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Trek UCI Gravel World Series, Millau capitale française du Gravel

Dimanche 5 juin, 7 heures du matin, une animation inhabituelle autour du parc de la Victoire, réveille la ville de Millau. Des vélos avec des guidons tordus, équipés de gros pneus viennent s’aligner au départ de l’unique étape française des Trek UCI Gravel World Series. Au programme : 2 épreuves 130 km et 90 km (femmes + de 50 ans et hommes + de 60), qui permettront aux meilleurs d’obtenir le droit de participer au championnat du monde de gravel UCI qui aura lieu en Octobre. Le ciel est bleu, la température est idéale et le programme du jour s’annonce… royal. Bike Café était présent à cette découverte du monde gravel en format compétition avec dossards… Texte Patrick – photos Philippe Aillaud

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Même les “pros” commencent à y croire ! J’ai posé la question à Geoffrey Soupe, de l’équipe Total Energie – photo Philippe Aillaud

La création d’un championnat du Monde, pour une discipline sportive nouvelle est une consécration. On est heureux de vivre ces instants et de voir que tout se met en place, pour que le gravel devienne une discipline sportive à part entière. Pourquoi pas, un jour, la création d’une épreuve gravel aux J.O… même les “pros” commencent à y croire ! J’ai posé la question à Geoffrey Soupe, de l’équipe Total Energie, qui participait à l’épreuve “Oui, au sein du peloton on parle gravel, c’est à la mode et ça fait envie. Pourquoi pas créer à terme un circuit pro…

Il flotte une légère insouciance dans les groupes de jeunes décontractés et ça rigole sur la ligne de départ 

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Cette jeunesse est visible ici à Millau dans le peloton des concurrents – photo Philippe Aillaud

Comme dans toutes les nouvelles pratiques sportives, on avance à tâtons : il y a tout à inventer. Je trouve cette période particulièrement formidable. Il flotte une légère insouciance dans les groupes de jeunes décontractés, on rigole sur la ligne de départ. Erwin Vervecken – responsable Gran Fondo et Gravel Wold Series chez Golazo – évoque le calendrier des 13 épreuves qui constituent le Trek UCI Gravel World Series. Il me confirme que la catégorie d’âge la plus représentée est celle des 19 – 34 ans.

Trek UCI Gravel World Series, Millau capitale française du Gravel
Le Team WishOne était bien représenté – photo Philippe Aillaud

Cette jeunesse est visible ici à Millau dans le peloton des concurrents que j’observe. On remarque aussi beaucoup de jambes rasées, ce qui me fait penser que pour beaucoup, les cyclistes présents viennent plutôt de la route. Autre fait remarquable : la présence de 2 coureurs en activité dans le peloton des professionnels. Le gravel ne serait plus un prolongement sportif pour des “retraités” de la compétition professionnelle. Le même week-end, Peter Sagan, courait l’Unbound Gravel (160 km) dans le Kansas, alors que ses deux équipiers Niki Terpstra et Geoffrey Soupe étaient ici à Millau… Un indicateur fort pour nous prouver que le cyclisme pro s’intéresse au sujet.

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Le casting des épreuves 

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Le même week-end, Peter Sagan, courait l’Unbound gravel (160 km) dans le Kansas alors que ses deux équipiers Niki Terpstra et Geoffrey Soupe étaient ici à Millau – photo Patrick

L’UCI a délégué l’organisation des épreuves à Golazo, société qui anime et coordonne différents événements dans le monde sportif… Pour info un golazo signifie : en espagnol, au football, un but spectaculaire, qui se distingue par la qualité de son exécution. Je peux vous dire que le “but” réussi de la gravel des Grands Causses de Millau a été un super Golazo. J’ai demandé à Erwin comment il avait procédé pour choisir les 13 organisations qui allaient constituer ce premier calendrier d’épreuves qualificatives. “Il y avait encore peu d’épreuves totalement gravel au niveau mondial et nous avons choisi parmi celles qui avaient déjà une certaine expérience“. Pour Wish One Race, l’expérience des épreuves sportives réussies a compté et le lieu des Grands Causses a fait la différence. Wish One porte avec ses vélos et ses organisations l’ADN sportif du gravel que son team d’ambassadeurs exporte sur différentes épreuves partout dans le Monde. L’attribution de cette seule épreuve française du calendrier élaboré par Golazo pour ces Trek UCI Gravel World Series, n’est pas une surprise.

