 51mm sera idéalement aligné tout en réstant bien centré sur le cadre…et le cycliste !
C’est cela ?
JC
J’avoue Jean-Claude que votre demande de précision est au delà de mes compétences, j’ai peur de vous dire des conneries. Vous pourriez peut-être poser la question à Yann Thomas de ma part sur son contact à Salamandre Cycles :
sa**************@la*****.net
Bonne soirée,
Dan
Bonjour Dan,
Ton vélo est très beau et bien équipé, cela donne envie. Quel est son poids ? Est-ce que tu l’utilises pour des sorties purement route et si oui, peux-tu mettre d’autres roues en 700c ?
En termes de confort, le mariage du cadre acier et des roues en 60 mm, qu’est-ce que cela donne sur les pistes caillouteuses dans ta région et les cévennes ?
Marc
Bonjour Marc,
Désolé je ne connais pas le poids du vélo, je dirais à vue de nez entre 10 et 11 kg.
Je ne l’utilise pas pour des sorties purement route et je ne met jamais d’autres roues. À noter que le vélo est offset de 25mm au niveau du cadre, donc la roue arrière nécessite un rayonnage avec offset également > une roue “de série” ne conviendrait pas.
Le vélo en acier, sa géométrie et les gros pneus en font un vélo parfaitement adapté et confortable sur les cailloux.
Merci de nous lire,
Dan