photo Gravel Roc Mavic 2019 – Philippe Aillaud
Je ne sais pas si vous vous souvenez de l’article que j’avais écrit en 2017 « Esprit gravel, es-tu là ? ». Avec l’apparition d’épreuves gravel de type « chrono », on peut à nouveau se poser cette question : si on introduit sur les pistes du gravel le chronométrage, est-ce que l’esprit gravel sera toujours là ?
La réponse est simple : le gravel est un vélo et celui qui le chevauche est un être humain (homme ou femme) avec en lui plus ou moins l’envie de se mesurer sportivement aux autres. On dit, que la compétition est dans la nature humaine, alors pourquoi ne pas imaginer des épreuves gravel, qui introduisent cette notion. Secteurs chronométrés, chronométrage total, … différents formats commencent à apparaître comment tout cela va t-il évoluer ?
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Le gravel c’est différent …
Par nature, ce vélo hybride, qui est issu d’un croisement entre plusieurs espèces de vélos, va forcément se démarquer en matière d’épreuves. On voit mal, les meutes de graveleux précédées par une caravane publicitaire, soulevant des nuages de poussière. On n’imagine pas non plus nos cyclistes, aux jambes poilues, jetant en pleine nature leurs bidons. Le terrain naturel, sur lequel on peut dessiner des parcours, n’est pas fait non plus pour accueillir des cohortes de participants.
Pour l’instant il faut reconnaître que c’est le monde du VTT – qui après avoir regardé de travers l’arrivée de ce vilain petit canard tout rigide – a pris l’initiative d’appuyer sur le bouton start du chrono. La première épreuve du genre a été la Gravel du Roc d’Azur … Décidément le Roc est pionnier en la matière. Après avoir lancé en 1984 la première épreuve VTT en France, ils ont été les premiers à oser proposer une épreuve gravel de type chrono en 2016 et nous y étions (à l’époque avec le maillot Track & News). C’était bien et on a aimé, mais il faut avouer que noyés dans cet univers VTT on ne se reconnait pas : le dessin des tracés, les commentaires du speaker, … sont un peu décalés par rapport à notre univers. Et même si on fait tous du vélo, on a l’impression de ne pas être chez nous.
Je fais souvent le parallèle entre le Trail running, que j’ai bien connu, et le gravel que j’ai commencé à pratiquer en 2015. Les runners, lassés du bitume, ont eu envi d’autre chose. J’ai participé à une des premières courses des Templiers, c’était en 2003 et cela a été une révélation pour moi.
Le développement du gravel ressemble à celui du Trail running. Grâce à ce vélo polyvalent, les cyclistes ont ouvert de nouveaux domaines et ils ont repoussé leurs horizons. Le trail running des débuts, plutôt convivial et bon enfant, a vu arriver progressivement les « Teams » des marques : Salomon, Adidas, Asics, Raidlight, … Un championnat du Monde a été créé et l’UTMB, qui était au début du style rando rapide, est devenu une piste aux records et un sacré business international. Les marques de running ont utilisé ces épreuves pour démontrer la performance et les qualités de leurs équipements. Alors pourquoi n’en serait-il pas de même pour le gravel ? … Les courses, qui ont fonctionné et créé la légende du Trail, ont été des organisations originales et pas des épreuves complémentaires à une course sur route. Elles ont aussi développé le tourisme sportif sur des territoires naturels pour le bonheur de certaines régions délaissées.