Le calendrier 

  • 3 avril – Gravel Filippine Bongabon, Philippines
  • 15 mai – Seven Nannup,WA, Australie
  • 5 juin – Wish One Gravel Race, France
  • 18 juin – Gravel Adventure, Pologne
  • 25 juin – Highlands Gravel Classic, États-Unis
  • 6 août – Jingle GX Gravel Amana, USA
  • 20 août – Gravel Grit n Grind, Suède
  • 27 août – Houffa Gravel, Belgique
  • 3 septembre – La Monsterrato, Italie
  • 4 septembre – Gravelista, Australie
  • 17 septembre – Kettle Mettle, Canada
  • 17 septembre – Gravel One Fifty, Pays-Bas
  • 18 septembre – Ranxu, Espagne
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Un regard sur le matos 

Le samedi, lors de la remise des dossards et au moment du départ, nous avons jeté avec Philippe, notre photographe, un regard sur les vélos des concurrents. Ce sont tous des gravels plutôt légers, carbone ou acier, chaussés en pneus de taille 40 plutôt slick. La seule exception étant le vélo de route de Régis Pinson, un concurrent de 72 ans, qui avait juste acheté ses pneus de 28 la semaine précédente. “C’est mon ancien vélo, il a 10 ans et j’ai monté ces pneus avec des chambres…“, qui finira 4ème au scratch du 90 km en 4h45′ : chapeau. Le vélo du vainqueur, Niki Terpstra, est le nouveau Specialized Crux, le vélo de gravel le plus light de sa catégorie actuellement. Il était équipé en double plateau et les roues étaient chaussées de pneus de 40 montés en tubeless.

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Un tempo d’enfer

Pour Philippe et moi, l’immersion dans la course va se faire à l’intérieur de la voiture Mavic. Pour couvrir correctement cette épreuve, ce choix nous a paru raisonnable pour suivre la tête de course, et prendre des photos. Merci à Romain le « pilote » de la voiture Mavic et à Guillaume son navigateur, qui a su nous dégotter les bons points de vue et les raccourcis pour être présents au maximum sur la course.

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L’entrée dans la piste forestière au km 8 sera presque une délivrance ! photo Philippe Aillaud

Lors du briefing, Maxime Poisson le directeur de course, l’a précisé : le peloton des 225 participants, partira groupé dans les rues de Millau sur partie neutralisée. La vraie bataille commence vraiment dans la montée du Poncho d’Agast. Les coureurs, aux muscles encore froids, abordent des lacets de 10 à 16 % sur le haut. L’entrée dans la piste forestière au km 8 sera presque une délivrance ! … Les écarts sont déjà faits : 2 “grimpeurs”, possèdent une légère avance sur un petit groupe dans lequel se trouve les 2 coureurs “pro” de Total Énergie. Les coureurs entrent dans la superbe forêt domaniale du Causse Noir.

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À l’intérieur de la voiture Mavic – photo Philippe Aillaud

Au km 22, ils sortent de cette partie forestière pour plonger sur une route étroite et vertigineuse vers la vallée de la Dourbie. Attention “Route dangereuse” précisait un panneau à l’entrée de ce boyau de verdure qui laisse à sa droite le Chaos de Montpellier-le-Vieux, dont il n’est pas sûr que les coureurs aient eu le temps d’admirer la beauté. Arrivée au village typique de la Roque Ste Marguerite. On enjambe la Dourbie pour remonter une route en lacets, vers Pierrefiche-du-Larzac. Geoffrey Soupe, dont la chaîne a sauté de son mono plateau dans la descente, n’arrive pas à recoller dans cette montée et ils se retrouvent à 3 coureurs en tête :

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Le compteur de la voiture affiche 50 km/h sur cette piste instable – photo Patrick

Nous allons les suivre ensuite sur la longue piste du camp d’instruction du Larzac. Le compteur de la voiture affiche 50 km/h sur cette piste instable : ils se relaient dans un tempo d’enfer. Les signaleurs de la Légion, habillés en treillis camo qui sont postés aux bords de la piste, n’en reviennent pas ! … Pourtant ils ont dû en voir bien d’autres.

 

On passe la Grande Arche, qui marque la sortie du camp du 13ème régiment de la Légion et les écarts sont faits. Geof (Geoffrey Soupe) est en « chasse patate » et ne reviendra pas. Derrière lui, le peloton restant est déjà loin. Après le ravito de la Cavalerie, la voiture Mavic ne pourra pas suivre la piste qui passe derrière l’aérodrome pour aller faire une boucle dans la forêt domaniale du Causse du Larzac. Niki a choisi de lâcher ses 2 compagnons d’échappée : il creuse l’écart dans une belle bosse avec des passages à 11 et 13%. Je suis avec Thibault Macé, le directeur sportif de Total Ernergie, qui pointe sur son chrono les 2’20’’ d’avance de son poulain sur ses 2 poursuivants. On file direct à l’arrivée avec la voiture Mavic, car il ne reste que 15 km de course et que ça va vite devant. Niki va garder son avance qui lui servira dans le final sur la piste de cyclo-cross que les organisateurs ont intégrée dans le final… « C’est quoi cette piste de « moto cross » ? », dira-t-il après avoir franchi la ligne d’arrivée…

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Allo Jean-René, j’ai gagné ! photo Patrick

« Allo Jean-René, j’ai gagné… » et Niki raconte sa course au téléphone au patron de l’équipe Total Énergie. Son visage juvénile pour un coureur de 38 ans, est couvert de poussière. On pourrait croire qu’il vient de revivre le Paris – Roubaix qu’il a remporté en 2014.

