Dans le jargon cycliste les expressions imagées ne manquent pas… Certaines sont même utilisées hors du cadre strict du vélo, comme par exemple “Être en roue libre”. Le dictionnaire des expressions françaises en donne cette définition : “Accomplir une tâche aisément, sans se fatiguer, sans fournir d’effort supplémentaire”. Lorsqu’on fait du vélo, même équipé d’une roue libre, on est loin d’atteindre ce dilettantisme… Par contre, attention, il faudra choisir la bonne roue libre en fonction de votre besoin. Pour le single speed, il ne faut pas se laisser abuser par la simplicité apparente d’un pignon unique : le choix de votre matériel sera crucial.
Si je vous parle de roue libre, c’est que depuis que j’ai modifié un ancien vélo de piste pour en faire un single, je pratique régulièrement le mono vitesse. Un vélo simple : plus de dérailleur et plus besoin de réfléchir au braquet à adopter pour grimper la bosse qui se présente. Dans les pentes, parfois sévères avec des passages à 12% sur de longs trajets routiers, les cliquets de la roue libre vont devoir encaisser des efforts importants. Le single speed est moins exigeant que le pignon fixe qui oblige le cycliste à pédaler tout le temps (même en descente), il permet justement, grâce à la roue libre, de s’octroyer des moments de répit.
Mais savez-vous ce qu’est une roue libre et comment ça marche ?
Un peu d’histoire
Les premiers vélos étaient dépourvus de ce mécanisme qui nous semble évident de nos jours. Il faut remonter à 1869 pour trouver son origine. Elle a été inventée par un Américain : William Van Anden qui dépose un brevet appliqué aux vélocipèdes (vélos avec un pédalier intégré dans le moyeu avant). Cet encliquetage sur le moyeu de la roue avant permettait au cycliste de poursuivre son élan sans avoir à pédaler. Cette invention fait un “bide” et les amateurs la dédaignent. La roue libre retombe alors dans l’oubli jusqu’en 1895. C’est Harmon D. Moise qui dépose un brevet de bicyclette avec une transmission par chaîne équipé d’un système de roue libre sur le moyeu de la roue arrière. Deux ans plus tard en 1897, l’allemand Ernst Sachs produit et commercialise des moyeux avec roue libre. Au début du 20ème siècle, la majorité des fabricants équipent leurs bicyclettes de la roue libre, mais elle ne sera autorisée sur le Tour de France qu’en 1912. Les coureurs, que l’on surnommait les “forçats de la route”, devaient utiliser des moyeux à pignon fixe jusqu’à cette date.
Aujourd’hui la roue libre classique des débuts, qui comportait un nombre réduit de pignons, est remplacée par des “corps de roue libre” sur lesquels des chapelets de pignons constituant une “cassette” viennent s’empiler (jusqu’à 13) pour offrir au cycliste une gamme de braquets importante.
Mon expérience
Un peu par réaction par rapport à cette avalanche de pignons, j’ai – il y a 4 ans – adapté un ancien vélo de piste années 80’s en single speed routier. Le pignon fixe qui l’équipait à l’origine n’étant pas mon truc, j’ai monté une première transmission avec une roue libre en 42 x 17 et puis je suis passé en 46 x 19 avec une chaîne 1/8 avec des maillons larges. J’avais choisi une roue libre BLB Supérieur qui un jour m’a lâché après une sortie… Heureusement j’étais à 2 km de chez moi lorsque c’est arrivé. Un peu de draisienne pour rentrer et naïvement j’ai passé commande d’une autre : la même.
Sur le single que j’ai fait construire par Sébastien Klein, j’ai monté des roues artisanales et installé à nouveau une BLB Supérieur de 19 dents… Une nouvelle fois ce même modèle, comme sa petite soeur, m’a lâché, mais là j’étais un peu loin de chez moi : donc rapatriement en voiture (merci à mon épouse).
Après un post un peu énervé sur Facebook, pour relater mes malheurs, des spécialistes du single, comme Rémi Quinquin, Jean-Lin Spriet… me conseillent de laisser tomber BLB pour m’orienter vers White Industries. J’ai suivi le conseil… OK, ce n’est pas donné 97 €, mais depuis que j’ai monté cette roue libre ENO, ça roule impec, sans bruit et je n’ai aucune crainte lorsque j’appuie de toutes mes forces pour basculer les rampes qui se présentent à moi sur mes routes des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse.
La roue libre ENO de White Industries est une roue libre mono-vitesse unique durable. Elle a la particularité d’avoir un mécanisme entièrement remplaçable, du roulement étanche et de l’engrenage extérieur aux cliquets et ressorts. C’est un produit durable et fiable usiné CNC avec des tolérances extrêmement précises, qui en font une roue libre d’exception qui fonctionne de manière concentrique. Un système d’engagement à 36 points et un boîtier d’engrenage extérieur nickelé et trempé inspirent la confiance.
Le modèle ENO est disponible de 16 à 23 dents. Pour encore plus d’options, White Industries fabrique également une roue libre à deux vitesses Dos-Eno en trois tailles pour rouler en single speed.
Single pour les bricoleurs
Nous avons publié par mal de sujets à propos de la conversion de vieux vélos avec dérailleur en single speed. Ces solutions s’appuient par exemple sur le détournement d’anciennes roues libres Maillard qui étaient, et qui sont toujours, d’excellente qualité. Dans l’article ci dessous nous proposons un montage sur cette base. Avec ce type de montage, Pierre a effectué un Dieppe / Paris en 2 jours. La limite de ce montage est le serrage quick release, surnommé blocage Campagnolo, qui a tendance à lâcher dans les rampes à forts pourcentages.
Nous avons également testé une solution utilisant un kit de conversion des corps de cassette Shimano de 8 / 9 / 10 vitesses que l’on trouve sur des vélos plus modernes. Le problème comme dans le cas précédent sera de bien régler votre ligne de chaîne qui est le point crucial du bon fonctionnement d’un vélo single speed.
Morale de l’histoire : la simplicité a du du bon, mais l’affaire est complexe…