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À fleur de peau dans mon cuissard

Je fais partie d’une génération qui a débuté le vélo avec des cuissard en laine noirs, dans lesquels étaient cousues des peaux de chamois qui ressemblaient en tout point à celles que l’on utilisait pour essuyer les carrosseries de voitures. C’était ce qu’il y avait de mieux pour mes premières longues randonnées dans les années ’70 lors de BRM. Les choses ont bien changé pour mes petites fesses qui roulent aujourd’hui avec bonheur dans un cuissard Q36.5 “high tech” cousu de fil d’argent et qui possède une des peaux les plus abouties du moment. Au fil de mes tests, je me suis constitué un podium après avoir fait une sélection des meilleurs cuissards.

Les « Sélections » permettent de découvrir de nouveaux produits selon une thématique précise. Qu’ils aient été simplement repérés lors de leur mise sur le marché ou testés spécifiquement par nos rédacteurs, ils peuvent faire l’objet d’une courte description ou de retours de terrain plus complets.

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Un peu d’histoire

Vous le savez, et sur Bike Café nous le répétons souvent, l’histoire du vélo est jalonnée d’une succession d’inventions ou de réinventions, qui font que cet objet simple ainsi que sa pratique, ont traversé le temps sans véritable changement de fond, mais avec énormément d’évolutions dans les détails. Certaines sont majeures, d’autres le sont moins : à vous de trier dans ce que l’ingéniosité des marques nous propose.

Choisir son cuissard de vélo

En cette année de Paris-Brest-Paris, c’est intéressant de mesurer les progrès effectués sur les cuissards depuis 1891. Charles Terront, vainqueur de la première édition, était équipé d’un cuissard en laine tricoté qui offrait une bonne souplesse de pédalage. Sa forme était finalement proche des équipements actuels. La couleur noire s’était imposée car les cyclistes posaient leurs séants sur des selles en cuir “graissée” pour les assouplir. Cette couleur traditionnelle reste encore majoritaire dans les pelotons d’aujourd’hui. Au début du 20ème siècle, des pièces de cuir apparaissent, cousues dans le fond du cuissard. La véritable peau de chamois, fine et souple, est alors utilisée. Devenue rare, cette peau est remplacée par de la peau de mouton, mais le mot chamois reste encore associé aux inserts actuels qui n’ont pourtant plus rien à voir avec du cuir animal. Nos cuissards sont devenus Vegan.

Dans les années 30 à 40, les compétitions sportives se développent. Elles sont rudes et l’emploi du cuissard est stratégique pour les “forçats” de la route qui veulent éviter les blessures de selle, qui sont souvent la cause d’abandons. Des solutions empiriques sont évoquées :

Quand un coureur a le feu au cul, il entre dans une boucherie, achète une escalope de veau, la glisse dans son cuissard, remonte sur son vélo et repart de plus belle. C’est la méthode Bobet, champion aux furoncles mal placés.

Christian Laborde dans son ouvrage Dictionnaire amoureux du Tour de France.

Les années 1970-1980 verront naître la révolution du cuissard et de son insert. La composition des shorts en laine va être remplacée par des matières synthétiques (Polyamide et Polyester) associées à une nouvelle fibre extensible, le Lycra, inventée en 1958 par DuPont Manufacture. Assos a conçu la première paire de shorts de cyclisme en Lycra pour l’équipe Ti-Raleigh en 1976, et Castelli a popularisé la tendance, avec sa propre version faite pour le grand public un an plus tard. C’est Castelli qui développe la première peau de chamois rembourrée sans cuir. Au début, elle était à base de coton. La microfibre a été inventée au Japon et le fabricant de vêtements De Marchi l’adapte pour créer un rembourrage en mousse. Les bretelles intégrées sont apparues et les shorts en coton et laine sont devenus obsolètes.

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Une affaire de peau

Je n’irai pas jusqu’à vous parler de sensualité, en ce qui concerne le touché de la “peau” de l’insert de nos cuissards. Chacun aura un avis sur la question. Pour ma part, après de nombreux tests de produits différents, j’ai choisi mon camp : celui d’un insert dense et de faible épaisseur dans un cuissard bien moulant. J’ai essayé des cuissards de marques prestigieuses, qui dotaient de façon généreuse l’insert de leurs cuissards.

