Photo Philippe Aillaud
Le vélo vintage connaît une nouvelle jeunesse … De nombreux événements ont vu le jour sur le modèle de l’Eroica, poussés par cette envie souriante de ressortir de vieux biclous des caves ou des granges où ils étaient oubliés. Certains événements plus intimistes attirent une catégorie de cyclistes curieux de tester, au-delà d’un périmètre urbain réduit, les qualités routières de leurs vieux vélos. La rando vintage La Bonne Mère Cyclo Classic s’inscrit dans cette tendance. Elle a été officiellement annulée à cause des règles de protection sanitaires imposées par le gouvernement, mais rien n’empêchait d’en suivre la trace et ce sont une vingtaine de cyclistes qui sont partis d’Aix le 14 juin au matin pour atteindre Marseille après 140 km, tracés autour de l’étang de Berre pour filer le long de la côte Bleue pour rentrer dans le coeur de la ville phocéenne par l’Estaque.
Être partenaire avec Bike Café de cette rando vintage, m’a entraîné dans une aventure qui a pour moi un parfum de rétro pédalage. Rouler sur un vieux vélo, cadre acier, braquet de folie, avec seulement 5 vitesses, … sur une longue distance, me fait remonter très loin dans mon passé sportif. Je n’ai plus roulé ainsi, depuis la fin des années 70. À l’époque je faisais quelques brevets de randonneurs en montagne, mais tout cela est bien loin. Aujourd’hui les questions qui me préoccupent sont plutôt : est-ce que mon vieux Bernard Carré 70’s tiendra la distance jusqu’à Marseille, est-ce que je ne vais pas être complètement « démoli » par le confort relatif de ce biclou d’une autre époque, est-ce que je vais pouvoir suivre le rythme des jeunes cyclistes qui constituent ce groupe hétéroclite qui part ce matin d’Aix, pour relier Notre-Dame de la Garde au bout de 140 km de routes pas toutes plates ?
Plein de questions auxquelles j’ai obtenu, à la fin de cette belle journée, toutes les réponses …
Le charme du passé
Je ne suis pas du tout nostalgique de mon jeune temps, ni de cette époque car, il faut bien en convenir, les progrès apportés aux vélos d’aujourd’hui sont appréciables et je les apprécie. Mais je vous avoue que j’aime rouler de temps en temps sur mes 2 vieux vélos, pour relativiser la sophistication de ces vélos modernes que je teste régulièrement pour Bike Café. Généralement mes sorties en mode « vintage » vont de 30 à 70 km et leur rythme est plutôt celui de la balade, sur mes petites routes de la campagne aixoise.
Ces vélos ancien ont assurément du charme. Ce matin, au départ d’Aix-en-Provence, pour cette rando Cyclo Classic de 140 km, je constate que je ne suis pas le seul à le penser. Autour de moi il y a des jeunes, qui n’ont pas connu comme moi ces vélos à l’époque où on les trouvait neufs chez le vélociste du coin. Pas d’Internet ni de grande distrib, pas de Bike Store géant, … il n’y avait que des « bouclards » de quartier, qui vendaient des Peugeot, des Mercier, des Motobécane, … ou des artisans cadreurs qui nous soudaient quelques beaux tubes légers en acier. C’est rassurant de constater que l’histoire du vélo est vivante et que cette culture ne disparaitra pas.
Avez-vous mis vos mains autour du guidon d’un de ces vieux vélos : le diamètre ridicule du cintre vous surprendra ? Avez-vous agrippé en danseuse les étroites cocottes des freins années 70’s : vous aurez l’impression qu’elles vont vous couper la main entre le pouce et l’index ? … Avez-vous tenté de changer de vitesse en plein effort, dans une bosse, avec la manette au comportement approximatif, fixée sur votre cadre : vous devrez apprendre le doigté ? Avez-vous descendu un col avec des freins vintage : vous apprendrez vite l’anticipation. Tout cela peut paraitre ridiculement désuet. Pourquoi s’acharner à rouler sur ces reliques du passé cycliste ? … La réponse est simple et je l’ai devant les yeux en voyant ces cyclistes ce matin, tous plus jeunes que moi, avec une « banane » en guise de sourire. Ils sont joyeux, heureux d’être là. Chacun regarde le vélo de l’autre. Il y a les experts qui peuvent dater tous les accessoires. Les plus néophytes écoutent et apprennent comment Tullio Campagnolo a décidé un jour d’inventer un serrage rapide pour ses roues.
