Parmi les créateurs de vêtements de cyclisme haut de gamme, Rapha s’est toujours distingué par une constante volonté de mettre en valeur le cyclisme féminin, en produisant des vêtements spécifiquement adaptés aux femmes et en inventant des événements tels que la Rapha Women’s 100. En s’associant avec la marque américaine de vêtements techniques pour le loisir Outdoor Voices, Rapha affirme à nouveau cette spécificité dans un monde du vélo traditionnellement masculin. Habituée et assez fan des équipements Rapha, je n’ai pas hésité une seconde à tester cette nouvelle collection, issue d’une collaboration originale.
Troublante esthétique
La dotation que j’ai reçue se compose d’un cuissard, d’un jersey, d’une veste coupe-vent, de chaussettes et d’une casquette. J’ai été très surprise des couleurs, plutôt différentes des palettes habituellement utilisées par Rapha, la dominante bleu-vert des étoffes s’opposant franchement au blanc halogène de la veste. C’est sobre, c’est élégant mais pas obligatoirement gai, assez strict finalement, la veste apportant une touche décalée et trouble, un peu comme l’étrange esthétique qui se dégage d’un film de David Lynch.
C’est ça, la veste à la fois belle et inquiétante, translucide, secrète, me fait penser à Mulholland Drive et Lost Highway, deux films hypnotiques et précieux de Lynch, et au ruban ininterrompu d’une route en Californie. D’ailleurs, le blanc de cette veste est nommé “Alyssum” sur le site d’Outdoor Voice, ceci n’est-il pas une référence explicite à “Asylum” (asile en anglais) et aux froides infirmières en blouses blanches qui peuplent tour à tour les cauchemars et les fantasmes de ces messieurs ? Mais trêve d’asiles, d’Alice au Pays des Merveilles ou de films de Lynch, je ne suis pas Naomi Watts ou Patricia Arquette, et comme je n’ai ni l’envie ni le temps de m’envoler pour la Californie, je m’en vais plus modestement tester cette tenue en vélo à pignon fixe sur le chaud asphalte des Alpilles.
La vitesse génère du vent, coupons nous-en
Même en été, aux premières lueurs de l’aube, les routes des Alpilles sont fraîches. D’abord fermée puis ouverte, la veste blanche et immaculée (très visible et c’est tant mieux) tient parfaitement son rôle de modérateur thermique. Cette étonnante veste est à coup sûr la pièce maitresse de la collection et recèle quantité de détails pratiques : le rabat du panneau arrière offre une excellente respirabilité à ce coupe-vent et lui confère de la sobriété.
Sa poche fourre-tout, son petit porte-monnaie et son anneau élastiqué servant à retenir une couche de plus permettent de transporter tout ce dont on a besoin sur le vélo. Au dos, je découvre un pan repliable à motif moucheté réfléchissant qui protège des projections en cas de route mouillée. Avec les premiers rayons brûlants de ce début août, je chiffonne ce coupe-vent et le fourre sans soucis dans la poche centrale du maillot. De blanc, me voilà désormais de vert vêtue.
Le jeu des regards croisés
Une autre pièce de la collection m’a impressionné : le cuissard, qui au déballage m’avait intrigué par son bleu a priori banal, se révèle être un formidable allié de la cycliste. En fait, au jeu de la lumière, la couleur rayonne, la maille est souple et solide, bon Rapha ne saurait mentir, tout est pensé et conçu dans l’élégance et la commodité. Le pad est hyper confortable, même pour une longue journée de vélo, les poches cargo en filet sont hyper pratiques et surtout la partie haute intégrale en body croisé dans le dos permet de rouler jersey grand ouvert ou même sans jersey lorsqu’il fait vraiment très chaud. C’est smart, c’est classe.
J’enchaîne les montées et les descentes, cet ensemble est irréprochable d’un point de vue sportif. Avec la chaleur je transpire, je souffle, je râle même, mais pas contre mes vêtements, bien au contraire. Le jersey est très agréable à porter, léger, il ne colle pas à la peau, j’adore son motif extrêmement subtil composé de mouchetages, le leitmotiv également présent sur le coupe-vent et le plastron du cuissard sur un tissu finement gaufré.
