C’est une question qui me traverse parfois l’esprit, à force de voir et d’entendre ce rabâchage de lieux communs à propos du gravel. Trop de gravel tue le gravel ! … L’usure serait-elle en train de produire ses effets ? … Le gravel est à la mode et Bike Café assume sa part de responsabilité dans sa promotion (since 2015). Nous savons cependant que les modes passent, mais parfois elles reviennent aussi ! … D’ailleurs, est ce que le gravel ne serait pas la version moderne de la randonneuse de papa ? Déjà, certains avant-gardistes, regardent vers la prochaine “danseuse” qui viendra séduire les insatiables appétits médiatiques. Je pense par exemple aux vélos cargos, qui déferlent dans le monde du transport alternatif, mais également dans le domaine des loisirs. C’est devenu très “hype”… (photo de couve Gravel Trophy – Ugo Richard)
Notre penchant pour ce vélo aventureux est entretenu savamment par le marketing. Il n’est pas nécessaire de forcer sur les campagnes de pub, pour faire admettre cette façon plus naturelle de rouler à vélo. Il me semble évident que ce vélo traversera la tête haute tous les changements de modes. Cette pratique, qui exprime si bien la liberté, n’est, ni VTT, ni route et elle s’est forgée en 5 ans une vraie personnalité. Ce vélo accompagne un nouveau mode de vie et son succès s’appuie sur une quête profonde de nature et une envie d’évasion permettant de fuir un monde devenu trop contraignant. Au guidon de ce type de vélo, on éprouvera encore, pendant de longues années, ce sentiment de liberté qui nous rend heureux.
Tendance, versus mode
Je suis amusé de voir l’opportunisme de ceux qui m’avait pourtant prédit en 2015, une vie éphémère à ce gravel trop vite comparé au Fat Bike. Retournement de veste ou plutôt de maillot, certains ont pris un virage à 180 degrés. Les as du coup de guidon m’étonneront toujours car aujourd’hui ils ne parlent que de ça, nous obligeant presque à regarder ailleurs. Non, je ne scie pas la branche sur laquelle Bike Café est assis, pour nous le gravel fait partie de notre ADN et de ce fait il coulera toujours dans nos veines cyclistes.
Le gravel est un vélo tendance, me dit-on ! … C’est pas faux, car la définition de ce mot signifie : “Orientation commune à un groupe de personnes, à une collectivité…”. Le nombre important de cyclistes qui se sont “orientés” vers cette pratique ces derniers temps le démontre : le gravel est bien tendance. Le sens des mots a son importance, et il se trouve que l’antonyme du mot tendance est “inaptitude”… S’il existe un vélo inapte au plaisir cycliste, ce n’est certainement pas un gravel.
En ce qui concerne la mode, on connait la valeur éphémère du phénomène, illustrée le plus souvent par ce qu’il se passe dans le monde du vêtement. On est cette fois sur le regard que la mode renvoie, les codes qu’elle impose et le goût individuel.
Le Café du Cycliste a choisi comme emblème de sa gamme gravel le poisson volant… ni oiseau, ni poisson. C’est pareil pour le gravel il est ni VTT, ni route…
Pourquoi je vous raconte tout ça ? … C’est simplement pour vous dire que si la mode du gravel passe, et si on se lasse d’en entendre parler , cette pratique “All road” restera toujours tendance, car nous serons toujours nombreux à partir à la conquête de territoires inconnus, de routes oubliées, de chemins ancestraux sur le même vélo que celui avec lequel on va au boulot ou chercher le pain.
Alors ringard ?
Pourquoi pas ! … D’ailleurs ce que l’on trouve ringard à un instant T, peut devenir ou redevenir subitement à la mode. Imaginez nos enfants (ou petits enfant pour moi) découvrir ce vélo magique dans quelques années, comme j’ai vu revenir à un moment donné les pantalons patte d’eph que je portais dans les années 70…
Passé le choc d’apprendre qu’un jour notre gravel adoré est devenu ringard, je reste confiant sur sa capacité à affronter la chose pour finalement résister et devenir un vélo culte.
Est-ce une tentative (malicieuse !) pour conserver un espace de tranquillité sur chemins et petites routes en décourageant les fervents adeptes des diverses modes ?
Pourvu que cela fonctionne et que je puisse continuer à rouler (seul !) sur mes routes limousines et autre chemins de traverse…
Bon, en même temps, pas sûr que les adeptes soient si nombreux que cela, le gravel demandant tout de même une certaine opiniâtreté !
Le gravel, à mon sens, n’est pas du tout un effet de mode, effectivement l’engouement marketing actuel pourrait le laisser supposer, mais ce type de vélo est devenu tout à fait adapté , au delà de son usage en pleine nature , au réseau routier secondaire qui parfois très dégradé où mal entretenu, nécessite un vélo passe partout. Le manque de budget des communes et départements pour en assurer la réparation se fait ressentir et encore plus dans le futur dans la conjoncture actuelle.
Au contraire, l’amélioration technique de certains composants en fond une monture confortable et relativement performante sur la distance, adaptable à toutes utilisations et supports.
J’ai nombre d’amis cyclistes qui préférent maintenant s’entrainer sur route avec leur gravel , améliorant ainsi leur plaisir et capacités physiques.
Il crée du lien social et du partage en communauté , un mouvement collectif appelé mode n’a pas encore cette vertu heureusement.
Chacun trouvera son propre chemin au sein de cette pratique et si in fine elle perd quelques pratiquants , la passion de ceux qui ont adopté le gravel en première instance restera intacte et partagée . Le gravel n’est pas du mimétisme , ni de l’anticonformisme…..mais une façon d’apporter le vélo sous un nouveau prisme.
