Le bikepacking est arrivé dans ma vie de cycliste, lorsque j’ai fait la connaissance de Vincent Vergés. Il avait créé en 2015 une scoop baptisée Velocoop. Nous en avions parlé à l’époque sur notre blog (qui s’appelait alors Track & News), et par la suite nous nous sommes rencontrés, parfois à l’Eurobike ou ailleurs, pour partager nos idées sur ce nouveau concept. Nous avions déjà la conviction que ces sacoches allaient changer notre façon de voyager à vélo. Vincent a évolué professionnellement en suivant une autre voie et j’ai récemment découvert, dans le nouveau magazine Planète Gravel, qu’il a repiqué au truc de la sacoche vélo, mais cette fois dans une dimension entrepreneuriale en créant sa société : Batsoul …
C’est quoi Batsoul ?
Batsoul c’est d’abord une marque que Vincent a lancée il y a deux ans lors du confinement “En fait je fabriquais déjà des sacoches de bikepacking en mode perso, pour moi et quelques copains. J’ai acheté une machine, imaginé le nom de la marque, le logo et c’est seulement il y a un an que je suis passé à la vitesse supérieure, en créant une page instagram pour tâter le terrain en plus de mon activité de développement informatique“, m’explique Vincent. L’engouement que constate alors Vincent pour son travail artisanal l’amène à développer son activité, réfléchir aux types de modèles qu’il pourra proposer. La dimension entrepreneuriale a pris forme et la “jeune pousse” Batsoul est en passe de devenir une société. C’est bien parti car le projet d’entreprise de Vincent va être accueilli dans une pépinière de jeunes sociétés de la région d’Annecy.
L’idée de Vincent est de partir sur des matériaux éco-responsables et il attache une grande importance au sourcing des matières. “Le but est de devenir un Restrap ou un Revelate Design à la française, mais avec une vision d’entreprise à la Patagonia“. Cette ambition est légitime pour Vincent qui a senti le vent venir très tôt dans ce domaine. Après 10 ans passés à travailler dans un magasin d’articles de sports où il s’occupait de la partie bagagerie en vendant du Vaude et autre, il a découvert les premières sacoches Apidura. Avec la création de Velocoop il y a eu Miss Grappe et les premières marques historiques du bikepacking. Par sa belle-mère ; couturière pour Salomon et pour une marque de soutien-gorge, il apprend la couture et se met alors à fabriquer ses propres sacoches. Parti dans un autre métier dans l’informatique, les sacoches ne restent jamais loin, et le confinement a fait remonter le projet à la surface. Entre le boulot dans l’informatique qui est conceptuel et moins concret, et la fabrication de sacoches qui permet chaque soir de mesurer ce qui est fait, Vincent est en train de faire le choix du monde réel.
Côté communication c’est bien parti “Il y a eu l’article dans Planète Gravel, TF1 est venu tourner un sujet sur le bikepacking qui est passé au 20h le vendredi 13 mais. Nathalie Baillon, une des meilleures cyclistes en bikepacking, qui vient de terminer 1ère femme sur la Desertus Bikus roule avec des sacoches Batsoul. La localisation à Annecy de Batsoul permet également à Vincent d’être au coeur de l’industrie de l’outdoor et ainsi bénéficier par connaissance de sources d’approvisionnements intéressante pour les matières et les accessoires.
Un marché bouillonnant
Ce marché de la sacoche m’a toujours étonné. Tout le monde en fabrique : des grandes marques en ont fait leur spécialité (Apodura, Restrap, Miss Grappe, …), les marques de vélo ont elles aussi leur propre gamme (Giant, Secialized, …), la grande distribution est également sur le coup (Decathlon – test en cours sur Bike Café) et les artisans, qui sont sur le créneau du sur-mesure, sont très nombreux (les artisans rookies du bikepacking). Mais qui achète des sacoches de bikepacking ? … Visiblement il y a un marché quand même ! Vincent me confie qu’une célèbre marque anglaise a enregistré en 2021 40% de progression de ses ventes. “Il y a énormément de monde sur ce créneau, c’est un peu comme les brasseries artisanales. En France on est quand même un peu en retard comparativement aux US où le marché est très mûr“, m’explique Vincent. L’explosion du gravel explique que parallèlement les sacoches suivent ce mouvement. Ces sacoches remplacent les porte-bagages d’autrefois, et le fait que Decathlon en produise est un indicateur de marché intéressant.
Selon Vincent, il existe un créneau différenciant sur ce marché si on y ajoute une philosophie d’éco-construction à la Patagonia. Aujourd’hui il est tout seul, prend ses commandes, fait la conception, la fabrication et gère se envois. Mais Batsoul a la volonté de grossir et Vincent à l’impression d’être au bon endroit. Il pratique le bikepacking depuis 2015 et possède une belle expérience qu’il pourra mettre au service de ses clients.
Pour conclure notre échange, et comme pour illustrer le côté authentique qu’il a souhaité donner à sa marque ; Vincent me dit qu’il puise le nom de ses produits, comme celui de sa marque dans le patois local savoyard. Batsoul par exemple est le nom d’un sac que les paysans de sa région mettaient sur le dos de leurs ânes.