Un championnat du Monde gravel
L’UCI en parle et son Président David Lappartient l’a évoqué lors des premières épreuves de la saison sur route qui se sont déroulées en Australie. Pour cela il faudra définir des règles pour régir cette discipline, et donner une cohérence aux compétitions siglées UCI. L’Union Cycliste Internationale entend collaborer avec les initiateurs du Gravel. « Je crois qu’en nous réunissant tous ensemble, nous serons plus forts », a déclaré David Lappartient au site Cyclingnews. « L’objectif n’est pas de s’opposer, mais de rassembler tout le monde. C’est le travail de l’UCI. » … Comme en cyclocross aura-t-on une limite de taille maximum des pneus, un poids minimal, une forme de guidon obligatoire …
On a du mal à l’imaginer. Déjà des cyclistes issus d’équipes pros, comme l’Australien Lachlan Morton, qui roule sous les couleurs du team EF Education First, pratiquent le cyclisme alternatif et notamment les courses longues distances en gravel. En bas de cet article vous trouverez une vidéo très sympa des 3 coureurs d’EF Education First qui ont participé à la Dirty Kanza 2019 (celle de 2020 a été annulée à cause de la Covid). Lachlan a déclaré à Cyclingnews « Ce n’est pas que je ne veuille pas parler de championnat UCI, mais je ne pense pas que les courses de gravel nous appartiennent. Je pense qu’en ce qui concerne l’esprit de ce type de course, c’est plutôt un mouvement de base, et n’importe qui dans cette discipline vous dira qu’il existe déjà un championnat du monde avec la Dirty Kanza ».
Quel format et comment ?
Si aux US les courses de gravel chronos sont nombreuses, il faut reconnaître que chez nous en France ça tarde à venir. Les épreuves, sans parler de courses, sont souvent des ajouts opportuns proposés par des organisateurs d’événements VTT ou de cyclosportives.
De nouveaux organisateurs ont créé des épreuves originales gravel / bikepacking intéressantes comme la French Divide en 2016, la Gravel Tro Breizh en 2018, … Ce ne sont pas des compétitions, mais ceux qui arrivent premiers se prévalent de leurs places et de leur temps sur les réseaux sociaux, dans une sorte de classement virtuel que les organisateurs se refusent d’annoncer. Pour d’autres épreuves, comme celles que Chilkoot a proposées sous la forme de rally, ou plus récemment dans le même esprit sur la WishOne 130, les participants ont pu se mesurer sur des secteurs chronos.
Cette forme d’épreuve me semble être une bonne formule, car elle permet aux participants de profiter des paysages dans un rythme plus mesuré sur les secteurs de jonction. Le gravel c’est quand même la découverte de nouveaux territoires et ce serait dommage de passer à fond au milieu de ces paysages, l’oeil rivé sur le chrono.
On peut comprendre, dans la mesure où il n’existe pas d’épreuves officielles, que les organisateurs ne savent pas réellement proposer des formats chronos et que toute l’ambiguïté de ces nouvelles épreuves vient de là. La démonstration récente de l’épreuve Ultra du Vélo Vert Festival est sans doute caricaturale du phénomène.
Nous y sommes allés, attirés par ce 100 miles dans le Vercors : la bande annonce sentait la poudre. Ultra Gravel 100 miles : une épreuve copiée sur des formats US sur lesquels les meilleurs cyclistes viennent se frotter. En fait de poudre le pétard était mouillé … Pas seulement pour la météo pourrie, mais surtout par la totale ambiguïté dans l’affichage des résultats.
On envoie sur place, pour Bike Café, notre jeune et ardent représentant Gabriel. Équipé d’un superbe Graxx des cycles Origine, chaussé de supers pneus Touareg d’Hutchinson (ça tombait bien l’épreuve étant parrainée par la marque française de pneus), notre fougueux représentant se lance dans une joute chronométrique avec un autre participant et les 2 qui font la course en tête finissent pas se séparer un peu sur le parcours.. Au final Gabriel arrive en deuxième position (à 20,4 km/h de moyenne) après avoir pointé tous les CP alors que celui qui passe en premier l’arrivée affiche moins de kilomètres sur son Strava, et surtout 2 CP non pointés. Les organisateurs lui remettent néanmoins un trophée à l’arrivée … et le classement officiel en ligne sur le site affiche totalement cette incohérence. Alors course ou pas course ? Classement officiel ou officieux ? Trophée ou pas trophée ?
Ce dernier exemple montre que nous ne sommes pas mûrs encore pour des épreuves de gravel chronos sérieuses. Pour l’instant, en dehors de la gravel du Roc d’Azur, je ne vois pas d’épreuve pouvant revendiquer un classement sportif étique.