Portraits
Dans une sortie comme celle-ci on rencontre des gens dont la personnalité n’est pas « lisse ». Les discussions sur la route et lors des pauses ont une saveur différente par rapport à celles des pelotons de cyclistes qui mimétisent les champions. Ici le poil sur les jambes est autorisé et même conseillé : il protège des variations de la météo. Côté équipement, c’est pareil tout est permis. Cette petite balade à Marseille m’a donné l’occasion de rouler avec de sacrés passionnés.
Pouf le cascadeur
Je ne connais pas l’origine du pseudo de Jean-Pascal : Pouf le cascadeur sur facebook et Instagram. Son Mecadural 1939 siglé Antonin Magne (vous savez : celui a qui Vietto a donné sa roue par deux fois ) et d’origine Mercier a fait sensation dimanche. C’était le plus vieux de la bande (je parle du vélo).
« Je l’ai trouvé à quelques centaines de mètre de chez moi, il a toujours arpenté les rues de Toulon avec son premier propriétaire. Quelques années après son décès son fils me l’a vendu. Il était tout oxydé, seul le guidon potence, poignées de freins, garde boues, selle, feux ne sont pas d’origine ainsi que la roue libre 5 vitesses alors que le dérailleur n’en accepte que trois.J’ai aussi installé un second plateau et un dérailleur Simplex également type « suicide » .46/40 et 16/17/19 qui sont les braquets actuels » , explique Jean-Pascal.
Il y a encore des travaux de restauration sur ce vélo « Je vais changer les gardes-boue et enfin revoir l’ensemble du freinage et de la transmission et terminer l’éclairage. J’ai pêché par orgueil en voulant vouloir venir ce matin avec une machine dont j’ai fini l’assemblage en trombe la veille à 19 h. Mais sa patine était trop belle …»
Luc
Luc Royer est organisateur d’événements vélos …
« Ce Gitane Sprint 1978 52-42/12-21, m’a été offert en juillet 2018 par Thierry Saint-Léger. La première restauration partielle avait été faite par Thomas Degert pour une exposition au Tour du Vaucluse Historique 2018. Sa complète et finale restauration avec une nouvelle peinture et nouveau jeu d’autocollants a été réalisée par Gabriel Refait de Dynamo Cycle Repairs au Printemps cette année. La fourche qui avait pris un coup dans le passé a été changée pour un modèle chromé. C’est avec ce vélo que j’avais fait le voyage aller-retour Cavaillon – Mollans-sur-Ouvèze – Venterol le jour de la projection du film Raoul Taburin en présence du réalisateur à Cavaillon », explique Luc.
Luc est un passionné de vélo et un grand scénariste d’événements liés au vélo. Ses propositions s’appuient toujours sur des bases historiques ou romanesques. D’ailleurs pour le prochain Tour du Vaucluse qui aura lieu du 23 au 25 octobre on reparlera vélos anciens. Il seront mis en scène dans les somptueux décors du Luberon.
Julien
Julien Camy est le réalisateur du film sur Vietto dont nous vous avons parlé en janvier sur Bike Café. « J’avais repéré mon Pinarello sur une Marketplace vélo sur facebook il y a quelques temps, mais il était trop cher. Et puis son prix a baissé. Il était dans une famille de Fos-sur-mer et il avait appartenu au père et au grand-père de la mère de famille qui me l’a vendu. Pour l’instant, il est monté bizarre avec du shimano 105 partout sauf dérailleur arrière qui est un super record de la première génération. Ca sent le bricolage du grand père. Je vais essayer progressivement de l’harmoniser un peu », explique Julien. Pour cela il va rechercher patiemment les pièces d’époque car ce vélo a été parfait pour cette sortie de 140 km.
