Au comptoir du Bike Café nous abordons souvent des sujets concernant le gravel, que nous affectionnons particulièrement. C’est un domaine en plein essor. Nous le constatons : les vélos évoluent et se perfectionnent, les équipements également et les épreuves gravel sont de plus en plus nombreuses. Cette fois nous sommes allés découvrir un nouveau gravel trip : “Le Gravel Trophy” issu d’une initiative portée par tout un département : les Alpes Maritimes.
Nous avons vécu, avec un petit groupe d’ambassadeurs et de journalistes, une “édition test” qui avait pour objectif de faire découvrir la pratique du gravel dans cette région et le concept du Gravel Trophy. Pendant deux jours nous étions aux côtés des organisateurs qui ont imaginé ce projet, qui va mettre à l’honneur, les villages authentiques du moyen et du haut pays de la Côte d’Azur. Une belle initiative pour découvrir de nouveaux terrains de jeu entre mer et montagne.
Le programme
Il s’agit pour nous de découvrir le concept du Gravel Trophy et de donner aux organisateurs notre avis de “cobayes” sur leur projet. Cette édition “à blanc” permettra de parfaire l’épreuve de sorte que la première en 2020 soit une réussite.
Dès le départ on sent que le projet est bien “épaulé” … Aux manettes on va retrouver un traileur de renom : Sébastien Camus. Il est aidé pour les tracés par Alain Santi de Valberg qui connaît la région comme sa poche. Côté logistique et organisation, il y a Jonathan Metge, de Garmin. Sébastien pratique le gravel en complément de ses entraînements pour les raids aventures et le trail. Il roule sur un Lapierre Crosshill et grâce à Alain Santi, la “bible” des petits villages et des spots natures de la région, il a découvert des pistes superbes qu’il a souhaité partager avec nous.
La ville de Vence est partenaire du Gravel Trophy, elle en sera le point de départ. Cette cité historique, est la porte qui nous ouvre le passage vers les pistes, les sentiers et les petites routes du département des Alpes Maritimes. Jean-Luc Cerruti, adjoint au sport, en charge des évènements sportifs, m’explique “En matière de vélo le territoire à proximité de la mer est le domaine des routiers. Les VTTistes, de plus en plus techniques, sont partis chercher des terrains plus montagneux. Entre ces deux territoires il existe un terrain sur lequel le gravel trouvera des pistes, des petits villages, des petites routes sympathiques. C’est pour cela que nous soutenons cette nouvelle façon de rouler à vélo qui nous semble adaptée à cette zone intermédiaire“. Jean-Luc est lui-même cycliste et fier de soutenir cette “première” manifestation gravel au départ de sa ville. À l’image de Jean-Luc, j’ai rencontré le vendredi soir Mme Catherine Le Lan, Maire de Vence et une partie de son équipe municipale. Ils soutiennent tous le projet : chapeau, car cette implication locale pour développer la pratique du gravel, qui est de mon point de vue une première en France.
Vendredi soir :
Le QG de l’épreuve test est réuni à l’hôtel le Floréal à Vence. Lors du dîner on fait connaissance des autres membres du groupe. Pour ma part, je retrouve quelques amis parisiens Jean-Pierre Giorgi et Frédéric Saint-Étienne de Garmin, que je côtoyais plus souvent lorsque j’étais parisien et que j’écrivais pour le running. Audrey Gianotti, la responsable Communication & Relation presse de Scott France et Pascal Caré son homologue chez Lapierre sont là, avec un parc de vélos de gravel de prêt pour les journalistes et les invités à cette “levée de rideau” sur le Gravel Trophy.
Initialement le Gravel Trophy devait avoir lieu en 2019, mais sagement Sébastien et Jonathan ont préféré retarder l’organisation et cette épreuve 2019 qui s’est transformée en “version test”. Sage décision, car on le verra lors de cette édition que l’on peut trouver encore des améliorations.
Samedi matin
Après un bon petit déjeuner, briefing et réglage des vélos. J’admire le courage de certains de mes confrères qui vont rouler avec des pédales plates sans les cales auto. Je découvre que Maxime Poisson (WishOne) est avec nous pour ses deux jours sur son proto gravel, dont nous parlerons bientôt après un essai sur Bike Café.
Nous allons partir par Saint-Jeannet … Alain Santi, qui a fait le tracé, nous commente ce début de parcours “Je n’ai pas voulu faire trop dur pour ce départ et j’ai évité le départ par le col de Vence. On va passer par quelques beaux petits villages de l’arrière pays pour vous mettre dans l’ambiance.” Il a bien fait, on aura quand même un peu de graviers sous nos pneus pour s’acclimater vers Gattières et on commencera à monter progressivement sur des petites routes sympas avec une vue à couper le souffle, qui est déjà court dans certaines montées.
Les premières pentes se feront sentir en montant vers le superbe village de Bouyon. Une petite pause au col des Ferres pour refaire un peu d’eau à la fontaine face au cimetière. Et on attaque le sentier qui nous fait grimper à 832 m sur un chemin étonnant car il surplombe un canal.
Le canal du Velay est un lieu particulier. Ses eaux sont captées entre 800 et 945 m d’altitude dans l’ubac du Cheiron, au droit de la station de Gréolières-les-Neiges. Elles aboutissent à l’usine de Bouyon, où le canal de la Gravière prend le relais jusqu’à Saint-Jeannet. Nous roulerons au-dessus, car la particularité est qu’il a été enterré et que de belles plaques de béton le surplombe. Le chemin à cet endroit est assez technique et il faut garder l’oeil sur la piste, malgré le spectacle à notre droite sur le mont Auvière et le village de Conségudes.