Alors est-ce que le gravel serait une pratique qui ne peut pas s’ouvrir à la compétition ? On l’avait dit pour le VTT, on le pensait pour le Trail running, … il en sera de même pour cette forme de cyclisme. Faudra-t-il attendre que l’UCI ou d’autres fédérations, qui ne s’intéressent aux nouvelles pratiques que lorsqu’il y a des licences à moissonner, viennent instaurer des règles. Pour ma part tout cela me passe bien au dessus du casque, mais je pense que cette forme de pratique du gravel est tout aussi respectable que d’autres, à condition que l’on arrête les faux semblants. C’est d’ailleurs le positionnement de Wish One. « C’est l’objectif de Wish One de proposer des épreuves chronométrées avec classement. C’est pas trop l’axe des autres organisateurs pour le moment en France mais aux US et en Espagne par exemple, c’est déjà le cas. Le racing fait partie de notre positionnement, même si on participe aussi à des randonnées avec plaisir, comme le Touraine Gravel Challenge le week-end dernier. On aura 2 épreuves Wish One en 2021 et on a déjà une Team WO », explique Maxime Poisson.
Effectivement, l’année 2021 sera celle de l’éclosion d’épreuves racing originales qui garderont l’identité gravel. Actuellement elles sont trop étouffées dans des organisations ayant une personnalité trop forte, comme celle du Roc d’Azur ou du Vélo Vert Festival. Affaire à suivre et bon courage aux organisateurs qui vont plancher sur l’avenir du gravel chrono.
Bonus
En bonus je vous livre cette vidéo de l’équipe EF qui a participé officiellement à la Dirty Kanza … Un petit bijou d’ambiance avec des « vrais gars » qui font du vélo et qui me réconcilie avec le cyclisme pro.
Gravel, épreuves d’endurance, bikepacking… le marketing bat son plein sur une tendance de fond qui voit la pratique cycliste évoluer. La compétition pure et dure, les courses de clocher laissent place à un besoin de liberté de nombreux pratiquants, néophytes parfois dans le monde du vélo, qui veulent faire du vélo “autrement”. Aujourd’hui, plus besoin de club, plus besoin de fédé, et progressivement, plus vraiment besoin d’organisateur non plus. Il suffit d’une trace, d’un point de rendez-vous, une invitation via les réseaux sociaux et place à l’aventure. Le gravel est la meilleure réponse au besoin de liberté de nombreux pratiquants. On a tué l’esprit originel du cyclosport en voulant encadrer la pratique. On est même allé jusqu’à créer un championnat du monde du cyclosport avec toutes les dérives que cela peut entraîner… Le risque pour le gravel serait de voir les fédérations essayer de mettre la main dessus et de vouloir imposer des règles qui au final rendront la pratique insipide. Le gravel doit rester une pratique totalement ouverte et libre de toutes contraintes car le gravel c’est avant tout l’aventure que l’on pratique entre une poignée de copains, mais surtout pas en peloton.
Personne ne dit le contraire, surtout pas moi adepte également d’une pratique telle tu la présente. D’ailleurs je dit que tout cela me passe au-dessus du casque. Le sujet de l’article est justement d’admettre qu’il peut y avoir des vrais compétitions, plutôt que des faux semblants. Après chacun sera libre de faire ce qu’il veut mais arrêtons de hiérarchiser par l’angle du plaisir basé sur des performances non étiques.
Effectivement, gravel et chrono me semblent plus qu antinomiques. Et au moins pour cette raison je ne m inscrirai jamais à une telle épreuve.
Mais pourquoi faudrait-il que le classement ne dépende que du chrono, comme dans toutes les autres disciplines cyclistes ? N y aurait-il pas un moyen plus intelligent pour départager les concurrents ?
La question, elle est vite répondue , pour s’en convaincre une recherche avec le mot clé “gravel” sur les sites de la FFC ou UCI , cela donne moins de résultats que “gravel” sur un site porno.