Ernest
Connaissez-vous la marque Rochet ? … Je vois, à vos yeux étonnés, que vous ne connaissez pas. « Il y a un an et demi, alors que je bossais chez Road Art à Marseille, en faisant l’inventaire des cadres, je suis tombé sur un Rochet. Je ne connaissais pas la marque, le vélo était en mauvais état mais la patine était sublime et les raccords Nervex absolument somptueux. Je commence donc à faire quelques recherches (j’ai fais un article sur cyclopast) et je me rends compte que l’histoire de cette marque est vraiment dingue, et notamment qu’ils ont fermé en 1975, je me dis donc superbe, je vais me faire une randonneuse avec ça. SAUF qu’il y avait un souci et de taille, le cadre était un 50 …
J’ai essayé un peu en montant des longues manivelles, une grande tige de selle et je me suis dis laisse tomber. Je me rappelle ça me hantais la nuit, je voulais un Rochet ! … J’ai évidemment regardé sur le Bon Coin : mais rien … pendant plusieurs mois », m’explique Ernest.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car Ernest a de la suite dans les idées. « Un jour alors que je cherchais un Mercier rose pour un ami, je vois une annonce : à vendre Vélo rose ancien. Je clique, et là paf : un Rochet ! J’étais à Marseille à ce moment, et le vélo était vers Bordeaux, je n’ai pas le permis, le vélo était à 50 € en plus je pouvais vraiment pas louper ça. J’appelle le vendeur, mais il ne voulait pas l’envoyer, et là éclair de génie j’appelle un ami qui était parti surfer dans la région, je lui dis : s’il te plaît, je t’en prie, prend moi se vélo, je peux te payer 100 € pour la livraison, il me faut ce vélo… Au final il m’a juste fait payer 20 €. J’ai fais une courte vidéo lors de la réception du vélo … », c’est ainsi qu’Ernest est devenu le propriétaire de ce Rochet.
Une rando bien sympa
Ça a roulé fort par moment, mais l’ambiance était plutôt à la balade. Quelques crevaisons, des cyclistes un peu perdus sur le parcours qu’il a fallut attendre, une pause déjeuner à la boulangerie Paul d’Istres, … l’objectif était de s’attendre et d’arriver ensemble à Marseille pour grimper la dernière rampe à plus de 15 % qui mène à Notre-Dame de la Garde.
Assoiffés nous avons ensuite filé vers la Pointe Rouge pour boire une bière au sympathique bar Conelly’s. Une bien belle journée qui s’est terminée en train pour rentrer sur Aix. Pas de doute, on en refera une l’an prochain.
Ah les vieux vélos, 🙂
Je m’en suis payé un y’a 3 ou 4 semaines.
Un Roold (fabriqué à Quinper), j’ai été le chercher à Ploudreuzic (à 25 km au Sud-Ouest de Quimper et à 115 km de chez moi qui suis dans le Nord Finistère).
C’est un modèle Homme, avec un guidon “course” (je connais pas les termes désolée), garde-boue, PB et 5 (ou peut être 10?) vitesses.
Il est très beau à mon goût.
Je l’ai payé 30€, une chance d’autant que le vendeur m’a donné en prime une paire de roues complètes (d’une grande marque française).
Une affaire.
Bon il faut :
– enlever au maximum la rouille
– trouver un cabochon pour le feux arrière qui est cassé,
– changer les pneus,
– tout graisser,
– probablement changer les câbles et patins de freins,
– faire des réglages mais rien de plus.
Pour la rouille qui pique par endroit le cadre (mais pas les roues, ni le(s ?) dérailleur(s ?), ni les pignons et plateau(x ?)),
j’ai l’intention d’y aller précautionneusement à la paille de fer hyper fine
et à la meuleuse (j’ai 2 disques en tissus doux pour la finition),
ensuite je pense “vaporiser” un vernis transparent et c’est tout. 🙂
Ce vélo a au minimum 35 ans (fermeture de Roold en 1986) mais je pense qu’il date de la fin des années 70.
Je suis trop contente, il est magnifique et je m’en servirai pour aller faire les courses à 2 kilomètres. 🙂
Bon j’ai sorti le vélo du garage hier après midi après ma sortie cycliste 🙂
C’est bien un 2 plateaux et 5 pignons, le modèle est un “Sport Luxe”
J’ai pris des photos 🙂