À fleur de peau dans mon cuissard
J’ai choisi mon camp : celui d’un insert dense et de faible épaisseur dans un cuissard bien moulant – photo Patrick VDB

C’était très rassurant d’enfiler ces produits qui, façon “Pampers”, étaient censés protéger nos fesses de bébé. J’ai été régulièrement déçu par ces cuissards trop rembourrés pour différentes raisons. Tout d’abord l’épaisseur crée de l’instabilité sur la selle et même des pincements de ma vieille peau. L’épaisseur apporte de la gêne au niveau de l’aine, à la jonction du tronc et de la cuisse. C’est encore plus flagrant lorsqu’on roule sur un vélo avec un faible Q-factor (cas du single speed). Par ailleurs, ce surplus de matière au niveau de l’assise s’accroche avec le bec de selle lorsqu’on passe de la position en danseuse à la position assise. Ces cuissards rassurants seront par contre très efficaces pour les cyclistes qui roulent en position haute et qui sont la plupart du temps assis. Cette position fait pivoter le bassin vers l’arrière et l’appui sur les ischions devient plus important.

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Mon podium des 3 meilleurs cuissards vélo

Je vais vous présenter mes 3 cuissards préférés. Ce sont des produits “haut de gamme” qui ne disqualifient pas d’autres produits moins onéreux et moins techniques. Les cuissards que j’ai choisis sont destinés à ceux qui font beaucoup d’heures de selle et si votre sortie dominicale ne dépasse pas les 100 km, ils ne sont pas forcément indispensables. Personnellement, je ne pratique pas l’ultra distance, mais qui peut le plus peut le moins et même pour des sorties inférieures à 200 km, j’apprécie ces produits pour leur ergonomie. Ce choix est évidement personnel et, selon votre morphologie, les distances parcourues, le type de pratique… vous aurez peut-être des choix différents.

À fleur de peau dans mon cuissard
Mes “best of” ont un point commun : ils disposent tous de la même peau Elastic Interface, fine et ergonomique. De gauche à droite : Gore Wear, Q36.6 et 7Mesh – photo Patrick VDB

Au fil du temps et après de nombreux essais, j’ai fait monter sur mon podium “personnel” les meilleurs cuissards “pour moi”. Mes “best of” ont un point commun : ils disposent tous de la même peau Elastic Interface, fine et ergonomique. Leur confection s’appuie sur un minimum de couture. Ils sont tous très moulants afin d’agir comme une deuxième peau qui accompagne le pédalage. Ils ne bloquent pas la respiration abdominale.

Choisir son cuissard de vélo

Q36.5 Dottore Clima

C’est pour moi le cuissard court à bretelles parfait. Le matériau utilisé allie une haute densité à la légèreté (150 g en taille M). La coupe ergogénique (susceptible d’améliorer le travail musculaire) bénéficie d’une utilisation minimale de coutures. Les panneaux de tissu sont placés stratégiquement pour améliorer les performances et le confort.

Cuissard Q36.5 Clima Dottore

La “richesse” de ce cuissard est le fil d’argent véritable qui a été introduit dans la trame du tissu. Cette richesse se limite à 2% dans la constitution du tissu, vous ne risquez pas le hold up pour si peu. Ce fil d’argent présente des vertus antibactériennes et de conductivité. Ce fil protège également du smog électromagnétique et réduit la fatigue musculaire. Pour compléter la dimension “high tech” du produit, le tissu au niveau de l’assise est renforcé par une fibre de Dyneema à la hauteur de 4% dans la composition. Cette fibre de polyéthylène à masse moléculaire très élevée est flexible, résistante, insensible aux UV et aux effets de l’humidité. Placée sur le fond extérieur du cuissard dans la partie en contact avec la selle, elle apporte une résistance à l’usure et un maintien anti-glisse qui permet un placement au millimètre sur la selle.

Cuissard Q36.5 Clima Dottore

Attention “ça pique” au niveau du prix qui dépasse celui d’un costume. L’investissement est à envisager si vous êtes un perfectionniste en quête de ce qui se fait de mieux.

Prix : 285 €

Infos sur le site de Q36.5

Cuissard Gore Wear + Distance 2.0

Sur la 2ème marche de mon podium, je mettrais ce cuissard. J’avais déjà apprécié la première version et cette version 2.0 améliore encore ce cuissard qui a pour vocation la “distance”, donc des heures de selle. La maille particulièrement fine et douce donne l’impression d’avoir une seconde peau. J’avoue même que cette peau est plus douce que la mienne. Son tissu ultra extensible évacue l’humidité et sèche rapidement. Un lavage le soir et le lendemain c’est sec vous pouvez repartir tout propre.

Cuissard Gore + Distance

À l’avant, la GOREWEAR CUP préformée anatomiquement pour l’anatomie masculine protège les zones sensibles contre le refroidissement lié au vent tout en étant très respirant.