Plus sérieusement, pour continuer le parallèle avec la course à pieds, avant de faire l’UTMB on s’essaye sur les trails locaux , dans ma région au moins 2 par mois sans soucis. Cette offre locale n’a pas encore d’équivalent dans le monde du gravel. Les débuts sont timides.
Ma conviction est que l’offre va venir du bas (les clubs) et va remonter vers les structures fédérales. Mais cela va prendre plus de temps , en comparaison des phénomènes VTT et BMX qui ont été très dynamiques dès le début en terme d’offre de compétitions locales et structuration dans les clubs.
Mais pourquoi cette lenteur ?
J’y trouve deux explications principales , je ne prétends pas que cela soit la vérité absolue.
1) les jeunes : Pour le VTT et le BMX , les jeunes se sont intéressés à ces disciplines , cela à motiver leurs inscriptions dans les clubs, hors le gravel n’attire pas encore les jeunes, c’est un sport de “vieux”. Les chiffres de la fédération des vendeurs de cycle seraient intéressant à connaitre s’ils existent en ce qui concerne l’age moyen de l’acheteur d’un vélo par discipline. Je me base sur l’observation du visage des personnes que je croise en sortie gravel.
2) les réseaux sociaux : depuis les 10 dernières années les réseaux sociaux ont bouleversé en profondeur les relations sociales de la vraie vie. Le gravel est le premier sport cycliste à arriver dans ce contexte de réseaux sociaux. certains y voient un avantage pour ne pas rester isoler dans son coin à faire du gravel seul, j’y vois un frein , “Pourquoi rejoindre un club structuré alors que je peux gratis aller profiter des sorties gravel du groupe strabook de Mufflin les coquelicots”. Sauf que le groupe strabook ce n’est pas structuré, ça n’a pas de calendrier des sorties, ça n’a pas l’expérience d’organisation d’évènements .
Dans ces deux cas, les jeunes et les réseaux sociaux, les clubs ne rencontrent pas la dynamique qui est propice au développement d’évènements gravel.
Le vélo Gravel, c’est un instrument. On en fait ce qu’on veut, et ça sera une kyrielle de choses en fonction de chaque personne : balade, compet, évènements organisés genre Chilkoot, bikepacking etc. C’est tout sauf structuré. Mais le point commun des pratiquants est la volonté de rouler hors des limites imposées par les autres disciplines (route et VTT).
La partie visible du Gravel, celle qui s’affiche sur les réseaux sociaux principalement, les groupes strava et autres, c’est une petite partie des pratiquants qui utilisent cet instrument et tout ce qui s’est développé autour pour se créer une “communauté” comme on dit maintenant et une “identité”. Tout cela s’accompagne d’un business (le matos, les fringues, le style, les rassemblements) et donc les stratégies marketing s’affrontent avec d’un côté les précurseurs, qui savent anticiper les tendances et y voient un moyen de prendre très tôt une vague qu’ils anticipent devenir plus grosse et donc gagner de l’argent ; et de l’autre les acteurs établis du cyclisme, aussi bien les fédés, les courses, évènements que les fabricants finissent par voir que ça bouge sans eux. Quand ils comprennent que ça va venir influencer leur propre business, ils réagissent et se positionnent pour prendre leur part du gâteau. Ca se fritte entre les 2.
Le pratiquant, il est utilisé par ces gens-là car que ce soit de la part des précurseurs comme des rapaces, c’est son argent qui en est l’enjeu. Les premiers l’ont attiré initialement, en le faisant rêver, en le flattant par des messages qui lui font croire qu’il est un pionnier, que les évènements sont “grassroots”. Dirty Kansas joue en permanence sur cette image. Chilkoot en France pareil. Donc forcément, quand les grosses pointures du bisness ou des fédés sentent le filon en voulant “élargir leur marché aux nouvelles tendances”, ça fait des tensions car ces pionniers pratiquants étaient en grande partie là pour être à l’écart. Ils sentent qu’ils vont se faire diluer.
En conclusion, toutes ces questions existentialistes sur le chrono et le Gravel, ça ne concerne qu’une très petite minorité qui s’est laissée “happer” par le marketing autour du Gravel, et donc qui s’est investie au point d’avoir quelque chose à perdre lorsque les grosses fédés et organisateurs commencent à tourner autour.
