À quelques jours du départ de la Primavera, qui marque le véritable début de la saison des courses classiques, « Bici Espresso » vous invite à découvrir la piste cyclable de la Riviera Dei Fiori autour de San Remo.
La piste débute à l’ouest de San Remo au village d’Ospedaletti (à quelques encablures de la frontière française) pour se terminer 24 km plus à l’est à San Lorenzo Al Mare juste avant d’arriver à Imperia.
Elle emprunte le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer, à voie unique, exploitée entre 1872 à 2001.
Une photo de l’ancienne voie ferrée qui a été exploitée de 1872 à 2001 et qui était essentiellement destinée à desservir ces petites stations balnéaires longtemps fréquentées par des touristes fortunés russes, anglais ou allemands
Après plusieurs années de travaux, la voie a finalement été, partiellement, reconvertie en piste cyclable, ouverte au public en avril 2014.
Depuis cette ouverture, son succès n’a cessé de croitre. La piste offre un véritable concentré de culture vélo et permet à des milliers de cyclistes de tous horizons, aux pratiques très variées de s’y retrouver : dans une ambiance détendue, des semis-pro avec leurs vélos tout carbone y côtoient des familles en « rosalie », des flâneurs en bicyclettes de ville, des vélotafeurs ou des cyclos randonneurs de passage, sans oublier les passants à pied ou en roller.
Bien sûr, si votre truc c’est plutôt de pédaler en solitaire dans la nature et les grands espaces sauvages, mieux vaut passer votre tour ! Mais si vous êtes sensible à la Dolce Vita, au charme particulier, un brin suranné, de la Riviera ligurienne et à l’ambiance familiale des stations balnéaires italiennes alors cette piste devrait vous plaire.
En plus, elle n’a pas oublié ses classiques, et les clins d’œil à La Classicissima (Milan – San Remo, haut lieu de le l’histoire du cyclisme) sont nombreux tout au long du parcours.
Cette piste est d’abord remarquable par la qualité de ses infrastructures : 24 kilomètres totalement séparés de la circulation automobile (sur une côte pourtant très fréquentée) avec de nombreux tunnels (de longueur parfois supérieure à 1 km) parfaitement éclairés, des feux tricolores pour gérer le trafic aux quelques intersections avec les routes, des bornes SOS régulières en cas de pépin, tri des déchets, et plusieurs stands de location de vélo qui permettent aussi de réparer en cas d’ennui mécanique.
Le succès des lieux a permis à une véritable petite industrie touristique tournée vers le vélo de se développer (locations de vélo, bars, restaus, hôtels font légion) mais ce n’est surtout pas au Bike Café que l’on s’en plaindra.
Et puis les puristes ou autres amoureux de cyclisme devraient y trouver leur compte : le très long tunnel entre Ospedaletti et San Remo est une ode à l’histoire de ce sport : sous la voute des affiches ont été accrochées avec de belles photos qui célèbrent l’histoire de la « San Remo » et ses champions passés ou présents. Si cela vous intéresse vous pourrez y rester plus d’une heure à remonter le temps et l’histoire de la course au gré de nombreuses anecdotes illustrées (en italien et anglais).
Après cela vous ne pourrez pas manquer le détour par les collines de la Cipressa et du Poggio, les deux dernières difficultés et points stratégiques de la course où les plus courageux tentent d’échapper au sprint massif. Le départ de ces deux côtés célèbres se trouvent juste au-dessus de la piste qu’il faudra alors quitter pour l’occasion.
Malgré son caractère urbain, la piste offre aussi de très beaux points de vue sur la mer ; bien sûr la cohabitation et différence de vitesse entre les familles qui flânent et les petits groupes de sportifs qui dépassent les 35 km/h requièrent un peu de vigilance…
La piste attire des touristes d’un peu partout tout au long de l’année et est devenue une vraie fierté locale ; les italiens ne s’y sont pas trompés et en mai 2015 le Grand Départ du Giro avait lieu à San Remo avec un CLM par équipe qui empruntait la quasi-totalité de la piste (au fait pas la peine de vouloir décrocher un quelconque KOM sur ce parcours : ce jour là l’équipe la plus rapide a roulé à plus de 54 km/h, preuve Strava à l’appui).
Après deux jours à arpenter cette piste, on prend conscience (*) de l’énorme potentiel qu’offre ce type d’aménagement sur tous les plans : sportif, écologique, touristique, économique…. Et cette fois l’exemple ne vient pas de Scandinavie mais bien d’un pays latin où la culture de l’automobile est peut-être même plus forte qu’en France… Alors vraiment bravissimo à nos voisins transalpins qui ont su prendre des risques et investir pour le plus grand bonheur des cyclistes de tout bord… Au passage il est prévu qu’un jour la piste soit étendue jusqu’à Imperia…
Quelques infos pratiques :
Des petits stands de location de vélo sont présents à de nombreux endroits du parcours si vous ne pouvez pas venir avec le vôtre.
La piste est vraiment adaptée au vélo familial : distance raisonnable (24 km, soit 48 km Aller-retour), parcours tout plat qui traverse de nombreuses petites villes de bord de mer, idéales pour des pauses pizza, expresso ou gelato.
Pour plus d’info vous pouvez aussi consulter le site web suivant : https://www.pistaciclabile.com/en/
(en italien, anglais et allemand)
(*) J’habite une région (le Sud Est de la France) où l’aménagement des pistes cyclables est une catastrophe (voir aussi l’article du dernier 200 sur Marseille) : la plupart des pistes autour de chez moi ont été construites en dépit du bon sens : comme pour remplir des quotas ; elles commencent au milieu de nulle part pour se terminer quelques kms plus loin ou alors elles longent une nationale avec une circulation dense et rapide qui gâche tout le plaisir, ne laissant quasiment pas de solution proche pour rouler en sécurité en famille.