Cette vidéo publiée sur le site de Gorewear le product magager : Michael Jean-Jacques, explique la conception de ce + Distance 2.0.

Plus accessible que le Q36.5, ce cuissard est quand même dans la fourchette haute des tarifs constatés. Pour info, j’utilise encore ma version 1 depuis 4 ans. Il est vrai que je fais tourner mes cuissards mais quand même : un bon cuissard s’amortit sur plusieurs années.

Prix : 199,95 €

Infos sur le site Gore Wear

7 Mesh RK2 Cargo Bib Short

Troisième marche pour ce cuissard gravel conçu par 7Mesh qui comme les 2 précédents utilise cette même peau Elastic Interface. Je l’ai reçu cette année et je l’ai testé sur plusieurs sorties en chargeant bien ses poches latérales. Un cuissard cargo léger pour la route et le gravier, avec la technologie coldblack. Une véritable seconde peau : il est conçu pour rouler pendant les sorties les plus longues de la saison. J’apprécie cette marque canadienne que j’ai déjà pu évaluer sur d’autres produits, notamment l’an dernier le short Farside et les « sous-shorts » Foundation qui utilisent eux aussi cette fameuse peau Elastic Interface.

Cuissard 7Mesh

Le seul handicap de ce cuissard sera le prix, mais la qualité et la durabilité sont au rendez-vous et on amortira ce produit sur plusieurs saisons.

Prix : 250 €

Infos sur le site de 7 Mesh

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

7 COMMENTAIRES

  1. Ce qui était horrible avec le chamois à la toute fin des années 70, début 80, était les jours de pluie. Une fois mouillés on avait l’impression de s’assoir sur une vieille éponge. J’ai le souvenir de l’angoisse de se rassoir après s’être mis en danseuse…

  2. “Ce fil protège également du smog électromagnétique et réduit la fatigue musculaire”

    Affirmations basées sur des preuves scientifiques bien sûr ?
    À deux doigts d’apprendre qu’il faut dynamiser l’eau de son bidon pour performer.

    • Je savais que ce genre d’affirmation ferait sourire … voire plus 😉 J’aime bien provoquer ! … Alors, Alex je ne sais pas pour l’eau, mais pourquoi pas. Ceci dit ce cuissard est génial (pour moi) dans sa fonction basique de cuissard.

  3. Pour ma part, j’utilise depuis 1 an une selle Infiny dont le profil n’est pas celui que l’on trouve sur les selles classique (pas d’appui sur les ischions), en conséquence cela permet d’utiliser des cuissard type triathlon (skinfit KARACHO TRI SHORTS) dotés d’une peau ultra fine, fini la sensation de porter des couches et, petit bonus, il est possible de le porter plusieurs jours sans odeur et sans irritations.

    • Bonjour Patrice, si auparavant vos peaux de cuissards avaient des odeurs et provoquaient des irritations c’est parce que le polyester, polyamide ou élasthanne utilisés n’étaient pas de qualité optimale. aujourd’hui la plupart des cuissards de très bonne qualité (150 – 250 euros) ont des peaux de densités fortes, préformées, perforées afin d’augmenter la durabilité et la respirabilité. Les cuissards peuvent durer dans le temps ce qui réduit finalement l’investissement de départ. D’autre part les odeurs et friction n’existent plus car les peaux comme chez elastic interface par exemple sont conçues afin qu’une surface minimum de la peau soit en contact avec le tissu extérieur de l’insert pour augmenter le confort. Les odeurs n’apparaissent plus car les matériaux utilisés ont des standards de haute qualité (Fabrication, traitement, réduction de l’impact environnemental). La création de l’odeur est liée à une fibre d’entrée de gamme avec la molécule liée à la transpiration. L’exemple typique est le tee-shirt donné sur les courses de running par exemple, qui irrite au bout de quelques utilisations et dont l’odeur ne disparait plus après quelques usages. Dans les fibres de textile comme dans le vélo il y’a beaucoup plus d’innovation qu’on ne le pense, peut être même plus que dans le matériel en lui même (velo, selle etc…)

      • J’ai encore dans mon tiroir des cuissards assos, odlo et autres et la différence entre ces derniers et ceux que j’utilise maintenant est plus que notable tout entre mes anciens maillots et ceux que j’utilise actuellement (isadore) fabriqués en partie en mérinos et avec lesquels on ne sent pas le chacal à la fin des sorties

        • Le mérinos est une fibre naturelle qui efface le phénomène d’odeur. je suis parfaitement d’accord avec vous. Utilisable tout au long de l’année. Il faut simplement accepter pour le cycliste une autre idée de la respirabilité et du coût matière.

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