À la ville comme sur la route
Cet ensemble est pratique, mais finalement très habillé. Comme toujours chez Rapha, tout se joue sur de petits détails qui vont typer le vêtement et affirmer sa fonction. Ici, il s’agit de pouvoir changer d’univers sans changer de vêtement, et un test dans les rues de ma ville d’Arles et absolument convaincant. Tout tient aux couleurs finalement assez sobres de l’ensemble, à la hauteur de la chaussette, à la rigueur de la coupe. Rapha est une marque anglaise, et ça se voit.
Arles est une ville touristique, très fréquentée en été, et je ne m’y promènerais pas en tenue de sport sans me sentir mal à l’aise. Avec cet ensemble Rapha + Outdoor Voices, je me suis amusée à monter en danseuse autour des arènes, à flâner à la terrasse de mon bar à bières artisanales préféré sans le moindre scrupule. J’arbore ma tenue sportive avec aplomb, je me surprends à l’oublier, je suis bien dedans tout naturellement. Personne n’a d’ailleurs eu l’air de sourciller, ce qui à mon avis est une évaluation probante.
Une collaboration audacieuse, mais pertinente
Suite à une rencontre il y a deux ans sur l’île de Majorque, les créatifs de Rapha et d’Outdoor Voices ont commencé à travailler ensemble sur l’idée que “le cyclisme semble parfois se prendre un peu trop au sérieux, mais vraiment : il ne faudrait pas ! Rouler sur son vélo c’est une aventure, une conversation, un moyen d’échapper à la réalité“. Derrière cette belle idée, il y a aussi une excellente complémentarité de deux marques qui ne sont pas en concurrence.
L’ADN de Rapha est 100% vélo, alors que celle d’Outdoor Voices est au cœur des salles de gym et sur les tapis de yoga. Mais les deux marques ont aussi pas mal de points communs : Outdoor Voices, prône, au delà de la pure pratique sportive, l’idée de “faire des choses”, de façon décomplexée et ludique, de s’amuser, de faire le lien entre les activités physiques et les activités de la vie de tous les jours. Et ces valeurs là, Rapha les partage aussi.
Je profite de ma sortie dans les Alpilles pour rendre visite à Adrien Moniquet, créateur de bijoux et forgeron d’argent dans son atelier de Maussane. Il doit finaliser pour moi un bracelet constitué d’un fil d’argent et d’un maillon de chaîne de pignon fixe. À la ville comme sur la route, la tenue Rapha+Outdoor Voice met à l’aise partout.
Girly et un brin provoc
La collection créée sur cette ligne directrice est donc résolument conçue pour toutes les femmes, débutantes ou aguerries sur le vélo, pour que rien n’entrave leur liberté de rouler, mais aussi de se sentir bien sur le vélo et sous le regard des autres. L’alchimie est complexe, la palette est large : un peu de sérieux et beaucoup de composants techniques pour les compétitrices et celles qui vont vite à l’instar du jersey, absolument irréprochable et 100% Rapha jusqu’au bout de la fermeture à glissière.
La collection Rapha+Outdoor Voices permet d’assumer sereinement sa féminité sur le vélo, de pédaler tout en confort et se sentir bien en toutes circonstances. Tout est affaire de détails, de finesse de réalisation, de choix de matériaux, de couleurs, de coupes, de motifs… Cette collection s’impose avec naturel, et fait le lien entre la femme, la sportive et la cycliste. Rapha+Outdoor Voices c’est une alchimie réussie, une élégance anglaise, un style de vie américain, une belle collaboration entre deux marques qui savent s’adresser aux femmes.
- Rapha+Outdoor Voices Wind Braker Jacket – White Alyssum 155 €
- Rapha+Outdoor Voices Jersey – Green 145 €
- Rapha+Outdoor Voices Crossback Cargo Bib Shorts 215 €
- Rapha+Outdoor Voices Cap 30 €
- Rapha+Outdoor Voices Socks – Regular 17,50 €