Ceux (l’immense majorité) qui pratiquent le vélo comme il n’aurait jamais du cesser d’être : le vélo découverte, sur et hors bitume et qui voient le vélo comme un instrument et pas un marqueur identitaire s’en moquent. Ils laissent les compétiteurs se mesurer s’il le veulent, en s’y intéressant ou pas, en participant ou pas. Comme dans toutes les autres pratiques sportives.
Merci Vince pour cette analyse intéressante qui remet en perspective l’histoire du Conadet en triathlon, du trail running des débuts, … J’ai fait cet article pour poser le débat sur le chrono dans le sen étique, sans avoir véritablement de solution. Le gravel étant tolérant par nature (enfin parfois j’en doute), il a sa place dans cette famille un peu bordélique. Je trouve normal que des sportifs veuillent se mesurer entre-eux à condition qu’il existe des règles et qu’elles soient respectées et contrôlées. J’en ai un peu marre des faux semblants, des poussées de testostérone, des courses aux panneaux, … Tant qu’à faire, autant prendre un dossard et se dépouiller dans un esprit sportif.
Pour le reste nous bouffons tous du marketing, consciemment ou inconsciemment, tous les jours (commerce, politique, religion, …) et c’est sans doute de notre faute : nous les moutons. Si personne suivait il y aurait des remises en cause … On fait la gueule quand on s’en rend compte, mais on en redemande. La marchandisation se mesure, et ceux qui vendent les gâteaux que tu évoques savent précisément où ils vont. Elle a quand même son côté positif puisqu’elle créée des ruptures et des synthèses de tendances entraînant les plus timides vers un nouveau monde. On me disait au début de B C, arrêtez avec le gravel : c’est un vélo un point c’est tout. Certes, c’est vrai, mais je remarque qu’il pousse certains cyclistes dans une voie plus vertueuse et qu’il nous accompagne dans une réflexion plus large sur notre mode de vie.
Course ou pas course, chrono ou pas, le gravel reste du vélo qui permet déjà de se déplacer d’un point A à un point B. le gravel restera pour certains le frisson du début , liberté, escargotage, challenge personnel, beauté du paysage, sécurité du roulage moins à risque que sur la route, etc….
Comme les natures sont différentes d’autres souhaitent le challenge, la course, le défi personnel ou avec autrui, la concurrence. Les manufacturiers de périphériques, les cadreurs sont ravis de cette opportunité : un gravel de compétition justifie de faire une Recherche et développement dans ces entreprises et de challenger les produits, donc le classement est le juge de paix du duo entre pilote et matériel . Fédérer via une fédération sera aussi nécessaire, encadrer les pratiques, le calendrier, etc……les interdictions comme actuellement en période sanitaire assez trouble.
Mais chacun est libre de choisir sa pratique, le temps de pratique et avec qui je fais du gravel. Tant que cette liberté fondamentale est là……je roule comme bon me semble et c’est bien là l’essentiel.
Merci Bike Café pour ces sujets de réflexions qui parfois amènent à se poser une question simple :
Et moi je fais du gravel pourquoi, Plaisir ou pas ?
Je vais aller, seul et libre de ma journée, comme tous les ans sur les traces de Paris Tours avec le passage dans les vignes du Vouvrillon. Ce n’est pas le plaisir de rouler sur les traces des pros, c’est trouver un paysage sympa, une région sympa, des viticulteurs qui me permettront de déguster un bon verre de vouvray en cave, de discuter avec le viticulteur, d’acheter. Comme quoi une course de pro peut amener à justifier de plaisirs d’amateur. Bon je vais en baver comme tous les ans…..çà monte et çà descend, le paysage bien évidemment.
Pour moi c’est un grand non.
Il y a déjà assez de pratiques compétitives que j’affectionne au demeurant. En temps normal, je fais quelques enduros vtt dans l’année et je m’amuse déjà bien.