La pause pic nic
La descente vers Roquestéron est technique on aura quelques chutes et une crevaison de notre vidéaste. Heureusement c”est l’heure du “pic nic” et toute la formidable équipe de la logistique nous attend.
Mme le Maire de Roquestéron nous a préparé une pissaladière et quelques gâteaux que nous allons savourer sur les bords de l’Esteron. L’eau fraîche nous donne envie de faire trempette, Pascal ne résistera pas et il trempera les pieds dans la rivière.
Le ventre plein nous repartons difficilement vers Cuébris sur un GR. La chaleur commence à se faire sentir et la digestion est lourde. Heureusement dans chaque village il y a des fontaines.
Nous attaquerons le plat de résistance de l’après-midi : la montée vers la crête des Gauthiers. La crête passée, ce n’est pas fini, et la montée se poursuit pour nous conduire à plus 1000 m sur une large piste plus roulante que celle du canal heureusement. Il faudra encore passer la baisse de Rourebel pour entrevoir un début de descente.
C’est enfin la belle descente au travers de la forêt domaniale du Var moyen qui va nous conduire aux véhicules qui nous attendent à Touët-sur-Var. Là deux options se présentent : continuer à vélo jusqu’au bivouac situé à Beuil, ou mettre les vélos dans les véhicules pour atteindre notre halte du premier jour. Dans le groupe, seuls 5 courageux décideront de tenter la montée des gorges du Cians. Mon choix sera celui de la raison, car je pense déjà à demain avec la boucle sur Valberg.
Le Bivouac
Après cette première étape éprouvante nous arrivons au bivouac situé au camping de Beuil. L’équipe de Jonathan a monté les tentes et après une bonne douche on se pose à la terrasse pour boire une bonne bière.
La journée a été dure avec 1700 m de D+ sur un terrain difficile. Certains ont même ajouté la montée à vélo des gorges du Cians soit 1100 m en plus. Une excellente soirée passée à manger des gnocchis et à boire quelques Pietra.
La nuit sera agitée par un orage vers 4 heures du matin. La lumière des éclairs traverse nos toiles de tentes, la pluie commence à marteler le frêle tissu de nos abris. Je me demande comment sera le terrain demain. Au petit matin, le bruit du “zip” des fermetures des tentes donne le signal du réveil : ça bouge dans le bivouac. Petit déj à l’abri dans la salle à manger du camping : il pleut sur Valberg.
On décide de partir par la route en se disant que l’on avisera là haut. Charles-Ange Ginésty, le président du conseil département des Alpes Maritimes nous attend là haut pour nous guider à vélo sur les sentiers de Valberg vers les gorges rouges.
Il est accompagné par une experte : Stéphanie Larbouret qui est conservateur de la réserve naturelle des gorges de Dalluis. Grâce à leurs vélos électriques ils vont nous accompagner sur le magnifique circuit des roches rouges, la pluie s’est arrêtée et très vite on se réchauffe sur des pourcentages atteignant parfois 18%. On quitte progressivement le décor station de ski avec ses canons à neige devenus inutiles en cette période de l’année.
On passe la retenue d’eau du col des Anguilliers à 1860 m. L’odeur des alpages nous envahit : c’est le bonheur. En haut nous croisons une troupe de militaires à l’entraînement en marche commando : je préfère grimper avec mon Caminade que de marcher, comme eux, harnachés avec leur équipement militaire.
Ce parcours matinal vers les roches rouges est superbe. Ce décor est connu des réalisateurs de spots publicitaires, c’est le Colorado des Alpes Maritimes. En écoutant les commentaires de Stéphanie Larbouret et de Charles-Ange Ginésty. Ces deux passionnés de montagne savent nous faire découvrir ces superbes endroits que pour ma part je ne connaissais pas.
Ce sera le point d’orgue de ces 2 jours passés à découvrir une région dans laquelle nos roues sont passées successivement sur les pierres calcaires et rugueuses des pistes du canal du Végay, pour retrouver ensuite plus de suavité entre Cuébris et Ascros et pour enfin terminer à Valberg vers 2000 m du côté du dôme du Barrot avant de rouler sur la pélite rouge du Dalluis.
Nos vélos
Lapierre et Scott ont fourni aux journaliste, venus par avion, des vélos de gravel. Personnellement étant venu en voiture je suis venu avec mon Caminade. Nous avions déjà essayé sur Bike Café le CrossHill de Lapierre, le Scott Addict 20 et le Bergamont Grandurance. Nous avons pu également tester les nouveaux compteurs Edge 830 de Garmin en suivant la trace pré-chargée de cette pré-édition du Gravel Trophy.
Pour conclure
J’ai vraiment aimé ce parcours varié qui est néanmoins par endroit technique et difficile. La récompense de nos effort a été le spectacle fabuleux offert par la variété des paysages de ce territoire et la découverte de ses superbes petits villages de montagne avec ses belles fontaines qui seront autant d’oasis pour cette aventure.
Le Gravel Trophy sera un événement à ne pas louper en juin 2020. Vous pourrez dire ensuite “J’étais à la première…” La découverte de la région sera la récompense des efforts qu’il faudra consentir sur des pistes parfois rugueuses et techniques. Les activités sportives et touristiques de la région vous permettront de concevoir un séjour agréable pour vous et vos accompagnants.