L’après-midi verra arriver un à un les concurrents qui pourront profiter d’un « Aligot saucisses » qui sera apprécié pour compenser les calories perdues sur ce parcours exigeant.

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Le laboratoire d’un nouveau cyclisme

On aime ou pas la compétition, et je comprends que certains la trouve décalée lorsqu’elle s’exprime dans le domaine du gravel. Elle existe néanmoins, comme une sorte de réflexe inné de l’être humain. On voit même aujourd’hui des bikepackers “aventuriers professionnels” se livrer à des joutes infernales, sans dormir sur des épreuves lointaines dans une sorte de “Koh-Lanta” qui paraît étonnant. Moi, la compétition ne me choque pas, dans la mesure où elle s’appuie sur des règles qui égalise les chances, accompagnées d’une éthique admise par tous. Cette course à Millau m’a apporté l’espoir de voir naître un nouveau cyclisme. Je me suis mis à rêver de courses plus natures, sans oreillettes, sans une cohorte de voitures suiveuses, sans gadgets jetés comme des friandises à des badauds hurlants, sans ces jets de bidons n’importe où après avoir servi une gorgée…

Des cyclistes livrés à eux-mêmes, capables de réparer leurs vélos, de s’entraider, de se livrer sans calcul, s’adaptant par eux-mêmes aux circonstances de course… Est-ce que ce nouveau cyclisme ne serait pas tout simplement le gravel ? …

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Un beau vainqueur pour une première – photo Philippe Aillaud

Le fait que cette course soit ouverte à tous, et même aux pros, a contribué à cette fraîcheur qui accompagne la nouveauté. Il n’y a eu aucune faute dans l’organisation, sauf à mon sens peut-être ce circuit de cyclo-cross que Niki n’a pas apprécié du tout. Si l’on veut que le gravel exprime son identité, il faut éviter, je pense, de lui coller l’image d’un autre genre cycliste. Le gravel se cherche et on le trouve… Erwin m’a confirmé que ce premier challenge était un peu une expérience de laboratoire. L’analyse de cette saison 1, va permettre d’affiner le concept que j’ai trouvé très intéressant et l’UCI va bientôt annoncer l’épreuve qui sera retenue pour le championnat du Monde 2022… Je n’ai pas pu avoir l’info en exclusivité : sauf que ce sera en Europe. 

Les podiums de la coupe du Monde gravel de Millau

Classement 130 km
Femmes 
1 – NEEFJES TESSA – Giant Liv Benelux Offroad Team – 5:36:53 
2 – TREFFEISEN JADEE – Team Embrace The World – 5:38:25 
3 – PORTER EMMA – 5:51:45
Hommes 
1 – TERPSTRA NIKI – Team TotalEnergies – 4:25:06 
2 – HAVIK PIOTR – Westland Wil Vooruit – 4:26:56 
3 – BLAZEVIC ADAM – 4:28:34
Classement 90 km
Femmes (+50 ans) 
1 – MOYNET CAROLE – CSM Villeneuve la garenne – 7:15:15
Hommes (+60 ans) 
1 – VALLÉE RENÉ – La Forestière – 4:28:14 
2 – BARRAL BRUNO – Vélo Club Mont Aigoual pays Viganais – 4:28:55 
3 – FOURNIER JEAN-FRANÇOIS – Entente cycliste poussanaise – 4:44:19

Infos sur le site 

Résultats complets ici : https://my.raceresult.com/204422/results

Voir le site WishOne Gravel Race

Le parcours 

Trek UCI Gravel World Series, Millau capitale française du Gravel
Le parcours avec son profil que j’ai enregistré sur Openrunner

François-Xavier Blanc explique le parcours sur des images de la course réalisées et montées par Acti’v images.

Production Acti’v Images – commentaire François-Xavier Blanc (WishOne)
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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

1 COMMENTAIRE

  1. La compétition ce n’est pas un gros mot et ne me gêne pas en tant que telle. Ce qui me chagrine par contre, c’est la présence, à moins que j’ai mal vu et compris, de véhicules de dépannage qui sont en contradiction avec “Des cyclistes livrés à eux-mêmes, capables de réparer leurs vélos, de s’entraider, de se livrer sans calcul, s’adaptant par eux-mêmes aux circonstances de course…”

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