Quand je prends le gravel, jexplore, je voyage, je découvre. C’est vraiment autre chose. Je n’ai pas de compteur, pas de gps et c’est très bien comme ça. On prend des caps au jugé, on parle aux gens, on se perd, on voit des trucs qu’on ne verrait jamais autrement.
C’est triste de vouloir toujours aller plus vite, à fortiori dans des paysages magnifiques.
Regardez les vies qu’on mène… On n’a plus le temps de lézarder dans la start-up nation. :-/
Après, ce n’est que ma perception de la chose… Si certains y trouvent leur compte, grand bien leur fasse ! 😉
Ps : merci pour les articles de qualité comme d’habitude !
Visiblement on ne recherche pas tous la même chose dans le vélo.
J’ai toujours fait de la compétition cycliste (route et cyclo-cross) car j’aime vraiment cette sensation de mise à l’épreuve d’un groupe à un instant T. Tout le monde est dans le même panier et on verra ceux qui s’en sortent le mieux. Par ailleurs, j’ai surtout privilégié la compétition loisir (ufolep/fsgt, FFC Pass’Cyclisme, cyclosportives) en participant à une dizaine de course dans l’année plutôt que de passer tous mes dimanches dans le peloton de 1ère catégorie ! On a pas tous le temps de rouler quant on veut…
Tout ça pour en arriver au début des années 2000, où durant l’hiver je ne roulais qu’avec mon CX, j’y ajoutait un porte bidon pour faire des sortie longues. Je n’avais qu’une paire de roues à boyaux à crampons sur ce vélo et pour ne pas trop les user (et comme il faisait froid) j’obliquais dés que possible dans les chemins qui me permettaient de faire la liaison à travers bois. Et je me rappelle encore, que rattrapant des vttetistes je me disait qu’on pourrait organiser des courses à mi-chemin entre route et cyclo-cross, avec des distances d’une soixantaine de km (et non pas une heure) et qui emprunteraient des chemins et des routes en été et pas seulement l’hiver !
Depuis, je roule toujours l’hiver avec mon CX dans les chemins (ou je croise toujours des vtt halucinés de me trouver là) et aussi l’été en vacances car c’est plus polyvalent pour se balader avec les enfants.
Quand j’ai commencé à entendre parler de vélos de Gravel, j’ai tout de suite vu le côté marketing. Un vélo de CX avec des freins à disques (on était encore en canti !) et des gros pneus ou un VTT rigide avec un cintre route. Pour moi c’était juste faire du vélo tout chemin avec mon CX, rien de nouveau à cela.
Aujourd’hui tout le monde se regarde le nombril sur Strava et companie, et plus personne ne va dans les clubs. Et le gravel c’est le nouveau truc à la mode pour rouler dans son coin et publier sur internet sa sortie avec ses amis virtuels. Personellement, j’aurais aimé que mon rêve de jeunesse prenne forme avec cette pratique. Qu’on puisse se retrouver le dimanche à se tirer la bourre pendant plus qu’une heure, sur la route pour que les grosses cuisses fassent le show devant avant que les accrobates ne les reprennent dans des sections tout terrain ! Avec la mode des gros pneus aujourd’hui on en est plus très loin… On est dans un monde de plus en plus égoïste où chacun ne pense qu’à son plaisir personnel, et les fabriquant de vélo l’on bien compris en vendant des vélos “uniques” (qui ne sont que des CX confortables pour les longues distances).
Alors, l’UCI à beau mettre des portions de quelques km non goudronnés sur les courses pro façon Eroica. Franchement je laisse ça aux pros, j’ai pas l’argent pour flinguer mes boyaux de course sur 2000m de graviers. Mais si un jour la FFC ou la FSGT se lancent dans l’aventure de vraies courses tout terrain, je serai hyper content de retrouver mes potes crossmen dans les sous bois, mais en été cette fois ! Et on verra, sur la distance qui est le plus fort…
Petit bémol, les USA on pleins de routes non goudronnées, ce n’est plus le cas chez nous (eh oui, les Tour de France d’avant les années 50 c’était des courses “gravel”. On a rien inventé !).