Nous sommes d’accord Denis … J’ai écrit ce post pour faire réagir sur le côté versatile des modes organisées pour faire consommer toujours plus. Je suis également persuadé que le gravel est le vélo ultime grâce à sa polyvalence. Après que l’on soit hipster, compétiteur, jeune ou vieux, habillé en chemisette ou sanglé dans du Lycra … peut importe et d’ailleurs dans nos rassemblement cette mixité cohabite, ce qui n’est pas trop le cas dans d’autres univers cyclistes.
oui Patrick ! je vois le gravel comme le prototype parfait du vélo d’un futur proche, un vélo solide versatile et performant capable de rouler sur tous supports , pouvant de se muter en quelques secondes en vélo de route ou d’évasion nature. C’est déja un peu le cas en ce moment, et les évolutions des standards vont amener les fabricants et les consommateurs à ce type de choix plus éco -responsables et plus en relation avec un usage adapté à leur niveau de pratique.
les écoles de cyclisme qui ont généré les pratiquants d’aujourd’hui, ne fleurissent plus le bord des routes devenues trop dangereuses. la discipline sur route va devenir élitiste sans aucun doute.
L’avenir du gravel est effectivement celui d’ un vélo ultime, qui va permettre à chacun de s’épanouir et combinant comme bon lui semble :transport, émotion, évasion, endurance et performance …..On peut rêver, non !
Très intéressant comme perspective. Pour ma part, je n’imagine pas autre chose. Le gravel est plus une philosophie qu’un type de vélo.
En étant optimiste, on peut considérer que la mode grâce à ses puissance de séduction amène des pratiquants au gravel qui n’y seraient pas venu autrement. Sans compter l’effet de nombre sur le développement du matériel spécifique, la prise en compte des acteurs locaux pour l’accessibilité des chemins pour ne citer que cela. Espérons que les nouveaux pratiquants demeurent une fois la vague passée pour garder une visibilité dans la sphère publique.
Bonjour, un point de vue reste un point de vue : année 70 et 80 et un peu plus j ai roulé sur ce qui s appelait demi course ou routier. Caractéristique : si tu avais un peu d argent tu prenais avec double plateau. Il y avait porté bagage avant, arrière, garde boue ,…..enfin bref beaucoup d équipements que tu rajoutes aujourd hui. La pratique c était route, ville, école, lycée, chemins forestiers, halage, etc. De mon point de vue le gravel n’est pas une invention récente. Juste une reprise, une mode, comme les pattes d eph et le velours côtelé aujourd’hui chez Celui, Brice , etc. Forcément l industrie française a déserté : fini Peugeot, mobecane, Gitane, et autres marques, fini huret, simplex, Maillard et autres. Aujourd hui c’est mieux, SRAM, Shimano ,campa qui a résisté , et multitudes asiatiques. Le rapport du député en charge de la mission vélo est éloquente : nous avons découvert une industrie aujourd hui au 3/4 de fournitures externes pour pas dire plus et capable de produire ce jour des milliers d emploi. C était le cas il y a 40 et 50 ans, le vélo permettait à une industrie de travailler. Conclusion : fermer ses industries, c’est fermer ses bureaux d études, ce n est pas être en veille, ce n est plus deR et D, l innovation française hors jeu. En France le gravel existait, oui bien moins évolué. Aujourd hui ce sont les pattes d eph qui reviennent…..en mieux, carbone, titane, etc. Les infras effectivement se développent, des villes en fond le symbole d une qualité de vie , Angers par exemple. Que chacun y trouve son plaisir, évasion, là est le principal, le gravel va vivre, il perdra vraisemblablement un peu d effet au fil du temps. Bon roulage et pratique régulière, bon pour la santé.
D’accord à 100%. La pratique gravel est tout sauf nouvelle. Le marketing a inventé le nom gravel, le segment de marché, a aussi produit de très bonnes choses et des améliorations réelles sur le matériel mais la pratique, elle n’est PAS nouvelle.
Il se trouve que le marketing, très puissant depuis des décennies (et pas qu’aujourd’hui), a persuadé des générations de cyclistes que le “vrai vélo”, c’était un vélo de performances sur routes, comme par hasard la copie plus ou moins conforme des vélos des coureurs. Et donc a ringardisé une pratique existante … pour mieux la ressortir 50 ans plus tard en la présentant comme “nouvelle”. Et du coup, les “routiers” découvrent l’eau chaude – les petites routes et chemins – alors que les VTTistes des débuts de cette discipline et autres cyclotouristes grisonnants y ont roulé depuis toujours.
Pour être honnête ça n’est pas le marketing des grandes marques qui a suscité cette “mode” du gravel. C’est le marketing des acteurs de niche (comme toujours) qui l’a fait. Au début, y compris sur ce super site, on ne pouvait pas lire un article qui présente le bikepacking sans référence “aux sacoches de papi” qui représentaient l’archétype de la ringardise et qui était utilisé comme faire valoir “d’une nouvelle manière de pratiquer”. Les grandes marques, elles ne s’intéressent qu’aux marchés de volumes. Elles ont donc observé de loin au début, quitte ensuite à lâcher les chevaux pour revenir quand il est établi que le marché révèle le potentiel de faire changer de vélos à un nombre suffisamment élevé de clients (faire changer de vélo, c’est là l’essentiel pour elles). Un peu comme une grosse équipe du TdF qui laissent les échappés se montrer à l’avant d’une étape mais observent pour lancer l’artillerie lourde au cul des fuyards pour les reprendre à 2 km de l’arrivée.